Cuba "l'Oriente"
du 28/01/20120 au 12/02/2020
Jour 01 28/01/2020 Départ de France. Vol Air France pour La Havane.
Le côté agréable: on part à 14h30 et on arrive à 18h30 grâce au décalage horaire (06h) alors qu'il y a 09h de vol.
Une représentante de l'agence nous attend à l'arrivée et nous confie à David, un chauffeur de taxi sympathique, qui nous emmène à la casa particular en musique, premier contact avec Cuba: Sarandonga.
Les banques sont fermées. Heureusement il nous restait un peu d'argent de l'année dernière pour aller dîner.
Dîner au Van Van qui se trouve à proximité de la casa. Un bon restaurant, sympathique avec des prix corrects. Leur carte s'est réduite, mais la qualité y est toujours. Bons groupes de musique.
Hébergement : Azul Habana, calle Habana 54 . Nous l'avons choisi, parce que c'est confortable, correct et bien situé. Cette année un peu plus bruyant que l'année précédente. Les touristes claquent les portent de leur chambres au lieu de les refermer et parlent fort quelque soit l'heure. Nous sommes dans l'ère des incivilités et de l'égocentrisme.
Jour 02 29/01/2020 La Havane - Camagüey 550 km environ Départ à 10h30, arrivée à 18h20
Après un petit déjeuner bien agréable sur la terrasse, rencontre avec Yadira, représentante de l'agence, pour un briefing avant le départ pour l'Oriente.
Vérification du programme, mise à jour éventuelle. Remise d'un téléphone avec le numéro de la conciergerie, un numéro d'urgence et celui du chauffeur. Un petit crédit est accordé pour des appels ou l'envoi de SMS. Remise d'une carte de crédit Wifi.
Nous découvrons qu'à la Havane il y a des activités dont la représentante française ne nous a pas parlé: la Havane sociale et la Havane avec un ami. Deux activités qui sortent un peu des circuits touristiques classiques.
Nous souhaitons changer de l'argent. Impossible, pas le temps, la route est trop longue.
C'est vrai que lorsqu'on voit la file d'attente devant les banques, on imagine le temps que cela doit prendre. Nous verrons en route.
La voiture est une berline Morris Garage (licence chinoise) spacieuse et confortable appartenant à la compagnie de taxi d'état (jaunes).
Nous rencontrons Luis Enriqué, le chauffeur pour tout le programme. Un homme jeune de 41 ans, correct, tiré à quatre épingles, mâchoires et épaules crispées, bon mangeur. Il ne parle qu'espagnol.
Si nous nous demandons toujours à quel type de chauffeur nous allons avoir affaire, certains d'entre eux doivent aussi parfois se demander sur quels clients ils vont tomber. Ce qui suppose une période d'observation réciproque les premiers jours.
Autopista de la Havane à Sancti Spiritus et Carretera Central de Sancti Spiritus à Camagüey.
Contrairement à l'an dernier où la voiture minuscule que nous partagions avec le chauffeur et le guide roulait à 60 km/h cette année on roule à 100km/h. Sauf sur certains axes ou en anticipation des nombreux contrôles de police.
Le chauffeur s'arrête pour acheter un sandwich au porc grillé. Cela a l'air tellement appétissant que nous en prenons un aussi.
Arrêt déjeuner dans un restaurant d'autoroute : le Tarapi, au km 140.
Beau buffet (12 cuc) et bons bochadillos (3 cuc). La serveuse fait une crise parce que j'ai fini l'assiette de Nadia qui n'avait plus faim. Elle voulait compter cela comme deux buffets, alors que j'avais pris un autre plat.
Une prochaine fois, c'est mieux de s'arrêter au km 143 au restaurant d'autoroute Los Martinez. Moins cher et très correct.
Arrivée à Camagüey. Nous sommes accueillis par Félix, représentant de l'agence, et Dolores qui sera notre guide le jour suivant.
Felix est un jeune homme surprenant d'efficacité. Il propose de retirer de l'argent au GAB et de nous changer nos euros au taux bancaire officiel. Ce que devrait faire la représentante de La Havane. Il s'occupe de notre réservation pour l'activité La Havane sociale, il se renseigne sur les horaires, les tarifs et la disponibilité d'un guide forestier à la Hacienda de Belen. Il passe nous voir plusieurs fois dans la journée pour s'assurer que tout va bien.
En 40 ans de carrière touristique c'est la seconde fois que nous rencontrons cela.
Dolores nous explique le programme du lendemain. Nous demandons s'il est possible d'ajouter la visite d'un marché.
L'an dernier le guide évitait ce genre de visites, cette année la représentante Française nous avait dit qu'il n'était pas possible de modifier les programmes établis et que nous pouvions faire ces visites sur notre temps libre.
Pour Felix et Dolores il est tout à fait possible d'adapter les activités à l'attente spécifique des clients. C'est bon à savoir.
Dîner de survie(repas lyophilisé) il est tard et la casa est assez éloignée des restaurants populaires.
Hébergement : Casa Eduardo y Geraldine. Correct, propre, simple. Une maison ordinaire.
Jour 03 30/01/2020 Carmagüey autrement
Après un petit déjeuner sur la terrasse avec vue sur les toits de la ville, sous un doux soleil matinal, Dolores nous emmène au Mercado Hatibonico.
Des stands, des huttes, des étalages. Deux parties : une partie publique dont les produits viennent de cultures d'état, vendus à des prix fixés par l'état, une partie où les produits viennent de cultures privées vendues par des privés à des prix légèrement supérieurs pour une qualité qui serait "meilleure".
Habitués aux marchés asiatiques qui regorgent de fruits et légumes, avec des monticules de produits frais, extrêmement variés, colorés, abondants et appétissants, bien que que le niveau de vie ne soit pas différent de celui de Cuba, nous sommes frappés par la monotonie des étalages, le manque de choix et l'aspect des produits. Beaucoup d'oignons et d'ail, des stands de tomates, des poivrons, des courges, des patates douces, des tubercules de manioc, différentes sortes de haricots secs, des bananes défraichies. Un stand de poissons, un stand de plantes aromatiques et médicinales.
Les gens semblent parcimonieux. Est-ce par manque de choix, ou par habitude d'une sobriété imposée par les circonstances ?
Nous découvrons que le peuple Cubain vit toujours avec des carnets de rationnement donnant droit à une certaine quantité de riz, de café, d'huile, de sucre, de haricots etc... par personne et par mois, le lait étant réservé aux enfants et aux personnes âgées. Les produits de base sont garantis à tous à un prix fixé par l'état, même pour les gens plus aisés !
Si les gens veulent plus ou de meilleure qualité, ils peuvent acheter dans des magasins privés à des prix beaucoup plus élevés.
Dolores dit que que les produits alimentaires ne peuvent pas circuler d'une région à l'autre. Les légumes et les fruits vendus à Camagüey doivent venir de la région de Camagüey. Il ne semble pas envisageable qu'une autre variété de fruits ou de légumes cultivés ailleurs sur l'île soient vendus au marché de Camagüey !
Ce marché nous ouvre les yeux sur des réalités sociales et économiques bien différentes des palais espagnols, des maisons coloniales, des cathédrales rutilantes, des plages exotiques.
Nous quittons le marché pour aller visiter la Compagnie de ballets classiques et contemporains (sede del ballet de Camagüey) Carretera central Este, entre 4TA y la Vega, reparto Garrido, dirigée par Mme Regina Maria Balaguer Sanchez.
Cette école a été fondée par Fernando Alonso (1914-2013), danseur cubain renommé, fondateur du ballet national de Cuba avec son frère Alberto et sa femme Alicia Martinez.
Il s'est installé à Camagüey, a fondé et dirigé cette Compagnie après des séjours aux Etats Unis et à la Havane. Son frère, son ex-épouse et lui sont à l'origine du style classique cubain: mélange de style occidental, russe et latin.
Nous sommes accueillis par la chargée de relations publiques Biana Aguiar Barrueto qui nous emmène dans une salle de cours. Des danseuses s'échauffent et répètent des chorégraphies en vue d'un prochain spectacle. Elles sont encadrées par les professeurs Lila Martinez et Maria de los Angeles Valera.
Si j'aime certains ballets contemporains, je suis réfractaire à la danse classique, que je trouve rigide, coincée, répétitive. Impression d'exercices de style et de cabotinage.
Je réalise en assistant à ces répétitions que la danse classique est beaucoup plus émouvante à regarder en entrainement qu'en représentation. Lorsque les danseuses ne sont pas emprisonnées dans leurs tutu et leurs sourires figés, leurs gestes paraissent plus fluides, plus sensuels.
Nous sommes littéralement subjugués par ces jeunes femmes qui se concentrent, recommençant inlassablement des mouvements jusqu'à atteindre la perfection du geste et l'approbation du professeur. Je suis impressionné par le niveau de concentration de ces jeunes femmes.
Je n'ai rencontré ce niveau "d'être en soi" que dans des académies de danse en Inde. Une présence consciente, une intériorité d'une puissance exceptionnelle. Pas de sourire à destination d'un public à conquérir, pas de mouvements de têtes ni de regards accrocheurs. L'effort juste et une présence profonde à ce qui passe en elles, du sommet du crâne aux bouts des doigts, des mains et des pieds. Elles sont dans ce qu'elles font et non dans ce qu'elles montrent. L'émotion à l'état brut. Sublimes. Merci pour ce partage inattendu.
Nous visitons ensuite l'atelier où sont fabriqués sur mesure par Aurora Martinez et René Hechemendia, les chaussons des danseuses et leurs tenues de scène. Contrairement aux autres académies y compris les ballets de la Havane qui achètent à prix fort des articles de danse importés, cette compagnie fabrique tout ce dont elle a besoin, par souci d'économie.
L'école présente un spectacle de danse pour l'anniversaire de la ville le 08 février, nous y serons.
Après la Compagnie de ballets nous rejoignons la maison du Ballet Folklorico de Camargüey (Callejón Finlay, Nº 4. entre República y Lope Recio), fondée en 1991 par Reynaldo Echemendia Estrada. Reynaldo est un musicien, compositeur-arrangeur, chorégraphe, chanteur folk et professeur de musique. Il est directeur général et artistique du Ballet Folklorico de Camagüey de renommée nationale et internationale.
Alors que nous étions censés assister à des répétitions de ballets folkloriques, nous assistons à la répétition d'un spectacle basé sur le chant, très émouvant. Un groupe répète une scène associant chants et textes, tantôt en espagnol, tantôt en yoruba (langue des esclaves) sous la direction de Reynaldo, personnage charismatique impressionnant. Nous avons été subjugués par les chants polyphoniques de ce groupe et la voix de Géraldine Gallando Munaz. Nous n'avions pas envie de partir.
Petite balade dans la calle Republica, très commerçante avec la plaza del Gallo, le parque Ignatio Agramonte son bar typique El Cambio, la calle Cisneros, la calle Paco Recio.
Pause rafraichissante à la terrasse de l'un des cafés-terrasses de la place San Juan de Dios.
Visite de deux galeries d'art : celle de Magdiel, peintre-sculpteur aux oeuvres complexes : assemblages de formes qui parfois s'articulent pour laisser place à des surprises, celle de Jose D. Gutiérrez Cabrera dit Pepe, sculpteur de cuir très créatif chez qui on peut acheter des créations en cuir à des prix très abordables.
Direction la place El Carmen, avec son église à deux clochers Iglesia de Nuestra Seniora del Carmen et les bronzes de l'artiste Martha Jimenez Perez. Personnages assis, immobilisés dans ce qu'ils étaient en train de faire, comme si le temps s'était arrêté.
Déjeuner au restaurant El Paso, un des meilleurs restaurant de notre séjour. C'est frais, c'est bon, c'est copieux.Pas de musique enfin.
Visite de la galerie de Martha Jimenez. Dommage que l'on ne puisse pas faire de photos pour partager la créativité de cette artiste. Elle a une vision très personnelle de la femme.
Retour vers le centre ville, visite de la cathédrale de Nuestra Senora de la Candelaria, et de la casa natale d'Ignacio Agramonte (1847-1873) une des figures de la première "révolution" cubaine lors de la guerre des dix ans.
Grande maison coloniale, où l'on se rend compte du faste dans lequel vivaient les Espagnols, y compris ceux qui se révoltaient contre le système.
Nous n'avons pas eu le temps de voir la vue panoramique sur la ville de la terrasse du Gran Hotel ou de la tour de la cathédrale, ni de faire la visite de l'église de la Merced et ses catacombes prévus dans le programme.
La journée était bien remplie, ce sera pour une prochaine fois.
Dîner au restaurant la Meson del Principe. Il faut réserver au risque d'attendre un certain temps. Surprise: contrairement à la majorité des restaurants Cubains même populaires, le prix des plats ne concerne que la viande ou le poisson. Si on veut du riz c'est en supplément, si on veut des légumes c'est en supplément, si on veut de la salade c'est en supplément. Sachant que le prix des plats non garnis est identique voire supérieur aux mêmes plats garnis dans les autres restaurants.
Au moment de payer le serveur présente l'addition précisant qu'on a le choix entre 3 pourboires indiqués sur la facture: 10%, 12%, 13 %. La facture étant de 21,55 cuc, cela donne 2,15 ou 2,58, ou 2,80 au choix.
N'ayant pas assez de monnaie pour faire l'appoint nous lui donnons 25,55 cuc. Il est censé nous rendre 4 cuc. Nous attendons la monnaie afin de laisser le pourboire que nous avons choisi. Rien. Il s'est mis 4 cuc dans la poche d'office! Nous avons du réclamer. Estafa ! Never !
Hébergement : casa particular Eduardo y Geraldine. Correct, propre, simple. Une maison ordinaire.
Jour 04 31/01/2020 Camaguey - Bayamo. 240 km Depart 08h00 - Arrivée 18h15
Ayant lu des avis positifs sur les forums à propos de la Sierra del Chorillo et de l'hacienda de Belen avec son sentero de las aves, comme c'est à proximité de notre route nous avons négocié, dès le début, la possibilité d'ajouter cette visite à notre parcours.
Bien que ce soit à 37 km de Camagüey, il nous a fallu du temps pour y aller et en revenir. Une demi heure de bonne route et une heure quinze de piste complètement défoncée où ne passent que les charrettes attelées ou des poids lourds à l'aller et au retour.
L'environnement est intéressant, des villages vétustes perdus, d'une grande pauvreté. L''hacienda est fleurie et verdoyante. Si on n'a pas prévenu avant (ce qu'à fait Felix) inutile de se présenter. 5 cuc l'entrée + 10 cuc de sentier des oiseaux par personne + le pourboire au guide forestier (Camilo). L'hôtel d'état n'est pas attrayant, la piscine ne donne pas envie de s'y baigner, la nonchalance du personnel est déconcertante !
Quant au sentero de los aves, on marche une demi heure sur un sentier caillouteux entre deux pâtures où sont mis en quarantaine des chevaux malades notamment infestés par des tiques, sous traitement vétérinaire. On atteint finalement une forêt broussailleuse où l'on entend quelques oiseaux plus qu'on ne les voit. Le guide forestier nous montre sur son portable la photo de l'oiseau que nous entendons. Grâce à son pointeur lazer nous avons pu entrevoir à contre jour au sommet de grands arbres quelques oiseaux.
Le lendemain je constate que je suis piqué par une tique(chinche), ce qui nous vaudra une consultation en parasitologie et des examens sanguins dès notre retour en France afin de vérifier que je ne suis pas contaminé par la borréliose (maladie de Lyme) ou autre bactérie indésirable. Cette visite est réellement sans intérêt et ne mérite pas les avis positifs des forums.
Déjeuner dans un tout petit resto populaire sur la piste. Il n'y a que 5 tables, toutes occupées par des locaux de passage. Simple et bon. Uniquement viande de porc assez grasse et riz avec des légumes frais.
Route pour Bayamo avec un pause café dans un restaurant routier à Las Tunas : le Rancon de la Rotoda. Le seul endroit où les toilettes étaient gratuites ! Nous observons dans les stations services que la majorité des Cubains qui descendent des bus locaux, se précipitent derrière les buissons pour "los banios" afin de ne pas payer.
L'an dernier on donnait 0,25 cuc à la dame "pipi"placée devant toutes les toilettes publiques. Aujourd'hui elles affichent leur tarif : 1 CUC.
Arrivée à Bayamo, où nous sommes accueillis par Alain le guide qui nous fera visiter la ville le lendemain. Comme à Camagüey, le guide nous accompagne à la casa particular, Il nous présente à nos hôtes et vérifie la chambre.
Il nous fait un petit briefing pour la journée du lendemain et nous accompagne au restaurant pour le dîner.
Nous découvrons une personnalité particulière: Alain est animateur à la radio et à la télévision de Bayamo et animateur dans un cabaret. Comme Dolores il est également professeur de Français. Il est très connu dans la ville, de nombreuses personnes s'arrêtent pour le saluer.
Dîner au San Carlos, un restaurant bondé et apprécié des locaux, avec un chanteur tonitruant. Bien que le repas et les tarifs soient corrects, il est impossible d'avoir une conversation et désagréable de manger dans une telle ambiance.
Après le repas, Alain nous emmène faire un petit tour de ville, relatant les faits historiques qui ont émaillé les différentes places. Nous découvrons qu'à la suite d'une défaite face à l'armée espagnole, les habitants de Bayamo ont incendié totalement leur ville avant de fuir afin de ne pas leur abandonner.
Plaza Carlos Manuel Cespedes, plaza del Himno où a été chanté pour la première fois l'hymne national cubain La Bayamesa écrit par Perucho Figueredo.
Rencontres imprévues avec d'anciens élèves de français, dont Celis Cordoza Sanchez, un menuisier autodidacte, doué pour la sculpture. Il a réalisé des meubles et des décors d'une grande créativité pour des particuliers mais aussi pour le plus grand hôtel de la ville.
Nous sommes stupéfaits de découvrir à quel point les Cubains sont doués pour les arts.
Hébergement : Villa Leone. Simple, correct, propre. Une maison ordinaire. Le premier soir nous étions dans la chambre qui donne sur la rue qui n'est pas bruyante. Par contre la climatisation qui date du milieu du 20ème siècle était très bruyante. Il y avait aussi un congélateur dans la chambre. Le propriétaire nous a proposé de changer de chambre le lendemain.
Jour 05 01/02/2020 Bayamo autrement départ 09h00 retour vers 16h
Petit tour de ville en calèche, qui n'est pas un folklore pour touriste, mais un moyen de transport très utilisé par les locaux comme dans de nombreuses petites villes de Cuba. D'autant plus apprécié pendant cette période de pénurie de pétrole due à Donald Trump.
Visite un peu longue de la Torre de San Juan Evangelista, ruines de l'église détruite lors de l'incendie de 1869 et du Retablo de los Heroes avec la statue de Francisco Vicente Aguilera accompagné de 33 portraits d'hommes et de femmes indépendantistes de la région qui l'ont suivi dans sa tentative de lutte contre le système établi.
La calèche nous emmène ensuite sur son lieu de naissance: la Fabrica de los Coches. Les calèches ont été introduites à Cuba par les Français comme les orgues de Barbarie.
Entreprise d'état, pas encore musée et plus tout à fait atelier, il ne semble pas que l'on y fabrique encore des calèches, en dehors des miniatures qui seront vendues dans les boutiques pour touristes. Deux calèches en cours de construction et une calèche finie donnent l'impression que l'activité perdure. Manque de matières premières, manque de commandes, l'activité principale consisterait à réparer et attirer le peu de touristes qui passent par Bayamo. Ce que confirme ce site cubain: https://www.cibercuba.com/videos/noticias/2018-06-07-u191280-e42839-s27061-fabrica-coches-bayamo-no-fabrica-nada
Direction parque museo Nico Lopez. Une caserne qui ressemble davantage à un château de sable de notre enfance grandeur nature qu'à une forteresse militaire. Le musée installé dans l'ancien mess des officiers est dédié à Nico Lopez, autre indépendantiste de la région. Sans grand intérêt.
La calèche nous conduit à la plaza de la Patria où Castro a prononcé son dernier discours en juillet 2006 avant de passer le pouvoir à son frère Raoul. Devant cette immense place qui ressemble à toutes les immenses places des villes cubaines, nous ne pouvons nous empêcher de penser à ces milliers de personnes qui se tenaient debout parfois pendant 08h00 à écouter le leader faire ses monologues sans fin. Un monument dédié aux héros Cubains (Cespedes, Maceo, Maximo Gomez, Perucho Figueredo, Fidel Castro) abrite un musée qui raconte le parcours de Castro.
Dans chaque ville que nous avons visitée nous avons eu droit à la répétition de l'histoire cubaine, les guides ne sachant pas ce que les autres nous ont dit. Histoire souvent limitée aux héros de l'indépendance et à la révolution castriste.
La calèche nous dépose à l'entrée du Paseo Bayames (General Marcia), rue piétonne et commerçante qui remonte jusqu'au parque Cespedes. Une rue originale où les poteaux sont transformés en arbres ou en tubes de peinture. On y trouve la plupart des restaurants de la ville devant lesquels il y a des files d'attentes impressionnantes (les cubains des villes vont beaucoup au restaurant) les boutiques d'état et privées devant lesquelles il y a autant de files d'attentes.
C'est dans cette rue et les ruelles qui lui sont proches que se déroule la fameuse Fiesta de la Cubania tous les samedis soir.
Visite du Museo de Cera, le musée Grévin, ou le Madame Tussauds Cubain: des statues de cire représentent différentes personnalités cubaines du monde artistique ou sportif. Nous avions peur d'avoir encore affaire aux héros de l'indépendance ou de la révolution. El Gabo, Hemingway, Rita Montaner, Maximo Francisco Repilado Munoz, Nicolas Cristobal Guillen Batista, Benny Moré, Sindo Garey, Teofilo Stevenson(Pirolo) et bien d'autres. Seuls Marti et Cespedes représentent la catégorie politique.
Nous redécouvrons le parque Cespedes cette fois sous le soleil. Une jolie place. Visite de la Casa Natal de Carlos Manuel De Cespedes.
A la différence des autres "casa" que l'on visite à Cuba, ici les photos sont payantes. Il n'y a pourtant rien de spécial: même style de meubles, de vaisselle, que dans toutes la casa natales. Seuls quelques objets personnels diffèrent. Ne souhaitant pas payer, nous rangeons nos appareils photos: nous serons suivis pendant toute la visite par des gardiennes pour s'assurer que nous ne prenons pas de photos ou que nous dérobions la vaisselle ! Cool !
Déjeuner à la Meson de la Cuchipapa. Très fréquentée par les groupes de touristes, longue attente, repas simples, corrects. Musiciens assourdissants.
Après le restaurant, visite de la casa de la Trova Bayamesa ! Un spectacle pour touristes avec des musiciens plus concernés par le"racolage économique" que par la musique traditionnelle. Cela ressemblait davantage à un "club de vacances" pour personnes âgées, invitation à danser, humour grivois, vente de disques et quête.
Nous continuons notre visite seuls : l'iglesia Parroquial Mayor de San Salvador reconstruite après l'incendie de 1869, où avait lieu une cérémonie présidée par un archevêque. Très beaux chants Cubains.
Le quartier qui longe la rivière Bayamo est moins intéressant.
Dîner dans une entrée d'immeuble transformée en restaurant miniature sur le pouce, c'est le seul endroit ce samedi soir où il n'y a pas de file d'attente et où les prix sont restés raisonnables: bocadito de jamon y queso, de Chorizo y queso, sandwich espécial, flan de leche .
Dans toutes les rues, des restaurateurs et des opportunistes, avec tables et présentation de plats à des prix élevés. Barbecue de viandes et de poissons. Tous les Bayamais sont de sortie, c'est la fête, on danse partout, on mange partout, il y a des spectacles de rue. Les filles se sont maquillées et portent des vêtements encore plus sexy que dans la journée. On boit aussi beaucoup, Bayamo s'enivre.
C'est à découvrir: la vie nocturne familiale traditionnelle cubaine. Cela nous rappelle les fêtes de villages et des petites villes, en France, avant le grand "chambardement".
Nous rencontrons plein de gens avec qui nous échangeons grâce aux connaissances en espagnols de Nadia. Un joueur d'échec, sport national après le baseball, un médecin Alberto Rosales Infante et son ami biologiste qui revient de mission au Congo où il a fait de la recherche sur Ebola etc...
Hébergement: Villa Leone, le propriétaire nous a gardé la seconde chambre, plus confortable que la première, avec un climatiseur moderne.
Jour 06 02/02/2020 Bayamo - Santiago de Cuba départ 10h30 arrivée 13h30
Avant de partir, Alain tenait à nous faire visiter l'iglesia Parroquial Mayor de San Salvador, pensant que nous n'avions pas pu la visiter la veille parce qu'il est persuadé qu'elle était fermée.
Visite de l'hôtel Royalton pour découvrir les sculptures du menuisier Celis Cordoza. Cet hôtel un peu vieillot a un cachet particulier, avec un joli patio. On imagine bien y rencontrer de vieux baroudeurs. Ce qui fut le cas : échanges imprévu avec Alain Geffroy, un Français qui vit à Bayamo la plupart du temps, ancien réalisateur audiovisuel qui, selon ses dires, serait à l'origine du spectacle des carrières des Baux de Provence (petite pensée pour nos amis Hélène et Arnold). Restaurateur en France(le Biobuffet de l'Agenais) professeur de cuisine et de service dans un hôtel école à Cuba.
Avant de quitter Bayamo, nous découvrons des produits typiques: Rosita de Maiz, Rosquita, Rosca Blanda, fabriqués par Eliberto qui nous en a donné un sac pour la route.
Route verdoyante avec au loin les premiers reliefs de la Sierra Maestra qui s'intensifieront jusqu'à Baracoa.
A Santiago nous sommes accueillis par Jenny. La guide prévue pour la visite du lendemain. Elle nous emmène à la casa particular, visite la chambre et fait un petit briefing sur les visites intéressantes à faire, les restaurants intéressants, et les visites du lendemain. Elle confirme que notre chauffeur est à disposition pour les visites que nous souhaitons faire sur le temps libre et pour le programme du lendemain. Elle ne pourra pas venir, elle est souffrante. Ce sera une autre guide.
Déjeuner au restaurant San Francisco : très agréable, bon, copieux et peu cher.
Visite rapide du centre ville. La première impression qui saute aux yeux à Santiago est la proportion de personnes de couleurs par rapport au reste de Cuba. Il semble que les personnes d'origine Africaine sont plus nombreuses ici qu'ailleurs. Seconde impression Santiago a des rues qui plongent vers la mer, un peu comme celles de San Francisco, avec des pentes vertigineuses. Par contre nous n'avons pas trouvé qu'il y avait plus de musique ici qu'ailleurs ni que les gens y étaient plus accueillants qu'ailleurs.
Comme dans toutes les villes Cubaines, une rue piétonne traverse le centre proposant tous les commerces, du magasin de rideaux au glacier (les Cubains sont de grands consommateurs de crèmes glacées), en passant par les boutiques de vêtements à la mode et les incontournables boutiques de téléphones mobiles.
Le Parque Cespedes est en ébullition, un groupe de musiciens prépare la scène pour fêter les awards qu'il vient de remporter, devant l'imposant Ayuntamiento faisant face à la cathédrale. Bâtiment construit dans les années 50 sur le balcon duquel Castro a annoncé le succès de la révolution le 1er Janvier 1959.
Nous demandons à Luis s'il peut nous emmener au Castillo de Morro (entrée 4 cuc par pers.)
Le fort est bien conservé, et offre une vue exceptionnelle sur la ville, le port, l'océan.
On y découvre le nom des pirates qui ont écumé l'île avec barbarie: John Hawkins (anglais) Francis Drake (anglais) Piet Heyn(hollandais), Henry Morgan (anglais), Roc "el brasiliano"(portugais), Francis Nau (français), Alejandro Selkirk(écossais) dont l'histoire inspira celle de Robinson Crusoe.
Dîner à la casa particular qui proposait différentes formules de repas. Un repas complet et savoureux (soupe de légumes, roulé de porc au fromage et sauté de poulet aux légumes + riz + salade tomates-concombre-chou, haricots verts) dessert glace et flan, délicieuse limonade maison.
Hébergement: casa particular Ritomar . Une belle grande maison avec un étroit patio intérieur. Elle est tenue par deux employées géniales, très attentionnées: Yanaira et Sanisbel Mendoga, les patrons passant voir de temps en temps si tout va bien.
Jour 07 03/02/2020 Santiago Religions Populaires Départ 09h30 Fin 15h00
Petit déjeuner à la hauteur du dîner de la veille. Cette casa est assez différente de toutes les autres en terme de qualité de service.
Lorsque nous montons dans la voiture pour commencer le programme, la nouvelle guide Maité pique sa crise: " descendez de la voiture." Elle ne veut pas que notre chauffeur fasse l'accompagnement. Elle a prévu un autre chauffeur. Luis tente de lui expliquer, elle ne veut rien entendre et lui parle désagréablement. Nous prenons la défense de Luis et refusons d'aller avec un autre chauffeur. Il est prévu dès le départ que le chauffeur et la voiture sont à notre disposition pendant le circuit. Elle téléphone à quelqu'un et finit par capituler.
Nous allons place Cespedes pour visiter la catedral de Nuestra Senora de la Asuncion. Sur le parvi des personnes âgées font du tai chi. A l'intérieur un beau buffet d'orgues. Visite rapide, rien d'extraordinaire.
Sur la place un groupe de musiciens entame Guantanamera dès que des touristes s'approchent. Partout dans toutes les villes et restaurants dès que des touristes arrivent cela déclenche chez les musicos un Hasta Siempre ou un Guantanamera.
Balade à pieds calle Jose Maria Heredia, regard sur la casa de la Trova, visite de la casa natal de José Maria Heredia. Très jolie maison avec cour intérieure. Il devait faire bon y vivre. Une exposition d'art naïf y est organisée à partir d'oeuvres réalisées par des paysans réunis en coopérative. Nous sommes en admiration devant le talent et la créativité des Cubains. Difficile d'y résister, nous achetons le tableau de la Siesta. Selon la directrice du musée, Laritze Martinez Diazdevillalvilla, dès l'école primaires tous les enfants sont poussés à expérimenter des techniques artistiques, à développer et exprimer leur créativité dans une discipline qui leur convient : musique, arts plastiques, écriture, sport.
Comme tous les artistes Cubains que nous avons rencontrés, un homme simple, humble, ouvert.
Nous remontons ensuite la rue piétonne pour rejoindre la voiture qui nous emmène vers un endroit où nous sommes censés découvrir les religions populaires : santeria ?
Ce n'est pas la maison des Caraibes, car la façade de la maison des Caraibes ne correspond pas à ce que nous avons visité.
Nous visitons une maison avec des photos, des statues, des objets de cultes, une guide qui explique vaguement en quoi consiste la santeria. Sans plus. Sans intérêt dans ces conditions.
Route à l'extérieur de la ville pour visiter la basilique de la Vierge de la charité: Nuestra Senora de la Caridad del Cobre ou Virgen de la Caridad del Cobre. L'église est en hauteur avec en toile de fond les mines de cuivre et une petite mine d'or.
Le chauffeur, qui devait attendre ce moment, en profite pour faire une offrande. Les gens offrent des bouquets de fleurs de tournesol et achètent des statues.
D’après la légende, la statuette de la Vierge a été trouvée flottant sur l'eau par trois jeunes esclaves, un noir et deux Indiens, dans les eaux de la baie de Nipe (nord-est de l’île), vers 1612. A la demande des anciens combattants de la guerre d’indépendance, le pape Benoît XV a accepté d’en faire la patronne de Cuba, en 1916.
La Virgen de la caridad del cobre, que les Cubains appellent " Cachita ", est la patronne de la nation, fêtée le 8 septembre. Toutefois, le syncrétisme religieux, prédominant dans les Caraïbes, l’identifie à Oshun, une divinité du panthéon d’origine yoruba (Nigeria)
La basilique, inaugurée en 1927, est devenue un lieu de pèlerinage où les croyants demandent l’aide de "Cachita " pour obtenir une grâce. Parmi les ex-voto qui témoignent de leur reconnaissance, on trouve des mots de proches de prisonniers politiques.
Entre août 2010 et décembre 2011, l’Eglise a porté la statuette de la Vierge de la charité à travers tout le pays. La procession a parcouru chaque ville, chaque localité de l’archipel, chacune des 700 paroisses. A chaque étape, des foules priaient, chantaient et pleuraient. Depuis l’arrivée de Fidel Castro au pouvoir, en 1959, jamais le catholicisme n’avait réussi une pareille démonstration de dévotion populaire – sachant que "Cachita" symbolise autant la "santeria " que la foi catholique.
Le Pape François est venu célébrer une messe à cet endroit en 2015.
Nous n'avons pas vu la maison des Traditions, la guide dit qu'elle est fermée.
Retour en ville pour le déjeuner au restaurant Thoms y Yadira. Repas très correct pris sur le balcon qui donne sur le parque Cespedes. Fin de la prestation de la guide.
Cette activité est la seule à être décevante de tout notre séjour 2020 à Cuba: elle ne correspond pas à ce qu'elle laisse entrevoir, la découverte des religions populaires.
Visiter des églises, c'est ce que nous faisons dans chaque ville. Rien d'exceptionnel !
Découvrir la différence entre catholiques et Baptistes (qui sont nombreux à Cuba) aurait été intéressant. Découvrir comment les Cubains associent religion "officielle" et religion "traditionnelle" aurait été intéressant. Par exemple comprendre pourquoi les Cubains accordent une place aussi importante à San Lazaro. Puisqu'on nous parle tant de la révolution, découvrir quel a été l'impact de la révolution sur les pratiques religieuses, allant de l'interdiction à une certaine tolérance. Comment le peule a-t-il réagit, sachant que tout ce qui est interdit donne lieu à des pratiques secrètes.
Rencontrer des pratiquants ou assister à une cérémonie de santeria comme nous l'avons fait à Sancti Spiritus, l'année dernière, aurait été intéressant. Visiter la rue et le marché de la santeria avec des explications sur les pratiques et les rituels aurait été intéressant:
https://www.cibercuba.com/noticias/2019-01-08-u135253-e42839-s27061-calle-santeria-santiago-cuba
L'après-midi, nous visitons seuls le quartier de Padre Pico avec ses escaliers dont tout le monde parle et qui n'a vraiment rien d'exceptionnel. La vie et les maisons des rues adjacentes sont plus intéressantes. Nous rencontrons des gens avec lesquels nous échangeons comme le cuisinier d'un petit restaurant inconnu qui parle un excellent français parce qu'il a travaillé en France.
Dîner au restaurant San Francisco. Sur la terrasse. Toujours aussi agréable. Service super sympathique.
En revenant vers notre hébergement, nous sommes attirés par des chants et le son des tambours. Nous rencontrons Leonar qui nous invite à entrer dans cette maison de quartier pour découvrir des jeunes qui répètent un spectacle chanté et dansé sur leurs racines yoruba. Le chorégraphe, un individu assez spécial est venu en France à Noyon (à 40 km de notre ville d'origine) pour donner des cours de salsa. Il a monté ici la compagnie Compania.K-Biosile qu'il dirige de façon très "autoritaire". Les jeunes semblent motivés et fières de renouer avec des racines.
Hébergement casa Ritomar
Jour 08 04/02/2020 Santiago de Cuba - Baracoa 260 km départ à 09h00 arrivée à 15h30
En route Luis souhaite aller à Guantanamo pour faire le plein d'essence. Comparée aux autres villes cubaines, la ville de Guantanamo n'a rien de vraiment attrayant.
Nous tournons une heure à la recherche d'une station service qui dispose d'un peu de pétrole. A cause de Trump et de l'embargo américain toutes les pompes sont vides ou presque. Pour obtenir 20 litres d'essence maximum, nous sommes obligés d'aller dans un bureau d'état afin d'obtenir un bon de rationnement. La pénurie semble se faire sentir de façon plus cruciale dans tout l'Est du pays.
Cela impacte les transports routiers et la circulation des marchandises. Lorsqu'un magasin est enfin approvisionné cela donne lieu à des files d'attente inimaginables pour acheter un poulet, une boite de lessive, un tube de dentifrice.
En route vers Baracoa, Luis propose de nous arrêter au mirador qui est devenu une attraction touristique avec bar, toilettes, marchands de souvenirs. Le mirador permet d'apercevoir la baie et la ville américaine retranchée de Guantanamo, célèbre pour son pénitencier où sont enfermés les terroristes.
Au premier plan, des marais salants. Puis un camp militaire cubain avec son mirador faisant face à un camp militaire américain et son mirador. Un aéroport américain de chaque côté de la baie.
Pour 1 cuc, Odeilis nous montre des photos sur la vie de la base américaine et nous indique les endroits où se trouve le quartier résidentiel avec supermarchés, cinémas, restaurants, écoles et collèges, l'usine qui traite l'eau de mer pour la rendre potable, la centrale électrique. Les américains vivent en autarcie complète, sans aucun échange avec les cubains. Espace d'abondance et de luxe qui est pour moi une insulte à l'indigence cubaine en partie imposée par leur impérialisme.
La route se fait sinueuse à travers les reliefs boisés et verdoyants de la sierra Maestra, couverts de brume. Tout le long de cette route des familles vendent du chocolat "maison", des cornets de sucre et de cacao "cucuruchos", et des mangues, bien que tout le monde dise que ce n'est pas la saison. Et pourtant nous a en avons achetées et mangées. A notre arrivée à Baracoa il fait gris et il pleut.
Accueil par Keren Perez notre guide. Elle nous conduit à la casa particular, et vérifie la chambre. Après un briefing pour la journée du lendemain, elle nous accompagne pour un petit tour de ville. Le centre de Baracoa est minuscule et plein de charme. Dommage qu'il pleuve. Casa del chocolate, casa de la Trova, boutiques, restaurants. Nous sommes surpris par le nombre de touristes.
Il y a tellement d'informations contradictoires sur ce petit bout du monde disant qu'il n'y a pas de route ou qu'elles sont en très mauvais état, qu'il n'y a pas de touristes ou si peu, qu'il n'y a pas d'hébergements corrects. Tout cela est entièrement faux.
Visite de la Catedral de Nuestra Señora de la Asuncion où se trouve la croix originale plantée par Christophe Colomb lors de son premier débarquement à Cuba. Elle brille tellement que nous avons du mal à croire qu'il s'agit de l'originale.
Petite balade en ville où nous découvrons des rues "misérables" avec de nombreuses maisons en mauvais état: Baracoa garde des cicatrices de l'ouragan Mathiew, un des plus violent depuis des décennies, dont elle a été victime en octobre 2016.
Dîner au restaurant El Buen Sabor, recommandé par la guide. Un endroit sympathique, où on mange bien, avec des tarifs très raisonnables. Les repas comprennent une soupe de poisson, des croquettes de poulet, des bananes frites, de la salade de légumes, et un plat au choix avec du riz blanc ou congri. On peut demander un plat local végétarien à base de légumes cuisinés au lait de coco appelé "calalù", délicieux.
Le gérant et le serveur parlent français. Rayco est guide touristique dans la journée et serveur le soir.
Salle et terrasse. Le must : un duo de musiciens qui ne "gueulent pas". Ils jouent de la guitare avec finesse et font des harmonies vocales très douces. Pas étonnant qu'ils s'appellent "Voces del Miel". On peut se parler pendant qu'ils jouent et ils chantent beaucoup d'autres morceaux que Hastia Sempre et Guantanaméra.
Hébergement: Casa Grande. Une grande maison. Chambre très spacieuse avec balcon privatif. Grande salle à manger sur la terrasse. Tout est impeccable. César est gentil, chaleureux et accueillant, Ronny un peu moins.
Jour 09 05/02/2020 Baracoa Cacao autrement
Pluie diluvienne toute la nuit.
Après un petit déjeuner très agréable, Keren nous emmène sous la pluie vers le chemin du cacao, à la sortie de la ville. Au fur et à mesure que nous nous éloignons, le soleil se met à briller. Grand beau temps.
Luis nous dépose à l'entrée d'un chemin caillouteux. Petite randonnée dans la campagne.
Jardins fleuris, marécages, cabanes en bois et authentiques paysans. Nous rencontrons enfin le Cuba des champs.
Les gens vivent avec presque rien, de cultures (bananes, coco, cacao..), d'élevage (chèvres, porcs, chevaux), de pêche dont ils doivent laisser une grande part à l'état (80%). Leurs maisons se réduisent à une cabane en planches, avec peu de meubles (un banc, un ou deux fauteuils en bois, un lit), parfois un très vieux poste de télévision, plus rarement un frigidaire rouillé qui date d'un autre âge. Ils cuisinent souvent à l'extérieur sur un braséro dans une cabane.
Ils cultivent un peu de café pour leur consommation personnelle qu'ils torréfient et passent à la chaussette comme nos grands mères.
Keren nous fait découvrir les différentes plantes sauvages ou cultivées utilisées dans la cuisine locale. Le roucou ou ashiote qui sert à colorer la cuisine de la région, des fèves sauvages (haricots de Lima), le nono dont le fruit que nous appelons noni fait fureur en Europe, le canique (caesalpinia bonduc) dont les jolies petites graine servent à faire des colliers mais aussi en médecine traditionnelle.
Nous rencontrons Eidis Hernandez Lones pêcheur avec qui nous échangeons. Il prépare des hameçons renforcés car il lui arrive de tomber sur des petits requins.
Nous réalisons à quel point sa survie et celle de sa famille dépendent de la météo, et des prises qu'il peut faire. Même si l'école est gratuite, si les soins et un certains nombre d'autres services sont gratuits, lorsque la pêche n'est pas bonne et qu'il a donné ce qu'il devait à l'état, il ne lui reste rien pour vivre. Et pourtant il a l'air heureux et confiant, contrairement aux Français qui se plaignent toujours de ne pas avoir assez.
Nous rencontrons des enfants et visitons une école primaire. Distribution de stylos et de bonbons. Nous savons qu'ici cela ne transformera pas les enfants en mendiants comme en Afrique ou en Asie.
Nous rendons visite à Omar Cantillo Hernandez et sa femme Eda Telico Hay, paysans pêcheurs qui nous accueillent avec de délicieux fruits de leur jardin (goyaves, oranges, bananes) et une tasse de café. Ils sont très solidaires avec leurs enfants qui les aident dans leurs travaux.
Petite baignade rafraichissante sur la playa Carjuajo, loin des plages pour touristes.
Je passe un long moment à discuter avec Armel, un paysan du coin, qui vit d'élevage et de sa plantation de cocotiers. Comme tous les autres il doit une partie de sa récolte de noix de coco à l'état et lorsqu'une de ses juments met un poulain au monde, il doit le faire enregistrer par l'administration qui suit de près l'évolution de son troupeau.
Armel nous conduit à bord de sa charrette attelée chez Rafael, une personnalité de la région.
Raphael est un descendant des Taïnos, premiers occupants de l'île, probablement originaires du Vénézuela, décimés par les Espagnols lors de leur invasion. Il fait partie d'une communauté de 300 personnes qui ont encore des traces Taïnos dans leur ADN.
Effectivement son visage, notamment au niveau des yeux et des pommettes est assez différent de la majorité des cubains, il rappelle le visage de certains indiens d'Amérique Centrale. Raphael est musicien de Nengon et Kiriba.
Sa famille tient un petit restaurant qui ne sert que des plats traditionnels. Nous découvrons ces plats uniques à Cuba, présentés dans des petites calebasses appelée güira, on mange à l'aide de cuillers découpées dans les mêmes calebasses.
Gombo, haricots verts, blette, fèves, manioc frit, du riz avec de la chaire de crabe, du poisson, de la courge le tout cuit dans une sauce au lait de noix de coco colorée avec les graines de roucou ou achiote (Bixa orellana) réduites en poudre.
En dessert de délicieuses bananes bien meilleures que celles que l'on trouve dans les marchés. En boisson, de l'eau minérale ou une boisson à base de plantes médicinale, et le chorote, boisson traditionnelle à base de cacao, de lait de coco et de farine de banane verte.
Après le repas nous somme conviés à faire quelques pas de danse sur le Nengon y Kiriba. Sons plus anciens qui seraient à l'origine de la salsa. C'est plus chaloupé, plus langoureux, moins excité que la salsa. J'y ai retrouvé des accents de maloya et de sega, autres danses d'origines africaines pratiquées dans l'océan indien.
On peut vivre cette rencontre comme une attraction folklorique pour touristes. Dans le déroulement de notre journée et grâce à Keren, nous avons vécu cela comme une expérience, une découverte, un enrichissement.
Nous rendons visite à Daisy Pelegrin de la casa de cacao. C'est Annabelle qui nous fait découvrir les secrets de la culture du cacao et de la fabrication du chocolat.
Après 5 ans, un arbre mature porte environ 800 cabosses. Les cultivateurs doivent donner 80% de leur récolte à l'état qui fabrique lui même du chocolat de façon industrielle.
Le cacaoyer a besoin d'ombre et d'humidité, c'est pourquoi il est cultivé à l'abri d'autres arbres, ici le bananier. Nous découvrons les différents stades de maturité de la cabosse, l'extraction des graines, la fermentation des graines, le séchage au soleil, la torréfaction, l'épluchage des gaines, la moulinage qui permet d'obtenir la pâte de cacao qui contient l'huile (avec laquelle on fera le beurre de cacao).
Si on mélange cette pâte à du sucre et de la cannelle si on veut, on obtient du chocolat qu'il suffit de laisser durcir au frais. Cela donne le raw chocolat ou chocolat cru qui se vend si cher en Europe. Il n'a pas été chauffé, ni mélangé à des matières grasses autres que celles qu'il contient. C'est du chocolat noir brut 100%. 2 barres de chocolat 1 cuc, un pot en bois de beurre de cacao 4 cuc, 325 gr de café 2 cuc.
Retour à Baracoa. Nous profitons qu'il fait sec mais gris pour faire une dernière balade dans Baracoa.
Dîner à El Buen Sabor. Pendant le repas, le ciel se lâche et détrempe à nouveau la ville.
Hébergement à la Casa Grande.
Jour 10 06/02/2020 Baracoa - Holguin 258 km depart 09h00 arrivée 17h
Longue route et grand détour qui repasse par Guantanamo pour du carburant et à quelques kilomètres de Santiago de Cuba. La route côtière qui va de Baracoa à Holguin serait en très mauvais état.
Des champs de canne à sucre à perte de vue. Cuba semble avoir oublié les règles de la biodiversité au profit de la monoculture.
Déjeuner dans un super petit restaurant local : à la Finca de frutales Tierra Santa, Santa Rita de Burene. La serveuse Keilan ressemble comme une soeur jumelle à une amie Française dont nous avions une photo, cela a donné lieu à un échange amusant.
Route vers Holguin. Cette partie de l'île semble très sèche bien qu'il y aie parfois des plantations de canne à sucre.
Avant d'arriver à Holguin, Luis demande si nous souhaitons voir le village natal de Fidel Castro.
Direction Biran. Un tranquille petit village au milieu de plantation de cannes. Le village a été transformé en musée. Fermé. Un guide (Disnardo)accepte de nous faire faire le tour sans pouvoir pénétrer à l'intérieur des habitations.
Le père de Fidel est un immigrant espagnol analphabète devenu riche propriétaire terrien et planteur sucrier. Il possède pratiquement toute la région. L'histoire ne dit pas comment un immigrant analphabète a pu devenir aussi riche en aussi peu de temps.
Il a abandonné sa première épouse avec ses 5 enfants. La mère de Fidel était la cuisinière du père, d'origine espagnole, mais née à Cuba avec qui Angel Castro aura 7 enfants hors mariage. Certains décédés, les autres ayant fui la révolution aux USA.
On peut voir la tombe de la famille où sont enterrés ceux qui sont morts à Cuba, sauf Fidel, enterré à Santiago de Cuba. L'école primaire où Fidel a commencé ses classes. La poste. La maison du père qui a complètement brûlé à cause d'une cigarette du père mal éteinte et reconstruite plus tard, sa première voiture, un vieille Ford. La maison que le père a fait construire pour Fidel dans laquelle il n'a jamais habité.
Il y a aussi une arène pour les combats de coqs et des cabanes en feuilles de palmiers agrémentées de hamacs pour les "ouvriers agricoles" qu'on n'appelle plus esclaves, mais "immigrés haïtiens".
Fidel a quitté son village très jeune pour faire des études à Santiago et ailleurs. Il n'est revenu que très rarement dans son village natal.
Arrivée à Holguin où nous sommes accueillis par la représentante de l'agence: Ariane. Petit briefing sur notre séjour à Holguin, sans guide cette fois. Nous souhaitons visiter la fabrique d'orgues de barbarie dont tout le monde parle sur les forums, elle ne connait pas.
Par contre elle nous indique des bons plans à faire à Holguin tels que le "bulvar", cette rue piétonne et commerçante que l'on trouve dans toutes les villes cubaines, mais aussi une imprimerie où l'on fabrique encore du papier notamment à base de feuilles de canne à sucre.
Il est aussi prévu d'aller visiter Gibara et la Loma de la Cruz.
Rapide visite à pieds du "bulevard", situé entre les deux églises : Catedral St Isidoro et l'iglesia de San José et trois parque ou plaza entre lesquels bat le coeur de la ville. Il est tard, il fait sombre.
Dîner au restaurant Aviles. Cadre agréable, cuisine ouverte sur la salle dans un patio. Les plats sont corrects. Le service est très long, La serveuse est peu aimable, pas honnête dans le rendu de la monnaie. Elle fixe elle même son pourboire à 20%. C'est le rendez-vous des sexagénaires canadiens accompagnés de jeunes et jolies mulâtres de 35 ans leur cadettes.
C'est un phénomène récurrent dans les restaurants des villes cubaines, des hommes âgés, voire très âgés, cubains ou étrangers, accompagnés de jeunes et jolies métisses. C'est beau l'amour quand même !
Hébergement Hôtel Caballeriza. Bel établissement en plein centre ville qui reprend le décor d'un centre équestre: cheval de bronze, roues de charrettes, portes à deux battants etc...Ayant appris que c'était un hôtel d'état, nous étions un peu inquiets sachant à quel point ce genre d'établissements sont décevants dans de nombreux pays communistes.
Au contraire, tout est soigné, le personnel, les locaux, la chambre, le linge. Le personnel est efficace et souriant. Les petits déjeuners exceptionnels.
Jour 11 07/02/2020 Holguin - Gibara - Loma de la Cruz départ 10h30 Retour 15h00
Nous allons à pieds visiter l'imprimerie suggérée par Ariane: Casa Editora Cuadernos Papiro , calle Morales Lemus n°162. Derrière l'hôtel en sortant à droite.
Nous sommes accueillis par Boris Dorrego et Ruben Zaldivar, deux employés de l'entreprise. Un véritable bond dans le temps. Boris nous montre comment faire du papier à partir de tout ce qui contient de la cellulose. Aujourd'hui c'est du papier de récupération : des livres, des journaux, des chutes de cartons, des emballages, un énorme livre rouge écrit par Kim Jong (pale imitation du petit livre rouge de Mao)etc...Tout est mis dans de l'eau afin de ramollir la matière et de dissoudre les encres et les fibres. La matière est transposée dans une machine à laver simple munie d'une hélice qui remue le tout jusqu'à ce que cela donne une pâte gluante.
La pâte est extraite et posée sur un tamis afin de l'égoutter. Lorsque la pâte suffisamment égouttée peut se décoller du tamis, elle est pressée, puis séchée à l'air, sous forme de feuille de papier.
Côté imprimerie: il y a la technique de Gutenberg toujours en fonction: on sélectionne des lettres en métal ou en bois que l'on place sur des supports afin de faire des phrases. On fixe ces supports sur une presse dont les rouleaux sont enduits d'encre et on actionne la presse à la main(un moteur a été ajouté) en changeant de feuille de papier à chaque passage.
Le clou de cette visite est une vielle machine typographique américaine dont il ne doit rester que quelques modèles dans le monde Linotipo Mergenthaler Lynotipe Co qui date de 1892. Un clavier de plus de 90 caractères permet de sélectionner des coquilles représentant les lettres et les ponctuations et de les disposer en lignes. Un boitier fond du plomb qui est coulé dans ces coques. Lorsque le plomb est sec, la barre de mots descend afin d'être placée pour compléter la phrase ou le texte sur un support qui ira sur la presse à imprimer américaine Chandler & Price Co de 1816.
L'imprimerie ne fonctionne qu'avec ces machines. Lorsqu'elles tombent en panne, le savoir faire et la créativité de ceux qui l'utilisent permettent de les réparer soit en fabricant des pièces soit en échangeant avec d'autres imprimeries qui ont encore ce type d'appareil dans le monde.
Cette imprimerie reçoit des écoles cubaines qui viennent voir comment on imprimait il y a deux cents ans. Certaines écoles viennent apprendre à faire du papier et réalisent des papiers à décors avec des pétales de fleurs, des herbes, du sable.
Départ pour Gibara. En route nous nous arrêtons pour visiter la fabrique d'orgue de barbarie : fabrica de organos de la famillia Cuayo, dont on parle sur différents forums.
Comme pour les calèches, on ne fabrique plus d'orgues de barbarie. L'atelier est une menuiserie qui fabrique des portes et des fenêtres. Un employé mal intentionné nous emmène au fond de l'atelier pour nous monter un orgue de barbarie emballé sous une bâche. Nous disons que cela ne nous intéresse pas, qu'on voulait voir la fabrication comme sur les photos que l'on trouve sur internet. Il nous réclame 1cuc chacun pour la visite ! Nous refusons et partons.
Route pour Gibara. Quelle belle petite ville. Quelle jolie plage. Bien que très connue pour son festival de cinema cubain, il n'y a rien de spécial à voir à Gibara si ce n'est une ambiance très particulière et si différente du reste de Cuba. Les marques de l'ouragan Irma qui a saccagé la ville en 2017 sont encore très visibles. De vieux hôtels qui datent d'une autre époque semblent habités par des fantômes en attente de clients. Des rangées de rocking-chairs oscillent sous le vent sur des terrasses désertes.
La ville semble assoupie, peut être est ce du à la chaleur qui semble exceptionnelle pour l'époque.
Nous parcourons le coeur de la ville à pieds, profitant de toutes les occasions pour saisir des moments de vie cubaine: la boulangerie et ses pains chaud qui embaume l'atmosphère, le coiffeur très occupé, le magasin d'état qui vend tout du matelas aux chaussures de travail en passant par les ampoules électriques et les tuyaux en polystyrène, la pharmacie, le vieil hôtel colonial et ses vielles boiseries qui sentent la cire, le salon de coiffure pour dames qui ressemble plus à un salon où l'on cause qu'à un salon où l'on coiffe, la marchande de churros à la crème, la fabrique de cigares où on peut faire toutes les photos que l'on veut à condition que ce soit par les fenêtres, le petits port de pêche. Impression d'être à Remedios, même ambiance, même nonchalance, même décor, même accueil.
Un regard, un sourire peuvent déclencher des échanges, tranquilles.
Déjeuner à Gibara dans un super petit restaurant: El Coral, juste derrière l'église à gauche. Joli cadre, carte variée, grands jus de fruits frais, repas copieux et savoureux, prix très raisonnables. La serveuse Lilianet et à la cuisine Daniel et Bibiana, font tout pour satisfaire les clients et ils le font bien. Un endroit très recommandable différent des restaurants pour touristes.
Retour à Holguin en passant par la Loma de la Cruz: un position élevée qui permet d'avoir une vue sur la ville et les environs...Pour ceux qui aiment les vues panoramiques ! Cela n'a rien d'extraordinaire.
Luis nous dépose en ville, nous faisons le "bulvar" dans le sans inverse et tentons une expérience : les cubains attendent parfois très longtemps pour manger des glaces. Nous nous mettons dans la file d'attente de la cremeria Guamá. Plusieurs cubains essayent de resquiller et de passer devant les autres.
Une fois à l'intérieur, impression d'être dans une cantine. On nous attribue une place avec d'autres familles, pendant que l'un de nous va à la caisse passer commande. Un bol de glace chacun: 15 pesos. La caissière refuse nos cuc et veut être payée en pesos. Nous n'avons plus de pesos. Elle ne veut rien savoir. Finalement une chef arrive et lui donne l'ordre de nous offrir les glaces gratuitement. Un employé vient nous servir un bol avec si boules de glaces chacun. Impossible de reconnaitre le parfum. Ils affichent parfum ananas et coco. En dehors du sucre et du lait, cela n'a pas de goût particulier. Nous observons que les locaux adorent ça et en prennent plusieurs bols. Devant nous un coupe avec deux bols de six boules chacun, soit douze boules de glaces par personne !
Dîner de survie. Je commence avoir de la fièvre, pas envie de sortir.
Hébergement : Hôtel Caballeriza
Jour 12 08/02/2020 Holguin - Camagüey 220 km Départ 10h00 arrivée 14h00
Luis ne comprend pas pourquoi on nous a proposé de faire une nouvelle étape à Camagüey. Pour changer nous aurions pu faire une autre étape à Trinidad, ou à Sancti Spiritus, ou à Remedios. Il propose de contacter l'agence pour demander de changer d'étape, sachant que les frais d'hôtel seraient à notre charge, ce qui n'est pas insurmontable. Nous lui disons qu'il a raison, mais que c'est trop tard: comme il a été prévu de repasser par Camagüey, nous avons accepté la proposition de Dolores d'aller au spectacle de l'école de danse au Théâtre.
Déjeuner dans un restaurant sur le bord de la route El Cacique. Pas terrible.
Arrivée en début d'après midi à Camagüey. Ma fièvre s'intensifie et se complique de symptômes grippaux. j'espère que ce n'est pas un des symptômes de la maladie de Lyme suite à la piqure de la tique.
Nous sommes accueillis par Felix et Dolores qui nous attendent à la casa particular. Nous payons les billets de théâtre et prenons rendez vous.
Balade à pieds jusque la plaza San Juan de Dios. Nous n'arrêtons pas de photographier ces vieilles maisons à balcons avec leurs fers forgés. Achats de quelques bricoles pour les amis. Le parque Agramonte, la rue piétonne...
Dîner de survie à cause de la fièvre.
Dolores passe nous chercher à 20h00 pour aller au théâtre. Nous retrouvons Manuel, un autre guide, avec un couple de Français. Les Cubains s'habillent pour aller au théâtre comme nous le faisions avant le grand "chambardement".
Le spectacle commence et confirme ce que je ressentais lors des répétitions, les mêmes jeunes femmes que je trouvais si belles, si sensuelles, si authentiques, lors des entrainements, paraissent guindées, coincées dans leurs tutus, leurs corsets et leurs collants blancs, affichant des sourires figés qui ne quittent pas leur visage pendant toute la prestation, comme s'ils étaient dessinés sur leurs visages lançant des regards au public après chaque arabesque, après chaque entrechat, après chaque pirouette fouettée, comme pour récolter une approbation.
A la sortie du théâtre, Manuel nous présente le chorégraphe Norbe Risco directeur des ballets du Kentucky, ancien danseur des ballets de Camagüey, revenu à l'occasion pour travailler avec la compagnie de ses origines, accompagné de Kelsey van Tine du Ballet du Kentucky.
Nous n'aurons jamais rencontré autant de talents dans tous nos voyages. Toujours des personnes simples, humbles, abordables malgré leur succès, contrairement aux artistes français qui ont pratiquement toujours la "grosse tête"dès q'ils sont connus.
Hébergement : casa particular Eduardo y Geraldine.
Jour 13 09/02/2020 Camagüey - la Havane 550 km départ 08h00 arrivée 15h30
La route nous a paru plus longue au retour qu'à l'aller. Carretera Central + Autopista. C'est vrai qu'une étape intermédiaire aurait été appréciable. Une prochaine fois il est important de la prévoir. Ma fièvre me tient toute la journée.
Arrivés à la Havane, nous quittons Luis. Petite balade à pieds dans Habana Vieja à la recherche de Evelio Leal pour le saluer et lui remettre les photos que nous avions prises l'année précédente. Nous l'avions rencontré dans la rue à plusieurs reprises et avons passé de longs moments à discuter avec lui. Nous allons jusqu'à son domicile, sa fille Danièle dit qu'il est sorti et qu'il déambule dans les environs du parque.
En fin de journée dîner sur le pouce, nous testons un petit resto de sandwich dont on parle beaucoup: La Bien Paga. C'est vraiment bon, frais, copieux et pas cher. Grand choix de sandwichs et de pains différents. Gerardo et Andy sont vraiment sympathiques.
Hébergement : Azul Habana, calle Habana 54
Jour 14 10/02/2020 la Havane Social
La guide Maylin Cabrera vient nous chercher pour un programme que nous avons choisi en dernière minute, La Havane sociale.
Nous nous attendions à une visite axée sur la Havane moins touristique et surtout sur la façon dont les Cubains vivent, s'organisent, se solidarisent, se distraient à la Havane en dehors de la "vitrine".
Bien que Maylin soit intéressante, cultivée et sensible à certains sujets, l'activité semble avoir du mal à sortir des sentiers battus.
Nous avons visité un centre d'activités de jour pour les personnes âgées : La casa de Abuelos, Nueva Vida. L'animatrice insistait tellement sur le manque de moyens et sur les objets que fabriquent les personnes âgées pour améliorer le quotidien que la guide s'est sentie obligée de laisser une "contribución" à notre place.
Ensuite nous nous sommes promenés dans Havana Vieja, celle des touristes. Avec au hasard un magasin d'état, un magasin de lait, un petit marché, une aire de jeu pour enfants sans enfants, un restaurant social de l'extérieur, qui ont donné lieu à des échanges sur le mode de vie des Cubains.
Ensuite la nouvelle rue piétonne et commerçante, derrière le Capitol, une petite incursion dans Habana Centro, plus populaire et moins touristique. Petite distribution de stylo dans une école primaire. L'institutrice voulant les donner elle même, contaminés par la suspicion très cubaine, nous nous sommes assuré qu'elle le faisait en regardant par la fenêtre. Visite trop rapide, trop superficielle.
Cette balade nous a permis de poser un certain nombre de questions et de comprendre un certain nombre de choses que nous n'avons pas pu aborder précédemment.
Mais en terme de découverte sociale nous restons sur notre faim. L'activité mérite d'être approfondie.
Il aurait été intéressant de rencontrer une famille (oui mais ça c'est l'activité la Havane avec un ami), de découvrir des ateliers d'artisans, une coopérative de quartier, une association d'aide aux jeunes, un lieu de rencontres ou d'échange, un club de sport ou un école d'arts.
Déjeuner au restaurant Art Pub. La carte a changé, le cuisinier aussi, mais les repas restent bons et les prix raisonnables. Nous adorons la petite cour intérieure, très ventilée.
Nous nous rendons chez Evelio Leal. Il est chez lui, il nous attend. Il vit dans le vieil Havane avec ses enfants et ses petits enfants. Un abri de quelques pièces en parpaing construit sur la terrasse d'un bâtiment où vivent d'autres familles au pieds d'un escalier dans une cour intérieure avec un confort minimum. Du tissu occulte les fenêtres et masque la misère des mûrs. Le Havane social comme nous l'imaginons: des familles qui vivent les unes sur les autres dans des conditions précaires.
Nous passons un bon moment à échanger. Evelio a 83 ans. Sa femme 20 ans plus jeune que lui est sortie. Il était mécanicien. Comme de nombreux Cubains, il a une culture générale développée. Il connait l'histoire de France et de nombreuses oeuvres littéraires françaises. Il s'intéresse à tout. Il aime parler de tout sérieusement. Il aime s'assoir sur un banc public et lire des livres qu'il emprunte à la bibliothèque. Il est fier de sa famille qu'il estime solidaire et heureuse. Il tient beaucoup à ce que son petit fils fasse des études.
Cette année il semble avoir du mal à se déplacer, il est un peu plus courbé que l'année précédente. En remerciement pour les photos que nous lui avons apportées il nous offre un Paris Match des années 50 avec des articles sur le général De Gaulle. Une vraie pièce de collection. Nous avons refusé, mais il a tellement insisté. Nous allons lui envoyer des livres en espagnol sur des thèmes qu'il aime bien: George Orwell, Paolo Coehlo etc...
Dîner au restaurant 5 Esquinas Trattoria. Salade et pizza. Nous ne sommes pas fanatiques de pizza, mais nous n'avons plus envie de manger du poulet ni du porc. Nous ne sommes pas habitués à manger de la viande tous les jours et encore moins deux fois par jour. Le végétarisme n'est pas encore pratiqué en dehors des grandes villes.
Hébergement : Azul Habana, calle Habana 54
Jour 15 11/02/2020 La Havane - Paris
Nous avons rendez vous avec Tony à 09h00. Un bici-taxi honnête comme jamais, rencontré l'année dernière avec qui nous sommes devenus amis. Nous apprenons que sa mère et sa femme sont décédées l'été 2019.
Nous souhaitons qu'il nous emmène visiter des rues de Habana Vieja qui ont été négligées par le guide l'an dernier, notamment deux rues avec de très belles maisons coloniales: calle Oficios avec la mosquée Mezquita Addalah, la casa de los Arabes, musée ethnographique dédié aux cultures islamiques fondé en 1983 avec des expositions de tableaux, d'objets, de meubles, de céramiques, la calle Obrapia avec la casa Oswaldo Guayasamin, belle maison de l'époque coloniale ayant appartenu successivement à de riches familles Hispano-Cubaines avant de devenir le musée dédié à Oswaldo Guayasamin, peintre-sculpteur équatorien aux oeuvres très tourmentées, la casa de la Obrapia, ancienne demeure de familles nobles espagnoles (Don Antonio Maria de Cardenas y Zayas) restaurée de façon magistrale où la guide(Minervi) et les étiquettes affirment que les machines à coudre Singer sont américaines. Parce que toutes les familles en avaient en France depuis longtemps nous étions persuadés que Singer était une marque Française! Toutes nos excuses à Minervi, Singer est bien de marque et de production américaines. La calle Mercaderes, une des plus belle rue de Havana Vieja avec la casa Simon Bolivar, libérateur indépendantiste du Venezuela, de la Bolivie, de la Colombie contre la colonisation espagnole. C'est un musée installé dans une vielle demeure néo-classique, dédié à Bolivar et à des expositions artistiques vénézuéliennes. On dit qu'il y aurait séjourné en mars 1799 lors d'une visite à Cuba.
A proximité, le musée de Bomberos (pompiers) et le museo del chocolate fermé pour travaux.
Tous ces endroits sont gratuits (entrée libre), gardés par des femmes en uniforme bleu qui finissent toutes par demander discrètement une "contribución", de la main à la main. 1 cuc à chaque fois. Il n'y a pas de petit profit. Cela contribue à se sentir Distributeur Automatique de Monnaie.
Nous redécouvrons, sous le soleil cette fois la plaza de Armas avec le palais du Gouverneur(palacio de los Capitanes Generales), El Templete fermé, le castillo de la real Fuerza, fermé pour travaux, la Plaza Fransisco de Asis, la Plaza Viedja, la calle Tienente Ray (Brasil) avec la farmacia La Reunion.
Tony semble émerveillé par ce qu'il découvre avec nous. En dehors du nom des rues où il dépose ses clients, il n'a jamais visité sa ville, ni les maisons coloniales.
Nous déjeunons ensemble à Art Pub. Bien que ce soit notre invitation, Tony semble gêné par les tarifs du menu, qui sont très raisonnables pour nous, comparativement à la majorité des restaurants de la Havane, mais très élevés pour lui. Cela l'impressionne.
Après le repas il nous emmène faire un tour dans Habana Centro, une fois passé le Capitol, le bulvar, le barrio Chino, la Havane que nous aurions souhaité découvrir au niveau social, assez différente et tout aussi intéressante que Habana Vieja si l'on sait se poser, observer et échanger. Des rues défoncées, des gens qui bricolent leurs voitures dans la rue, du linge qui sèche, des voisines qui s'interpellent, des gosses qui jouent au base ball, des boutiques où il n'y a presque rien à vendre, des écoles qui datent d'une autre époque mais aussi des murs peints, des initiatives talentueuses pour rendre le décor plus agréable. Malgré tout nous observons que les gens n'ont rien à faire de leur quartier : carcasses de voitures, gravas, déchets, immeubles très dégradés.
Il nous fait visiter un restaurant qui pour lui aurait été plus économique: "les mêmes plats à un tarif très attractif". Ce sont des jeunes qu'il connait et qu'il souhaite aider: Dos Pelota, calle Colon entre Agriba y Crespo. C'est complet.
Nous rendons visite à Marisol, ancienne dentiste, sa meilleure amie qui le tient en vie depuis le décès des femmes de sa vie.
Une représentante de l'agence vient nous rencontrer pour faire le point sur notre voyage. Questions précises et détaillées, une véritable évaluation. Agréablement surpris, c'est la première fois que nous assistons à cela.
Nous prenons à regret le taxi pour l'aéroport. Cuba nous manque déjà.
Juliette une représentante de l'agence nous attend à l'aéroport pour les dernières informations, pour nous accompagner jusqu'à l'enregistrement. Du jamais vu. Nous lui rendons le téléphone mis à disposition.
Jour 16 12/02/2020 Arrivée en France après une nuit très mouvementée. Le vol a subi de nombreuses turbulences violentes pendant au moins 04h00. Cela gâche un peu le retour.