L'action Juste


La majorité des êtres humains s'attendent à ce que leurs croyances, leurs convictions soient cohérentes avec leurs comportements, et leurs actions

Quand quelqu'un se trouve dans une situation où ses connaissances et son comportement semblent contradictoires, ou lorsque ses croyances sont en contradiction avec la réalité il éprouve une sensation d'inconfort psychologique, de tension, de souffrance qu'il cherche à résoudre plus ou moins inconsciemment. Plus les contradictions sont importantes plus l'effort pour réduire la dissonance est grand.


En prendre conscience aide à réduire l'écart entre nos croyances, nos convictions, nos comportements et la réalité.


La pratique de l'action juste relève d'une conduite éthique, elle n'en est pas moins liée à la pleine conscience et aux autres pratiques. Elle s'adresse à tous les gestes quotidiens, même les plus simples.


La majorité des actions reposent sur des valeurs et sont mues par des besoins : les valeurs servent de balises (elles donnent une direction à nos actions), les besoins sont le carburant (l'énergie qui nous fait agir)


  1. La pratique de l'action juste s'appuie sur des valeurs :


Les valeurs reposent sur ce qui anime (donne une âme) la pratique bouddhiste, chrétienne, musulmane, hindoue, agnostique:

l'amour universel, le respect de la vie, la confiance (la foi en quelque chose ou quelqu'un ou tout simplement la vie). Avec le corollaire qui est de ne pas chercher à se nuire, ni à nuire aux autres et à l'environnement, de ne pas engendrer de souffrance, et mieux, si possible, d'apporter du bien être, de croire dans ce que l'on est et dans ce que l'on fait.


Bouddha a émis 5 recommandations (préceptes) à l'égard des laïcs, qui sous-tendent toute action (ce à quoi s'ajoutent nos propres valeurs) :

  1. Respecter la vie : s'abstenir de détruire la vie quelle qu'elle soit : être conscient de la souffrance, de la peine que l'on peut engendrer, s'engager à ne pas tuer, blesser, physiquement ou mentalement les autres et n'accepter aucun acte nuisible à notre égard et à l'égard des autres.

  2. Respecter les biens d'autrui et faire respecter nos biens:  s'abstenir de voler ou de prendre ce qui ne nous est pas donné, même le temps, d'exploiter ou d'abuser des gens et des situations. Pratiquer l'honnêteté, la générosité.

  3. Respecter les relations interpersonnelles: s'abstenir d'actes violents (parce qu'ils génèrent de la souffrance), et irresponsables (comme les conduites sexuelles inappropriées ou perverses qui entraînent une souffrance pour soi et pour les autres). Protéger notre bonheur et celui des autres. Protéger les hommes, les femmes et les enfants des abus sexuels et de la maltraitance physique et psychologique.

  4. Respecter la vérité et la confiance : s'abstenir de mentir, de manipuler la vérité, d'utiliser les sophismes, de faire courir des rumeurs.

  5. Respecter notre bien être et celui des autres : s'abstenir d'ingérer des substances qui troublent l'esprit parce que nuisant à la pratique de la pleine conscience, à la santé physique et mentale, et à terme à la conscience collective. Avoir une consommation équilibrée, non-nuisible. Pratiquer la sobriété heureuse.


Ces recommandations sont des supports pour la pratique, elles ne contribuent pas à elles seules à l'élimination de la souffrance, ni à la réalisation du bien être.

Elles constituent un tiers symbolique (un tampon) qui avec l'amour inconditionnel vont contribuer à la construction de l'individu. C'est un minimum pour être et rester en bonne santé physique, mentale et sociale (la loi et le lien).

Elles ont la particularité d'être communes à de nombreuses cultures et sagesses, elles ne sont généralement pas en opposition avec les lois qui régissent les différentes sociétés ou religions. On les retrouvent en partie dans la Déclaration Universelle des droits de l'homme.

La différence entre ces préceptes et la plupart des règles religieuses ou civiles, tient au fait qu'ils ne s'imposent pas en regard d'une sanction en cas de transgression ni en tant qu'obéissance aveugle, mais en terme de réflexion et d'engagement volontaire dans une démarche consciente.

Ce sont des apprentissages conscients qui se transforment à la longue en spontanéité.

Par exemple, lorsque je conduis la voiture, je roule prudemment, en utilisant le code de la route comme instrument de navigation, non pas par peur de commettre une infraction et d'être sanctionné (procès, amande, retrait de points), mais parce que je ne veux pas mettre ma vie et celle des autres en danger. J'agirais de la même façon si je conduisais dans un pays qui n'a pas de code de la route. J'aurai mon propre code de conduite. Conduire un véhicule (tout comme faire et élever des enfants) est un acte responsable qui implique un engagement vis à vis de soi même et vis à vis des autres.


"La punition sert - éventuellement - au maintient de l'ordre, non à créer une ambiance psychologique de motivation au changement personnel....la punition n'apprend qu'une chose, à éviter la punition..." 1


  1. La pratique de l'action juste répond à des besoins :

  2. besoins physiologiques tels que manger, boire, dormir, se reproduire et prolonger l'espèce. Agir justement consiste à prendre conscience de la qualité et la quantité de ce que nous ingérions, de la souffrance provoquée par une consommation ou des actions irréfléchies, qu'il s'agisse de consommer de la nourriture physique, mentale, spirituelle. Agir justement consiste à prendre conscience de la qualité de nos rapports sexuels. C'est passer du registre de la consommation ou de la pratique instinctive, pulsionnelle, à l'engagement et l'action responsable. Se reproduire (faire des enfants) implique également un engagement.

  3. besoins de sécurité en faisant attention à ce que nous consommons, tant sur le plan physique que mental, en faisant attention à nos actions de façon à ne pas nous nuire ni à nuire à autrui. C'est aussi prendre plaisir à partager. La solidarité est un bon moyen de protection contre les agressions et les difficultés de tous ordres.

  4. besoins d'appartenance en agissant avec et pour les autres. Solidaire, l'action juste est ciment d'interaction, elle crée des liens, nous nourrit en même temps qu'elle nourrit notre environnement.

En réalisant que nous appartenons au monde, nous acceptons ce que le monde nous apporte et nous partageons ce que nous sommes et faisons avec le monde. Tout ce que nous faisons a des répercutions, et tout ce qui se passe autour de nous nous influence. Il est vain de penser que nous pouvons nous passer des autres. L'action est aussi acte de générosité et d'amour. Nelson Mandela avait pour habitude de dire : Ubuntu = " Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous " et Satish Kumar écrit "tu es donc je suis" dans le même esprit. Tu es donc je suis - Satish Kumar - Belfont - 2010-2015

  1. besoins d'estime de soi et de reconnaissance, parce qu'en agissant en pleine conscience nous apprenons, nous nous évaluons et nous évoluons en tirant des leçons de nos actions quel qu'en soit le résultat. Nous nous construisons dans les aller retour entre la réflexion et l'action, entre la recherche et l'action, afin de mieux être nous mêmes. Nous développons une estime de soi et une estime des autres juste.

  2. besoins de réalisation parce qu'en agissant en pleine conscience nous nous accomplissons, nous nous développons. Chaque être humain a besoin de désirer, d'être désiré, d'agir et d'éprouver la sensation d'exister. Chaque acte est pourvoyeur de sens. L'auto-contrôle ou contrôle que l'on exerce soi-même sur soi-même est vital pour tous dans la mesure où il est fondateur de sens, et entretient l'appétence de vivre. Ce qui est incompatible avec toute forme d'idéologie collective ou pensée unique.


Par exemples:


  1. Passer des journées à jouer à des jeux de street fighters, à regarder des séries violentes exposant à des scènes de crimes, de guerres, à grand renfort d'images explicites, peuvent fausser notre perception de la réalité, altérer nos valeurs, et influer sur nos comportements. Ce n'est peut être pas étranger à tout ce qui se passe dans le monde.

  2. J'ai eu l'occasion d'observer et de mettre en oeuvre, auprès de jeunes handicapés, l'importance de l'auto-contrôle, quelque soit le type du handicap, et ce d'autant plus chez les personnes les plus déficitaires.

L'auto contrôle est cette capacité à inter agir par soi même sur l'environnement. Agir sur l'environnement, être en interaction avec le monde extérieur, même à petite échelle, apporte une joie indescriptible, stimule l'appétit de vivre et le sentiment d'exister. Être associés aux tâches ménagères, à des jeux créatifs, à des ateliers sportifs, même très simples, comme faire tomber des choses, faire pousser des plantes, déclencher des sons, faire changer des couleurs, faire réagir les gens etc..  (Voir la méthode Snoezelen)

C'est encore plus flagrant avec des adolescents : si participer aux tâches quotidiennes ne les emballe pas, faire des stages en entreprises, participer à des ateliers industriels, à des ateliers cognitifs et créatifs, à des ateliers sportifs qui demandent davantage d'implication, semble redonner du sens de façon importante à leur quotidien et éveille chez eux l'envie de passer au delà du handicap.

Certains "valides" pensent que cela crée et entretient une illusion: je ne pense pas que l'illusion se situe à ce niveau.

L'auto-contrôle aide réellement et concrètement à se construire une image et une estime de soi plus satisfaisante et donne du plaisir à faire des choses auxquelles on n'aurait pas pensé.

L'illusion se situe plutôt au niveau d'une société qui tient un discours sur l'intégration des personnes handicapées sans vraiment se donner les moyens de leur faire une place, qu'ils sont pourtant prêts prendre.


Pour Frederic Lenoir il s'agit même d'un besoin essentiel à notre équilibre : "agir sur le monde en le marquant de notre propre intériorité, se sentir un agent d'évolution du réel qui nous entoure. Citant Spinoza qui invoque une puissance d'agir qui accroit la puissance d'exister. L'humain se réalise dans l'action, dans la capacité à engendrer des effets dont nous sommes nous même la cause". 2

Nous sommes tous concerné par ce besoin : chaque secrétaire a sa façon d'organiser son bureau, ses dossiers, chaque employé a besoin de marquer son espace de travail, chaque jardinier a sa façon d'agencer ses plantations.


  1. Changer souvent de partenaires sexuels, ou avoir des rapports sexuels sans amour ou engagement, avoir des rapports adultérins, ne sont pas des actions appropriées. A quoi correspond ce besoin de multiplier les aventures sexuelles, au point de ne pas connaitre ou de ne pas se souvenir du prénom des partenaires rencontré(e)s .

Si un couple ne s'aime plus au point de se "tromper", la pleine conscience peut aider à trouver des solutions plus appropriées à la situation.

Il ne s'agit pas de dire que c'est "bien ou mal", la question est : à quoi correspond ce besoin de performance, de collectionner. Cela signifie simplement que dans la pratique, c'est un frein dans le processus d'évolution parce que producteur de souffrance pour soi et pour l'autre, derrière un plaisir apparent (comme pour le tabac, l'alcool, les drogues, la vitesse, les sports dangereux).

Cela signifie qu'il faut savoir à quoi on s'expose et à quoi on expose les autres, à quoi on s'engage, être capable de tenir ses engagements et d'assumer ses responsabilités.


L'action juste nous évite de nous transformer en objet pour les autres ou de transformer les autres en objets pour nous mêmes. 


"Depuis que la technologie moderne a disjoint la reproduction et le plaisir, le sexe garde encore l'effet socialisant d'un élan vers l'autre. Mais dans ce nouveau contexte, il n'est plus sacré. Après être passé par une période affective, le sexe devient un jouet où l'autre n'est pas toujours une personne." 3


Valeurs et besoins renvoient à la question : existons nous en fonction de ce que nous faisons ou agissons-nous en fonction de ce que nous sommes ou croyons être ?

La pleine conscience nous aide à définir à partir de qui ou de quoi nous agissons.


  1. Action et performance

"Nous nous laissons trop facilement gagner par des valeurs et des injonctions factices : performance, abondance, apparence. Trois fléaux, et de nos sociétés, et de nos psychismes.

La performance : il est normal de vouloir bien faire, mais pas de voir des "challenges" partout, de vouloir être un "gagneur ", au point de s'en rendre malade

L'abondance: il est normal de vouloir disposer d'un toit, de vêtements, de nourriture. Mais pas d'acheter fiévreusement (ou de rêver d'acheter) tout ce que l'on nous agite sous le nez.

L'apparence : il est normal d'avoir du plaisir avec son corps, et d'en prendre soin. Mais pas de trembler à la moindre ride ou au premier cheveu blanc.

Ensuite, parce que la place que prennent désormais la construction et le soin de nous même dans notre économie personnelle est devenue d'un coût exorbitant.

Nous n'avons plus le choix de ne pas penser à nous face à une société où l'image est devenue si importante.

D'où ce résultat: notre ego est effectivement boursouflé, omniprésent, gavé de mauvaises nourritures, dont il est devenu dépendant.... il y a des boulimies de soi-même, des inflations de l'ego où l'on se remplit de soi, puis où l'on se vomit; il y a souvent, ensuite, des anorexies de soi, où l'on se réfugie dans l'ascèse et la privation, où l'on croit se grandir et se renforcer en s'ignorant et en se maltraitant. Souffrances inutiles qui n'apprennent rien d'autre qu'à davantage souffrir et à mieux se punir..." 4


" Par la maitrise de soi, l'homme parvient à modérer ses désirs, véritable condition du bonheur individuel et de l'harmonie sociale. L'un des drames de notre époque est que la convoitise n'est plus perçue par la majorité comme un vice pernicieux devant être combattu, mais comme un comportement normal, quasiment à encourager. Encore une fois, c'est toute l'idéologie consumériste, escortée et stimulée par le matraquage publicitaire, qui finit par opérer ainsi un véritable lavage de cerveau.

Tant que nous croirons que bonheur et reconnaissance viendront essentiellement de l'avoir, il y a peu de chances que nous changions notre regard sur Ie monde et nos modes de vie.

C'est cet état d'esprit, encore largement dominant dans nos sociétés, qui fait que des pères de famille, honteux d'avoir perdu leur emploi et de n'en avoir pas retrouvé, n'osent pas avouer à leurs proches qu'ils sont au chômage, ou que ne plus pouvoir changer de voiture apparait comme une calamité à de nombreux foyers en difficulté.

C'est un changement de conscience individuel et collectif qu'il convient donc d'opérer, impliquant le passage d'une logique de "l'avoir" a une logique de "l' être".

Apprenons à réorienter nos désirs vers des choses plus simples, vers une qualité de vie qui produise un "mieux être ".

La presse populaire en fait ses choux gras : on peut être richissime et très malheureux; ce que les médias montrent moins, c'est qu'on peut vivre sobrement et être heureux. Parce qu'on prend du temps pour contempler, du plaisir à se promener, à lire, à nourrir des besoins qui ne sont pas matériels, à tisser ou resserrer des liens avec sa famille, ses amis, ses voisins." Frederic Lenoir - La Guérison du monde - Fayard - 2012


La compétition, la lutte pour une place, entraînent des comportements individualistes qui vont à l'encontre de la réalisation de l'être humain.


Du trader et spéculateur(trice) dopés à l'appétit du gain, au séducteur(trice) dopé à l'appétit du sexe, en passant par le sportif dopé aux anabolisants ou à l'EPO, le casse-cou dopé à l'adrénaline,le people dopé à la gloire ou aux cachets, les petits chefs dopés à l'appétit du pouvoir, les vendeurs dopés à la commission ou aux objectifs, les fêtards dopés à l'Ectasy ou au Yaba, les seniors dopés au Viagra, tout semble porter à penser que le modèle actuel est celui du compétiteur ou mieux du performeur: il faudrait toujours être au top de ses capacités si on veut avoir et garder une place au monde.


"Le culte de la performance revêt de nos jours un caractère impitoyable : un divorce, une perte d'emploi, sont ressentis comme des échecs personnels graves.

Il est temps d'admettre que non seulement l'échec n'est pas un drame, mais il peut bien souvent devenir un événement positif. Les difficultés sont parfois des occasions de réfléchir, d'apprendre, d'évoluer.

Les échecs, une dépression, une maladie constituent des crises qui nous indiquent qu'il faut changer quelque chose dans notre vie, qu'il est temps de procéder à un choix parce que ça ne peut plus continuer comme ça". 5

Comme la performance est impermanente, elle devient une source importante de souffrance et de stress qui s'ajoute à celle de la solitude engendrée par l'individualisme. La place de perfomeur est un siège éjectable aussi bien dans le travail que dans l'amour. Derrière cette recherche de performance n'y aurait il pas un mal-Être et mal de vivre ?

  1. Observez les compétitions aujourd'hui (notamment les jeux télévisés ou la télé réalité, Pékin Express, Koh Lanta): l'objectif est autant de gagner que d'empêcher les autres de gagner. On vise à éjecter un adversaire ou à pointer ses faiblesses plutôt qu'à valoriser ses propres compétences. Ces jeux relèvent plus de l'appétence guerrière, des jeux de cirque romain que d'un divertissement familial. "Il n'en restera qu'un" à n'importe quel prix, les productions aidant parfois à faire monter les enchères de l'arène. Apologie du machiavélisme. pour plus de détails voir ici


  1. Action et identité :  savoir Faire ou savoir Être ?

L'égo désigne généralement la représentation et la conscience que l'on a de soi-même.

Plus que jamais nous nous identifions à ce que nous faisons, à ce que nous possédons et les systèmes qui nous entourent l'exploitent bien, allant jusqu'à influer de façon importante sur notre estime de soi et notre liberté de penser.

Rien d'étonnant à ce que la première chose qu'on demande est qu'allez vous faire dans la vie lorsqu'on est jeune, que faites vous dans la vie , lorsqu'on est plus âgé ?

John Lennon raconte: "Quand je suis allé à l'école, ils m'ont demandé ce que je voulais être quand je serai grand. J'ai répondu : "Heureux" . Ils m’ont dit que je n’avais pas compris la question, j’ai répondu qu’ils n’avaient pas compris la vie."

Nous faisons à partir de ce que nous sommes avec toute la souffrance identitaire que cela induit : notamment pour ceux qui ne sont pas dans les "faire" idéalisés, ceux qui se situent dans le bas de l'échelle des "faire" ou encore ceux qui ne sont pas à l'aise avec ce qu'ils font: femme au foyer, chômeur, retraité, handicapé, balayeur, intouchable dans un système de castes etc...

En pleine conscience nous pouvons nous détacher de cette discrimination et apprendre à nous construire hors compétition en nous appréciant tels que nous sommes, avec nos imperfections (être soi) sans avoir un besoin compulsif de nous rendre ou de nous sentir utile.


Nous pouvons aussi apprendre à développer la solidarité, l'égalité, à promouvoir la justice, même si nous ne le ferons qu'incomplètement.

Ce n'est pas facile: la tendance mondiale actuelle semble être à la compétition et la production massive de personnalités narcissiques et égocentriques, comme si c'était la seule voie d'évolution possible dans nos sociétés.


"Avoir reçu un amour "suffisamment" bon va nous renvoyer une image positive de nous même et nous aider à avoir une estime de soi satisfaisante, ce qui permet d'avoir une bonne  relation avec soi et avec les autres.

A l'inverse, avoir été mal ou pas aimé, voir trop aimé d'une manière possessive ou ambigüe, entraine des confusions effectives, une distorsion de la relation à soi, et par conséquent aux autres". 6


"Le sentiment de toute puissance de nombreux hommes vient d'une relation avec une mère qui a cédé trop souvent à leurs demandes (ou l'absence d'un père qui n'a pas su leur imposer de limites). Ils en sortent convaincus que par la seule puissance de leur désir ils parviennent à soumettre leur compagne ou leur environnement (les autres) à ce qu'ils souhaitent".7


S'il est vrai que nous avons tendance à nous identifier à ce que nous faisons, nous agissons souvent en fonction de la perception que nous avons de nous mêmes. Si cette perception est déformée ou erronée, nos actions risquent d'être erronées ou inappropriées.

L'atrophie de l'égo est souvent le résultat d'une souffrance non résolue, voire une dépression précoce qui nous mettent en échec dans notre vie adulte, se renforçant au passage d'expériences négatives.

Le désir, l'appétence, l'élan vital se sont effondrés. On n'éprouve plus la capacité à s'émerveiller, à prendre du plaisir à manger, à bavarder, à faire l'amour, à se laisser vivre.

Sans avoir de réels besoins insatisfaits, on se sent fatigué(e) de vivre, résigné(e), frustré(e), abandonné(e), apathique. On noue des liens fusionnels avec les gens et les choses, ou au contraire on s'isole de plus en plus.

Besoin de partenaire pour rompre la solitude, besoin de manger ou fumer, d'avoir des rapports sexuels, de dépenser de l'argent ou de l'énergie pour se sentir vivant. Besoin de conformité ou d'anticonformisme, ce qui est toujours une façon de se situer par rapport aux normes établies.

Beaucoup ont besoin d'aider ou de s'occuper des autres, parfois jusqu'au sacrifice (sacerdoce) non par altruisme (ce qu'ils pensent), mais par besoin de se sentir indispensables. Il s'agit davantage d'une quête narcissique de reconnaissance que d'un don gratuit de soi. Beaucoup en font leur profession...parfois au point d'en être béatifié.

D'autres sont toujours prêts à aider les autres, en envahissant leur espace, en prenant tout en charge au point de faire regretter d'avoir demandé de l'aide. Lorsqu'on leur fait remarquer qu'on apprécierait l'aide si elle était moins envahissante, ils abandonnent parce que c'est "tout ou rien". (en s'imaginant qu'on ne sait pas apprécier leur générosité)


La "chance" qu'ont les "atrophiés" de l'égo par rapport aux "hypertrophiés" est que lorsque leur souffrance devient trop envahissante, lorsqu'une crise survient, qu'une maladie ou un accident interpelle, qu'une dépression ronge, beaucoup cherchent à comprendre, parfois en sollicitant de l'aide, ce qui peut être l'opportunité d'évoluer vers une une estime de soi plus réaliste et satisfaisante, vers des actions plus conformes à leur personnalité.

Les hypertrophiés de l'égo n'admettent jamais que leur égo est sur-dimensionné et qu'ils auraient besoin d'aide. Ils se trouvent tellement bien comme ils sont !

L'hypertrophie de l'ego relève de personnalités narcissiques "convaincues d'être supérieures aux autres, et de mériter le meilleur : meilleurs traitements, meilleures places. Convaincues aussi de devoir bénéficier de droits supérieurs, puisqu'elles sont supérieures: rouler plus vite que les autres,(elles conduisent mieux et leurs voitures sont plus sûres), parler plus longtemps lors des réunions (leurs idées sont plus utiles), être servies plus vite (leur temps est plus précieux), etc...Leurs succès ne leur procurent pas de la fierté (centrée sur leurs actes) mais les plongent dans l'hubris, cet excès d'orgueil: cette fierté qui ballonne toute la personne, cette inflation du moi, cette dilatation de l'ego...." 8

Sans limite, sans loi, sous l'influence de pulsion incontrôlée, ces personnes sont mûes par "la toute puissance, la toute jouissance, par le passage à l'acte, dans l'urgence, sans culpabilité, sans respect ni considération pour autrui qui ne compte que comme objet, facilitant les satisfactions égoïstes.

Paradoxalement c'est lorsque le sujet se croit le plus libre (en agissant comme bon lui semble pour réaliser tout ce dont il a envie) incapable de contrôle et de patience, qu'il est le moins autonome psychiquement, le plus prisonnier de sa toute puissance pulsionnelle, des normes collectives, et de la publicité. La liberté excessive invalide et diminue l'autonomie psychique." 9


Le danger chez ces personnes est qu'elles se sentent différentes des autres qu'elles considèrent comme quantité négligeable, comme inférieures, comme objets, ce qui peut aboutir à une tendance à la discrimination, à l'exploitation, à la violence voire à l'élimination dans les cas extrêmes (violeurs et serial killer, acteurs de génocides, de terrorisme...).

Au quotidien cela donne des conduites a-sociales qui s'imposent à nous, interférant avec le développement de la conscience individuelle et collective, au point de bloquer l'évolution de la personne et de la communauté.

Au delà d'actes flagrant de délinquance, de banditisme, de tyrannie, ce sont des incivilités permanentes, comme par exemple :

  1. conduire un véhicule (auto ou moto)imprudemment pour aller plus vite, pour être devant, prendre la place de parking devant laquelle quelqu'un attend, ne pas respecter les priorités, les limitations de vitesse, dans le plus grand mépris de la sécurité de tous.

  2. vouloir passer devant les autres dans les files d'attentes, s'estimer être au dessus des lois, au dessus des autres, réclamer en permanence des privilèges, du "piston", dans le plus grand mépris de la place des autres.

  3. se comporter en "prédateur": en arnaquant des proches ou des clients, en profitant de la fragilité des certaines personnes, en considérant les autres comme des objets sexuels, en demandant des dessous de table pour donner accès à des soins, en prenant les gens en otages lors de revendications professionnelles, en abusant physiquement de personnes plus jeunes ou plus faibles, en trichant, en manipulant. Ce sont toutes les fois où l'on considère l'autre comme une chose ou une proie.

  4. à plus grande échelle c'est spéculer en jouant sur les stocks et les flux de produits de première nécessité (alimentaires ou pharmaceutiques) en créant de fausses pénuries, en imposant "sa loi du marché" pour faire monter les prix ou les maintenir à un taux élevé pour s'enrichir au détriment des autres, dans le plus grand mépris des consommateurs, des personnes au faible pouvoir d'achat, des petits producteurs, des peuples en difficultés.


Devant le développement exponentiel de ce type de personnalité et de comportements, devant la tendance du système à les produire et les entretenir, nous sommes amenés à réfléchir à la façon dont nous pouvons être poussés à adopter ce type de comportement pour "conserver" notre place au monde. Cela suppose également d'être vigilants aux réactions violentes que cela génère, à la façon dont nous pouvons ré-agir de façon appropriée ou inappropriée, à la façon dont nous pouvons freiner, voir inverser le système.


"L'impolitesse, avec la disparition des gestes et des attitudes élémentaires de courtoisie qui adoucissent et lubrifient les rapports humains est le début de l'incivilité. Et l'incivilité, le non respect des personnes et des biens, est le berceau de la violence." 10

Comment ne pas se laisser déborder par les émotions, les réactions?

Comment ne pas être en conflit permanent ?

Comment faire valoir le droit à exister, défendre sa place au monde sans se laisser entraîner dans la spirale ascendante de la "loi du plus fort ", du "moi d'abord ", du "toujours plus" à laquelle nous convie le système ?

Comment se protéger et protéger les autres de façon non-violente, face à des egos surdimensionnés ?


  1. Action et résultat


" Nous évoluons aujourd'hui dans des sociétés individualistes et compétitives. Il faut s'y montrer capable pour conquérir un travail, de l'amour. Nous pouvons très bien ne pas avoir de place: pas de travail, pas d'amour, pas d'amis... Nous pouvons atteindre le néant relationnel, dans une relative indifférence de la part des autres : les liens sociaux sont aujourd'hui distendus comme jamais peut être dans une société humaine. La construction de soi est ainsi devenue indispensable dans des périodes comme la nôtre, fondées sur l'autonomie et la performance individuelle." 11


Nos actions sont elles motivées par la spéculation d’un résultat (futur) ou par l’angoisse de la répétition (passé) ?

S'il n'y a pas de plaisir à faire ce l’on fait c'est que nous ne sommes plus dans la présence à l'action, ou que nous percevons le déroulement de la vie comme un poids ou une lutte...


Ici encore il s'agira de foi (en terme de confiance, sans laquelle on ne peut pas progresser) dans le sens où si nous ne croyons pas sincèrement dans ce que nous entreprenons, nous risquons de ne pas le faire sérieusement : les gens qui partent à moitié vaincus sont persuadés qu'ils vont échouer, et en général ils échouent.

D'où la nécessité de développer notre capacité de discerner, afin d'avoir les "bonnes" informations, de ne pas se laisser abuser, et d'entretenir notre confiance.


Observez cette tendance qu'ont beaucoup d'enseignants, d'éducateurs, de parents, d'employeurs à ne voir que le côté perfectible des personnes, sans jamais accepter qu'elles soient suffisamment bonnes ici et maintenant.

Ce fameux "peut mieux faire" que les enseignants écrivent si facilement dans les évaluations et qui fait tant de dégâts...


Accorder plus d'attention à ce qu'on est en train de faire qu'au résultat escompté. Ce qui revient à être entièrement présent à ce qui est dans l'instant.

Se détacher du résultat, sans pour autant perdre l'objectif de vue, c'est se centrer sur ce qui est juste de faire, du mieux que l'on peut. C'est faire sa part en utilisant au mieux ses talents et ses compétences.(voir la fable du Colibri racontée par Pierre Rabhi)


Dans ce cas, tout ce que nous faisons est imprégné de qualité, de soin, et d'amour, même dans le plus simple des gestes...cuisiner, jardiner, élever un enfant, travailler... le résultat s'en ressentira.


Dans le travail social ou les relations humaines, cela oppose souvent la question de l'obligation de moyen et l'obligation de résultat : ce n'est pas parce que nous avons fait de notre mieux et que nous avons fait les actions justes que l'autre en fera quelque chose de bien/bon pour lui. Lui laisser sa part de responsabilité et sa marge de manoeuvre est aussi une action juste.

De nombreux chefs d'établissements sont malheureusement hantés par les résultats censés mettre en valeur des compétences qu'ils n'ont pas toujours, au détriment de la créativité d'équipes qui sont porteuses de moyens extraordinaires.


C'est souvent ce qui caractérise les "débutants": le coeur et l'implication qu'ils mettent à faire ce qu'ils font parce qu'ils y croient: les jeunes infirmières, les jeunes éducateurs, les jeunes kinésithérapeutes, les jeunes artisans, les jeunes ingénieurs, les jeunes médecins....


C'est souvent ce qui manque à de nombreux "vieux" professionnels, qui ont été limés par le temps et qui ont perdu cette foi et ce coeur à faire. En revanche ils ont acquis l'expérience.

Imaginez ce que pourrait donner un "vieux" professionnel qui aurait gardé le coeur à faire des "débutants" à quoi s'ajouterait l'expérience de l'ancienneté. C'est ce que nous sommes censés être lorsque nous nous réalisons dans ce que nous faisons, en pleine conscience.


Pratiquer l'action juste, en pleine conscience, nous aide à accepter nos erreurs et nos succès en terme d'apprentissage, sans déprimer ni avoir la "grosse tête". Admettre que la réussite ou l'échec ne sont pas l'objectif mais une conséquence.


Un échec aide souvent à remettre les choses en place. Il invite à accepter que la vie est comme elle est, avec des hauts et des bas, pas toujours comme nous l'avons rêvée. Une difficulté est souvent l'occasion de se remettre en cause, et d'évoluer, de changer de façon de faire ou de penser.

Par exemple : une maladie peut être l'occasion de réfléchir à notre hygiène de vie, à la façon dont nous nous alimentons, à la façon dont nous vivons: nous travaillons trop, nous sommes trop stressés, nous ne prenons pas assez soin de nous etc...


Apprenons à accepter les critiques comme des indicateurs et non comme des marqueurs (sauf si elles se veulent destructrices). Savoir refuser les critiques qui ne cherchent qu'à nuire est tout aussi important que de savoir accepter celles qui vont nous faire évoluer.

Savoir accepter l'échec ne veut pas dire que l'on se laisse abattre ou qu'on se résigne, cela veut dire que si on peut être affecté par l'échec on ne se laisse pas pour autant envahir, parce que nous avons confiance en nous et dans la vie.


  1. Action et choix


Vivre c'est agir, et agir c'est choisir. C'est prendre le risque de faire des erreurs, de se tromper, d'échouer, d'être critiqué, d'être jugé. C'est prendre des décisions en toute liberté.

C'est aussi prendre le risque de se désolidariser en abandonnant la tendance à la conformité. Conscient que la liberté a parfois un coût.


Choisir librement suppose un certain degré de conscience. Sans cette conscience, on n'a pas vraiment le choix. La possibilité de choix existe à partir du moment où l'on prend de la distance par rapport au mental, par rapport à nos schèmes de pensée et de fonctionnement, à notre conditionnement, à nos émotions.


Par exemple : (sauf exception de cas pathologiques) nos parents ne peuvent pas nous avoir fait souffrir consciemment, parce que n'ayant pas pris de recul par rapport à leurs propres schèmes de fonctionnement, ils ne se sont pas donné le choix de faire autrement. Sans la pleine conscience ils n'avaient pas le choix de penser, d'agir, d'être autrement.


Pratiquer la pleine conscience est un acte volontaire, un choix délibéré. Ce choix influencera toutes les autres pratiques.

C'est investir notre part de responsabilité : moi je....(j'assume mon choix)


Pratiquer l'action juste ne demande pas de devenir un saint ou un ermite, ni de "s'écraser" mais de se conduire de manière responsable, de consommer en pleine conscience, d'inter-agir avec bienveillance et éventuellement de se détacher des situations sur lesquelles nous ne pouvons pas intervenir ou qui ne nous sont pas essentielles.


Nous avons besoin de développer la Pleine conscience, la résistance, le lâcher prise et la solidarité.


La pleine conscience : pour s'assurer que ce que nous percevons est réel et que notre action est opportune, pour percevoir la réalité qui se cache derrière ce qui est présenté comme telle.


La résistance : dans le sens d'un engagement volontaire et durable en opposition à une situation qui va à l'encontre de nos valeurs. Dans le même ordre d'idée que la résistance de Gandhi face à la colonisation Britanique, de Martin Luther King face à la discrimination, de nombreux Français face à l'occupation Allemande, de Green Peace face à la destruction de la planète et des ressources naturelles, de Pierre Rabhit face à la tyrannie de l’argent, de milliers d'anonymes face à des situations qui suscitent l'indignation etc....

Résister n'est pas se rebeller, même si ce qui nous indigne est révoltant. Ce n'est pas faire la révolution, qui sous des aspects souvent spectaculaires ne fait que reproduire ce que font ceux(ce) que l'on dénonce.


Résister c'est résister: il ne s'agit pas de résister contre tout et n'importe quoi, mais de refuser ce qui est en opposition avec les valeurs humaines fondamentales. C'est le dire, l'exprimer fermement, le manifester dans des actes quotidiens non violents. C'est refuser la "loi du plus fort" qui tend à s'ériger en norme et bafoue la liberté et l'égalité des droits, le "toujours plus" qui pousse à une surconsommation des biens et des personnes privilégiant l'avoir à l'être.


Gandhi, Thoreau, Vandana Shiva évoquent la désobéissance civile, comme le Khadi pour boycotter les tissus fabriqués en Grande Bretagne, la marche du sel pour transgresser un interdit Britanique, la production de semences paysannes pour lutter contre le monopole du brevetage et la bio-piratrie des multinationales etc...


Le lâcher prise : lorsque la résistance n'est plus de mise, ou demande trop d'énergie, reconnaître que pour l'instant les choses sont comme elles sont, et pas comme nous voudrions qu'elles soient. Même si c'est insupportable.

Cela n'a rien à voir avec la tolérance, qui consiste à endurer, supporter, admettre avec indulgence, ce qui revient souvent à rester sur ses positions ou à masquer un refus.


Accepter n'est pas se résigner, ni baisser les bras. Encore moins se conformer par panurgisme. Rien ne nous oblige à accepter une situation désagréable ou insatisfaisante. Rien ne nous oblige à nous taire, ni à nous soumettre.

Accepter permet de prendre le recul nécessaire pour ne pas se laisser envahir par la situation, et préparer éventuellement une action efficace plutôt que de réagir.

C'est regarder le problème en face, accepter qu'il existe, le comprendre en renonçant à s'opposer à ce qui est.

Une grande partie de notre souffrance vient de cette réaction qui se durcit dès que les choses ne vont pas dans le sens où nous le souhaitons.

Nous ne pouvons pas tout contrôler, et c'est d'autant plus insupportable lorsque tout s'accumule.

Comme tout est impermanent, même les choses les plus insoutenables ne durent pas. Les tyrans s'écroulent ou sont renversés, les systèmes basculent, les tortionnaires sont poursuivis.

Face à des situations difficiles, insoutenables, nous ne sommes jamais seuls: d'autres ressentent, pensent, vivent la même chose. D'où l'importance d'en parler, de s'exprimer, d'échanger et de garder confiance dans la vie.


La Solidarité, en partageant en pleine conscience, il est possible de faire baisser la pression, la violence qu'entrainent les attitudes narcissiques, égocentriques.

Sans attendre de grands mouvements collectifs qui sont souvent récupérés et détournés.

En étant vigilant à l'éducation de nos enfants, à la façon dont nous comportons avec notre entourage, nous pouvons ralentir la tendance.

En discutant avec nos proches, nos voisins, nous pouvons les sensibiliser voir les aider à exprimer leur ressenti et à trouver des options non violentes  à chaque situation.

En mettant le bien-être de l'humanité au centre de nos préoccupations, et de nos actions.

Chaque fois que nous mettons l'amour et le respect dans nos relations, avec nous même et avec notre entourage, nous développons un champ de confiance et d'énergie qui nous permet d'évoluer, de faire face, d'agir ou de lâcher prise.

La pleine conscience aide à faire la part entre les besoins et les envies, entre le nécessaire et le superflux. Elle développe notre responsabilité vis à vis de nous même et vis à vis des autres.

Nous ne pouvons plus accepter que notre façon de consommer nous nuise, ni ne nuise au reste du monde et à notre planète.

Être conscient de note façon d'agir et de ses conséquences, pour nous et pour les autres, met en demeure de s'impliquer de façon responsable dans une démarche de solidarité,  que ce soit à notre échelle ou à un niveau plus large.


Reconnaissance, respect, politesse, amour sont des outils de construction et de restauration de l'estime de soi.


En nous rassemblant sous la bannière de l'indignation, en pleine conscience, nous pouvons avoir une action sur notre environnement.

C'est aussi être capable de dire "non" fermement  quand c'est important de le faire.





Concrètement : (par exemple...)



  1. Puce Thich Nhat Hanh  propose 5 entraînements à la pleine conscience basés sur les 5 valeurs de base:


1- le respect de la vie : prendre conscience de la souffrance provoquée par la destruction de la vie. S'engager à protéger la vie sous toutes ses formes. Dans nos propos, dans notre façon de nous comporter, dans notre façon de nous alimenter. S'engager à aider les autres à découvrir à quel point la vie est un bien précieux. S'engager à promouvoir la non-violence.

2- la générosité et la solidarité : prendre conscience des souffrances provoquées par l'exploitation, l'injustice sociale, le vol, l'oppression, la malhonnêteté. Arriver en retard, c'est prendre (voler) du temps  aux autres. S'engager à respecter la propriété d'autrui, à ne pas alimenter l'exploitation des êtres humains de toutes formes de vie et de la planète. S'engager à agir pour le bien être de tous les êtres vivants, en partageant du temps, des compétences, des ressources matérielles, la joie et la paix avec ceux qui en ont besoin. Apprendre à reconnaître ses véritables besoins de façon à mener une vie  simple et heureuse.

3- la conduite responsable : prendre conscience de la souffrance engendrée par les actes violents et les conduites sexuelles inappropriées. S'engager à ne pas utiliser la violence chaque fois que c'est possible, et à protéger la sécurité, l'intégrité des personnes. S'engager à ne pas avoir de rapports sexuels sans amour et sans engagement, à ne pas utiliser les autres pour son propre plaisir. S'engager à protéger les enfants et les femmes des sévices et abus sexuels.

4- la parole juste : prendre conscience de la souffrance engendrée par des propos blessants, déformés, des paroles irréfléchies, par une incapacité d'écoute. S'engager à écouter attentivement sans juger, avec bienveillance. S'engager à parler sincèrement, et à ne pas tenir de propos irréfléchis. S'entraîner à être attentif aux perceptions erronées et aux malentendus. S'entraîner à ne pas se laisser emporter dans la spirale des réactions, des émotions.

5- la consommation en pleine conscience: prendre conscience de la souffrance engendrée par une consommation irréfléchie. S'engager à ne pas s'intoxiquer ni à intoxiquer les autres avec des poisons tels que l'alcool, les drogues, certains sites internet, certains films et certaines émissions de télévision, certaines conversations. S'engager à prendre soin de soi et des autres, à être attentif à tout ce que l'on ingère, physiquement et mentalement. S'engager à ne prendre que des nourritures physiques et mentales qui apportent santé et bien être dans le respect des autres et de la planète.


  1. Puce Vivre c'est prendre le risque de mourir, cela viendra un jour ou l'autre, alors, en attendant, vivons et partons à la découverte du Vivant et de nos valeurs.

Indépendamment de ce que m'ont appris ma famille, mon parti politique, ma religion: 

Qu'est ce qui est vraiment important pour moi ? Qu'est ce qui me touche le plus ? Qu'est ce que j'admire ? Qu'est ce que je ne supporte pas ?

Est ce que ma façon de vivre ici et maintenant est en accord avec cela ? Jusqu'où suis-je capable d'aller pour défendre ces valeurs ?


  1. Puce Arrêter d'attendre : quand j'aurai gagné au loto, je ferai....quand j'aurai changé de travail, je ferai.... quand les enfants seront grands et qu'ils seront autonomes je ferai....quand j'aurai remboursé ma dette, je ferai....quand j'aurai divorcé je ferai...

Certains attendent toute leur vie. C'est le meilleur moyen d'entretenir la souffrance, d'être insatisfait de ce qu'on a ou n'a pas, et de ne pas vivre dans le présent. Vivre dans le présent permet de ressentir le bonheur présent, même infime plutôt que d'attendre un grand bonheur hypothétique qui ne viendra peut être jamais.


  1. Puce Arrêter de vouloir tout maîtriser. Vouloir tout contrôler entraîne de la souffrance pour soi, parce que cela met une pression souvent inutile, et chez l'autre parce que cela le désinvestit, le dévalorise, le prive de son implication dans l'action.


  1. Puce Arrêter de vouloir être parfait ou d'exiger que les autres les soient : ce n'est pas parce qu'on n'a pas eu le temps de faire le ménage que le monde va s'écrouler, ce n'est pas parce qu'il n'y a plus grand chose dans le frigo qu'il faut éviter de recevoir des amis,( on composera), ce n'est pas grave si on déjeune avec une heure de retard (cela peut même être créatif de changer les habitudes), ce n'est pas important d'avoir 13/20 à un devoir ou une leçon, ce qui est important est de l'avoir compris et d'en avoir assimilé l'essence.

Ce n'est pas grave d'avoir une panne sexuelle, ce n'est pas grave de ne pas savoir répondre à toutes les questions qu'on nous pose, ce n'est pas grave de ne pas maîtriser tous les sujets de conversation, ce n'est pas grave de ne pas être apprécié par tout le monde, ce n'est pas grave d'avoir des moments de blues,


Il y a des moments, ou des actions, pour lesquelles il est important d'être dans l'excellence, par exemple lorsqu'un chirurgien opère, lorsqu'un pilote négocie une turbulence, lorsqu'on roule à 130 km heure sur l'autoroute, lorsqu'on doit négocier un prêt ou prendre une décision importante etc...

Apprenons à faire la différence entre les moments où nous devons être performants et les moments où nous pouvons être suffisamment bons. Arrêtons de vouloir être au top tout le temps ou de l'imposer aux autres.


  1. Puce Arrêter de courir après les performances. Cela n'est pas utile pour savoir qui nous sommes et ce que nous valons. La performance n'est pas un besoin, bien que nos sociétés la fassent passer pour tel.

Nous pouvons être reconnu sans avoir besoin de briller, de performer, d'entrer en compétition, de prouver quelque chose.


En apprenant à nous apprécier tel que nous sommes, avec nos imperfections, nous apprenons à apprécier les autres tels qu'ils sont avec leurs imperfections et nous laissons davantage de marge de manoeuvre aux talents et à la créativité.

Combien d'entre nous passent leur temps à dire qu'ils ont fait ceci ou cela pour se prouver que... pour prouver à leur famille que ....,  prouver à leurs enfants que..., prouver à leur entreprise ou aux collègues que ...

Ne pas accepter de se laisser entraîner dans des rivalités, des challenges, des compétitions sans importance.

Arrêter de tout transformer en question de vie ou de mort : on n'a pas besoin de se jeter d'un pont avec un élastique, de rouler à 200km/h en voiture ou en moto pour se sentir vivre.

Cela ne nous empêche pas de participer à des compétitions pour le plaisir en évitant de transformer cela en "combat de notre vie" ou "en-je-avec la mort".


  1. Puce Etayer les informations que l'on nous donne (garder un esprit critique et sceptique), s'informer sur les produits et les médicaments que nous consommons en ne se limitant pas aux avis d'experts souvent à la solde des laboratoires ou des industriels.


  1. Puce Eviter d'absorber des poisons et des produits toxiques, que ce soit au niveau des produits alimentaires, des médicaments, des stupéfiants licites ou illicites, au niveau des lectures, des émissions de télévisions, des films, et autres médias. En Europe, personne n'impose ce qu'il faut voir, lire, ou consommer. C'est un choix personnel. Tous les citoyens du monde n'ont pas ce privilège. Profitons en !

Changer de mode de consommation a pour objectif de veiller à notre bien être et à celui de notre environnement, indépendamment des campagnes officielles ou non officielles.

Vérifier systématiquement toutes les informations. (il n'y a pas longtemps une ministre de la santé 12 prétendait qu'il n'y avait pas d'études fiables démontrant la toxicité du Bisphénol A, alors que plusieurs pays en avait interdit l'utilisation. Aujourd'hui, tout concourt à démontrer la toxicité du Bisphénol A. Quinze ans plus tôt un autre ministre de la santé prétendait qu'il n'y avait pas d'effets secondaires au vaccin de l'hépatite B ! Aujourd'hui de nombreux cas de Parkinson sont reconnus comme étant apparus après des vaccins pour l'hépatite B.

La majorité des médecins conseillent de consommer des poissons gras pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires, en 2013 de nombreux chercheurs apportent la preuve que les poissons gras d'élevages sont toxiques pour l'être humain du fait de l'utilisation de produits dangereux au niveau des élevages et de leur nourriture-  FR2  Envoyé Spécial - Poisson : élevage en eaux troubles 07/11/2013 ) etc... etc...


  1. Puce Si nous ne pouvons rien faire pour éviter les incivilités, plutôt que de nous résigner, de rester passif ou de devenir violent, il est toujours possible d'agir de façon non violente :


  1. Résister:  dénoncer une situation illégale, malhonnête, injuste, faire appel à la justice et à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes,

  2. Boycotter (acheter de façon éclairée) les produits venant de pays et d'entreprises qui exploitent ou maltraitent les enfants, les femmes, les hommes et les animaux, qui utilisent des produits toxiques, qui ne respectent pas les consommateurs et la planète. Boycotter les services et les professions qui nous prennent en otage.

  3. Privilégier les rapports directs avec les petits producteurs ou les artisans.

  4. Militer dans une association de défenses des consommateurs, s'engager dans une des nombreuses associations qui oeuvrent pour réduire l'incivilité ou défendre concrètement les droits de l'homme, promouvoir le développement de la non violence autour de soi, faire pression sur les représentants politiques etc...

  5. Continuer à dire bonjour aux personnes que nous rencontrons, même à celles que nous ne connaissons pas...

Parce que si le bonjour (signe, sourire, mot, geste) est sincère, il est un frein à l'indifférence dans laquelle nous nous noyons.

  1. Ne pas oublier que nous avons deux moyens d'action non-violents extraordinaires qui sous l'effet de la pleine conscience peuvent avoir une efficacité redoutable :  notre carte d'électeur et notre carte de crédit.


Arrêter de voter pour des gens qui n'incarnent pas nos valeurs même s'ils les affichent, exiger d'avoir des représentants politiques à la hauteur de nos valeurs, exiger d'avoir des garanties sur les programmes annoncés,

Arrêter d'acheter ce qui n'est pas essentiel ou qui ne correspond pas à nos valeurs, changer notre façon de consommer, de dépenser notre argent, notre énergie.

Changer notre façon d'accorder notre crédit peut, à terme, si nous sommes nombreux, avoir une répercussion importante sur un système que beaucoup dénoncent, et sans violence.


  1. Accepter: que nous ne pouvons pas tout changer, ce qui n'est pas forcément une faiblesse, ce peut être la construction d'un soi plus fort, plus serein.

"Vieillir est vraiment ennuyeux, mais c'est le seul moyen que nous avons trouvé pour faire durer la vie, le plus longtemps possible".13


  1. Puce  Apprendre à dire "non" sereinement lorsqu'on veut nous imposer quelque chose qui n'est pas dans notre intention, se désolidariser d'une action qui va à l'encontre de notre pratique ou de nos valeurs, abandonner un engagement qui peut nous nuire ou nuire à autrui.

    Apprendre à dire non à une invitation, à un demande d’aide, à des gens qui pompent notre énergie ou notre temps, à un vendeur, à des propositions qui ne nous conviennent pas. Un "non" clair, sans avoir besoin de se justifier, sans parole blessante.

Profiter de l'expérience pour enclencher la pleine conscience afin de s'assurer que l'on n'est pas dans la réaction, sur la défensive, dans l'agression, dans la justification. C'est une occasion d'entraîner la peine conscience.

    Apprendre à dire non poliment et fermement à une personne qui tente de passer devant nous dans une file d'attente, sans entrer dans l'escalade violente si elle nous y invite, est une façon de conforter l'estime de soi.

En Analyse Transactionnelle il y a un concept très intéressant à ce niveau : le carnet de timbres, à l'instar du carnet de timbres sur lequel on collait un timbre bonus, reçu ou gagné chaque fois que l'on fait un achat, qui permet d'avoir un cadeau au bout d'un certain nombre de timbres ou de pages remplies.

Chaque fois que nous n'exprimons pas notre ressenti, chaque fois que nous nous écrasons, chaque fois que nous n'osons pas dire non, ou que nous ne prenons pas soin de nous, nous nous collons un timbre et au bout d'une certains nombre de timbre, le "cadeau" ne se fait pas attendre : dépression, accident, maladie, passage à l'acte incontrôlé.

    Apprendre à ne pas nous coller de timbre négatifs.

  1. Puce Ne pas s'acharner dans une action qui est vaine, qui demande trop d'investissement en énergie, en temps.( j'avais un enseignant qui nous incitait à ne jamais nous engager dans une relation au delà de 50%, sauf en cas de force majeure)

  2. Puce Si nous ne pouvons pas changer les conditions de travail, il est important d'apprendre à vivre dans l'instant présent et de retrouver la satisfaction de faire ce que nous faisons. A quoi sert de ruminer, de nous torturer, de nous dévaloriser ou de nous surestimer en permanence ?

Veiller à rester "entier" à ce qu'on fait permet de s'oublier un peu, de débrancher un ego parfois envahissant et de laisser un peu plus de place à ce qui est.

Ne laisser ni à l'échec, ni au succès, ni au "petit chef", le pouvoir de modifier notre état intérieur. Il est important pour notre équilibre de continuer à faire le plus complètement possible ce que nous avons choisi de faire ici et maintenant.

  1. Puce Quitter un emploi ou une action qui ne nous permet pas de travailler avec plaisir, de nous réaliser, et de vivre le moment présent, semble moins facile aujourd'hui qu'il y a 40 ans, à cause de la pénurie d'emplois. Mais parfois cela en vaut la peine pour notre santé, notre qualité de vie et celle de notre famille.

  2. Puce Si on ne peut changer facilement d'emploi, on peut ponctuellement à l'occasion de congés payés ou sabbatiques ou simplement de temps libre, s'engager dans une action humanitaire, solidaire, militante, près de chez soi ou à l'étranger. Cela peut aider à s'immerger dans le présent de façon plus intense, en redonnant un sens différent à la globalité de la vie, en renforçant le sentiment d'appartenance et de solidarité, en retrouvant le plaisir de faire des choses gratuitement, simplement pour le plaisir de les faire ou d'exploiter un talent ou une compétence.

  3. Puce Pratiquer l'action juste c'est aussi être capable de faire des choses gratuitement, sans autre but que le plaisir de faire, sans chercher à obtenir une rémunération, sans attendre une gratification ou un résultat particulier.


Cela permet de consolider l'estime de soi, et de redécouvrir du sens. C'est découvrir ou donner libre cours à un talent : marcher sans chercher à aller quelque part, dessiner pour le plaisir du geste, écrire pour le plaisir de mettre en mots des choses qui nous tiennent à coeur, chanter ou jouer d'un instrument pour le plaisir de vibrer avec les sons et les mélodies, faire une recherche pour le plaisir d'apprendre et de découvrir, faire pousser des légumes ou des fleurs sur le balcon ou dans un jardin pour le plaisir de les regarder pousser, aider les enfants d'un voisin à comprendre leurs leçons ou leurs devoirs...


  1. Puce C'est aussi partager son temps, ses compétences, ses ressources avec ceux qui en ont besoin. Être attentif(ve) à ses enfants, à sa(son) partenaire, à ses ami(e)s, leur donner du temps, de l'attention, de l'écoute, de l'affection.


  1. Puce Enfin savoir ne rien faire. Prendre le temps d'Être.  Arrêter de fuir dans l'action, de culpabiliser de ne rien faire, de croire que si on ne fait rien on n'est rien. S'arrêter, faire une pause, se donner du temps, regarder le ciel, ou le coucher de soleil, observer vivre les enfants, les autres personnes, les champs, la rue, la vie...prendre le temps de ne rien faire, même pas de méditer...simplement être là, sans s'attacher aux pensées qui continuent de passer, sans pianoter sur son portable,  ou sa tablette, sans écouter de MP3 . Débrancher, déconnecter. 13

C'est bien souvent à cette occasion que se produit l'émerveillement, parce que c'est le seul moment où nous nous rendons disponible.


" On ne peut jamais prévoir les résultats d'une action. Mais si vous ne faites rien, il n'y aura pas de résultat." Gandhi


  1. Puce un livre:  Robert Maurer - Un petit pas peu changer votre vie - La voie du Kaizen - Anne Carrière -      

                    Paris-2006

                    Thomas D'Ansembourg- Cessez d'être gentil, soyez vrai- édition de l'Homme - 2001

                    Danna Velden - Cusiner c'est méditer - First - 2017


1 - 4 - 8 - 11 Christophe André- Imparfait, libre et heureux- Odile Jacob- Paris 2009

2 - 5 - 6  Frederic Lenoir - Petit Traité de vie intérieure - Plon - 2010

3 - Boris Cyrulnick - Autobiographie d'un épouvantail -  Odile Jacob

9 - Moussa Nabati - le bonheur d'être soi- Fayard - 2006

7 - 10 - 13 Jacques Salomé- VIvre avec les autres - Editions de l'Homme - 2002

12 - « Un biberon pour la route », Le Canard enchaîné du 19 novembre 2008.

13 - L'art d'être oisif dans un monde de dingues - et L'art d'être libre dans un mon,de absurde - Tom Hodgkinson - Les liens qui libèrent-

 

Introduction
Histoire
Enseignement
4 nobles vérités
Noble sentier octuple
Vue Juste
Pensée juste
Attention juste
Parole juste
Action juste
Effort juste
Concentration juste
Moyens d'existence justes
Idées reçues et paradoxesBouddhisme_laic_introduction.htmlBouddhisme_Histoire.htmlBouddhisme_Enseignement.htmlBouddhisme_Quatre_Nobles_verites.htmlBouddhisme_Noble_Sentier_Octuple.htmlBouddhisme_vue_juste.htmlBouddhisme_pensee_juste.htmlBouddhisme_attention_juste.htmlBouddhisme_parole_juste.htmlBouddhisme_effort_juste.htmlBouddhisme_concentration_juste.htmlBouddhisme_moyens_existence_justes.htmlBouddhisme_moyens_existence_justes.htmlBouddhisme_et_paradoxes.htmlBouddhisme_et_paradoxes.htmlshapeimage_2_link_0shapeimage_2_link_1shapeimage_2_link_2shapeimage_2_link_3shapeimage_2_link_4shapeimage_2_link_5shapeimage_2_link_6shapeimage_2_link_7shapeimage_2_link_8shapeimage_2_link_9shapeimage_2_link_10shapeimage_2_link_11shapeimage_2_link_12shapeimage_2_link_13shapeimage_2_link_14