A propos de quelques idées reçues et de quelques paradoxes :








  1. Puce Pour en finir avec le mythe de la sagesse orientale :


Nombreux sont ceux qui tournent en dérision les occidentaux qui s'intéressent aux penseurs d'Orient, en les désignant d'amateurs d'exotisme, ou "dés-orientés" en quête de réponses à une névrose.

Pour étayer leur dérision, la majorité des détracteurs se basent sur des raccourcis, des lectures rapides, voire des méconnaissances notoires.

Même le Dalai Lama se laisse prendre au jeu dans un manifeste (Faites la révolution - Edit Massot/Rabelais - 2019) où il exhorte les jeunes à faire "la révolution de la compassion" en affirmant que si le monde est dans cet état c'est parce que "les générations précédentes sont des générations à problèmes... ignorant l'interdépendance".

Il s'appuie sur des amalgames arbitraires : "les occidentaux ont une approche différente de la non-violence...Selon eux la non-violence et la résistance passive seraient mieux adaptées à la culture orientale...la philosophie, l'idéologie, la politique et la théorie économique occidentales ont propagé la croyance que la compétition, alimentée par la rivalité, l'envie, la jalousie et le ressentiment confèrent à une société sa créativité et son dynamisme".

Si Gandhi (qui n'était pas bouddhiste) a été un grand prêtre de la non violence, l'occident a eu les siens comme Marshall Rosenberg.

Il n'y a pas plus de sagesse orientale que de sagesse et sens du rythme africains. Ce sont des mythes construits autour de références isolées. Sagesse entendue ici comme "idéal supérieur de vie proposé par une doctrine morale ou philosophique"(Larousse)

La majorité des Chinois ne sont pas adeptes de Lao Tseu ou de Confucius, même s'ils en ont des statues dans tous leurs temples ! La majorité des Japonais ne sont pas imbibés du Sutra du Diamant ni du Sutra du Coeur ! Les Thaïlandais et autres asiatiques du Sud Est ne sont pas plus zen que la plupart des humains. La majorité des Indiens ne sont pas adeptes de Gandhi. Tous les Africains n'ont pas le rythme dans la peau et ne se réunissent pas sous l'arbre à palabre.

Ce n'est pas parce que des millions de Chinois, de Japonais, d'Indiens, d'Asiatiques du Sud ont des petits temples ou des dessins sacrés devant la porte de leur habitation, qu'il y a des portraits de Gandhi partout, que leur mode de vie et de pensée est plus "sage" ! Chinois, Japonais, Coréens dépassent de loin les occidentaux au niveau économique avec des comportements prédateurs, basées sur la rivalité, la compétition, l'individualisme.


Il y a partout dans le monde, des hommes et des femmes engagés qui cherchent une vérité, dans la paix et l'harmonie.

Que ce soit Bouddha, Confucius, Lao Tseu, Gandhi, Thoreau, Shivananda, Martin Luther King, Pierre Rabhi, Marshall Rosenberg, Kalil Gibran, Vandana Shiva, Satish Kumar, Stephane Hessel, Patrick Viveret, Théodore Monod, Frederic Lenoir, Hubert Reeves, certains Soufis et des milliers d'autres "sages" connus ou moins connus, ainsi que des millions d'anonymes font et partagent des expériences qui éclairent le chemin de la quête, chacun pouvant y puiser des éléments de pratique et de réflexion dont il a besoin pour construire sa propre sagesse. La sagesse universelle de l'homme ordinaire.

La plupart des "sagesses" ont en commun le fait de comprendre et accepter la vie comme elle est, de se connaître et de développer le discernement, de vivre dans le présent, de se maîtriser, de faire la paix en soi et avec les autres, de savoir faire des choix utiles pour nous et pour notre environnement, d'apprendre à pardonner.

S'il existait une sagesse orientale, cela se saurait : derrière la zen-attitude japonaise, tao-attitude chinoise, yoga-attitude indienne, bouddha-attitude sud-asiatique, se dissimule souvent une violence extrême, prête à exploser à la première occasion.


La cruelle tentative de colonisation de l'Asie par le Japon, les exterminations massives perpétrées en Chine et au Tibet, les conflits sanglants du Cambodge, du Laos, du Vietnam, la junte Birmane, la partition déchaînée de l'Inde, la longue guerre interne du Sri Lanka ne semblent guère faire apparaître de sagesse "orientale" quelconque.

En dehors de quelques initiés, ou de quelques érudits, l'homme de la rue ne semble nulle part porteur d'une sagesse liée à sa culture, même s'il va se recueillir au temple tous les jours. Lorsque il témoigne d'une certaine sagesse il s'agit davantage d'une démarche personnelle que d'un phénomène culturel.


En ce qui concerne la névrose, ce n'est pas un scoop de considérer que nous la portons tous un peu, à des degrés divers. Lorsqu'elle envahit trop le quotidien et devient un frein à l'épanouissement, chacun est libre de chercher sa solution, la psychanalyse en est une, elle n'est ni plus ni moins fiable que le reste. Freud n'a pas fait mieux que Bouddha ! Comme lui il semble avoir été très influencé par sa propre culture et contrairement à la philosophie bouddhiste rien ne prouve que sa théorie soit applicable à toutes les cultures, à toutes les civilisations.

Si une méthode était plus efficace qu'une autre, cela se saurait, il y a longtemps que nous l'aurions adoptée et que le monde vivrait en paix !

Quant à l'exotisme, beaucoup semblent avoir oublié que Jésus et ses apôtres vivaient au moyen orient, qu'ils étaient Juifs, que la Bible a été écrite par des érudits Kabbalistes, traduite par des Grecs. Il n'est pas plus idiot de croire aux forces universelles et aux esprits de la nature que d'accepter qu'une vierge ait enfanté, qu'un prophète ait marché sur l'eau ou qu'un autre a ouvert la mer en deux !

Qu'avions nous comme référence spirituelle avant d'adopter une religion "moyen-orientale "?


  1. Puce Bouddha ni dieu, ni prophète, et pourtant certains présentent le bouddhisme comme une religion !

"Bouddha n'est pas quelqu'un que l'on prie ou dont on essaie d'obtenir des choses. Le bouddhisme n'est pas un système de croyances".16 Steve Hagen.

Bouddha est un homme, qui a été confronté à des choses qui lui étaient insupportables.

Envahi de questions existentielles qui le taraudaient il a cherché des réponses et des solutions à son "insatisfaction" : à savoir ce qui nous fait tant souffrir et comment en sortir..... 

Après avoir tenté plusieurs types de quêtes qui ne l'ont pas satisfait, il a développé le concept de juste milieu (qui est en contradiction avec la rigueur, l'austérité, l'abnégation, le dénuement que ses détracteurs lui reprochent). Il prône la pratique de la méditation (pleine présence) et de l'investigation afin d'approcher au mieux la réalité des choses.

Ayant trouvé des éléments de vérités qui lui permettait de retrouver la paix de l'âme, il a souhaité partager sa découverte avec l'humanité, afin de l'aider à trouver elle-même la paix intérieure.

A partir de ses découvertes, il a élaboré une manière de vivre et des techniques d'introspection transmissibles au plus grand nombre. Techniques qui se rapprochent davantage de la réalisation de soi, d'une manière d'être que d'une religion.

Une des difficultés est que la transmission orale de l'époque est assez rébarbative.

Il ne dit pas ce que nous devons croire, il nous invite à réfléchir sur ce qui est et ce que nous sommes. Le bouddhisme n'est pas un système de croyances.

Il nous invite à observer comment nous vivons et à découvrir ce qui nous fait souffrir pour nous libérer de cette souffrance.

Pour que cette réflexion soit, au mieux, décontaminée de croyances et illusions qui pollueraient notre prise de conscience, il indique un chemin balisé de pratiques qui relèvent du bons sens, tout en étant vigilant à ce que cela nous corresponde.


Comme tous les sages, il a attiré de nombreux disciples. Il a transmis son enseignement à des "mendiants/bhikkus" pour qu'ils le mettent en pratique, et l'enseignent à leur tour. Tel était le rôle de ceux que l'on appelle "moines". Ce qu'ils ont fait et ce qu'ils font en se l'appropriant, en le transmettant et trop souvent en le transformant.

Bien qu'il ait établi des règles de vie très précises à l'attention de ses disciples, je suis surpris de voir que ces disciples sont devenus des "moines" au sens religieux du terme, vivant dans des "monastères" avec des autels, des offrandes, des statues en or, des rituels religieux, des fidèles et des règles qu'ils aménagent de plus en plus pour leur satisfaction et leur confort personnel.

Bouddha vivait dans un pays qui pratiquait en majorité l'hindouisme et le Jaïnisme, dont la culture religieuse portait déjà les concepts de samsara (concept de cycle et de renaissance) de karma (concept de relation de cause à effet) de nirvana (concept d'abandon ou de lâcher prise). Ces concepts sont souvent associés au bouddhisme, tant ils ont influencé Bouddha et ses disciples.


  1. Puce Nul n'est prophète en son pays

Bien que Bouddha soit né en Inde et qu'il y ait vécu jusqu'à sa mort, le Bouddhisme est une religion minoritaire en Inde. 0,6% pour 80% d'Hindous, 13% de Musulmans, 2% de Chrétiens.

De même pour Gandhi et sa non-violence, dont les adeptes sont plus nombreux à l'étranger que dans le pays même.

La présence de sa statue dans toutes les villes indiennes n'est pas un gage de non-violence. L'Inde est d'ailleurs indexée comme étant un des pays où il y a le plus de crimes et de viols au monde.

Les Chrétiens sont aussi minoritaires en Palestine et en Israël, alors que Jésus vivait en Palestine.


  1. Puce Enseignements et fiabilité

Les enseignements sont à replacer dans leur contexte: moeurs culture, réalité de l'époque. Cela suppose un effort d'adaptation, d'acclimatation au contexte actuel.

Au niveaux des traductions ou des interprétations, il y a beaucoup à dire : par exemple

  1. dans plusieurs documents originaux, Bouddha fait référence à l'extinction des soifs pour supprimer la souffrance.

Ce qui est souvent interprété comme négation, abandon des désirs. Pour ne plus souffrir, il faudrait ne plus désirer.

En replaçant cette recommandation dans son contexte et en tenant compte de l'ensemble du texte, on s'aperçoit qu'il peut y avoir confusion dans l'interprétation : ce ne sont pas les désirs qui sont à éteindre mais l'attention que nous leur attribuons, la façon dont nous répondons ou sommes attachés à nos désirs. Il s'agit davantage de discernement.

Lorsque nous transformons nos désirs en quête insatiable nous entrons en souffrance parce que nous devenons obsédés par la satisfaction de ces désirs transformés en soifs. Il ne s'agit donc pas d'éteindre le désir mais de modérer la réponse que nous donnons à nos désirs. Ce qui est quand même très différent de ce que l'on interprète généralement.


  1. Beaucoup interprètent le concept de vacuité comme étant une expérience du vide, alors que la vacuité est l'expression d'un plein. Elle consiste à dire que nous n'existons pas sans le non-soi. Nous n'existons pas sans la prise de conscience de tout ce qui nous constitue : l'univers, nos racines, notre environnement etc...tout ce qui n'est pas nous mais qui fait ce que nous sommes. Si l'on fait abstraction de tout cela, nous n'existons pas. Umbutu comme disait Mandela.


L'enseignement de Bouddha est un ensemble de propos colportés par plusieurs générations qui ont étés retranscrits, avec toutes les dérives possibles d'erreurs d'interprétations, d'ajouts volontaires ou involontaires de religieux ou de sages qui comme dans tous les systèmes font dire au prophète, à Dieu, au saint homme ce qu'ils aimeraient voir appliquer, voire imposer à leur communauté.

Ce à quoi s'ajoutent les légendes et traditions populaires supposées agrémenter ou aider à comprendre, et qui, bien souvent, rendent la lecture encore plus aléatoire.

En 400 ans et à 6000 km de distance (du Népal au Sri Lanka, du Népal à la Chine) une expression n'a plus forcément la même signification ou le même impact ! Que dire 2000 ans après ?

Seules restent en filigrane des pratiques ou des faits concrets que l'on peut confronter historiquement.

Il semble donc important quelque soit la voie choisie, de s'assurer que l'on possède un minimum de "bonnes" informations.

Si l'on fait le compte de tout ce que le Bouddha aurait dit et qui a été retranscrit, cela donne plusieurs milliers de livres de plusieurs milliers de pages.

Lire les Trois Corbeilles est une véritable aventure, notamment au niveau de l'infinité de détails et d'expressions imagées qui les composent à propos de tout. Il ne semble pas possible qu'un seul homme ait formulé toutes ces recommandations, et compilé ces sermons avec autant de précision.

Ce qui peut amener à douter de l'authenticité de certains écrits dans la mesure où Bouddha malgré sa lucidité ne peut pas avoir été aussi prolixe. Cela ne veut pas dite que tous les textes sont faux.

Par contre cela peut expliquer la profusion d'écoles et de courants bouddhistes (17 ou 18 officiellement).


  1. Puce Le cycle des renaissances et le karma (relation de cause à effets)

Bouddha n'a jamais parlé de réincarnation. Lorsqu'il évoque la renaissance, il ne fait pas allusion à d'autres vies.

La renaissance dont il est question est liée à l'impermanence. Tout change perpétuellement, tout renait perpétuellement. Depuis quelques instants, des cellules sont mortes et d'autres sont venues les remplacer, dans notre corps, d'autres sont venues se rajouter. Je ne suis pas le même qu'il y a 5 minutes.

Chaque moment est frais, unique, impermanent. Chaque moment est nouveau, d'où l'idée de renaissance. D'où aussi la notion de cycle de changements. Il y a deux jours je pensais certaines choses d'une certaine façon, mais entre temps j'ai rencontré quelqu'un ou j'ai lu quelque chose qui m'ont amené à modifier ma pensée, ou je suis parvenu à me déconditionner pour voir une réalité différemment. C'est une forme de renaissance à moi même, dans mon cycle d'évolution.

Cela n'a rien à voir avec la réincarnation.

"Les théories sur la réincarnation ne sont que des théories ou des croyances. Personne n'a pu et ne peut en parler par expérience. Nous ferions mieux de concentrer nos efforts sur vivre le présent plutôt que d'investiguer sur ce que sera la futur".

Steve Hagen. 17`

Quant au karma, nous constatons tous que tout ce que nous faisons produit des effets. Indépendamment de toute morale. C'est ce que le bouddhisme appelle karma, ce qui n'a rien à voir avec le fait d'avoir plusieurs vies.

Si je suis désagréable en permanence avec mon entourage, je finirai par me retrouver seul.

Si un patron maltraite son personnel, il y a des chances pour que l'absentéisme et autres difficultés augmentent dans son entreprise.

Si nous prenons nos partenaires pour des objets sexuels, nous pouvons nous attendre à être traité de la même façon ou à être rejeté à un moment donné.

Si nous prenons des produits toxiques, il ne faut pas s'attendre à rester en bonne santé très longtemps.

Un vieux dicton dit que "l'on récolte ce qu'on a semé"...c'est le karma. Si nous semons de la haine nous récolterons de la haine, si nous semons de l'amour, nous récoltons de l'amour...ce qui pas toujours garanti parce que les autres sont libres de nous rendre ce qu'ils veulent. !

S'il semble clair que nos actions sont suivies d'effets, il est difficile d'en déduire que nous avons eu des vies avant et que nous auront des vies après et que ce qu'il nous arrive aujourd'hui dépend de ce que nous avons fait dans d'autres vies.

Cela ne veut pas dire que cela n'existe pas, cela veut simplement dire qu'on n'en sait rien, même si certaines personnes le prétendent, sans pouvoir le prouver !

A l'époque où cela a été évoqué il se peut que ce fût une métaphore pour expliquer le principe de rotation des événements dans la vie. La fonction cyclique de la vie. Le concept de la roue que l'on retrouve dans de nombreuses religions asiatiques.

Lorsque Bouddha est sorti de l'éveil, il a dit que maintenant qu'il avait compris ce qui fondait sa vie et qui il était, il n'avait plus besoin de renaître. Peut être que cela voulait simplement dire qu'il était enfin devenu lui même (réalisé) Il s'est éveillé à lui même. 1


Si déjà nous pouvions évoluer dans cette vie-ci, ce ne serait pas si mal. Ce qui est sûr par contre est que la façon dont nous nous comportons aujourd'hui dans notre façon de gérer notre vie et le monde, aura des répercutions sur les générations futures. Ce que nous allons leur laisser en héritage mérite que l'on s'y intéresse.


Il peut être perturbant de se persuader que ce qui se passe aujourd'hui est le produit d'actions de vies antérieures, dont on n'a ni le souvenir, ni la maîtrise, dans la mesure où nous n'en savons rien.


Faire référence à une vie passée semble davantage relever du principe de culpabilité et du mérite, que l'on retrouve dans toutes les religions "révélées", stratégie qui consiste à utiliser la peur et la culpabilité pour faire respecter la règle.


De même que la vigilance dont nous devons faire preuve dans la vie présente pour ne pas risquer de subir le contre coup de nos actions dans une vie future est tout aussi aléatoire, cela relève davantage d'une stratégie d'intérêt ou de spéculation que d'une véritable prise de conscience. Cela ressemble aux promesses de paradis et d'enfer des religions révélées.


"Lorsqu'un peuple élabore une représentation du paradis, celle-ci a pour fonction de refléter ses préoccupations, mais aussi ses aspirations.... Tout ce que l'homme redoute lors de son séjour terrestre, il en sera délivré au paradis...le paradis remplit donc dans ces conditions, le rôle d'un mythe consolateur, compensateur, en promettant une vie posthume bienheureuse, enchanteresse."2


Lors de mes nombreux voyages en Asie, j'ai souvent l'occasion d'observer que ce concept de karma peut aussi donner lieu à des aspects beaucoup plus matériels: le fait d'être obligé d'entretenir les moines (qui pour la plupart vivent dans de meilleures conditions que beaucoup de fidèles, de leur faire des cadeaux somptueux souvent grâce à des sacrifices importants, le fait de consacrer des sommes colossales à la construction et l'entretien de temples et de monastères, de participer à des cérémonies qui sont parfois de véritables shows... tout cela afin d'avoir un meilleur karma dans une autre vie...?

A qui cela profite-t-il le plus d'entretenir ce genre de concept ?


J'aime l'idée développée par certains sages qui consiste à dire que c'est dans cette vie que les choses se jouent. La vie nous offre ponctuellement des opportunités de revivre des situations qui se ressemblent.  Ce qu'ils associent au fait que la Roue de la Vie tourne.

Combien d'entre nous restent bloqués dans un même schème de fonctionnement, renouvelant systématiquement les mauvaises expériences ou les mêmes erreurs chaque fois qu'elles se présentent ?

D'où la sensation de renaissance après avoir changé de pattern de comportement, avec l'impression de s'éveiller à une nouvelle vie.

Nous pouvons changer nos modes de fonctionnement dans cette vie-ci, renaître à nous même dans la même vie.

Nous faisons des expériences qui devraient nous amener à réfléchir de façon à ne pas revivre ou renouveler la souffrance si ces expériences se représentent, dans cette vie. C'est entre autre la fonction de la pleine présence.

"Pour que cette naissance à soi-même advienne, il est indispensable d'abolir ce terrible climat de compétition qui donne à l'enfant(et aux adultes) l'impression que le monde est une arène physique et psychique, produisant l'angoisse d'échouer au détriment de l'enthousiasme d'apprendre." 3

La fin du cycle se concrétisant par un sentiment de paix et de liberté profond (délivrance du cycle infernal de la répétition des erreurs). Mourir en paix avec soi et le monde, ce que certains appellent le Nirvana.

" Il est dommage que le temps passé à essayer de savoir s'il existe une vie après la mort ne soit pas consacré à comprendre ce qu'est la vie, et en comprenant son immense valeur; à agir pour en faire un chef-d'oeuvre inspiré par un humanisme vivant et actif, au sein duquel la modération serait un art de vivre. Il serait dommage après été repu de souffrances et de non-sens de se demander au terme de sa propre vie non pas s'il existe une vie après la mort, mais s'il en existe vraiment une avant la mort, et ce qu'elle représente dans le mystère de la vie." 4

Confucius disait : "Nous avons deux vies. La deuxième commence quand nous nous rendons compte que nous n'en avons qu'une."


  1. Puce Les moines et les monastères : une images d'Epinal

Derrière les façades de sérénité, de dévotion, de rayonnement paisible de centres de méditations ou de prières perchés sur des collines ou perdus dans de denses forêts, dans des villages retirés ou parfois dans des quartiers résidentiels, derrière ces tuniques safran, lie de vin ou marron qui se profilent sur des paysages de rizières, se cachent parfois des choses moins sympathiques.  Ce qui ne veut pas dire que tous les moines et monastères sont douteux, mais....

Ayant beaucoup voyagé en Asie, j'ai eu l'occasion d'observer un certain nombre de choses qui, vu leur récurrence, me permettent de faire certains constats.

  1. La vocation :

En Asie de nombreux parents mettent (il s'agit fréquemment d'abandon) leurs garçons et parfois leurs filles au monastère pour des raisons économiques, pour ne pas avoir à les nourrir ni à subvenir à leurs besoins.

D'autres jeunes s'engagent pour un certain temps dans un monastère comme on s'engage au service militaire, pour répondre à une attente sociale, à une recherche de notoriété et de pouvoir, à un besoin de combler un manque identitaire, à l'absence de qualification et d'emploi, de plus en plus parce que cela permet de vivre dans un confort qu'ils ne connaîtraient pas autrement.


Cela explique que la population des monastères est souvent très jeune, sans vocation particulière et qu'on assiste fréquemment à des séances de lectures et de répétitions de textes et de mantras, dont le sens n'est pas toujours compris ni intégré. J'ai visité des monastères qui n'étaient peuplés que d'enfants (entre 250 et 350 enfants de 6 à 14 ans).

J'ai assisté à des prières et des cérémonies où les enfants passaient plus de temps à s'échanger et à manger les friandises offertes par les dévots, qu'à prier.

A l'adolescence, beaucoup de ces jeunes moines sont attirés par les plaisirs de la vie ordinaire:  j'en ai vu fumer, flirter, faire le mûr, demander de l'argent, demander des stylos ou des bonbons comme les gosses de la rue.

J'ai visité dernièrement (2013) des monastères tibétains où la majorité des moines adolescents et jeunes adultes passaient plus de temps sur leur Smartphone, sur leur tablette numérique, à surfer sur le web, qu'en méditation.

En 2012, j'en ai même vu un, plus âgé, prendre des photos de femmes dénudées sur une plage du sud de la France avec son appareil numérique. Qu'ils arrêtent de jouer aux vertueux...!

J'ai été amené, à plusieurs reprises, à demander à des moines adultes la traduction de certains mantras qu'ils récitent, comme le mantra dédié au Sangye Menla (Bouddha médecin). Aucun n'a pu le traduire, avouant ne pas connaitre le sanscrit. Ils ont une idée de ce que cela peut vouloir dire, comme moi, sans plus. Ils récitent donc souvent des mantras sans en maîtriser la signification exacte, ni la langue, comme n'importe qui peut le faire. Ils se contentent de répéter des sons avec une vague idée de ce qu'ils veulent dire. Vu de l'extérieur c'est impressionnant, une chorale de moines....


  1. L'éducation:

La promiscuité de jeunes enfants avec des adultes dans les monastères donne parfois lieu à des scènes insupportables.

Sans aller jusqu'à parler de pédophilie qui existe dans certains monastères comme elle existe dans nos séminaires et dans certains collèges religieux occidentaux, j'ai pu observer une forme d'inféodation (soumission quasi servile) des enfants aux moines(nonnes) plus âgé(e)s qui non seulement n'est pas justifiée par les enseignements de Bouddha, mais va à son encontre.

De nombreux moines adultes font laver leur linge par les enfants moines, se font servir à table et font laver leur vaisselle par les enfants, font faire leur lit et nettoyer leur chambre par les enfants, font porter leurs bagages par les enfants. Interrogés, ils se réfugient derrière des arguments éducatifs ou disciplinaires, qui sont loin d'être convaincants et qui ne semblent pas avoir été filtrés par la pleine conscience. Beaucoup confondent humilité et humiliation.

On assiste parfois à des privations, des violences verbales ou physiques qui n'ont pas lieu d'être dans ce contexte et qui sont en contradiction totale avec la pratique du bouddhisme de base.

Ce qui me permet de penser que même pour de nombreux moines adultes, l'essence du Bouddhisme n'a pas été assimilée.


  1. Les privilèges :

Quand aux moines adultes, très nombreux sont ceux qui usent et abusent de leur statut de religieux pour obtenir des faveurs et exercer des pouvoirs. Quand ils ne sont pas foncièrement corrompus.


Téléphone portable, ordinateurs high tech, Smartphone, bagages Vuiton, compte en banque, réserve de biens personnels, bijoux en or, montre de luxe (le tout offert par des communautés bienveillantes),  souvent voiture avec chauffeur, "petites amies" ou maîtresses, vols en première classe ou en jet privatisé pour se rendre à des conférences nationales ou internationales, ou simplement visiter la famille ou un pays aux frais de communautés qui ne souhaitent que le meilleur pour leurs vénérés maîtres.


On est très loin des enseignements du bouddhisme et des préceptes de base.5

Je ne suis d'ailleurs pas seul à le constater :  

1-http://www.francetvinfo.fr/monde/asie/des-moines-bouddhistes-filmes-dans-un-jet-prive-font-scandale-en-thailande_350276.html

2 - http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=sANFgwoJeic

3 - http://www.dailymail.co.uk/news/article-526004/Thai-Buddhist-monks-broke-celibacy-vows-flirting-women-online.html

4- http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/asia/thailand/1373309/Thai-Buddhist-monks-defrocked-over-sex-drugs-and-alcohol.html

5 - http://www.guardian.co.uk/world/video/2012/may/11/buddhist-monks-poker-south-korea-video

6- http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/asia/thailand/10130437/Buddhist-monks-arrested-over-Thai-child-sex-abuse-claims.html

7 - http://www.clubpoker.net/alcool-poker-moines-bouddhistes-cocktail-detonnant/n-6031

8 - http://lci.tf1.fr/monde/asie/des-moines-bouddhistes-en-jet-prive-une-video-qui-fait-scandale-8031727.html


Certains diront qu'il n'y a rien de mal à avoir un téléphone mobile, un ordinateur portable, une montre, un appareil photo numérique, une voiture, à se déplacer en avion pour aller visiter Paris, ou passer du temps à surfer sur le web. Cela peut faire partie des outils dont aurait besoin une personne ordinaire.

Leur utilité reste à démontrer pour des renonçants, des moines qui auraient fait voeux de se retirer pour prier ou méditer !!! L'un des principes de la vie monacale est la modération.

Je ne vois pas ce que font nombre de jeunes moines sur des réseaux sociaux, ni ce que peut leur apporter tous les softwares téléchargés sur leur mobiles, dans leur vie et leur mission de moine.

Les mêmes diront que ce n'est pas le moine qui les achetés, que se sont les fidèles qui lui ont offert. Ce qui est vrai.

J'ai observé des dévots offrir des liasses de billets de banque à des moines de tous âges, lors de puja. Bouddha n'a jamais dit qu'il ne fallait pas faire ou accepter de cadeaux, pour les laïcs. Pour les religieux, il semble plus réservé !

Je ne suis pas seul à le constater:

http://www.francetvinfo.fr/decouverte/bizarre/sexe-drogue-et-luxe-quand-les-moines-bouddhistes-derapent_367986.html

En Thaïlande il semble que de nombreux monastères et de nombreux moines soient soupçonnés d'abuser des dons qui leurs sont faits. Après avoir constaté moi même le train de vie de certains moine dans ce pays et ailleurs je n'ai qu'une confiance très relative dans les religieux qui se disent bouddhistes:

http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Il-d-tourne-des-millions-de-dons-et-dispara-t-19612791

J'ai vu au Sikkim de nombreux moines faire des courses dans des galeries marchandes "branchées", s'acheter des vêtements et chaussures de marques. La majorité ont troqué les sandales ou les tongs pour des "Crocs". Je ne vois pas le rapport avec la vie religieuse ni avec la tendance à la modération, si ce n'est qu'ils seront équipés en écran plat, ordinateur, MP3, téléphone, appareil photo numérique, garde robe à la mode etc...C'est toujours ça qu'ils n'auront pas à acheter à leur sortie du monastère.7


La démesure ne semble pas toujours être en harmonie avec les enseignements ! D'autant plus que les "moines " auteurs de best-sellers nous parlent constamment du contrôle des soifs et des désirs, d'une vie simple et dénuée de matérialisme...Sagesse de littérature ou de plateaux de télévision !

Quelle relation peut on avoir avec une communauté pour qu'elle en arrive à faire des cadeaux d'une telle valeur, parfois au prix de privations ? Quelle relation a-t-on avec des règles de mendicité qui interdisent d'avoir des rapports avec l'argent, et de posséder des biens matériels ?

Les moines sont par principes des renonçants et des mendiants. Ils n'ont pas à travailler, et ne vivent que de dons, (l'explication officielle étant de favoriser l'interdépendance) ce qui, à mon avis, les éloignent beaucoup des préoccupations concrètes et des réalités de la vie du monde. D'autant plus que dans certaines régions, les gens sont très pauvres et doivent subvenir aux besoins des communautés monastiques: pendant que les moines les regardent oisivement se débattre dans leur pauvreté, en jouant avec leur Ipad ou leur iPhone.

Vivre dans un monastère ou dans une communauté, où tout le monde est sans cesse aux petits soins pour vous, à l'abri des turpitudes du monde et sans avoir besoin de travailler, c'est quand même plus confortable que d'être confronté en permanence aux contraintes, à la violence et à la réalité du monde extérieur. (sauf pour certains moines qui vivent sous les persécutions de systèmes tyranniques ou qui ont fait le choix de se retirer dans un ermitage isolé)

Thich Nhat Hanh rappelle que " les moines et les moniales doivent veiller à ne pas faire de demandes irraisonnables aux laïcs concernant leurs besoins en remèdes, nourriture, vêtements, et logement, et à ne pas vivre avec des besoins matériels supérieurs à leurs besoins immédiats." 6

Le 10ème précepte adressé aux moines précise qu'ils doivent s'abstenir de recevoir de l'or et de l'argent....apparemment ce précepte à du tomber dans l'oubli.

J'ai visité un pays asiatique dernièrement où le peuple a de moins en moins confiance dans ses moines parce qu'il y a trop d'abus de pouvoirs, de privilèges, de corruption de la part des moines eux-mêmes. Dans ce même pays, dans certains temples et dans certains villages, les moins en arrivent à imposer une contribution financière obligatoire à chaque personne de la communauté au risque de se voir privé de leur services. Il y en a même qui impose cette contribution aux touristes qui passent.

De plus en plus d'occidentaux se disent moines ou nones bouddhistes. Généralement ils(elles) ont fait des stages d'initiation auprès de maîtres plus ou moins connus. Ce qui leur donne une certaines notoriété et le droit de parler au nom de ....

La majorité écrivent beaucoup. Des livres plein de bon sens et de belles phrases, que l'on retrouvent dans pratiquement  toute la littérature à destination des occidentaux. Sur internet on les trouvent avec les mêmes mots clefs: compassion, pardon, lâcher prise etc... Ils animent des séminaires, des stages, des séances de méditation, généralement assez dispendieux, avec de temps à autres des projets sociaux pour faire la balance. Ce qui les mets à l'abri de soucis matériels et leur offre un certain confort de vie. Quand ils sont fréquentés par des célébrités du showbizz, de la politique, du monde scientifique, cela ne fait qu'ajouter à leur aura, les rendant encore plus crédibles. Beaucoup sont mariés, et ont des enfants, tout en tenant à garder leur titre de moines !

En dehors de quelques rares "moines et lamas" que je respecte, je n'ai pas d'affinité ni d'intérêt pour la plupart des moines d'Asie, d'Asie du Sud-Est et d'Occident. Rares sont ceux qui sont réellement authentiques, désintéressés, aimants, chaleureux, ouverts, tolérants.

C'est ce qui me conforte dans le choix d'un bouddhisme moderne, laïc et engagé.


  1. La compassion et le bouddhisme des bisounours

Il faut reconnaître que ce concept, que les laïcs semblent avoir tant de mal à pratiquer, et que les moines ou autres religieux semblent maîtriser si bien (en théorie), est quand même plus facile à prêcher qu'a vivre.

La compassion est le sentiment par lequel on est porté à percevoir ou ressentir la souffrance des autres. Le mot compassion, du latin cum patior, "souffrir avec", n'indique pas qu'il faille faire quelque chose d'autre en dehors de compatir. C'est l'expression d'un amour qui se manifesterait à l'égard de personnes en état de souffrance.

C'est très réducteur comme amour, puisqu'il ne concerne que les personnes qui souffrent ! C'est par exemple ce qui fonde la valeur essentielle des Missionnaires de la Charité (mère Teresa) " les plus pauvres parmi les pauvres " et les autres ?

Ce mot date de l'époque romaine, donc bien après Bouddha, probablement avec une forte connotation chrétienne.

Il sert aujourd'hui à transcrire le terme pali karuna qui serait la disposition à s'ouvrir à la souffrance d'autrui, ce qui diffère un peu de "souffrir avec". Il s'agirait davantage d'empathie, de capacité d'écoute et de compréhension.

Le mot compassion a été choisi (par qui ?) parce qu'il correspondrait mieux à ce que karuna veut dire,...mais est-ce le mot le mieux adapté pour traduire ce que Bouddha exprimait ? Tout dépend du traducteur, de ses origines, de son état d'esprit, de son état d'âme. C'est karuna qui est à traduire et non compassion.


Dans les textes originaux, ce concept est souvent employé en association avec 3 autres concepts : metta, qui serait la disposition à la bienveillance, mudita qui serait la disposition à la joie altruiste de voir les autres se réaliser, et upekka qui serait la disposition au détachement et à la sérénité.

Il y a en filigrane dans ces différents termes une nuance de tolérance inconditionnelle qui n'apparaît pas dans la compassion. Tolérance entendue comme capacité à ne pas renoncer à ses convictions personnelles, tout en acceptant qu'autrui puisse de bonne foi penser et agir différemment. J'ai eu l'opportunité de rencontrer des "saint(e)s" remplis de compassion, qui étaient d'une intolérance inimaginable de la part d'un(e) saint(e).


Il me semble difficile de se limiter au terme "compassion" qui est assez réducteur dans la relation à l'autre, il n'y a pas que des gens qui souffrent, lorsqu'ils ne souffrent pas ils ont aussi droit à toute notre attention, à notre amour, à notre compréhension.

L'amour inconditionnel serait plus approprié comme traduction dans notre culture que le concept "chrétien" de compassion.

Aimer les autres, sereinement, dans la joie et la bienveillance, comme ils sont, avec leurs défauts et leurs qualités, avec leur personnalité, sans jugement, sans attente, simplement pour ce qu'ils sont.

C'est ce vers quoi on tend, mais c'est aussi plus facile à dire qu'à faire.

Bouddha associe l'amour des autres à l'amour de soi même, si vous vous aimez comme les autres s'aiment vous ne devriez pas chercher à vous nuire (à vous blesser)? Ce que l'on retrouve dans les religions révélées sous les "ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse". la différence étant qu'ici, c'est par amour et respect qu'on le fait. 7

Accepter de tendre vers...même si on n'y arrive pas toujours est déjà un belle preuve d'amour inconditionnel envers soi même.Accepter de ne pas être parfait et de faire des erreurs est une preuve d'amour et de bienveillance.

Il y a des pays où l'on doit s'effacer devant un moine, on n'a pas le droit d'élever la voix en présence d'un moine et encore moins à l'égard d'un moine, les comportements incorrects envers les moines sont passibles d'emprisonnement, on leur doit hospitalité et subsistance en toutes circonstances, on est censé leur céder la place dans les transports publics, quand ils mendient on est dans "l'obligation " de donner etc... Cela aide quand même un peu à se sentir empli de compassion envers les autres !

La compassion pose une question à laquelle je n'ai pas obtenu de réponse:

Comme dans beaucoup d'autres voies spirituelles et dans la majorité des religions, l'enseignement met l'amour du prochain au centre de la pratique, chaque pratiquant visant à élargir le plus possible son champ de compassion.

A terme, cela revient à éprouver de l'amour à l'égard de tous les êtres vivants, sans distinction et sans jugement.

C'est le côté bisounours qu'enseignent un certain nombre de "maîtres " en bouddhisme comme Jack Kornfield et quelques autres. Cela fait toujours bien dans les livres, les conférences, les stages. C'est beau à lire et à entendre, mais dans la réalité ?

Ces Maîtres utilisent des exemples comme cette mère qui a perdu un fils innocent tué par le jeune membre d'un gang américain qui devait faire ses preuves. Elle est allée rencontrer l'assassin régulièrement au pénitencier, lui a proposé de venir habiter chez elle à sa sortie de peine, et a fini par l'adopter ! On trouve encore des coachs "éveillés" qui créent des groupes de "thérapie compassionnelle" entre violeurs en séries et leurs victimes pour qu'ils(elles) apprennent à se connaitre et à pardonner !

J'imagine les Juifs rendre visite aux tortionnaires nazis et à leurs descendants, échanger avec eux pour comprendre et pardonner, pour finir par ne plus avoir besoin de réactiver le levier de la shoa en permanence.


Dois-je éprouver de la compassion pour des gens comme Hitler, Mao Zedong, Staline, Pol Pot, Kadhafi, Duvalier, Ben Laden, Boko Haram et les djihadistes de Daesh et les milliers de sous-fifres qui agissent sous leurs ordres, pour les serials killers, les violeurs et les meurtriers d'enfants et de femmes ? A quel titre ?

Dans ma conception de l'amour, il n'y a pas place pour ceux qui nuisent délibérément aux autres au point de tuer ou de ruiner une vie. Porter atteinte volontairement à la vie ou à l'intégrité de qui que ce soit est pour moi non-négociable.

Dans mon approche du bouddhisme laïque, il y a des comportements qui relèvent de la loi, et d'autres de la compréhension bien veillante (l'amour, la compassion, etc...). Généralement l'une s'arrête où commence l'autre.

Cette question m'a fait prendre conscience de mes limites, mais également de celles de la non-violence. Je ne suis pas prêt à aimer inconditionnellement tout le monde, je ne sens pas inférieur aux maîtres de sagesse pour autant.


J'ai une profonde aversion à l'égard :

  1. de tous ceux qui s'octroient le droit de priver autrui de la vie, pour d'autres raisons que celle de protéger sa propre intégrité, par quelques moyens que ce soit (guerres, accidents, comportements, incompétences).

  2. de tous ceux qui brutalisent, maltraitent, violent et tuent les femmes et les enfants

  3. de tous ceux qui font régner la terreur dans leur pays, dans leur ville, dans leur quartier, dans leur entreprise, dans leur collège, dans leur famille.

  4. de tous les pervers qui tirent plaisir ou profitent de la souffrance ou de la faiblesse d'autrui.

Longtemps j'ai éprouvé une aversion pour moi-même du fait de ne pas être capable d'aimer tout le monde inconditionnellement.

Jusqu'à ce que j'apprenne à m'accepter avec cette incapacité et me pardonner de ne pas être parfait. Cela m'apporte le confort discret d'être imparfait et de m'apprécier comme je suis avec mes valeurs, cela me donne l'énergie dont j'ai besoin pour faire face, et m'impliquer.

J'ai posé la question à de nombreux moines dans les monastères que je visite, "doit on aimer tout le monde sans condition?", en dehors de réponses toutes faites du genre "tout le monde mérite d'être aimé", je n'ai jamais pu savoir si je devais aimer Hitler, Abu Bakra al Baghdadi et les autres.

S'il y a quelques millions d'hommes et de femmes qui commettent des atrocités dans le monde, il y en a plus  d'un milliard qui aspirent à une vie meilleure, plus pacifique, plus harmonieuse, plus solidaire. Ils (elles) valent la peine qu'on les protège.

Le fait d'être conscient des horreurs, des aspect négatifs de l'humanité et de la vie, n'entame en rien l'amour que je porte à la vie et à l'humanité parce que justement il existe tellement de belles choses et de bonnes personnes. Ce qui ma conduit à faire ce que je pouvais à l'endroit où j'étais. Comme le colibri de Pierre Rabhi, je fais ma part.


  1. Puce La non-violence : ahimsa = absence de volonté de nuire

La non-violence est sous-jacente à toute sagesse, que ce soit dans la pratique bouddhique, de l'hindouisme, de l'islam spirituel: ne pas chercher à se nuire ni à nuire aux autres, en veillant si possible au bien être de chacun.

Mais nous vivons dans un monde de violence. Comment ne pas se laisser faire (tuer) tout en ne nuisant pas ?

Tous les grands "apôtres" de la non-violence invoquent des situations critiques où l'on est sous la pression d'un système violent, d'un oppresseur, et de la façon d'y faire face de façon non-violente = désobéissance civile, résistance passive, boycott, grève de la faim, manifestations pacifiques, solidarité, informations, négociations, dénonciations, voire sacrifice de soi etc...

Mais aucun n'aborde les situations où l'on a en face de soi, un ou des individus déterminés à nous éliminer ou à nous nuire.

En dehors des arts martiaux qui sont efficaces dans un combat individuel, et à condition de les pratiquer dans l'esprit d'origine, ce qui est de plus en plus rare dans notre société, nous n'avons pas beaucoup de choix face à des adversaires déterminés à prendre notre place, notre bien, notre vie à n'importe quel prix, parfois avec des armes de destruction massive.

S'ils nous laissent en vie, ou si la médecine parvient à nous maintenir en vie après l'agression, il y a le recours à la justice.

Force est de constater que le système judiciaire n'a jamais enrayé le multi-récidivisme, ni la progression de la violence.


Pas plus que la cour internationale ou l'ONU n'arrivent à éradiquer massacres, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Tout reste à faire à ce niveau. Beaucoup élaborent de beaux discours, de belles théories, mais peu de solutions concrètes.

Même si des expériences créatives voient le jour un peu partout dans le monde, beaucoup disparaissent avec les leaders qui les ont initiées. Pour moi, à ce jour, la non-violence reste un joli concept, avec des limites, qui attend toujours de se concrétiser de façon plus universelle.

En attendant, faut-il se laisser tuer ou regarder les autres se faire massacrer sous prétexte que l'on s'interdit de nuire ?

De nouveau je suis resté sans réponse claire, pratique, concrète.

La non-violence de Gandhi semble n'avoir eu d'effet que parce qu'il avait en face de lui une société (Britanique) éduquée, civilisée et démocratique, malgré tout. Bien qu'ils aient commis des actions répréhensibles dans leurs colonies, les Britaniques avaient un minimum d'éducation et des valeurs qui fonctionnaient comme un frein ou un levier selon les situations. Ils ont lâché prise parce qu'on pouvait les "toucher".

Certains diront que c'est parce qu'il y avait un regard et une pression internationale ! Cela n'a pas eu beaucoup d'effets sur Hitler et les milliers d'Allemands qui ont exterminés des millions d'êtres humains qui n'étaient pas des guerriers.

Cela n'a pas beaucoup d'effets sur les milliers de pervers de Daesh ! Parce que dans ces deux cas, les gens ont créé un système de valeur qui n'a plus rien de commun avec les valeurs universelles. On ne peut plus actionner de levier, ni invoquer des valeurs communes. Ils se sont créé un monde à part où tout est permis au nom d'une idéologie.

Si Gandhi, ou Aung San Suu Kuy avait eu affaire à des tyrans, un système totalitaire, des terroristes, des psychopathes, la non-violence se serait terminée dans un bain de sang, ou dans des camps de la mort.

Parce que cela ne marche pas avec les personnes qui n'ont pas d'éducation, pas de sagesse, pas de conscience morale, pas de valeurs élaborées. Les dictateurs, les tyrans, les terroristes du monde entier le démontrent en permanence.

Les arguments de la non-violence ne semblent tenir que lorsqu'on a affaire à un adversaire sensible à la non-violence.

Face à des "pervers", des barbares, la non-violence est une utopie.

Si on est dans une pièce en présence d'insectes porteurs de maladie ou de venin mortel, nous n'avons le choix de les laisser nous piquer et nous tuer ou d'utiliser un insecticide.

La non-violence enseigne surtout ce qu'il faut faire avant ou ce qu'il faut faire après le conflit. C'est efficace si on se sent devenir violent, pour éviter d'entrer dans la spirale de l'agression ou ensuite dans celle de la vengeance.

Mais lorsque il s'agit du moment où l'on subit cette violence ?


Gandhi répondait à ce genre de question en citant l'exemple des singes qui attaquaient les jardins de l'ashram pour dérober les fruits et légumes, et détruire les récoltes, destinés aux pensionnaires de l'ashram.

Il disait qu'en attendant d'avoir une solution plus satisfaisante, il n'hésitait pas à faire la guerre aux singes.


Il a dit aussi " je suis contre la loi du talion, mais je n'ai pas hésité il y a quatre ans, près de Battia, à dire à ceux des villageois qui ignoraient tout de le non violence qu'ils étaient coupables de lâcheté en se dérobant au devoir de défendre par les armes l'honneur de leurs femmes et les biens de leurs familles....et récemment, je n'ai pas hésité à dire aux Hindous que s'ils ne savaient pas mettre en pratique l'ahimsa et entretenaient le moindre doute à son sujet, ils seraient coupables d'un crime aux yeux de leur religion et de l'humanité en refusant de défendre par les armes l'honneur de leurs femmes..."

Et d'ajouter " Il est facile d'énoncer les nobles principes de cette doctrine. Toute la difficulté est de la comprendre et de la mettre en pratique dans un monde en proie aux passions, à la violence, et à la haine." 8

Dans certaines situations, notamment celle de violence réelle et imminente, il ne semble pas avoir plus de solution que moi.

Autre fois, certains monastères bouddhistes se sont spécialisés dans la défense des villageois contre les bandits et les voleurs. Il s'agissait des moines combattants, qui sont à l'origine de la plupart des arts martiaux. Mettre hors d'état de nuire, sans nuire. Nous n'avons pas d'adaptation aux formes actuelles de violence.

Comment mettre hors d'état de nuire un individu armé d'une AK-47 déterminé à s'en servir pour nous supprimer ou prendre nos biens ?

J'observe que des chefs religieux bouddhistes ont été et sont liés à des mouvements de discriminations et de violences contre des ethnies ou des fractions de population considérées comme indésirables, comme c'est et fut le cas en Birmanie, au Sri Lanka, au Cambodge, en Thaïlande. http://blogs.lexpress.fr/media/2013/06/24/time-fait-scandale-en-birmanie-sur-les-violences-religieuses/

https://www.colombotelegraph.com/index.php/full-text-of-the-banned-time-story-the-face-of-buddhist-terror/

En 2012, trois ans après la fin des hostilités contre les Tamouls, des militaires Sri Lankais qui se disent bouddhistes ont investi une mosquée en prévoyant de la détruire pour ériger à la place un temple Bouddhiste, http://www.20minutes.fr/ledirect/921697/sri-lanka-tensions-religieuses-entre-musulmans-bouddhistesh. Ces mêmes militaires ont saccagés des cimetières hindous (Lonely Planet).

En 2014, des moines et des civils bouddhistes nationalistes Sri Lankais attaquent des églises, des mosquées, des commerces des habitations et tuent leurs compatriotes au nom d'une différence.

http://www.lepoint.fr/monde/sri-lanka-nouvelles-violences-meurtrieres-dans-une-station-touristique-17-06-2014-1836996_24.php

http://www.christianophobie.fr/breves/sri-lanka-les-chretiens-manifestent-contre-les-attaques-deglises

En 2017 et depuis de nombreuses années, des moines bouddhistes prônent la discrimination et la violence à l'égard de certaines ethnies en Birmanie, voire le documentaire de Barbet Shroeder - Le vénérable W. Ils ne sont pas plus bouddhistes que Daesh n'est musulman. J'attends toujours l'intervention d'Aung San Suu Kyi, prix nobel de la paix et chef déchu du gouvernement Birman !

Au Sikkim, le monastère de Rumtek, transformé en place forte, est en permanence sous la protection de l'armée, suite à des affrontements violents avec d'autres moines et "supporters" d'une école bouddhiste rivale.

Nous sommes loin de l'enseignement de Bouddha et de la non-violence en général.

Ces attitudes et ces dérives confirment la différence qu'il y a entre religion, spiritualité et darma (enseignement), cela me conforte dans une pratique laïque, humble et engagée: la non-violence a aussi ses limites.

L'horreur n'est pas si répandue que cela dans le monde, ce qui lui donne de la puissance est l'indifférence, le refus d'ingérence le déni par la majorité des populations. Ce qui permet de croire ou de faire croire que ceux qui la pratiquent seraient plus puissants qu'ils ne le sont réellement.

D'où l'importance de dénoncer, de braquer les projecteurs, de partager, lorsqu'on ne peut pas intervenir directement.


Je reproche aux médias et aux hommes politiques de transformer la plupart des atrocités en show à la mode, en fournisseurs  d'audiences : on nous parle de Daech, des talibans, du Liban, de Gaza pendant quelques temps jusqu'à ce que d'autres événements entrent en compétition: un tsunami, une centrale nucléaire qui dysfonctionne, une traversée tragique de la Méditerranée, une épidémie, un autre massacre, les déboires sexuels d'un people, les malversations d'un homme politique sans aucune hiérarchie de valeurs.

On nous affole avec Ebola qui sévit dans certains pays d'Afrique(Guinée, Liberia, Sierra Leone) alors que ces mêmes pays sont soumis à la dictature de bandes armées, complètement anarchiques qui pillent, tuent, violent depuis des dizaines d'années, en toute impunité, faisant plus de victimes qu'Ebola.

Ces douches permanentes de violence ne semblent plus avoir d'effet sur la résistance non-violente. La décapitation d'Hervé Gourdel en Algérie a fait réagir certains, en France et à l'étranger, même dans le monde musulman. Qu'en est-il quelques mois après ? Lors de la décapitation de Hervé Cornara un an plus tard en France, et de lors l'exécution du couple Salvaing, encore un an plus tard, l'émotion populaire semble déjà bien émoussée. Quant aux 3 personnes décapitées dans l'église Notre Dame à Nice, on n'en parle même plus. Par contre on parle toujours de Samuel Paty. Pourquoi cette différence ? Où sont les belles intentions d'actions affichées devant les médias ?

L'assassinat de Gandhi, de Martin Luther King, de Yitzhak Rabin et de beaucoup d'autres montrent à quel point beaucoup sont insensibles à la paix. Je reste persuadé que la non-violence ne peut exclure une certaine contrainte pour protéger la vie.


  1. Puce La place des femmes :

L'histoire raconte qu'au début les disciples de Bouddha n'étaient que des hommes.

Mahaprajapati Gautami, la seconde épouse de son père qui l'a élevé, souhaitait recevoir son enseignement, ce qu'il a toujours refusé, parce qu'en Inde à l'époque (aujourd'hui encore), les femmes étaient considérées comme inférieures et impures (notamment au moment de leurs règles).

A la mort de son mari, elle demanda à être ordonnée nonne. Grâce à l'intervention d'Ananda (cousin et plus proche disciple de Bouddha), elle finit par obtenir l'ordination et l'enseignement, avec d'autres femmes. Bouddha leur imposa des règles et des conditions de vie beaucoup plus strictes que pour les hommes. Personne n'est parfait ! Même Bouddha !

Aujourd'hui encore, peu de femmes ont accès à des postes religieux importants, les monastères féminins disposent de moins de moyens que les monastères masculins. Les nones sont en retrait lors des cérémonies. Les femmes bouddhistes laïques n'ont toujours pas accès à légalité des droits et à la considération des hommes dans la société civile. 

Dans les pays où le rôle de la femme est encore inférieur à celui de l'homme, la pratique du bouddhisme ne semble pas venir à bout de cette discrimination. Quid de la pleine conscience et des moyens d'existence juste !

Je m'étonne toujours de voir l'accès des temples et des monastères interdits aux femmes qui ont leurs règles. Qu'est ce qui le justifie à la lumière de la pleine présence, au XXIème siècle ? La notion d'impureté évoquée me laisse perplexe.

J'ai visité dernièrement un monastère célèbre où les moines ont refusé la bénédiction à la femme qui m'accompagnait, parce qu'elle est une femme et qu'ils ne pouvaient ni l'approcher, ni la toucher ! Par contre ils n'auraient pas refusé une liasse de dollars ou un Ipad touchés et tenus par cette même femme.  Il y a encore du chemin à faire dans l'ouverture de la pleine présence. Personne n'est parfait. Quid de la compassion ! Il faut arrêter de donner des leçons. Je préfère la parole authentique à la parole de sagesse.


  1. Puce Les castes et les classes

Comme pour les femmes, la pratique du bouddhisme ne semble pas avoir aboli le système des castes.

Cela me fait douter du concept de compassion: la pratique de la compassion peut, en toute bonne foi, nous rendre insensibles à la souffrance d'êtres que nous avons placés en bas de l'échelle au nom de l'ordre des choses.

Compatir et s'indigner n'engagent à rien.

Je peux aller prier au temple ou à l'église et continuer à exploiter les gens envers lesquels je suis compatissant !

Nous pouvons comprendre ou prendre la souffrance de ces personnes "sur nos épaules", sans que cela implique une action pour mettre un terme à cette situation. A quoi sert de compatir ?

En Asie du Sud Est, de nombreuses familles bouddhistes aisées pensent que si on est pauvre c'est par choix et que l'on a ce qu'on mérite ! C'est aussi ce que pense les déterministes : "il y a ceux qui réussissent et ceux qui perdent".  La dérive du karma mal interprété !

Observez sur quelles bases se construisent de nombreuses réussites ? Dans les pays émergents, sur quoi se construit les fortunes des nouvelles générations ? Partout dans le monde, sur quelles bases se construit le clivage entre les classes sociales ?

Les classes" supérieures" n'auraient-elles pas tendance à créer, développer, entretenir des modèles de fonctionnement qui les protègent ? A quoi servent les clubs très privés comme Davos ?

En Asie de nombreux "mafieux", criminels, délinquants, trafiquants, chefs militaires vont régulièrement au temple, font des dons importants de façon très ostentatoire, pour se dédouaner de leurs mauvaises actions et se préserver une bonne place dans l'hypothèse d'une vie future.

Que ce passe-il si nous relisions cette situation à la lumière de la pleine conscience ?

Accepter ce qu'on ne peut pas changer dit on ! Mais ne peut on vraiment pas changer l'ordre des choses, quand il s'agit de discrimination, d'exploitation, de subordination, d'un ordre(classement) que les hommes ont institué artificiellement ?

N'est ce pas un peu facile de se réfugier derrière des critères religieux en invoquant un ordre divin ou un karma ?

Gandhi est arrivé à faire partir les Anglais mais n'est jamais arrivé à abolir les castes et les injustices de sa propre communauté. Faut il baisser les bras pour autant ?

Compatir ne suffit pas dans certaines situations. Rien de ce que l'homme a créé n'est immuable, ce qui semble manquer est l'engagement et la détermination au changement.

Comment affirmer que tout est impermanent alors que les injustices sociales comme les castes ou les clivages sociaux sont considérées immuables ?


  1. Puce Le végétarisme :

L'enseignement prône le respect de la vie sous toutes ces formes. Nous apprenons à ne pas nuire à tous les êtres vivants.

Ce qui conduit à refuser d'élever, de maltraiter et de tuer des animaux en général et pour s'en nourrir en particulier.

Utiliser le lait des mammifères, le miel des abeilles, les oeufs non fécondés, la laine ne semble pas nuire à la vie d'êtres vivants,  si c'est fait dans le respect de ces animaux.

Qu'en est il des végétaux ? Les plantes, les légumes, les fruits sont des êtres vivants comme les autres qui naissent d'une fécondation, mûrissent, se reproduisent, et meurent comme les autres.


Certains disent qu'ils n'ont pas "d'yeux" invoquant le fait que les yeux (le miroir de l'âme) expriment la détresse de l'être que l'on fait souffrir.

D'autres invoquent le fait que les végétaux n'ont pas de cerveau, de système nerveux, de vie affective...cela suffit-il à invalider le fait qu'ils sont des êtres vivants ?

Qui peut affirmer qu'une carotte ne souffre pas lorsqu'on l'arrache à la terre, qu'un céleri n'est pas stressé lorsqu'on le découpe, que les herbes ne souffrent pas lorsqu'on les piétine de nos pas ?

Des études scientifiques récentes de plus en plus pointues semblent indiquer le contraire, à savoir que les plantes auraient un système de communication, de perception, réagissent à certains stimuli, elles émettent des signaux pour assurer leur défense ou leur survie, souvent en interaction avec l'environnement. D'autres études plus empiriques semblent démontrer que la croissance des plantes pourrait être influencée par la musique. Arte a diffusé d'intéressants documentaires sur le sujet en Janvier 2010 "L'esprit des plantes" - "La force cachée des plantes".

Certaines tribus Africaines demandaient pardon à l'arbre, et lui faisaient des offrandes, avant de le couper.

En Asie du sud-est (Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam, Chine, Corée, Philippines), au Tibet, au Népal, en Inde, au Sri Lanka de nombreux bouddhistes mangent de la viande, du poisson.

Certaines écoles bouddhistes interdisent de consommer de la viande d'animaux, d'autres le tolèrent parce qu'un moine n'a pas le droit de refuser ce qu'on lui offre, ou parce que les conditions de survie l'imposent, d'autres disent que tant que ce n'est pas lui qui tue l'animal ou tant qu'il n'assiste pas à l'abattage, il n'est pas responsable de la mort de l'animal...15

Parmi ces peuples bouddhistes certains torturent les animaux9 avant de les abattre afin de provoquer une décharge d'adrénaline, qui est censée avoir des vertus aphrodisiaques, médicinales, et rendre la viande plus tendre. C'est le côté paradoxal de toutes les religions.

De nombreux pratiquants bouddhistes asiatiques (Thaïlande et Chine) sont à l'origine de l'extermination des éléphants pour leur ivoire, des rhinocéros et de cervidés pour leurs cornes aux vertus aphrodisiaques.

Gandhi disait qu'il était conscient de la violence qu'il imposait aux légumes, mais qu'ils étaient indispensables à sa survie. Comme il était conscient de la violence qu'il imposait aux moustiques avec les insecticides, aux serpents avec le bâton, mais que ce comportement était indispensable à sa survie et à sa santé. Il n'explique pas la différence qu'il fait entre les légumes, les moustiques, les serpents et le reste des êtres vivants.10  Les bouddhistes non plus.

Je me contente à nouveau d'être imparfait. Il me parait paradoxal d'être végétarien par respect pour les animaux et d'être relativement indifférent au sort des êtres humains, paradoxal d'être végétarien et de ne pas respecter la nature, paradoxal de ne pas tuer un boeuf ou un poulet et de tuer des moustiques ou une araignée, paradoxal de ne pas manger de viande et de rouler avec sa voiture sur un hérisson ou un crapaud.

On a tué et on tue encore des millions d'êtres humains, par des guerres mais aussi par des famines provoquées par la spéculation ou le pillage des ressources. On saccage la planète en entrainant la disparition définitive d'espèces animales et végétales. En dehors d'être végétarien que  fait-on ?

Le droit à la vie concerne bien toutes les formes de vie, sinon de quoi parle-t-on ?

A ce jour je n'ai rencontré que les Jaïns et les Bishnoïs qui sont cohérents avec ce genre de philosophie et d'idéal.

Je me rappelle un chauffeur en Inde qui a fait une embardée qui a failli nous coûter la vie, pour éviter d'écraser un serpent qui traversait la route. C'est toute la différence entre la foi aveugle et le discernement.

Être végétarien ou en tout cas réduire la consommation de viande peut devenir un acte de solidarité et de santé publique. Sans pour autant priver les producteurs de viande de moyens d'existence, puisqu'ils fourniraient les humains en céréales et légumineuses nourrissantes (non OGN), en fruits délicieux, en végétaux variés et abondants sans pesticides ni engrais chimiques.

Une autre raison qui pourrait justifier d'être végétarien: l'élevage industriel traite les animaux comme des objets, sans aucun respect pour leur vie et ce qu'ils représentent. D'autant plus que cette forme d'élevage fait appel à des manipulations génétiques, à de nombreux procédés dangereux, voire toxiques pour favoriser la croissance ou la bonne santé des animaux, dans un but purement économique.

L'élevage intensif actuel, amènent les producteurs de viande ou de poissons à gaver leurs animaux de produits chimiques (antibiotiques, fongicides, hormones de croissance, facilitateurs de prise de poids, farines frelatées etc...) que nous retrouvons dans notre assiette et dans notre organisme. Ce qui est contraire avec le 5ème précepte.

Force est de constater que cette allégation est malheureusement valable pour les fruits, les légumes et les céréales qui sont couverts de pesticides, fongicides, au point d'inquiéter les scientifiques. Tous Cobayes - Gilles Eric Seralini- Champs Actuels -2013

Une autre raison m'interpelle: l'abattage d'animaux aussi doux soit il, est malgré tout un stress qui provoque une libération de produits hormonaux dans le sang, dans les tissus des animaux que nous ingurgitons ensuite. Je ne suis pas convaincu que cela soit très bon pour la santé en général.

Quant au lait, aux oeufs, au miel, le mieux est de vivre quelque temps à la campagne afin de se rendre compte qu'il peut parfois s'agir d'une tendre complicité entre l'animal et l'homme...(en dehors de l'agro-business).


  1. Puce L'évolution: 

De nombreux auteurs s'étonnent de l'évolution du bouddhisme dans le monde moderne, en invoquant une occidentalisation et une modernisation du bouddhisme qui le détournerait de ses origines. Cataloguant parfois les nouveaux bouddhistes dans la mouvance "new age".

  1. C'est vrai que la mode actuelle est à la pleine conscience (mindfulness), que les livres sur les techniques et surtout cet état d'âme prolifèrent. Tout le monde s'y met, médecins, psychologues, psychiatres et autres coach du bien être.

  2. C'est vrai que de nombreux moines et lamas deviennent des auteurs "prolifiques" de best-seller aux titres racoleurs, et que bien souvent pour assimiler un de leurs livres il faille acheter les précédents !

  3. C'est vrai que certains bouddhistes sont devenus des conférenciers adulés et incontournables, dont les conférences et les séances de dédicaces sont organisées par des sociétés spécialisées dans l'événementiel.

  4. C'est vrai qu'il y a des cours payant de bouddhisme dans certains instituts de Tibétologie !

  5. L'enseignement de Bouddha n'est pas à vendre. A chacun de chercher et trouver sa vérité, tout en étant vigilant au système de "consommation" qui ne semble pas épargner ce domaine.


  1. Occidentalisation et modernisation : pourquoi pas ?

Pourquoi faudrait-il continuer à appliquer des références culturelles, des rituels, des questionnements qui datent de 2000 ans et qui correspondaient aux moeurs de l'Inde du Nord à l'époque ?

Ne peut on pas respecter l'enseignement de base qui est très simple en l'adaptant à notre vie quotidienne actuelle, sans pour autant en détourner le sens initial ?

Si la forme peut changer, le fond, qui sont des valeurs sur les quelles repose une pratique, peut rester identique.

Bouddha, dans les multiples exemples d'application de sa pratique, faisait référence au contexte culturel, éducatif, religieux de l'époque.

Les 4 nobles vérités et le Noble Sentier sont toujours très actuels. Les moyens d'existence juste s'adresse à des moyens d'aujourd'hui, les actions justes s'adressent à des champs d'actions actuels, la pensée juste s'adresse à des modes de pensée et d'éducation actuels, la compréhension juste pose son regard sur des réalités d'aujourd'hui, la pleine conscience est bien l'affaire du présent.


Cette pratique est d'autant plus cruciale que nous sommes soumis à des pressions qui n'existaient pas à l'époque de Bouddha.

Si l'influence religieuse et les traditions culturelles fortes de l'époque présentaient un obstacle à la réalisation d'un soi différencié, la virulence des lobbies et les techniques de manipulation sophistiquées de nos sociétés modernes, ainsi que les terrorismes de toutes natures deviennent une raison de plus de pratiquer afin de nous libérer des souffrances qui se sur-ajoutent.

Développer la pleine conscience, la compréhension juste, la vision profonde, les moyens d'existence juste deviennent une garantie de liberté, de bien être, de paix et d'amour dans un monde d'inégalités, d'injustices, de manipulations, de violences.

Si la médecine, la psychologie, la philosophie bouddhistes de l'époque restent d'actualité, ne peuvent-elles pas bénéficier de l'évolution de ces disciplines et s'enrichir de nouvelles pratiques sans modifier les valeurs qui les fondent ?

Les Chinois, les Vietnamiens, les Coréens, les Japonais, mélangent bouddhisme et pensées philosophiques, utilisant Confucianisme, Taoïsme, et autres croyances, en plus du culte des ancêtres, afin de concocter des pratiques religieuses que tout le monde apparente au bouddhisme. Il ne vient à personne l'idée de remettre en cause ces amalgames.

Alors pourquoi devrions nous nous passer d'enrichir notre pratique ? En quoi cela diffère-t-il des pratiques de l'extrême-orient et de l'Asie du Sud Est ?


Par exemple:

bien qu'il ne soit pas bouddhiste, et qu'il soit très critique à son égard, Moussa Nabati a une approche de la réalisation de soi et du bonheur très proche du bouddhisme d'origine. Pourquoi ne pas profiter de son éclairage ?

Pierre Rabhi, bien que n'étant pas bouddhiste invoque des valeurs et une vision du monde très proches des enseignements de Bouddha, pourquoi ne pas s'en enrichir ?

Par certaines valeurs, le bouddhisme laïc est également proche du mouvement des créatifs culturels dont les objectifs sont : la prise de conscience active pour le changement indispensable à la survie des générations futures, l'émergence de nouvelles formes d'action et de compréhension de la vie et du monde, le développement de l'écologie, la non-violence, une spiritualité laïque et tolérante, la quête de soi, le pragmatisme, la solidarité.

La sagesse ne serait elle pas un courant universel et intemporel qui nous dépasse et nous traverse ?


Le bouddhisme laïc est un mouvement d'aller-retour entre un enseignement de base originel et une pratique actualisée. Présence consciente qui, à la différence des livres à la mode, ou d'une soumission aveugle à une religion, peut se construire de façon individuelle sur la base de valeurs universelles. La pleine conscience concerne tous les aspects concrets de la vie et pas seulement notre tendance à être dépressif ou la recherche d'un bonheur individuel.

Développer la plein conscience (mindfulness) si ce n'est pas pour la mettre en pratique dans la vie de tous les jours, pour soi et parmi les autres, n'est qu'un exercice de l'imaginaire.

Soyons vigilants à ne pas engendrer de clivages, entre eux, les "non bouddhistes", et nous, les "bouddhistes", parce que nous n'avons de bouddhiste que la démarche et la pratique dont beaucoup sont déjà porteurs sans le savoir.

Nous disons depuis le début qu'il est important d'arrêter de s'identifier à ce que l'on fait et à ce que l'on pense.

Soyons nous mêmes, reliés à l'univers, constituant cette immense "sangha "(communauté) des êtres vivants, et partageant pacifiquement une pratique qui ne vise que notre bien être à tous...même si la majorité ne semble pas concernée.

Bien que cela aie un petit côté "utopique", ce n'est pas une raison pour ne pas tendre vers...les hommes ont rêvé de marcher sur la lune, ils ont fini par le faire...on a déjà oublié que le premier qui en rêvait passait pour fou...

L'homme qui ne rêve pas un peu est un homme qui se meurt.

Être utopiste c'est avoir un rêve dans lequel on croit au point de se battre pour qu'il se réalise. Parce que c'est en croyant qu'il est réalisable et qu'il en vaut la peine que l'on s'en donne les moyens.

Dans ce contexte l'objectif n'est pas de réussir, mais d'aller vers, le mieux possible, faire sa part pour éclairer le chemin afin que d'autres puissent continuer: ce à quoi j'espère avoir contribué, malgré mes erreurs.

"Le bonheur se trouve également dans la promesse et l'espérance, dans l'attente et la quête, et non seulement dans l'accomplissement." 12




1 - Sutta Pitaka - Samyutta Nikaya -  Maha Vagga -  Dhammacakkappavattana Sutta

2 - 12 - Moussa Nabati - le bonheur d'être soi- Fayard - 2006

3 - 4 Pierre Rabhi - Vers la Sobriété Heureuse - Actes Sud - 2010

5- Sutta Pitaka - Khuddaka Nikaya- Khuddakapatha - Piyadassi Thera

6 - Thich Nhat Hanh - Le coeur de l'enseignement du Bouddha- la Table Ronde- Paris- 1998

7 - Sutta Pitaka - Khuddaka Nikaya- Udana - Sonavagga - Rājan Sutta

8 - 10- Gandhi - la voie de la non violence - Folio-

9 - http://terresacree.org/scandale.html

11 - Bruno Parmentier- Nourrir l'humanité- La Découverte- 2007

13 - http://www.fao.org/docrep/012/i0680f/i0680f00.htm

14 - http://www.waterfootprint.org/?page=files/home

15 - Thubten Chodron - I Wonsder Why-

16- 17 - Steve Hagen - Bouddhism plain & Simple- Harmony edit 1997                                                                     

 

Introduction
Histoire
Enseignement
4 nobles vérités
Noble sentier octuple
Vue Juste
Pensée juste
Attention juste
Parole juste
Action juste
Effort juste
Concentration juste
Moyens d'existence justes
Idées reçues et paradoxesBouddhisme_laic_introduction.htmlBouddhisme_Histoire.htmlBouddhisme_Enseignement.htmlBouddhisme_Quatre_Nobles_verites.htmlBouddhisme_Noble_Sentier_Octuple.htmlBouddhisme_vue_juste.htmlBouddhisme_pensee_juste.htmlBouddhisme_attention_juste.htmlBouddhisme_parole_juste.htmlBouddhisme_action_juste.htmlBouddhisme_effort_juste.htmlBouddhisme_concentration_juste.htmlBouddhisme_moyens_existence_justes.htmlBouddhisme_moyens_existence_justes.htmlshapeimage_2_link_0shapeimage_2_link_1shapeimage_2_link_2shapeimage_2_link_3shapeimage_2_link_4shapeimage_2_link_5shapeimage_2_link_6shapeimage_2_link_7shapeimage_2_link_8shapeimage_2_link_9shapeimage_2_link_10shapeimage_2_link_11shapeimage_2_link_12shapeimage_2_link_13