La Vue juste, ou la Compréhension juste, ou la Connaissance juste (selon les traductions)



La vue juste ou la compréhension juste est le point de départ de la pratique parce que la libération de la souffrance passe par le développement de la connaissance. Entendue comme capacité à voir les choses comme elles sont.

Juste n'a pas la connotation de bien ou mal, de bon ou mauvais, de juste ou d'injuste. Dans cette traduction, juste correspond à cette image: la flèche est dans la cible ou elle n'est pas dans la cible.

Dans les textes bouddhistes Connaître et Voir sont très liés: c'est faire l'expérience de ce qui est, c'est accepter de voir ce qui  est, indépendamment de tout jugement, interprétation, croyances.

On ne définit pas, on ne conceptualise pas, on n'interprète pas la réalité: elle est.

La connaissance ne se limite pas à l'acquisition d'un savoir tel que nous l'entendons.

Nombreuses sont les personnes qui s'accrochent à des idées, à des préjugés, à des a priori, à des croyances, à de prétendues vérités pour répondre à des questions existentielles ou faire face aux différentes situations de l'existence.


Comme toute acquisition de connaissances, elle a la faculté d'ouvrir l'esprit, d'enrichir la capacité de réflexion, la liberté d'accéder à l'information et à la formation, à la qualification, et de parvenir au libre arbitre et à la liberté en général (matérielle, financière, intellectuelle, spirituelle).

"Quand les gens réclament de l'instruction, ils songent habituellement à quelque chose de plus qu'une simple formation, à quelque chose de plus qu'une simple connaissance.

Ils sont en quête d'idées qui rendent le monde et leur propre vie plus compréhensibles.

Comprendre donne un sentiment de participation à ce qui est, alors que ne pas comprendre fait naître un sentiment d'aliénation.

il est évident que notre expérience et notre interprétation du monde dépendent beaucoup du genre d'idées que nous avons à l'esprit".9

Réalité et vérité (reality-truth) dans notre culture semblent avoir un sens commun, dans la mesure où ces deux mots sont souvent utilisés pour désigner la même chose : ce qui est.

Dans les faits, il semble que la vérité soit davantage liée à l'idée que l'on se fait de la réalité, aux mots que l'on met sur la réalité, à la compréhension que l'on a de la réalité.

Dans le sens bouddhiste, la réalité ne peut pas s'embarrasser de mots, elle ne peut qu'être appréhendée (vue), expérimentée, par chacun d'entre nous. Elle est l'objet d'une prise de conscience personnelle, et non d'un système de croyance quel qu'il soit.

La réalité est intrinsèque à chaque situation, elle est unique et indépendante de nos croyances, la vérité se réfère à un système, à une croyance, à une idéologie, elle relève de ce qui est perçu ou présenté (interprété) comme vérité. C'est de l'idée que nous nous faisons ou que nous transmettons de ce qui est. Contrairement à ceux qui prétendent connaitre la vérité, elle ne peut être que relative puisqu'elle n'est qu'une interprétation de la réalité.

D'où la tendance de beaucoup à faire passer une vérité pour une réalité, et de beaucoup d'autres à utiliser des vérités dans le but de manipuler la réalité.

Par exemple, une réalité : nous mourrons tous un jour. Une vérité : nous ne sommes pas égaux devant la mort.

C'est vrai qu'il existe un tas d'inégalités sociales, médicales, démographiques, géographiques qui font que nous ne sommes pas égaux devant l'espérance de vie, malgré cela nous mourrons tous. Il serait plus réaliste de dire que nous ne sommes pas égaux devant l'espérance de vie. La réalité est que nous sommes tous mortels, et que la mort est la même pour tout le monde .


La réalité a un caractère universel, une couleur est identifiable partout dans le monde, même si chez les Esquimaux il y a une vingtaine de mots pour parler du blanc.

Par contre réalité et vérité ont un point commun: l'impermanence. Sauf pour ceux qui prétendent détenir la vérité et qui s'y accrochent.

Ce qui est vrai pour moi à un moment donné ne l'est pas forcément pour quelqu'un d'autre, ni même pour moi, quelque temps avant ou quelque temps après.

En l'espace de quelques instants, j'ai rencontré des personnes, vécu des situations, j'au eu des informations qui font que ce qui  était vrai un peu avant, est déjà modifié. C'est une nouvelle vérité.

A longueur de journée, des cellules de mon corps meurent et d'autres naissent, indépendamment de toute intervention ou interprétation. Ma réalité biologique change en permanence.

Dans notre culture, on nous apprend à être constant, cohérent. C'est une valeur qui se défend tant qu'elle ne nous coince pas dans la rigidité. Ne pas être capable de s'adapter, de changer d'avis, de modifier un comportement sous prétexte d'être constant nous éloigne de la réalité.

Vérité et réalité sont parfois très liés : par exemple, "nous avons tous besoin de solidarité", c'est vrai par rapport à un manque ou un besoin, dans la mesure où nous ne pourrions pas survivre seul (c'est une vérité): si nous étions tous systématiquement solidaires, nous n'aurions pas besoin de solidarité, et n'en parlerions peut être même pas (c'est une réalité).


Qu'est il important de comprendre, de connaître, de savoir ou de voir ?


Voir Juste ou développer la connaissance juste est la faculté de voir le monde, les gens, les choses comme ils sont, et de vérifier les idées que nous avons sur nous mêmes, sur les autres, sur le monde. C'est plus que réfléchir, croiser des données, combiner des informations et les analyser sous différents angles, c'est aboutir à une perception  juste de la réalité (c'est ou ce n'est pas la réalité souvent sans avoir besoin de réfléchir, puisqu'il suffit d'accepter la réalité telle qu'elle est). La réalité ne se conceptualise pas, ne se pense pas, on ne fait pas d'hypothèse sur la réalité. Elle est indépendamment de nous.

Cela suppose de commencer par se déconditionner de ce que nous croyons savoir: désapprendre ce que nous prenons pour acquis.  C'est une forme de dé-formatage.

"C'est mettre en doute toutes nos certitudes, croyances, acquises sans réflexion critique personnelle, par le biais de l'éducation familiale, culturelle, religieuse.".1


Si certaines vérités sont transmises de générations en générations, chaque époque, chaque culture, chaque famille lèguent leur lot de visions limitées ou déformées de la réalité. Quant il ne s'agit pas de visions imposées par des lois, civiles ou religieuses, ou par une éducation orientée ou une idéologie.


La connaissance juste va plus loin que l'acquisition de connaissances intellectuelles ou pratiques dans la mesure où elle vise la découverte de la véritable nature de la réalité en commençant par la sienne.

C'est la connaissance dont Socrate se faisait l'écho, quelques siècles après Bouddha :"C'est par la connaissance de soi et de la vraie nature des choses que l'homme se libère du vice et du malheur."


C'est ce qu'on appelle aussi le discernement: faire la part entre vérité et réalité.


Sachant qu'avoir l'esprit critique ne veut pas dire tout critiquer tout le temps. Il n'est pas question de rejeter toutes les valeurs, toutes les traditions, mais de vérifier à la lumière de la pleine conscience et du discernement si ces connaissances sont fondées ou encore d'actualité.

Certaines valeurs ont traversé les siècles et se retrouvent dans différentes sagesses du monde, elles servent souvent de base à une vie sociale : ne pas tuer ou nuire à la vie, ne pas s'approprier les biens d'autrui, ne pas mentir ou dissimuler la vérité, ne pas commettre d'inceste (sachant que dans certaines ethnies c'est au père que revient le pouvoir d'initier les jeunes filles!), ne pas nuire à la dignité et l'intégrité des êtres vivants (sachant qu'il y a des ethnies où la tradition veut que l'on incise et infibule les jeunes filles, que l'on excise les garçons etc...!)

D'autres ont eu de l'importance à un moment donné mais peuvent devenir obsolètes. Comme certaines coutumes alimentaires : ne pas manger de porc, manger du poisson le vendredi, ne pas manger de viande la semaine de carême ou certaines traditions sociales comme celles citées en exemple dans la chapitre de la pensée juste.


La première réalité à appréhender est notre propre réalité : se connaître soi-même pour savoir qui nous sommes, quelles sont nos sources de souffrance, nos limites, comment faire face à cette souffrance, mais aussi quelles sont nos qualités, nos capacités, nos dons, comment nous accepter tels que nous sommes, comment évoluer, comment être heureux, comment comprendre le monde, comment interagir avec le monde...

En principe notre éducation devrait nous faciliter la tâche, ce qui est rarement le cas, cela produit souvent l'effet inverse.


Qui suis je ? Qu'attend-on de moi ? Quel rôle suis je en train de jouer ? Quels sont mes réels besoins, mes désirs, mes propres attentes, mes valeurs, mes croyances ? Quelle est ma réelle marge de manoeuvre ? 


Lorsque nous entreprenons de découvrir notre réalité, nous réalisons que nous sommes tous confrontés à un certain nombre de faits que nous n'avons pas choisis :

  1. nos origines: famille, lieu et époque de naissance...,

  2. nos particularités génétiques : sexe, ADN, couleur de la peau, des yeux, des cheveux, morphologie, handicaps, certains dons...

  3. certains événements et certains faits qui surviennent, qui nous touchent et dont nous n'avons pas la maîtrise : certaines maladies, certains accidents, certains aléas comme une stérilité non expliquée, une crise économique et le chômage qui en découle, le vieillissement et la mort.

Certains se plaisent à dire que nous choisissons nos parents, notre sexe, notre cadre de vie en fonction d'un karma, avant même notre conception... à ce jour, cela n'est pas une réalité vérifiée ni vérifiable ! Cela relève de croyance ou d'hypothèses.

Vérité et non réalité. Cela peut être vrai pour certains que l'on se réincarne, mais à ce jour ce n'est pas une réalité universelle.

Et quand bien même aurions nous choisi notre famille, notre pays et notre époque de naissance, notre sexe, au moment où nous en prenons conscience nous ne pouvons plus rien faire si ce n'est que de constater la réalité. Nous ne pouvons pas revenir en arrière.

Notre première démarche est d'accepter cette réalité comme telle puisque c'est notre réalité. Il n'y a rien d'autre à faire que d'observer ce qui est, et de le considérer avec bienveillance. Nous nous devons ce premier geste d'amour.


C'est un moment crucial où nous avons à faire la part entre ce qui est inéluctable, et ce que nous pouvons modifier.


Beaucoup refusent la réalité et voudraient que les choses soient autrement,  par exemples :

  1. certains ne veulent pas vieillir et ont recours à de nombreuses techniques médicales, para-médicales, cosmétiques ou vestimentaires pour masquer le vieillissement aux yeux des autres mais aussi à leur propre regard. 

  2. d'autres n'aiment pas leur couleur de peau et emploient des techniques et des produits pour se blanchir ou se colorer la peau.

  3. certain(e)s auraient préféré être un homme quand elles sont une femme, ou une femme quand ils sont un homme, utilisant la chirurgie, des produits chimiques, des artifices, des vêtements et des attitudes pour travestir leur sexe.

  4. d'autres souffrent de leurs limites physiques ou psychiques et prennent des produits anabolisants, stupéfiants, dopants, stimulants pour augmenter leurs capacités.

  5. d'autres auraient voulu avoir d'autres parents, ou d'autres enfants, abandonnant ou rejetant un lien au profit d'une famille, d'une relation de substitution, ou de la solitude, quand cela ne prend pas une tournure plus dramatique.


Malgré toutes les possibilités de transformer la réalité, il y a des réalités que nous ne pouvons pas changer :

  1. le vieillissement et la mort sont inéluctables quoi que nous fassions, même si grâce à une hygiène de vie, grâce à la médecine nous allongeons l'espérance de vie.

  2. notre origine n'est pas modifiable, un Africain même blanchi au raisal, ou opéré par des spécialistes de la "dénégritude" reste un Africain, une occidentale reste une blanche même avec des tonnes de rayons UV, d'auto-bronzants et de dreadloks.

  3. notre sexe n'est pas transformable. Un homme castré, "hormonisé", même avec une poitrine "développée" n'est pas une femme, il reste génétiquement un homme. Une femme masculinisée, virile reste intérieurement et sexuellement une femme, même si son apparence dit le contraire. Nous ne pouvons pas modifier notre ADN.

  4. un sportif, un artiste, un créatif a des dons et des capacités qu'il peut développer. Les produits (anabolisant, stupéfiant etc...) ne font que les amplifier, dans le cadre de performances à accomplir. Ce qui crée le besoin de produits est la condition de performance, pas les limites, parce qu'au delà des limites il y a toujours d'autres limites

  5. Qui n'a pas trouvé un jour que ses parents ou ses enfants n'étaient pas satisfaisants ou suffisamment bons ? Beaucoup vont manipuler, contraindre, en espérant obliger l'autre à devenir conforme à ses attentes. Enfant nous n'avons pas d'autres choix que d'accepter nos parents, parce que nous avons besoin d'eux pour survivre (même si parfois il s'agit de survivre à des familles toxiques). S'il est facile de remodeler des enfants, il est plus compliqué de faire changer des adultes, malgré eux.


Si la tendance à vouloir que les choses se passent autrement peut se comprendre, la paix intérieure, la sérénité, la joie de vivre, le bonheur, la liberté ne semblent réalisables que s'il y a une acceptation profonde de la réalité avec sa part d'inéluctable.

Combien d'homosexuels invoquent le regard que les autres (hétéros) portent sur eux ? N'est-ce pas d'abord leur propre regard qu'ils redoutent ? Combien d'entre eux rejettent parfois violemment les particularités de leur origine ? C'est une partie d'eux mêmes qu'ils(elles)renient, avec souvent beaucoup de souffrance. Ne peut-on pas être gay ou lesbienne sans avoir besoin de rejeter l'homme ou la femme que l'on est, et a fortiori ceux ou celles qui appartiennent à l'autre sexe (l'autre entendu comme celui que nous sommes et que nous ne voulons pas être). N'est il pas possible d'être attiré et d'aimer un homme tout en restant homme ou une femme en restant femme ?


Reste à découvrir avec discernement ce que nous pouvons faire évoluer, ce que nous pouvons modifier par exemple :

  1. Nous pouvons modifier temporairement la couleur de nos cheveux avec des teintures, la couleurs de nos yeux avec des lentilles, la forme de nos seins, de nos fesses, de nos lèvres avec de la chirurgie (ce qui n'est pas toujours sans risque), nous pouvons contourner un handicap avec des prothèses. Nous pouvons réduire un embonpoint lié à une hygiène de vie en modifiant notre hygiène de vie, nous pouvons rarement intervenir sur un embonpoint lié à un problème génétique.

  2. nous pouvons éviter certaines maladies en modifiant notre hygiène de vie, éviter des accidents en étant vigilants et en prenant certaines précautions,

  3. nous pouvons quitter un pays qui nous opprime, quitter un emploi qui nous avilit, une famille ou un(e) partenaire qui nous maltraite ou nous insatisfait. Adultes nous avons généralement le choix du type de relation que nous souhaitons. Il existe des situations d'emprises où ce n'est pas évident et où nous avons besoin d'être aidé pour faire ces choix.

  4. nous pouvons changer de religion, changer d'opinion, de croyance, de culture, mais nous ne pouvons pas nier nos racines.

  5. nous pouvons développer des capacités, des compétences, nous pouvons dépasser certains handicaps, certaines blessures physiques ou psychiques, et même parfois les transformer en atouts.

  6. nous pouvons aimer et désirer une personne du même sexe, tout en étant conscient que cette relation ne permettra jamais de changer de sexe ni de concevoir des enfants ensemble. A l'heure actuelle on n'est pas encore parvenu à implanter un utérus et des ovaires à un homme, ni un pénis et des testicules à une femme. La réalité des homosexuels est que dans la PMA ou l'adoption il faut un tiers pour procréer, ce qui suppose un couple à trois. Le tiers continuant à exister à travers ce qu'il(elle) a procréé.


Apprendre à s'accepter tel que nous sommes suppose que nous déterminions de façon réaliste si nous pouvons agir efficacement sur ce qui nous rend malheureux.


Ces changements ne peuvent avoir lieu que sur ce qui est modifiable. La souffrance ne disparaissant que si ces modifications sont faites sans rejet du donné initial. 

Nous pouvons intervenir sur notre apparence physique, mais nous n'éviterons pas d'être l'homme ou la femme que nous sommes au départ, nous n'éviterons pas de vieillir, ni de mourir, et nos parents resteront nos parents.

Nous pouvons retirer un enfant d'une famille "dangereuse", ou abandonner un enfant non désiré, l'expérience montre qu'un jour ou l'autre la majorité d'entre eux sera préoccupée par le lien manquant, si cela ne donne pas lieu à une acceptation faisant appel à la compréhension, à la connaissance.

Mentir, dissimuler, nier n'a jamais aidé à faire évoluer une situation ou une personne.


"La sagesse commence par l'acceptation de l'inévitable, et se poursuit par la juste transformation de ce qui peut l'être." 1


C'est parce qu'il refuse le côté imprévisible ou "naturel" de la vie que l'homme moderne en arrive à vouloir manipuler, modifier génétiquement, voire clôner le végétal, l'animal, et maintenant l'humain: il veut continuer à croire qu'il est "maître" de la réalité.

Le développement de la compréhension juste:

  1. aide à faire la part entre nos envies et nos besoins. En réapprenant à accepter et contrôler nos désirs, sachant qu'ils n'ont pas à être impérativement satisfaits.

Certains besoins sont vitaux et peuvent entrainer la mort s'ils ne sont pas satisfaits, comme le besoin de s'alimenter de façon correcte, ou le besoin d'accéder à des soins. L'insatisfaction des désirs et des envies n'est jamais vitale et n'entraîne que de la frustration.

J'ai besoin de me nourrir pour vivre est différent de j'ai envie de chocolat. J'ai besoin d'un véhicule pour me déplacer est différent de j'ai envie d'un 4X4, d'un SUV ou d'un coupé sport.


De la nécessité de répondre à des besoins essentiels nous sommes passés à une pulsion irrépressible de posséder, ce qui a pour corollaire l'avidité, la cupidité et sa cohorte de stratégies de compétition entrainant la création et l'aggravation des inégalités, la souffrance.


L'apprentissage de la frustration, de la temporisation, qui en principe relève de l'éducation, n'est pas l'apprentissage de l'abnégation, ni du dénuement, mais l'apprentissage de la liberté. Être capable d'accepter de ne pas tout avoir est une libération.

H.D.Thoreau écrivait "un homme est riche de ce dont il peut se passer",  Nabati ajoute "qu'en dépit des clichés répandus je ne suis pas libre et donc (plus) heureux parce que je peux faire tout ce dont j'ai envie. Bien au contraire en agissant ainsi je me constitue prisonnier des trois sources d'aliénation, de ces trois autres en moi: la pulsion, l'idéal des parents, et les normes collectives." opus cité.


  1. aide à découvrir la vraie nature des choses : on arrête de se la jouer (apprendre à appeler un chat un chat !)

"L'enseignement de l'éveil ne consiste pas à se raconter une histoire. Il s'agit d'enquêter sur l'expérience réelle.

Que dit l'expérience réelle des grandes questions ?

Pouvons-nous comprendre quelque chose à : d'où nous venons, ou où nous allons, ou pourquoi nous sommes ici, ou ce qui nous arrivera à tous quand nous mourrons? Oui nous pouvons. Mais nous ne pouvons pas tirer de satisfaction en essayant d'imaginer des réponses à ces questions". Steve Hagen - Buddhism Plain & Simple.

Personne n'a fait l'expérience de où il vient, de pourquoi il est venu au monde, ni de ce qu'il devient une fois mort. Tout ce que nous pouvons faire est extrapoler. A quoi cela sert-il ? Est ce rassurant, satisfaisant, pour combien de temps ?


Voir juste consiste à orienter notre attention vers la réalité, vers ce qui peut être expérimenté, ici et maintenant, et à interagir avec elle.

Dans la réalité il n'y a ni bien ni mal, ni bon ni mauvais. Ce qui est est. Faire l'expérience de la peur ou de l'angoisse n'est ni bien ni mal, c'est faire l'expérience de la peur et de l'angoisse, point. La peur, l'angoisse, la colère, la joie ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles ne sont que la peur, l'angoisse, la colère, la joie.


Aborder la question de la réalité suscite de nombreux débats sur l'objectivité et la subjectivité.

Cependant devant une tomate rouge, personne ne se demande si c'est objectif ou subjectif de dire qu'elle est rouge, même si elle a été verte avant d'être rouge et qu'elle deviendra brune lors de sa décomposition, sauf si c'est une variété de tomates noires ou vertes. La réalité du daltonien n'est pas que la tomate est verte au lieu d'être rouge, c'est qu'il est daltonien.


C'est aborder la réalité de la réalité, sans prétendre détenir la vérité, c'est une forme de scepticisme "éclairé".

Il s'agit d'appréhender une réalité relative, souvent en opposition avec une réalité présentée comme seule et unique vérité.

Nous revenons au discernement qui suppose l'accès à l'information, au développement personnel, à une connaissance, libres de toutes manipulations.

" La vérité n'est pas à débusquer quelque part. Aucune philosophie, aucun dogme ou précepte, aucune idéologie ne peut la capturer, encore moins la mettre en cage. Elle ne se révèle que lorsque nous cessons de spéculer et de nous tourmenter. Nous ne pouvons en être visités que dans l'immobilité et le silence. Et dans cet état, il n'y a place pour aucun point de vue, aucune opinion à propos de ce sur quoi il n'y a rien à dire. La vérité semble pé-exister à tout ce qui existe." Pierre Rabhi- Vers une sobriété Heureuse - Actes Sud - 2010

Quelques exemples concrets:

  1. Puce Il y a des domaines concrets dans lesquels il n'est pas difficile de faire la part des choses

  2. Dans une société donnée, à partir de 65 kg une femme est "grosse", dans une autre société une femme de 65 kg est "mince". Quelle est la réalité ? La réalité est qu'elle fait 65kg, le reste est du construit culturel (de la pensée).

  3. Être sexagénaire pour certains c'est être vieux, pour d'autres c'est être encore jeune, la réalité est que l'on a 60 ans.

  4. Lorsque la mer est à 22°, certains la trouvent froide, d'autres la trouvent chaude. La réalité est que la mer est à 22°.

  5. Que l'on aie une montre à 30 000 euros ou une montre à 30 euros, elles donnent toutes la même heure

  6. Que l'on conduise une Ferrari ou une Peugeot 208, les routes et les distances sont les mêmes et sur les voies les plus rapides(autoroutes) le temps pour parcourir la distance sera le même  (130 km/h).

  7. Que l'on se saoule avec un vin cher ou avec un vin bon marché, la gueule de bois sera la même

  8. Que l'on habite une maison de 300 m2 ou un appartement de 50 m2 le sentiment de solitude sera le même

  9. Que l'on soit en business class ou en classe économique, on met le même temps pour atteindre une destination et si l'avion s'écrase, le résultat sera le même.

  10. La métaphore galvaudée du verre à moitié plein et du verre à moitié vide : ceux (celles) qui se disent positifs ou optimistes aiment à dire qu'ils ne voient que le verre à moitié plein. Ceux qui sont négatifs, pessimistes ne s'en vantent généralement pas, ce sont les autres qui pointent leur tendance à ne voir que la moitié vide.

La réalité est qu'un verre à moitié plein est en même temps un verre à moitié vide. Les deux sont indissociables. Savoir profiter d'un verre à moitié plein n'empêche pas d'être conscient de la moitié vide. Inversement, être conscient du manque ou de l'aspect négatif des choses n'empêche pas de profiter de ce qui peut nous combler.

L'idéologie positiviste des années 90/2000 est une stratégie manipulatrice destinée à nous inculquer des critères de bonheur à visée mercantile développée dans les années 80/90, avec sa cohorte d'effets secondaires repris par le "capitalisme numérique" et ses algorithmes.

Et pourtant le positif n'existe que parce qu'il y a le négatif et inversement. L'idéal étant de pouvoir naviguer entre les deux. Lire Happycratie, comment l'industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies de Eggar Cabanas et Eva Illouz- Premier parallèle - 2018 et La civilisation du Poisson Rouge de Bruno Patino- Grasset -2019.

Cela peut expliquer notre tendance à être binaires (c'est soit l'un soit l'autre mais cela ne peut pas être les deux avec les nuances intermédiaires), notre tendance à étiqueter les gens, les choses, les sentiments, les situations en "bon" et "mauvais".

Être angoissé, avoir peur ce n'est ni bon ni mauvais, c'est être angoissé ou avoir peur. Prendre du plaisir ce n'est ni bon ni mauvais, c'est prendre du plaisir. Ce qui diffère est la façon dont on considère le plaisir ou la peur et ce qui nous y conduit, la façon dont on transforme une vérité en réalité.

  1. Puce Il y a des domaines où il est plus difficile de faire la part des choses, parce que la réalité est cachée, manipulée ou transformée 

  2. La majorité des commerces affichent des prix avec une valeur inférieure au compte juste, dans le but de manipuler les consommateurs: tel produit est à 1,99 euros, tel autre produit est à 21,99 euros etc... 

La réalité veut que 21,99 euros ne soient pas 22 euros, mais à quoi rime cette différence de 1 centime ? Pourquoi attribuons nous une telle différence à quelque chose qui n'en a pas ? Pourquoi 21,99€ seraient moins chers que 22€ ?

C'est encore plus flagrant pour des sommes plus importantes: une voiture vendue 5999 euros n'est pas à 6000 euros, donnant l'impression que c'est moins cher, parce qu'appartenant à la catégorie des 5000. Et pourtant à 1 euro près... Il y a rarement des prix affichés comme 40,02 euros, ou 18,01 euros, ou 5001 euros !

C'est une manipulation de la réalité, destinée à influer notre capacité d'appréciation et la liberté de choix.

  1. Depuis quelques décennies, le monde des jeux a changé, on retrouve ce qui faisait la "soupe" des jeux romains.

Qu'ils soient virtuels, numériques, ou télé-visuels, les jeux mettent régulièrement en scène la violence (physique ou psychologique), avec le besoin d'éliminer l'autre.

Il ne s'agit plus de gagner parce qu'on est doué, mais de gagner parce qu'on est le meilleur à faire perdre les autres, voire les éliminer.

Nier le fait que la télévision ou les jeux video introduisent de la violence dans les comportements et les façons de penser au point de modifier les valeurs humaines est une erreur. De nombreuses études démontrent l'inverse.

Malgré un certain nombre d'alertes, la majorité des gens ne se rendent pas compte à quel point les médias cherchent à influer les émotions et à transformer les valeurs.

La télévision désensibilise les gens, notamment les enfants, et les personnes plus malléables, en mélangeant les genres : on associe voyeurisme, violence et plaisir. http://www.valeursactuelles.com/politique/tele-realite-lempire-du-voyeurisme-27431

Avec les jeux video, on fait de la violence un jeu amusant où l'on tue. Ces jeux entrainent les gens qui s'y adonnent à développer des capacités, des façons de penser, des compétences dans l'art de dominer et de tuer. Cela pose question.

Comment expliquez l'apparition de jeux dans les écoles que l'on appelle "le foulard", "la tournante", "la boulette", "le piment" ?

Comment expliquez que les gens se filment en train de "tabasser" une personne ou de violer une femme et mettent ces films sur les réseaux sociaux ? Comment expliquez que des gens ont besoin de regarder ces films ? Comment expliquer que Facebook, Twitter, Périscope ne fassent pas davantage l'objet de procès ou d'interdiction ? Comment expliquer que la société ne réagissent pas davantage à ces dérapages de la liberté d'expression ? De quelle liberté d'expression parle-t-on ? Quelle est la réalité de ce phénomène ?

  1. Nous vivons une crise économique grave qui impose une politique d'austérité.(apparemment pas pour tout le monde)

La réalité est qu'un libéralisme débridé fausse les règles de l'économie de marché qui n'est plus contrôlée par les nations dans l'intérêt des citoyens (public), mais par les banques ou les multinationales dans l'intérêt d'actionnaires (privé).


Des spéculateurs et des actionnaires s'enrichissent en jouant sur les stocks et les flux (créant des pénuries ou des abondances virtuelles), des traders jouent en bourse comme on joue au casino, des gouvernements et des dirigeants s'endettent au point de ne plus faire face à leurs échéances, au détriment d'une population mondiale qui va devoir en faire les frais.

C'est à peine plus complexe. "La crise est en réalité une crise de l'économie symbolique et non une crise de l'économie réelle".Philippe Derudder.


  1. Rappelez vous l'époque où on essayait de faire croire qu'il n'y a aucun danger nucléaire pour les Français, notre sécurité est la plus fiable du monde. On a même laissé entendre que les nuages radio-actifs de Tchernobyl s'arrêtaient à la frontière (1986), en prétendant plus tard qu'il s'agissait d'une rumeur, quand les "experts" se sont rendu compte de l'énormité de leurs propos.

- Dans un communiqué du 06 mai 1986 le ministère de l'agriculture Français indiquait : "le territoire Français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l'accident de Tchernobyl".

En 1986, et plus tard entre 1996 et 1998, la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité a constaté une contamination importante dans le sud Est de la France. En juillet 2015 il y a encore des zones du Mercantour où les sols sont contaminés à plus de 100000Bq/kg en césium 137.

- Un organisme indépendant chargé du contrôle de la sécurité des centrales nucléaires, a relevé et relève encore de nombreuses anomalies et défaillances dans les systèmes de sécurité des centrales françaises.

Lors d'incidents "mineurs" tel que celui de Marcoule, EDF a donné de fausses informations au sujet des mesures de radio-activité qui sont 500 fois supérieures à ce qui a été annoncé. http://languedoc-roussillon.france3.fr/info/explosion-a-centraco-la-criirad-saisit-la-justice-70622589.html. Les informations concernant le super réacteur EPR et les frais supplémentaires qu'engendre sa sécurité sont plus qu'inquiétantes.

  1. En 1998, Kouchner, ministre de la santé, nie la responsabilité du vaccin contre l'hépatite B dans le développement de la sclérose en plaque, alors que d'autres pays le mettait déjà en cause http://controverses.sciences-po.fr/archive/hepatiteb/wordpress/index-24750.html ,

  2. En 2009 Bachelot, autre ministre de la santé, disait qu'il n'y avait pas de danger avec les perturbateurs endocriniens (Bisphénol A, Paraben, etc...) avant qu'on les interdit 10 ans après les autres pays. http://www.europe1.fr/politique/bisphenol-a-pas-de-danger-pour-bachelot-61453, après quoi cette même ministre sera mise en cause dans une pandémie de grippe H1N1 qui a été une des plus grosses arnaques économiques créées par les lobby pharmaceutiques.

  3. En 2017, la ministre de la santé, Buzin, entame son mandat en rendant 11 vaccins obligatoires (dont l'hépatite B) pour les enfants, avec sanctions à l'égard des parents qui ne respectent pas l'obligation, sachant que nous ne sommes plus concernés par la majorité des épidémies avancées, qu'un grand nombre de médecins dénoncent les effets secondaires voire l'inutilité de nombreux vaccins, sachant que cette ministre a déjà été citée dans un conflit d'intérêt concernant des hypotenseurs.

Lire Introduction à la Médecine des vaccins et Analyse scientifique de la Toxicité des vaccins du Dr Michel de Lorgeril -edit Chariot d'or - 2018/2019

  1. Le saint suaire de Turin est un linceul dans lequel le Christ aurait été enveloppé lorsqu'il a été déposé de la croix, ce qui à donné et donne encore lieu à des pèlerinages, à des dons importants de la part de nombreux fidèles. La réalité est que le suaire de Turin date du 14ème siècle, donc bien après J-C, il a été confectionné à la demande d'un membre du clergé de la collégiale de Lirey (Champagne) afin d'abuser de la crédulité des chrétiens. Il s'agit d'une mystification.

http://www.unice.fr/zetetique/page_film_allemand.html


  1. Puce Il y a des domaines où le contexte socio-culturel, historique, contribue à détourner une réalité qu'il est parfois complexe d'aborder :

  2. Certaines situations qui relèvent de la sphère privée, impliquant des décisions personnelles et intimes comme la contraception, l'avortement, le droit de mourir dignement et en douceur, le remariage après divorce, sont passées sous contrôle de lois civiles ou religieuses.

Une instance autre que la personne concernée prétend penser et décider à sa place. Plutôt que d'éduquer les gens à l'éveil de la conscience en encourageant la capacité de discernement des individus, plutôt que de former et d'équiper des praticiens à l'accompagnement de ces situations, une instance décide de ce qui est "bien ou mal, bon ou mauvais", dans l'intérêt des personnes !

  1. -Par exemple,

  2. L'euthanasie, pour abréger la souffrance en cas de maladies en phase terminale est durement sanctionnée dans certains pays dont la France et tolérée dans d'autres pays. Des comités d'éthique décident si c'est tolérable ou non, indépendamment des personnes concernées.

  3. l'homosexualité est passée de la sphère privée à la sphère publique. Plutôt que de favoriser le discernement et la réflexion de chacun afin de promouvoir les libertés individuelles: la liberté d'aimer qui on veut, dans le cadre d'un rapport entre adultes consentants, et la capacité d'accepter les différences, des états et des religions en ont fait un domaine réglementé : en établissant un droit ou une interdiction d'aimer une personne du même sexe, avec pour certains pays la pénalisation de l'homosexualité, voire la peine capitale (pays arabes) et pour d'autres la pénalisation de ceux qui expriment une incompréhension ou un désaccord à l'égard de l'homosexualité.

  4. Si pour certains le mariage est une façon d'officialiser une relation sentimentale, le mariage est d'abord une institution créée pour protéger les intérêts et les biens d'individus et de familles. Il s'agit d'un ensemble de rites et de règles qui fondent un contrat civil et/ou religieux entre deux personnes. Parfois très loin de l'attirance mutuelle et d'une relation affective.

Il y a de nombreux pays dans le monde où le mariage est arrangé quelques soient les sentiments des protagonistes. Même en occident, le mariage est encore souvent tributaire du statut social et économique d'au moins un des protagonistes. Ce qui importe généralement est l'aspect social et juridique. Dans ce cadre, étendre ce concept aux personnes de même sexe qui souhaitent bénéficier des effets juridiques de cette institution ne semble pas être une aberration.

Divorcer et se remarier dans l'église catholique est impossible. J'ai connu la maman d'un ami, décédée dans un accident, qui n'a pas pu bénéficier de cérémonie funéraire catholique, parce que son mari l"avait quittée et qu'elle était divorcée. Se remarier à l'église était inconcevable parce que Dieu ne pouvait dissoudre les premiers liens !

La loi civile et la religion se substituent à la capacité de réfléchir et de décider des individus.

- Si un couple hétérosexuel en difficulté de procréation se fait aider médicalement, ou adopte un enfant, c'est pour faire face à la réalité d'une stérilité. La réalité du couple homosexuel n'est pas qu'il est stérile, c'est qu'il est homosexuel et qu'il n'est pas conçu en tant que couple pour procréer (même si chacun l'est individuellement).

Bruce Lipton : "Quand un peuple accepte les réponses aux questions existentielles fournies par une institution donnée, cette institution devient le fournisseur de "vérités" pour tous les aspects de la vie. C'est comme ça et grâce à des gens comme Darwin que l'on est persuadé que la vie est un combat et que nous sommes arrivés à croire qu'il faut se battre tous les jours pour survivre." Film En Quête de sens - 2015

  1. Certains tombent amoureux(ses) de façon parfois répétitive(compulsive) de partenaires fragiles, instables, en difficultés, persuadés de pouvoir combler leurs manques et de les rendre "heureux". Inversement, d'autres tombent amoureux de partenaires aux apparences solides, persuadés de trouver la force, le soutien, "l'épaule" dont ils(elles) ont  besoin.

La réalité est qu'il ne s'agit pas réellement de relation amoureuse, mais d'un besoin bilatéral de combler des manques, de faire face à un effondrement, de gérer une mésestime de soi, en s'installant dans un rôle de réparateur(trice), sauveteur, ou victime. Démarche que l'on retrouve assez fréquemment chez ceux qui se consacrent à la relation d'aide.

  1. Puce Nous avons souvent tendance à colorer notre perception et nos connaissances en fonction de ce que nous avons appris ou des tendances qui nous entourent. Nous vivons dans des pays où des systèmes religieux ou politiques pensent pour nous, faisant passer des vérités pour des réalités, ce qui n'empêche pas la réalité d'exister. A chacun de décider d'appréhender cette réalité s'il le souhaite. C'est moins facile dans les pays et les religions totalitaires.

Cela implique de "fouiller" un peu ce qui se présente comme étant "la vérité".

Cassandra Vieten, chercheur à l'institut de Sciences Noetic confirme que "notre vision du monde est influencée par plusieurs facteurs : la génétique, la culture, la religion, l'éducation, ce qu'on apprend à l'école, les expériences, le vécu.

La plupart d'entre nous ne sommes pas conscients de la vision du monde que l'on porte. Nous pensons que nos représentations du monde sont la réalité".Interview- film Enquête de sens-N Coste -M.deLa Menardière-2015

  1. Puce C'est ici qu'intervient la pratique de la connaissance juste : prendre conscience que nos pensées ne sont que nos pensées, que nos croyances ne sont que nos croyances. Ce n'est pas représentatif de qui nous sommes, ni de ce que le monde est.

Il suffit de changer de croyance pour que nos comportements changent, pour que nos relations changent, pour que notre vision du monde change.

Cassandra Vieten affirme par exemple en ce qui concerne les besoins essentiels de l'humanité que "si des gens ne mangent pas, ce n'est pas par manque de nourriture, mais parce que notre conscience limitée nous empêche d'y remédier et de considérer que c'est nécessaire ".

Nous pourrions appliquer cette remarque au droit non-négociable à la vie et à la dignité. Tant que nos limites nous empêchent de considérer ce droit comme inviolable, tant que nous créons des circonstances atténuantes ou des zones de vérités différenciées, tant que nous tournons autour du pot, les gens  continuerons à se faire tuer, les femmes et les enfants à se faire violer. Je n'évoque pas ici le retour la la peine de mort. Je parle de prise de conscience, de vue juste, pour tendre vers des actions justes.

C'est ce qui reste lorsqu'on dépoussière une information, une vérité, de tous les mensonges, de toutes les croyances, de tous les filtres, de toutes les interprétations ou mystifications (souvent politiques, parfois scientifiques) qui agrémentent ou transforment la réalité.

L'entrainement à la pleine conscience passe par le développement de la capacité à être attentif. Attentif à ce qui se passe autour de nous, mais aussi à ce qui se passe à l'intérieur de nous. C'est une quête, un parcours quasi initiatique.

Le bouddhisme suggère 4 approches de la réalité à travers les 4 Nobles Vérités: 

1- l'existence est parsemée de souffrance, d'insatisfaction,

il importe de savoir que la souffrance est omniprésente dans la vie et d'être capable de la reconnaître, de la nommer :

j'ai peur, je suis anxieux, je suis en colère, je suis jaloux, je me sens en insécurité (physique, affective ou mentale) je suis frustré, je suis déprimé, j'ai l'impression de n'être rien ou j'ai l'impression d'être le centre du monde, je me sens tout puissant (généralement ceux qui ont la sensation d'être le centre du monde ou tout puissants ne s'en plaignent pas et ne cherchent pas à changer quoi que ce soit, tant qu'ils ne tombent pas de leur piédestal)

Par exemple :

  1. Combien d'entre nous ré-agissent sous l'effet d'une souffrance sans la re-connaître ?

  2. Combien d'entre nous fument, boivent de l'alcool ou prennent des stupéfiants " apparemment par plaisir" en mettant la santé et la sécurité (la leur et celle des autres) en danger ?

  3. Combien d'entre nous mangent exagérément "apparemment par plaisir" en nuisant à leur apparence physique, à leur santé, à leur relation?

  4. Combien d'entre nous se conduisent dangereusement, "apparemment par plaisir", sur les routes, dans leurs rapports amoureux, dans leurs sports favoris (souvent extrêmes) etc... ?

  5. Combien d'entre nous ont l'impression de ne vivre qu'à moitié ou de survivre au lieu de vivre ?

  6. Combien d'hommes souffrent de ne pas être une femme, combien de femmes souffrent de ne pas être un homme ?

  7. Combien d'entre nous "ratent" leur vie amoureuse parce qu'ayant souffert de manque, d'excès, de maltraitance dans leur enfance, ou dans une relation précédente ?

  8. Combien d'entre nous vivent longtemps dans le deuil d'une personne, impossible à faire après une rupture, après un décès (personnes qui refusent de se remarier, qui conserve la chambre ou les affaires "comme avant", qui s'interdisent toute joie,...etc...)

  9. Combien d'entre nous souffrent de ne pas avoir ce qu'ont les autres ?

2 - la cause de la souffrance est liée à des désirs et attachements causés par l'ignorance de l'impermanence, de l'interdépendance des choses et des êtres, et par une perception erronée de l'ego.


C'est comprendre qu'il y a des causes à cette souffrance, et être capable de les identifier:


  1. Penser en terme de permanence peut amener à souffrir et à faire souffrir :

parce que c'est vouloir rester dans la certitude, c'est vouloir garder le contrôle sur les choses, les gens, les situations.

Ce qui en réalité est impossible, et nous oblige souvent à adopter des comportement de pression, de manipulation, de séduction, de violence, pour maintenir cette certitude à tout prix.

Par exemple:

  1. refuser de vieillir, et vouloir garder le corps que l'on avait 20 ou 40 ans avant...ce qui fait le fond ce commerce des entreprises de cosmétiques, de l'habillement et de la chirurgie plastique qui ont bien perçu cette souffrance. C'est une façon de ne pas nous accepter comme nous sommes qui nous fait dépenser beaucoup d'argent

  2. rester focalisé sur le fait que nos parents ne nous ont pas aimé comme nous l'aurions voulu. Que peut on y changer en dehors de l'accepter, et de prendre de la distance si c'est nécessaire, nous ne pouvons pas revenir en arrière.

  3. refuser qu'une relation s'effrite ou ne pas chercher à la faire évoluer, refuser une séparation, ce qui conduit souvent à des violences conjugales ou des violences contre soi-même...nous ne referons pas ce qui est défait.

  4. refuser la possibilité d'évoluer : " je suis comme ça, j'ai toujours été comme ça et je serai toujours comme ça" ou le fameux  "à quoi bon on ne peut rien y faire..." ou "je ne suis pas encore prêt"!   A quoi sert de s'accrocher à de telles positions ?

  5. être anxieux, agressif, jaloux, etc... en permanence, relève d'une souffrance sous jacente. Dans la réalité il n'y a pas de raison d'être toujours effrayé, jaloux, en colère.

  6. vouloir que tout soit toujours et partout comme nous voudrions que ce soit: à l'instar des parents, conjoints, employeurs, politiciens, religieux qui établissent une fois pour toutes comment doivent se passer les choses afin d'en garder le contrôle.

  7. s'attacher aux biens, aux personnes, à l'image que l'on a de soi, à ce qu'on croit que nous devrions être ou faire, à ce que l'autre devrait être ou faire (les rôles attribués) au point d'en être dépendant, procure parfois un certain plaisir, une certaine sécurité mais aussi beaucoup de souffrance.

  8. percevoir l'autre comme permanent ou refuser qu'il puisse évoluer le prive de sa liberté de changer, d'être différent. Cela revient à le figer dans le temps, mais aussi dans ses possibilités de réalisation.

En dehors de cas où un individu a sciemment porté atteinte à la vie ou l'intégrité d'une personne, j'ai observé dans le travail socio-éducatif que si l'on considère l'autre comme formaté définitivement par son passé, si on le définit par ce qu'il a fait ou n'a pas fait, on pose un diagnostic qui l'enferme et lui impose des limites, en réduisant en même temps nos propres capacités d'intervenir.

Si on considère l'autre comme une personne en devenir, on contribue à ouvrir la voie de la réalisation de ses potentialités, en mettant en oeuvre notre propre créativité. C'est faire un pari sur ce qui est possible et non sur ce qui a été fait.

Combien d'entre nous disent à quelqu'un qui ne peut pas ou ne veut pas entendre notre vérité, qu'il n'est pas prêt ! Prêt par rapport à qui et à quoi ? Parce que nous croyons dans notre vérité nous délestons l'autre de son potentiel.

Combien d'éducateurs semblent usés, "inefficaces", parce qu'ils sont persuadés qu'on leur a confié les "pires cas" qui puissent exister. Se dire que l'on a affaire aussi à des personnes intéressantes, pleines de richesses enfouies, redonne de l'énergie, de la créativité et permet aux autres d'exister en dehors de ce qu'on projette sur eux. Cela ne fonctionne pas à 100%, mais au moins à 80 %. Sous réserve qu'il ne s'agisse pas d'une "duperie" sur des situations pathologiques extrêmes qui ne relèvent pas de leurs compétences. Cela arrive parfois, c'est une autre réalité.

Je ne dirai pas la même chose à l'égard des criminels, des multi-récidivistes et des pervers narcissiques.

"C'est en changeant notre façon d'interpréter et de considérer les individus et les phénomènes que nous pourrons modifier l'expérience que nous en avons. " 2


  1. Penser en terme d'impermanence incite à jouir du moment présent, développe la capacité de s'adapter, favorise le détachement et l'évolution.

C'est aussi prendre le risque et accepter de perdre nos points de repères. La libération à laquelle Bouddha fait référence est la libération de l'impermanence.


Perdre un proche : parents, conjoint, enfants, ami (soit parce qu'il décède, soit parce qu'il nous quitte) est insupportable. C'est approprié d'être affecté, ce qui l'est moins est d'en être amoindri ou détruit et de ne pas pouvoir se ré-investir dans une relation et dans la vie.

Perdre un emploi, une maison, un véhicule, une fortune, est insupportable. C'est adapté d'en être ponctuellement affecté, mais pas d'en devenir malade.


  1. Puce La question est: à quoi correspond le besoin d'être en dépendance à quelque chose, à quelqu'un ? Sommes nous attaché à ce qui existe réellement ou à l'image que nous en conservons, peut être à une souffrance précoce, ré-activée par la perte, dont nous n'avons pas conscience.  Cela n'empêche pas de se souvenir, d'avoir une pensée ponctuelle.

De plus en plus de chercheurs s'intéressent à l'addiction au numérique : ordinateurs, jeux vidéos, tablettes, smartphones.

Ils alarment quant à une vaste manipulation organisée par les plateformes numériques. A quoi correspond cette addiction ?

Comment autant de personnes à travers le monde ont pu se laisser envouter par cette nouvelle technique ?

La connaissance juste nous aide à aimer et à vivre sans dépendance compulsive, ce qui ne veut pas dire que l'on n'est pas attaché à quelqu'un ou que l'on est indifférent, cela veut dire que l'on accepte que l'autre soit libre de partir et de rester, que l'on accepte l'idée que de toute façon un jour la vie s'arrêtera pour chacun de nous. Nous pouvons l'aimer pour ce qu'il est, gratuitement, ici et maintenant et nous attacher sans avoir à nous rendre malade.

Cela ne veut pas dire que nous refusons le progrès technique, cela veut dire que nous ne souhaitons pas en être esclave. Nous pouvons apprécier et utiliser des techniques en tant que moyens, nous restons des sujets libres de décider.

Un de mes enseignants disait que "pour avoir envie de rester, il faut être libre de partir".

Qu'est ce qui contraint une femme battue à rester sous l'emprise d'un homme violent ? Combien de fois entend-on une femme ou un homme (cela arrive) se plaindre de violences conjugales qui durent depuis des années ? Comment est ce possible ? Qu'est ce qui se joue dans cette relation infernale ? Combien de fois entend-on dire par ceux qui ne sont pas impliqués "elle(il) n'a qu'à partir", comme si c'était aussi simple que cela ? voir les livres de Christel Petitcollin - Echapper aux manipulateurs et Divorcer d'un manipulateur - Guy Tredaniel.


C'est prendre conscience de ce qui, dans notre histoire, nous a conduit à nous rendre dépendant, pour parvenir à nous défaire de cette tendance à vouloir posséder, à vouloir que tout aille comme nous le voulons, que les choses et les gens soient immuables, prévisibles, ce qui est contraire à la vie qui est impermanente par essence.


Comprendre l'impermanence c'est accepter la précarité des choses, des situations. Rien n'est éternel, nous non plus d'ailleurs.

La vue juste nous aide à comprendre ce qui nous amène à avoir besoin de posséder, à nous rendre dépendant des choses, des gens.

La conscience de la précarité permet d'apprécier le caractère unique des choses, des gens, des situations.

Cette prise de conscience nous invite à profiter davantage du moment présent. Si nous sommes conscient qu'une relation ou une situation est impermanente, nous jouissons davantage de ce qui est maintenant. On devient plus attentif à ce qui est.


Combien de fois ai je entendu dire autour de moi, après la perte d'un être cher, " si j'avais su ... j'aurais évité de ..."  "si j'avais su... j'aurais profité de..." "si c'était à refaire je ne referais pas ou je ferais..."  "si j'avais su je lui aurais davantage montré que je l'aime "

Pourquoi attendre la dernière minute ou qu'il soit trop tard !


  1. Ignorer l'interdépendance entraîne une souffrance dans la mesure où elle concourt à entretenir une image de soi atrophiée ou hypertrophiée.


Rien n'existe isolément : nous n'existerions pas sans nos géniteurs, je ne pourrais pas écrire ce que j'écris sans mes lectures et mes rencontres qui ont nourri mes expériences.

Nous ne pourrions pas vivre sans les fruits, les légumes qui nous nourrissent, sans l'air et l'eau qui nous entourent, la pollinisation ne pourrait pas se faire sans les abeilles, les plantes n'existeraient pas sans le soleil et la photosynthèse, sans l'humus qui les nourrit, l'humus n'existerait pas sans le procédé de décomposition de matières organiques, les minéraux n'existeraient pas sans la fusion qui les a cristallisés...etc...


Tout est lié et fait partie d'un tout. Que nous le voulions ou pas, nous sommes tous reliés et dépendant de ce qui nous entoure. Les travaux récents de différentes sciences et de l'écologie ne font que le confirmer. Nous faisons partie de l'univers et sommes tous une partie de cet univers.

Ignorer l'interdépendance donne une vision fausse de l'autonomie. S'imaginer être autonome est un leurre, dans la mesure où ne nous ne pouvons pas nous passer des autres. L'autarcie absolue n'existe pas dans la réalité.

Le bruit n'existe que parce qu'il y a le silence et le silence n'existe que par rapport au bruit.

Le son d'une cloche n'est pas que le son de la cloche: il est lié au métal dont est constituée la cloche, aux personnes qui ont façonné la cloche. Le métal qui fait la cloche et qui lui donne cette tonalité est issu des minerais qui ont été produits par les transformations chimiques de la planète, il est aussi en lien avec le feu qui a fondu ces minerais.

Le son d'une cloche n'est pas que le son d'une cloche, il est en lien avec tout ce qui constitue ou a constitué la cloche.

Le son est constitué de tout ce qui fait la cloche, mais aussi de l'environnement dans lequel se déplacent les vibrations, et de ceux entendent le son. L'univers est en chacun de ces éléments.


D'où cette incroyable nécessité de prendre soin de nous, des autres et de notre environnement. Tout le mal que nous faisons à notre planète, à notre environnement, aux autres, c'est à nous que nous le faisons, et le mal que nous nous faisons c'est aussi aux autres que nous le faisons.

Tout le bien que nous faisons autour de nous, c'est à aussi à nous que nous le faisons, et tout le bien que nous nous faisons c'est aussi aux autres que nous le faisons. Sutta Pitaka - Khuddaka Nikaya - Udana - Sonavagga - Rājan Sutta


Certains aiment à dire que l'univers pourrait exister sans nous, ce qui est certainement vrai, mais ce ne serait plus le même univers.


La perception que nous avons de nous-même influe sur cette interdépendance et profite ou nuit à nous-même comme à l'ensemble.


  1. Avoir une perception erronée de l'ego ou une estime de soi défaillante


La connaissance juste suppose que nous portions un regard de pleine conscience sur nous même et sur le monde, que nous sachions différencier ce qui est "nous" de ce qui ne l'est pas, en tirer une connaissance pour être soi au plus près de ce que nous sommes.

On peut définir l'égo comme la somme des comportements et façons de penser conditionnés (donc automatiques) appris au cours de la socialisation des individus. Être sous l'emprise de l'égo c'est vivre sa vie en mode pilote automatique.


Depuis notre enfance nous nous conformons inconsciemment à des idéaux nous faisant miroiter le bonheur et d'autres concepts par crainte de nous voir éjecté du système, par peur de ne pas être aimé ou de déplaire, de ne pas être comme les autres, par peur de manquer (d'amour, d'argent, de sécurité etc..). Ce qu'on appelle le scénario de vie.

C'est la culture de notre milieu (dont font partie l'école, la publicité et de plus en plus les médias) qui définit l'idée du bonheur, de la justice, parfois de l'amour etc... en fixant des critères et la meilleure façon d'y accéder.

Ainsi l'idéal vers lequel chacun tend est largement influencé, voire imposé, d'une part par notre propre pulsion de vie, mais aussi par les attentes "cachées" de nos parents et les normes de la société à laquelle nous appartenons.


Nous vivons dans un monde d'abondance, même si certains tendent à s'approprier la majorités des ressources. En Occident, et maintenant partout ailleurs, nous vivons dans l'illusion qui est à la base de la plupart des problèmes de notre espèce : la croyance au manque en lien avec le besoin de croissance.

Nous sommes confrontés à un modèle de réalité créé par des "opportunistes" basé sur l'idée que nous vivons dans un monde de rareté, où la croissance serait le seul salut, où tout pourrait s'épuiser, où les emplois deviennent rares, où les ressources naturelles s'épuisent parce qu'on a pas vraiment cherché à éviter de les épuiser, où le temps manque sans cesse, où les relations sont de plus en plus compliquées, certains allant jusqu'à brandir le spectre de pandémies sanitaires, ou de crise économique majeure, le spectre d'une guerre planétaire ou de disparition du monde etc...

Cela engendre la peur du manque: manque de sécurité (psychologique autant que matérielle), manque de ressources, d'assurance, d'argent, d'amour, de santé, de temps, de beauté (à quoi servirait les modes), de relations, la liste est infinie.

L'égo se sent constamment menacé et toute son énergie s'oriente vers l'élaboration de stratégies visant à parer au manque.

L'égo vit dans un monde dualiste "dominant dominé - bon - mauvais- riche - pauvre etc..." qui est l'expression économique, sociale et politique de la croyance au manque.

L'égo a un besoin pathologique de possessions, puisqu'elles représentent pour lui la sécurité.

Dans le monde contemporain, cette vison conduit à une déstabilisation économique et politique sans merci, que nous vivons aujourd'hui à l'échelle planétaire.

La société de consommation sait admirablement exploiter l'égo. Elle fait croire aux gens qu'ils n'existent réellement que par leur possessions ou leur prestige : avec un sac Vuitton, une Nissan Juke, un iPhone ou un Smartphone on est quelqu'un. Si on n'est pas connecté on n'est rien !


Examinez avec attention la publicité: nous vivons dans une société où les besoins de base de la majorité des gens sont couverts. A longueur de journée on tente de nous faire acquérir des choses dont nous n'avons pas forcément besoin. Sous couvert de croissance, de progrès, de bonheur etc...

La seule façon de mettre en place cette "arnaque" est de jouer sur l'image de soi qu'ont la plupart de nos contemporains. On vend de l'image, on flatte, on développe, on privilégie l'égo:  "vous ne pouvez vivre que si..."  "vous ne serez véritablement quelqu'un que si..." pire encore, "vous qualité existentielle est tributaire  du nombre de followers sur les réseaux sociaux".


Notre ego a davantage tendance à s'identifier à des concepts extérieurs qu'à des qualités internes.


Depuis que l'être humain est devenu un être pensant, son ego, c'est à dire l'image qu'il a de lui même, s'est mis à dépasser les limites naturelles de son corps.

L'ego tend à s'étendre aux biens matériels, au statut financier, aux liens affectifs et aux relations, aux rôles et statuts sociaux, aux schèmes de comportement, et à toutes les images stéréotypées de notre culture.

Aujourd'hui nous nous identifions non seulement à notre corps, mais aussi à notre maison, notre voiture ou notre moto, notre télé, notre compte en banque, notre famille, nos amis, notre profession, notre prestige, notre rang social, notre blog etc.

La publicité, la politique, de nombreuses entreprises et de nombreux médias porteurs de tendances jouent sur cette propension à s'identifier à une image attendue, à nous construire une fausse identité que l'on croit être soi. Identité censée accroitre notre valeur, notre pouvoir, notre puissance aux yeux des autres. C'est d'ailleurs le fond de commerce de la majorité des startups et de tout ce qui tourne autour du numérique (Airbnb, Alibaba, Amazon, Apple, Booking, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Netflix, Twitter, Uber, Yahoo etc...) .

La propension actuelle de la majorité des gens repose sur l'apparence, de façon quasi obsessionnelle: cosmétiques anti-âge, engouement pour le fitness, chirurgie esthétique, blogs et selfiess. On aime croire et faire croire que l'on fait cela pour soi, alors qu'on cherche surtout à soigner son apparence pour les autres, pour plaire et ressembler aux modèles que l'on nous impose. D'où cette tendance moderne au narcissisme. Les selfies en sont l'expression la plus flagrante. On se photographie en permanence et partout pour "vendre" son image sur les réseaux sociaux. Plus on a de "like" et plus on se sent important.

Depuis les années 80 la société pousse à l'inflation de l'égo, parce que le système y a intérêt: la croissance économique. Produire et vendre tout ce qui peut flatter votre égo, vous donner une image "satisfaisante" de vous mêmes, vous assurer une "bonne" place dans le monde. Transformant au passage les désirs en besoins.

Observez sur quoi repose le développement de la majorité des startups. Récupérer tout ce qui relève du désir et le transformer en besoin. Elles vont jusqu'à transformer en système marchand des activités qui relevaient de la solidarité, de la convivialité, de la gratuité: partage de connaissance et de compétences, échanges entre voisins, co-voiturage, hébergements, etc...

Tout cela, selon la psychologie bouddhiste, est une cause principale de névrose et de souffrance humaine.

Névrose dans la mesure où cette tendance nous éloigne de la réalité de ce que nous sommes au fond de nous mêmes, en nous poussant soit à nous dévaloriser et à déprimer, soit à nous surestimer et à nous boursouffler.


"Lorsque le Moi s'identifie à son corps, à son métier, au pouvoir, à la sexualité, à son ventre ou à son intellect, de façon clivée, en hyperinvestissant une facette au détriment des autres, l'énergie vitale perd de sa fluidité".4


Si l'égo est une partie de nous même à ne pas négliger, lorsqu'il est omniprésent, omnipotent, ou déformé c'est qu'il va mal.


Il est donc important de pouvoir prendre conscience de cette influence, de ces "autres en soi" (belle expression de Nabati), pour réussir à s'en dégager et à devenir soi même en s'ouvrant à ce que nous sommes réellement.

Ces traces ne sont pas, par essence, négatives, puisqu'elles constituent notre identité.

Le problème apparait lorsqu'elles sont trop intrusives, trop prégnantes, faute d'en être conscient et vigilant.

Nous ne sommes pas notre passé, même si nous en sommes pétris.

Nous ne sommes pas nos succès ni nos échecs, même s'ils ont le pouvoir de nous affecter positivement ou négativement.

Nous ne sommes pas notre voiture, notre compte en banque, notre déguisement, notre page facebook même si celle ci tend à vouloir nous représenter.


La compréhension juste nous incite à nous réjouir de notre succès et à passer à autre chose.  Elle nous incite à accepter nos échecs, en sachant en tirer la leçon et à passer à autre chose, elle nous incite à comprendre et accepter notre passé et à venir habiter le présent.

Accepter un échec est une façon de se libérer de la peur d'échouer à nouveau, peur qui mine notre capacité d'agir.


Il en va de même de nos choix. Faire un choix en pleine conscience ne garantit pas que le choix est bon ou mauvais. C'est le choix que nous décidons de faire ici et maintenant.

L'action dira s'il est porteur d'échec ou de succès. Nous nous enrichirons de l'expérience, sans regret.


Le regret est source de souffrance dans la mesure où il nous maintient attaché à ce que nous avons fait ou n'avons pas fait. Il nous emprisonne dans le passé et nous empêche d'être davantage dans le présent.


"L'estime de soi est une source d'information permanente sur notre adéquation à l'environnement. Douter de soi a pour fonction de nous inciter à modifier notre façon d'être. Les informations que nous délivre l'estime de soi sont précieuses : savourer lorsque tout va bien, s'activer en cas inverse. Un ego en bon état de marche est un outil précieux pour la survie et la qualité de vie."3


Il est important de comprendre que lâcher ou minimiser le pouvoir de cette perception que nous avons de nous à travers nos possessions, nos envies, mais aussi à travers les souffrances qui s'y rattachent, peut faire peur.

Certains craignent une perte identitaire, et préfèrent continuer à souffrir plutôt que de faire un saut dans l'inconnu et minimiser ce "moi " hypertrophié ou atrophié", en tout cas déformé.

Il n'est pas question de supprimer l'égo, contrairement à ce que s'imagine la majorité des gurus new age,  mais de le remettre à sa place.


  1. Comprendre ce qu'il y a derrière nos soifs et nos attachements, c'est faire la part entre besoins réels, nos désirs et nos envies :


" La vie peut devenir très compliquée si l'on veut que le monde corresponde à nos désirs. Hélas! le monde ne coopère pas. Nos projets et nos rêves ne sont réalisés qu'en partie, voire pas du tout.

Et si nous parvenons parfois à influencer le comportement des autres, nous ne pouvons leur imposer ce qu'ils doivent ressentir et penser. (ce que ne supportent pas les égocentriques et les narcissiques, d'où leur violence)

Lorsque nous avons ce que nous voulons, nous sommes comblés; dans le cas contraire, nous sommes déçus et déprimés. Emotionnellement nous passons par des hauts et des bas selon la personne ou l'objet que nous rencontrons.

Cependant, si nous observons nos expériences quotidiennes, nous nous apercevrons que le bonheur et la bonté n'existent pas dans des personnes ni dans des objets extérieurs, et qu'il en va de même pour le malheur ou ce qui est déplaisant."5


Ce ne sont pas les possessions le problème. Il n'y a aucun mal à posséder et nous avons tous besoins d'un certains nombre de choses pour vivre.

Les problèmes surviennent lorsque nous accordons une importance excessive à l'acquisition des biens, lorsque nous nous identifions à ces possessions, et lorsque nous prenons nos désirs pour des besoins impérieux.

La richesse en soi n'est pas un problème ce qui pose problème est la raison et la façon dont elle s'acquiert.


"Une envie ça a l'apparence d'un besoin, la force d'un besoin, la sensation d'un besoin, mais ce n'est pas un besoin. Comprendre la différence entre les deux et être à même de les distinguer est non seulement une clé de bien être et de bonheur, mais aussi un atout de taille pour faire face à toutes les manipulations dont celles imaginées par les publicitaires...

Un besoin est une exigence interne qu'il faut nécessairement combler pour rester en vie...il est vital, impératif alors que l'envie est superficielle."6


Le besoin se limite à la satisfaction (lorsqu'il est comblé), l'envie n'a pratiquement pas de limite.

La réponse à un besoin est parfois vitale. L'absence de réponse à un besoin peut parfois être mortelle. Si on ne mange pas, si on ne boit pas, on meurt. Un enfant qui n'est pas touché, qui n'est pas pris dans les bras, meurt.

On ne meurt pas de la non satisfaction d'un désir.

Lorsque nous obtenons quelque chose que nous voulions, ne commençons nous pas presque immédiatement à vouloir autre chose ?


Qu'y-a-il derrière nos besoins? Qu'y-a-t-il derrière nos envies ? Qu'est ce qui sous tend nos actions ?

Découvrir ce qu'il y a derrière aide à construire du sens, de la cohérence. Si nous ne donnons pas de sens nous même à ce que nous faisons, d'autres s'en chargeront. Les industriels l'ont bien compris.


Ce sont nos envies bien plus que nos besoins qui dictent nos achats quotidiens.

Sans nous en rendre toujours compte, nous sommes soumis à des pressions phénoménales de la part de groupes sociaux, économiques, politiques, religieux, industriels, médiatiques qui exercent une influence considérable pour contrôler, voire créer nos besoins, nos envies et nous transformer en consommateurs téléguidés.


Nous baignons en permanence dans un contexte de sollicitations diverses, qui malgré nous prennent le contrôle de notre façon de penser, de consommer, de vivre, à un tel point que nous finissons par croire que nos choix sont "libres et naturels".


"La publicité cherche en effet à inculquer sournoisement, sans en avoir l'air, un modèle de bonheur synonyme de confort matériel, tributaire de l'achat et de l'utilisation des machines et des produits, en dehors de tout contexte symbolique et affranchi des limites que la loi prescrit.                                           

La préoccupation majeure de nos sociétés ne consiste pas à encourager l'individu à devenir lui-même, psychiquement autonome et différencié, mais à l'influencer pour qu'il consomme le plus possible, en s'anesthésiant avec toutes sortes de drogues et de substances chimiques, sans se poser de questions." 7

" Ce qui est pernicieux dans l'idéologie consumériste, c'est que l'argent et les objets ne sont plus simplement offerts comme moyens d'améliorer le confort de vie, ou même comme pouvant procurer du plaisir, ce qui peut sembler légitime, mais ils nous sont présentés par le matraquage publicitaire et médiatique comme les principaux vecteurs de la reconnaissance sociale. Dès lors, ce n'est plus seulement par besoin ni même par plaisir que nous désirons posséder un nouveau téléphone portable, une nouvelle voiture, voire une nouvelle paire de chaussures, mais pour être socialement reconnus.

En possédant ce que les gens riches et puissants possèdent, nous pensons accéder à une certaine forme de statut social. Cela vaut tout aussi bien pour les élèves de collège dans une cour de récréation, obsédés par l'acquisition de la dernière marque de baskets ou de la console de jeu à la mode, que pour les milliardaires qui entendent exhiber leur réussite à travers les dimensions et le luxe de leur yacht." Frederic Lenoir - La guérison du monde - Fayard - 2012


Rappelez vous cette tirade de Jacques Séguéla, publicitaire, sur France 3 - 13/02/2009 : " à 50 ans si on n'a pas une Rolex c'est qu'on a raté sa vie ". Aujourd'hui il dirait "si vous n'êtes pas connectés vous n'êtes rien".

D'où l'intérêt d'être conscient et présent à ce qui est: faire une cure de réalité est le meilleur antidote contre l'empoisonnement publicitaire.

Observer le monde avec notre regard, et non à travers le filtre des images, des idées et des discours ambiants.


Tous les humains ont en commun des besoins fondamentaux, vitaux, essentiels. Ils ont été étudiés par Abraham Maslow8. Certains auteurs les ont hiérarchisés en pyramide, qui l’a rendu célèbre, mais qui n’est pas représentative de la richesse de sa recherche et dont la hiérarchie est parfois remise en cause . On trouve :

  1. les besoins physiologiques vitaux tels que boire, manger, dormir, s’abriter, se vêtir, se reproduire sans lesquels nous ne pourrions pas vivre ou survivre,

  2. le besoin de sécurité et de protection contre les dangers physiques et psychologiques sans lequel nous ne pourrions pas survivre, qu'il s'agissent d'outils, de lois, de médicaments, d'assurance, physiques ou psychologiques

  3. le besoin d’appartenance à une famille, une tribu, un groupe, avec lesquels entretenir des relations, parce que nous sommes des êtres sociaux qui ont besoin d'amitié et d'amour.

  4. le besoin d’estime de soi et de reconnaissance : respect et estime de soi et des autres, considération, confirmation de la place dans le groupe ou au monde

  5. le besoin d’accomplissement et de réalisation de soi : avoir le droit d'être soi au plus près de ce que l'on est. D'avoir une vie créative, et une vie intérieure.


Certains peuples ont à peine accès aux besoins physiologiques de base, pendant que d’autres se noient dans l’opulence. Les plus favorisés n’ayant pas forcément réalisé leur besoin d’accomplissement.


3 - l'extinction de la souffrance est liée au développement de la pleine conscience et au détachement des soifs, habitudes, désirs, illusions(ou mensonges) qui nous entraînent dans des quêtes insatiables ou erronées.


"Savoir faire la différence entre le besoin et le désir aide à comprendre pourquoi le bonheur n'est pas forcément au rendez vous, même lorsque possédant tout, on n'a plus besoin de rien, et pourquoi le vrai bonheur n'est possible qu'en devenant soi.9


Nous pouvons observer chaque jour des "nantis" qui ont apparemment tout pour être heureux, qui se suicident, ou sont en addiction à divers produits, biens, ou personnes.


Il importe de savoir que l'on peut diminuer cette souffrance et aller vers le bonheur ou le bien-être en développant la Pleine Conscience et une vision juste de la réalité.

Une fois la souffrance reconnue, identifiée, localisée, nous pouvons parvenir à agir sur les origines de cette souffrance, en développant notre capacité de percevoir la réalité, et en nous entraînant au détachement.


En même temps que la méditation, il peut être utile de se tourner ponctuellement vers un autre mode d'introspection telle que l'analyse, ou une autre aide extérieure.


Par exemple :


  1. il est difficile de nier aujourd'hui les effets négatifs qu'à le tabac l'alcool et autres produits licites ou illicites sur notre santé physique et mentale. Cela n'empêche pas des millions de personnes de s'y adonner, et certains états de dépénaliser.

  2. La compréhension juste nous met face à la réalité de continuer à prendre du plaisir à fumer en continuant à nous détruire, à dilapider notre argent, ou inversement à prendre soin de nous en cessant l'addiction.

  3. il est difficile de nier les dangers que constitue pour soi et pour les autres la conduite automobile imprudente, irresponsable, ou sous l'effet de produits licites ou illicites. Ce qui n'empêchent pas des millions de personnes de se comporter dangereusement et de provoquer des accidents, souvent mortels.

  4. La pratique de la compréhension juste nous met face à la réalité (responsabilité) de continuer à nous comporter de façon suicidaire ou criminelle ou inversement de prendre soin de nous et des autres. La compréhension juste permet également de remettre à sa place la réalité de la responsabilité : tuer avec une arme ou tuer avec une voiture, c'est toujours tuer, qu'est ce qui justifie que l'on applique des sanctions différentes ?


La pratique de la compréhension juste nous met devant notre responsabilité : nous sommes responsable de notre vie, il nous appartient de veiller à la satisfaction de nos besoins, de développer les capacités et de corriger les défauts dont nous sommes porteurs. Il nous appartient de veiller à agir de façon appropriée (action juste).

Nous sommes responsables de nos actes et de nos relations affectives et sociales. Nous sommes également responsables de la vie des autres.

Nous avons la responsabilité de notre bonheur, de notre malheur et de celui du monde dans lequel nous vivons...


De nombreuses personnes ne se sentent responsables de rien : tout ce qui leur arrive est de la faute des autres, de la malchance, de la mauvaise étoile, de l'Etat. Tout ce qui arrive aux autres est leur problème. "J'étais ivre ou sous l'emprise d'un produit, je ne savais pas ce que je faisais" est un argument qui ne tient pas au regard de la vue juste. 

C'est le culte de la victimisation entretenu par les religions et par certains Etats.


Des exemples de refus de la réalité :

  1. construire en zone inondable et se tourner vers l'Etat pour être indemnisé lorsqu'il y a une inondation.

  2. voyager en zone à risque et se tourner vers l'Etat lorsqu'on est pris en otage.

  3. profiter des bonnes saisons (agricoles, touristiques) avec des revenus conséquents sans anticiper les mauvaises saisons (épargne) et se tourner vers la collectivité (l'Etat et les autres) lorsqu'une saison est mauvaise.

  4. avoir une profession à très hauts revenus, et éviter la redistribution (payer des impôts) par une évasion fiscale, ou la dissimulation de biens.

Tout se passe comme si nous acceptions d'être responsable lorsque tout va bien, et que nous abandonnions cette responsabilité lorsque ça va mal...laissant aux autres le soin d'y remédier.

Même la justice est parfois imprégnée de cet état esprit, avec les circonstances atténuantes qui tendent à déresponsabiliser les individus. Il y au toujours une bonne raison pour justifier un acte, quelle que soit sa gravité.

Les jurisprudences sont pleines de ces cas qui ont une bonne raison d'avoir porté atteinte à la vie, à l'intégrité de personnes ou de biens. L'agresseur ayant généralement droit à une remise de peine, à une réhabilitation, la victime n'ayant jamais droit à une seconde vie !

Les personnes responsables savent que la solution se trouve en elles avant de faire appel aux autres. Elles sont capables d'assumer les conséquences de la liberté, et sont conscientes de leur marge de manoeuvre.

Les petits paysans de mon village n'attendaient pas les subventions européennes (il n'y en avait pas à l'époque) pour vivre, ils étaient conscients de leur responsabilité de prévoir les années difficiles.

Lorsque nous sommes responsable de notre vie, nous nous sentons également responsable de la vie en général.

Sans pour autant prendre toute la misère du monde sur nos épaules, se sentir responsable va au delà de nos limites personnelles. Responsabilité, conscience personnelle et du monde sont inséparables.

Il est difficilement envisageable d'être conscient de ce qui se passe dans le monde, sans se sentir concerné, et parfois sans agir.

J'appartiens à une génération qui s'est révoltée dans les années 60/70 contre le consumérisme, contre les exagérations du libéralisme économique et sa tendance au pillage de la planète et des ressources naturelles qui ne sont pas inépuisables, au détriment des populations. Nous avions anticipé et dénoncé ce qui se passe aujourd'hui. En même temps que les manifestations, nous avions adopté des modes de vie en conformité avec les valeurs que nous défendions. Cela n'a pas empêché ce qui se passe actuellement.

Il y a ce que nous pouvions faire à l'époque et ce que nous pouvions pas changer, même si nous refaisions le monde régulièrement.

Se sentir concerné amène à s'impliquer, à s'engager, à son niveau ou à plus grande échelle, selon les possibilités, les compétences et les affinités de chacun: ce peut être le sort des femmes dans un certain nombre de pays, l'alimentation et la protection des enfants dans certaines régions du monde, la répartitions équitables des ressources, les infanticides sexistes en Inde ou en Chine, la protection de la planète, la réalisation d'une réserve naturelle dans une région etc...les occasions d'être concerné et de s'impliquer sont tellement nombreuses.

Je ne peux pas changer la tendance au féminicide en Inde, mais je peux m'y intéresser, en parler, le faire savoir au plus grand nombre. Je peux boycotter les produits indiens. Si nous sommes nombreux à le faire peut être qu'un jour les Indiens se sentiront gênés d'être perçus de cette façon.

Si nous ne sommes pas nombreux à le faire, comme le colibri de Pierre Rabhit, nous aurons fait notre part. Si le monde ne se sent pas responsable de ce qui se passe en Inde, cela ne doit m'empêcher de le dire.

Peut être que quelque part dans l'univers la fille qui a été éliminée est en lien avec nous. Même si nous ne pouvons pas faire grand chose, ce que nous faisons crée et entretient ce lien.

Partager une information juste est déjà une implication, promouvoir la défense de la vie, la défense des droits des libertés fondamentales, éviter d'être injuste dans son propre environnement sont déjà un engagement.


Se contenter d'être contre quelque chose n'est pas forcément garant d'une implication, ni d'un engagement.

Toute action aussi petite soit elle est une façon d'être relié au monde, c'est un pas en faveur de l'interdépendance, de la solidarité, de la paix. C'est un frein à la destruction et à la violence.

Plus nous sommes nombreux à le faire et plus le monde aura des chances de changer....

Par exemple:

- beaucoup sont contre le "racisme", mais ne font pas grand chose pour promouvoir la tolérance, la solidarité, l'égalité, la justice sociale, la non-violence. D'autant plus que de nombreux "anti-racistes" se comportent comme des "racistes" d'une certaine façon.

- N'en déplaise au Dalai Lama10, il est surprenant de voir une jeunesse défiler dans les capitales du monde au nom de la protection de la planète, alors que 99% d'entre eux sont en addiction aux lobbies numériques qui sont parmi les plus gros pollueurs actuels. https://www.tourmag.com/Quand-telephones-et-tablettes-polluent-plus-que-les-avions_a100769.html

C'est aussi ignorer les mines de coltan où des centaines d'enfants esclaves travaillent et meurent pour fabriquer les smartphones.

Peut être que la "révolution" pourrait commencer par mettre fin à ces addictions, en rangeant les smartphones, en utilisant les ordinateurs avec parcimonie, en laissant tomber Amazon, Apple, Booking, Instagram, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Netflix, Twitter, Uber, Yahoo et compagnie.

Peut être que l'on pourrait remettre les tablettes, téléphones, ordinateurs à leur place de simples outils comme l'étaient les dictionnaires et les encyclopédies avant Wikipedia.

Le développement de la conscience permet de mieux profiter de la beauté et des côtés agréables de la vie, mais aussi d'en découvrir les ombres, et les horreurs. L'un ne devant pas empêcher l'autre. Notre responsabilité d'êtres humains est de valoriser la beauté du monde et des gens tout en étant capable de dénoncer et d'empêcher les horreurs afin de concourir au réenchantement du monde.

Célébrer des commémorations en psalmodiant "plus jamais ça" par rapport au passé tout en laissant le ça se reproduire encore et encore sans vraiment intervenir pour que ça ne se reproduise plus ne relève pas de la prise de conscience, à moins que le ça ne concernent que certains groupes de personnes !

4 - la pratique du Noble Sentier est un outil de développement de cette conscience.

Le Noble Sentier Octuple est une voie pouvant mener à l'éradication de la souffrance, à la libération, au détachement, et au bien être, par une pratique concrète régulière.

Ces vérités relèvent en fait d'un certain bon sens, et le fait de les comprendre et de les accepter comme telles est déjà un grand pas sur le chemin de l'éveil.

Ce n'est pas tant la connaissance qui intéressait Bouddha et ses disciples, mais ses effets sur la libération de la souffrance au niveau pratique.

L'éveil est à considérer comme un éveil à soi même, en même temps qu'au monde : découvrir la nature de la souffrance et de la réalité, conduit immanquablement à découvrir sa propre nature.

La pratique du Noble Sentier en développant le champ de la conscience dans tous les domaines de la vie, nous aide à re-devenir "soi-même", grâce au regard profond et à la compréhension de notre histoire.

L'éveil spirituel consiste à découvrir qu'un égo autonome est une grande illusion. Nous ne sommes pas ce que nous croyons être ni ce qu'on nous fait croire que nous sommes. Nous sommes d'abord nous, indépendamment de ces croyances, et parfois la différence est surprenante.

S'éveiller serait la capacité de relativiser l'égo au profit de qui nous sommes réellement. L'illumination est le moment où l'on rencontre le vrai soi.

C'est la partie la plus difficile de la quête, parce que l'égo n'est pas disposé à se laisser faire, et le monde qui l'entoure encore moins.

Être soi c'est s'aimer inconditionnellement, s'accepter et se respecter tel qu'on est, aussi bien physiquement qu'intellectuellement, affectivement, spirituellement. Être bien dans son corps, dans son âge, dans son sexe, avec un psychisme différencié, dégagé des confusions d'identités, de places, de rôles, libre des dépendances, tout en ayant des relations distanciées avec les autres, basées sur le respect de la différence.

C'est être capable de ressentir, de penser, de faire des choix, de désirer, de décider et de s'exprimer en son nom propre et à sa place, en pleine conscience, en assumant ses responsabilités.

Cela suppose d'être conscient de ce qui dans notre histoire influence notre façon d'être et d'agir, d'accepter ce qui a été (positif ou négatif) et de venir habiter le présent.

C'est ce que vise la pratique du Noble Sentier Octuple.


" La sagesse des humains ordinaires, c'est accepter l'imperfection; chez les autres comme chez soi : elle n'est pas toujours preuve de laisser aller ou de médiocrité. Accepter l'imperfection, c'est aussi la preuve que le goût de la vie l'a emporté sur l'obsession de l'image de soi." 10


Accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout maîtriser, et que certaines choses nous échappent.


Albert Einstein a dit lors d'un discours en 1932 au profit de la ligue des droits de l'homme : "L'expérience la plus belle et la plus profonde que puisse faire un homme est celle du mystère. Sentir que derrière tout ce que nous pouvons découvrir, il y a quelque chose qui échappe à notre compréhension et dont la beauté, la sublimité ne peuvent nous parvenir qu'indirectement, voilà ce que c'est que le sentiment du sacré, et en ce sens je peux dire que je suis religieux".

    



Concrètement : (par exemple...)



  1. Puce Lorsqu'on a l'impression de ne plus rien comprendre à notre vie, de ne plus savoir par quel bout la prendre, lorsque nous avons un passage à vide ou lorsque nous traversons une épreuve difficile, ne pas mettre un mouchoir par dessus, en se disant que cela va passer, ni demander à un dieu de s'en occuper, encore moins de prendre des médicaments ou d'autres produits pour oublier, et surtout pas d'y mettre fin en se supprimant.  Ne pas rester seul(e).


Se faire aider ponctuellement par un(e) ami(e), ou mieux par un professionnel de la relation d'aide - psychiatre, psychologue, psychothérapeute, afin de traverser cette période en toute conscience et de s'enrichir de l'expérience.

Revenir à la conscience claire de ce qui est, accepter, comprendre, dépasser. Apprendre à re-devenir soi.

(je n'évoque pas ici les coachs, chamans, gurus, et autres opportunistes apparus ces dernières décennies, leur formation et leur mode d'action ne garantissant pas ce qu'on peut attendre d'une relation d'aide).


  1. Puce Arrêter la confusion de rôles, de genres, de sexes, d'âges etc...:

notre femme n'est pas notre mère, notre bonne à tout faire, ce qui ne l'empêche pas de prendre soin de nous, pas plus que nous ne sommes son "bébé", son père, son homme à tout faire, son garde du corps, ce qui ne nous empêche pas de prendre soin d'elle.


Notre fille n'est pas notre petite amie ou notre amante, pas plus que ses copines du même âge.

Notre fils n'est pas un copain, pas plus que ses amis.

Notre secrétaire n'est pas une "bonne à tout faire", ni un factotum à qui nous pouvons tout demander.

Notre patron ou le chef n'est pas notre père, ni un copain encore moins un amant, les collègues ne sont pas des frères et soeurs etc....


Arrêter d'appeler les autres, ou de se faire appeler, "les enfants", les "jeunes", les "vieux", les "séniors", les "immigrés", les "P.D." en les enfermant, ou en se laissant enfermer dans des catégories identitaires bidons.


  1. Puce Arrêter de vouloir toujours tout positiver : De nombreuses personnes ne voient que le mauvais côté des choses, comme si leur détecteur ne remarquait que ce qui ne va pas.

Mais aussi nombreuses sont les personnes qui s'ingénient à vouloir tout positiver. Dans toutes les situations, elles s'arrangent pour voir un bon côté, même quand il n'y en a pas. Elles sont autant dans le leurre que les autres. Parce qu'elles refusent ce qui est et se masquent la réalité.


  1. Puce Accepter ce qui est. Prendre conscience de ce que cela provoque en nous. Accepter, comprendre, agir ou lâcher prise selon les circonstances. La majorité des gens, des choses, des situations ne sont ni bonnes ni mauvaises, par essence. C'est nous ou le contexte qui leur attribuons une valeur. C'est le "Foutez vois la paix" de Fabrice Midal, arrêter de vouloir tout contrôler, de vouloir tout comprendre, de vouloir donner du sens à tout. C'est juste être présent à ce qui est, accepter ce qui est.


  1. Puce Arrêter de spéculer: que le verre soit à moitié vide ou à moitié plein ne change rien. Seule l'eau qu'il contient a le pouvoir de désaltérer.

Lorsque j'étais dans le sahara, j'aurais avalé deux litres d'eau avec plaisir. Mais un verre suffisait parfois à me désaltérer. Sachant qu'il n'y avait qu'un verre, je le savourais, à petite gorgée, très présent au chemin que parcourait cette eau dans mon corps. Je la laissais le plus longtemps possible dans la bouche, pour la distiller goutte à goutte et l'accompagner dans le bien qu'elle pouvait m'apporter. Je n'ai jamais trouvé l'eau aussi bonne que pendant ces instants. C'est d'ailleurs ce que font les nomades lorsqu'ils boivent le thé. Celui qui a but sa bouteille d'un litre d'une traite avait fini avant moi et avait encore soif.

Je ne dis pas que cela se substitue à la quantité d'eau qu'il faut pour hydrater un corps et le garder en bonne santé. Les personnes qui sont déshydratées au point de risquer leur vie ont besoin de plus d'un verre d'eau. Heureusement nous ne sommes pas tous, tout le temps, en danger de mort hydrique.

On peut appliquer cette expérience à de nombreux domaines de la vie courante. (travail, amour, argent, santé etc...)


  1. Puce Au lieu de se plaindre du peu de temps qu'il nous reste à vivre ou à passer ensemble, prendre du plaisir à ce que nous sommes en train de vivre maintenant.


  1. Puce Pratiquer l'émerveillement. Cultiver la présence consciente à ce qui est, en sachant se nourrir de ce qui est.

En se rendant disponible à ce qui est, on s'aperçoit qu'il se passe beaucoup plus de choses qu'on ne le croit dans la vie. Ce qui augmente l'éventail des choix. Être émerveillé ne se substitue pas à la conscience de l'aspect négatif de certaines situations. Pratiquer l'émerveillement permet de rester conscient de ce qui ne va pas, tout en profitant pleinement de ce qui va.

C'est vrai qu'il y a des guerres, des famines, des atrocités qui se passent près ou loin de chez nous, il importe de ne pas les nier, ni les banaliser, et encore moins d'être passif, mais sachons aussi profiter de tout ce qui est beau et bon près ou loin de chez nous.


  1. Puce Se libérer de l'attachement : La prise de conscience de la précarité de la vie et de toutes choses fait apprécier leur caractère unique et leur beauté, beaucoup plus qu'on en a l'habitude.


C'est pourquoi je trouve important d'être heureux de s'éveiller chaque jour à un jour nouveau. Même si ce n'est pas toujours "rose".

Cela ne va pas sans une confrontation aux peurs qui nous maintiennent dans le besoin de certitude, de possession.

Mais ces peurs n'ont jamais empêché que nos amis, nos parents nous quittent ou décèdent, ni empêché que les choses ou les situations changent s'abîment, ou cassent . Elles ne servent donc à rien, ces peurs.


  1. Puce Lâcher prise en commençant par des actions simples: nettoyer et ranger le grenier ou la cave en se débarrassant de ce qui est inutile, vétuste, obsolète. (soit en donnant, soit en vendant dans un vide grenier). Se séparer du vieux service de porcelaine de tante Adèle dont on ne s'est jamais servi et qui prend une place folle est une bonne façon d'apprendre à lâcher prise.

Vider son dressing en donnant ou vendant les vêtements que l'on portait il y a 20 ans, 10 ans, que l'on n'a plus jamais mis depuis et que l'on garde pour un tas de "bonnes raisons" (gaspillage, souvenir, nostalgie etc...)

Cela aide à apprendre à lâcher prise, à faire la part des choses, et peut aider, au passage, à régler un problème de constipation chronique.

Cela aide aussi à se poser la question lors de nouvelles acquisitions : en ai-je vraiment besoin ou est-ce encore un truc que je vais mettre une fois et laisser dans le placard ?


Lâcher prise donne de la liberté. Si nous sommes toujours dans l'attachement: colère, anxiété, possession, jalousie, nous ne sommes pas libres.


Savourer chaque instant, chaque chose, chaque être, chaque situation avec un incroyable plaisir, si ennuyeux ou pénibles puissent-ils être parfois, rend chaque moment unique.


Aimer sans attente, sans faire de projet sur l'autre, sans dépendance, simplement parce qu'il(elle) est là, quand il(elle) est là.


  1. Puce Un livre : Denis Doucet - Savoir lâcher prise- Ixelles éditions-Bruxelles-2009

                  Claude Steiner - Le conte chaux et doux des chaudoudoux- InterEditions- Paris -1984 à lire en famille

                  Steve Hagen - Buddhism Plain & Simple - Broadway Books - NY -1998



1 - Frederic Lenoir - Petit Traité de vie intérieure - Plon - 2010

2 -5  Thubten Chödron-Coeur ouvert, esprit clair- Dangles- Saint jean de Braye-1999

4 - 7 - 9 Moussa Nabati - le bonheur d'être soi- Fayard - 2006

3 - 10 Christophe André- Imparfait, libre et heureux- Odile Jacob- Paris 2009

6 - Yves-Alexandre Thalmann- Petit Traité de Démanipulation Publicitaire- Jouvence-2010

8 - Abraham H Maslow- Devenir le meilleur de soi meme- Eyrolles-Paris-2008

     Abraham H Maslow- L’accomplissement de soi- Eyrolles- Paris-2002

9 - Small is Beautiful - E F Schumacher - Seuil - 1973

10 - "Faites la révolution, l'appel du Dalai Lama à la Jeunesse" - Massot editions -2019

 

Introduction
Histoire
Enseignement
4 nobles vérités
Noble sentier octuple
Vue Juste
Pensée juste
Attention juste
Parole juste
Action juste
Effort juste
Concentration juste
Moyens d'existence justes
Idées reçues et paradoxesBouddhisme_laic_introduction.htmlBouddhisme_Histoire.htmlBouddhisme_Enseignement.htmlBouddhisme_Quatre_Nobles_verites.htmlBouddhisme_Noble_Sentier_Octuple.htmlBouddhisme_pensee_juste.htmlBouddhisme_attention_juste.htmlBouddhisme_parole_juste.htmlBouddhisme_action_juste.htmlBouddhisme_effort_juste.htmlBouddhisme_concentration_juste.htmlBouddhisme_moyens_existence_justes.htmlBouddhisme_moyens_existence_justes.htmlBouddhisme_et_paradoxes.htmlBouddhisme_et_paradoxes.htmlshapeimage_2_link_0shapeimage_2_link_1shapeimage_2_link_2shapeimage_2_link_3shapeimage_2_link_4shapeimage_2_link_5shapeimage_2_link_6shapeimage_2_link_7shapeimage_2_link_8shapeimage_2_link_9shapeimage_2_link_10shapeimage_2_link_11shapeimage_2_link_12shapeimage_2_link_13shapeimage_2_link_14