Penjab, Himachal Pradesh, Uttarakhand,
11ème et probablement dernier voyage en Inde...
Du 17 mars au 22 mars 2023
Bien que très attachés à l'Inde, nous avions mis fin à nos voyages vers ce continent:
- depuis plus d'une décennie, l'Inde, comme le Sri Lanka et d'autres pays d'Asie, se dote d'un réseau d'autoroutes à péages qui sillonnent et défigurent tout le territoire, pour répondre à un essor économique mais aussi au tourisme local d'une middle class en pleine expansion, en quête de détente et de dépaysement.
Alors que les vieilles routes permettaient de découvrir l'Inde rurale qui n'intéressait que les touristes étrangers, avec ses villages, ses petites agglomérations, où la vie et les traditions perduraient loin du lissage de la mondialisation, depuis quelque temps, quelle que soit l'agence, il est impossible d'échapper aux itinéraires sur autoroutes.
Les agences évoquent gain de temps, confort de circulation et sécurité.
- quant aux chauffeurs ils sont devenus des chauffeurs de taxi qui transportent les touristes d'une ville à l'autre à 80/100 km/h, sans connaitre les particularités, ni parfois la langue des régions qu'ils traversent.
L'époque où un chauffeur prenait plaisir à faire découvrir un marché, une rue particulière, un artisanat particulier, un endroit authentique, qu'il connait par expérience, semble bien révolue.
Avant d'abandonner définitivement l'Inde, nous avons souhaité revoir ou approfondir trois régions: le Punjab, l'Himachal Pradesh, l'Uttarakhand que nous avions traversées trop rapidement, espérant que cela serait peut être différent.
Nous voulions connaitre les fondements et les valeurs du sikhisme, voir des petites vallées himalayennes, rencontrer leurs populations, nous replonger autant que possible dans l'Inde rurale et laborieuse.
07 mars 2023 Nice - Delhi via Dubai
C'est avec soulagement que nous avons pu embarquer (grève nationale) et nous envoler vers cette ultime expérience indienne.
08 mars 2023 Delhi - Talwandi Sabo - Bathinda - 320 km
Si nous avons eu la chance de partir, la suite se révèle hasardeuse.
A 04h20 du matin nous prenons le vol de Dubai - Delhi, devant arriver à 08h55.
Au moment du décollage, le commandant de bord annonce que nous ne pouvons pas décoller suite à une fuite d'huile dans le réacteur droit. L'avion revient sur le tarmac où des techniciens tentent une réparation, pendant que nous restons à bord pendant 04h00.
La réparation semble impossible. Nous sommes transbordés dans un bus qui met 45 minutes pour atteindre l'aérogare où nous attendons une heure qu'un nouvel avion nous soit affecté. Nos téléphones ne nous permettant pas d'appeler l'international (hors wifi), Khana Taron, banquier indien, passager sinistré comme nous, propose d'appeler le chauffeur et l'agence pour les informer du retard et de l'heure d'arrivée prévue.
Embarquement à 09h20 pour un décollage à 10h10 et une arrivée à Delhi à 14h20 au lieu de 08h55. Ce type de retard (plus de 04h00) donne lieu à une indemnisation importante.
Arrivés à Delhi, nous pensions être attendus à la sortie de l'aéroport par le chauffeur Rajeev Joshi avec la pancarte habituelle Mr et Mme Machin. Bien qu'il a été informé de notre nouvelle heure d'arrivée, personne.
Nous attendons un peu et refaisons le tour de tous les chauffeurs avec pancartes, personne.
Nous appelons le chauffeur, répondeur ! Nous appelons l'agence, Loverpreet le contacte, 5 minutes plus tard, Rajeev arrive, disant qu'il nous attendait à une autre porte ! Pas de chance il n'y en a officiellement que deux et nous avons fait les deux !
Alors que nous devions quitter Delhi en début de matinée pour rejoindre Talwandi Sabo qui est considéré comme un lieu saint important dans le sikhisme : il abrite l'un des cinq Takhts, temples majeurs de cette foi, nous devons annuler la visite et nous contenter d'aller directement à Bathinda.
Autoroute jusque Bathinda. En cours de route, Rajeev demande si nous voulons boire un thé. Pourquoi pas, nous aimons le massala chaï. Arrêt dans un dhabba d'autoroute. Au moment de payer, alors que nous demandons au serveur combien nous devons, Rajeev répond 45 roupies. Ayant vu que le thé est à 15 roupies, cela veut dire qu'il nous fait payer son thé d'office. Nous mettons cela sur le compte du premier jour et de la distanciation...
Nous doublons un tracteur qui roule sur les roues arrières tirant une remorque gonflée comme une baudruche. Nous nous arrêtons pour faire une photo. Les deux paysans étaient complètement ivres, au volant d'un tracteur surchargé en plein autoroute...!
Bien que tout soit bien indiqué et qu'il ait un GPS, le chauffeur s'arrête à plusieurs reprises pour demander s'il est bien sur l'autoroute de Bathinda.
Pendant tout le trajet il nous parle de sa foi, de son dieu qui le protège, enchainant avec des mantras qu'il répète à longueur de route: Om Sitaram, Jay Jay Ram, hare Krishna etc...Nous mettons cela sur le compte de la fête de Holi qui avait lieu le jour même.
A partir de ce jour, tous les jours, il inonde ma messagerie Whatsapp d'images et messages religieux, jusqu'à notre retour en France au point de devoir bloquer son contact.
Arrivés à Bathinda à 21h30 nous mettons 45 minutes pour trouver l'hôtel. Rajeev s'est arrêté au moins 10 fois pour demander la direction de l'hôtel. Arrivée à l'hôtel Sepal à 22h16: 07h00 pour parcourir 320 km d'autoroute, où nos avons roulé entre 80 et 100 km/h. Cherchez l'erreur !
Suite à ce constat nous souhaitons partir le lendemain entre 08h00 et 08h30 afin de profiter de la journée à Amritsar. Rajeev impose son horaire : départ à 09h00. Non négociable !
Tous les jours ce sera 09h00, comme pour la majorité des chauffeurs en Inde.
Bathinda est située à 225 kilomètres à l'ouest de Chandigarh. Autrefois connue sous le nom de Tabarhindh ou Tabar-e-hind, dont le sens est "Porte de l'Inde". Elle était dominée par les rois de la famille Bhati Rajput (ottomans) qui régnaient sur la région.
Aujourd'hui, la ville est en plein essor, elle est un des plus importants marchés de coton et de céréales alimentaires du nord du pays. La ville est dominée par son fort.
Hotel Sepal Goniana Road, Parjapat Colony, Mata Jivi Nagar, Bathinda, Punjab 151001, +91 93560 60512
09 mars 2023 Bathinda - Amritsar 190 km
N'ayant pas pu changer d'argent la veille parce que les agences de l'aéroport ont le taux le plus élevé du pays 1 € = 81 rps, les banques étant fermées pour la fête de Holi, Lovepreet suggère de créditer le compte de Rajeev du montant que nous souhaitons changer au taux de 1€ = 85 rps. Ce qui s'avère pratique et intéressant, le meilleur taux que l'on puisse obtenir.
Rajeev propose de revenir en arrière pour visiter Talwandi Sabo. 30 km aller et 30 km retour à ajouter à la route pour Amritsar. Nous déclinons la proposition et suggérons de faire une visite rapide de Bathinda. Nous mettons 45 minutes pour trouver le fort qui est au coeur de la ville.
Un immense fort de briques d'argile, dont il ne reste que les épaisses murailles, témoignant de la présence d'envahisseurs d'origines Turcs, puis Moghols, et enfin Sikhs.
C'est dans ce fort qu'a été incarcérée la seule femme musulmane à avoir régné sur Delhi Razia Sultan. Bien qu'elle ait accompli de nombreuses actions à l'égard des populations locales, sa personnalité et sa modernité ont posé problème aux dignitaires Turcs qui l'ont combattue et faite captive, à Bathinda.
Elle s'est réconciliée avec Malik Ikhtiyar-ud-din Altunia, occupant du fort où elle était captive. Elle finit par l'épouser et, avec lui, a tenté de reconquérir le trône. Elle aurait été assassinée par un paysan qui l'hébergeait.
Dans le fort se trouve un Gurdwara érigé par le Guru Granth Sahib. Très fréquenté parce que la population pense que le sanctuaire accomplit les voeux de ceux qui les formulent ici.
Comme dans tous les Gurdwara, il y a un langar (cantine) avec un service de bénévoles qui distribuent des repas à tous ceux qui viennent. Venant de prendre un succulent petit déjeuner au Sepal, il nous a été offert un très bon chai massala. Nous découvrons des jeunes sikhs vêtus de bleu portant sabres et lances. Rajeev est incapable de nous expliquer qui ils sont en dehors de dire que ce sont des saddhus !!!
Nous avons été impressionnés par la gentillesse de toutes les personnes rencontrées dans ce fort.
Autoroute pour Amritsar. Champs de blés, champs de canne à sucre, briqueteries et cheminées à perte de vue. La région est très verdoyante.
Sur le bord de l'autoroute de nombreux marchands proposent du jus de canne fraichement pressé, et des jus d'oranges. Les étalages d'oranges étaient si appétissants que nous n'avons pas pu résister. Délicieux en dehors du fait que les Indiens mettent du sel dans leur jus d'orange !!! Le jus est à 60 rps. Au moment de payer, Rajeev annonce 180 rps, nous imposant d'office de payer le sien, comme si c'était normal !
Un peu plus loin, à la hauteur du village de Chander, nous nous arrêtons pour visiter l'atelier de Gurpreet Singh qui produit artisanalement du sucre (jaggery) à partir du jus de canne qui est chauffé jusqu'à ce qu'il épaississe et cristallise. C'est le sucre qu'utilise les ménagères indiennes. Un sucre non raffiné au goût de caramel.
Comme autrefois dans nos villes et nos campagnes, les gens aiment faire découvrir ce qu'ils font, partager un moment, passionnants échanges malgré la barrière de la langue. Le chauffeur n'est d'aucune utilité, il ne comprend pas la moitié de ce que nous disons et il ne parle pas le punjabi !
Pause déjeuner au restaurant d'autoroute Jalsa. Au moment de payer notre repas, ayant pris l'habitude de demander l'addition en Inde, nous constatons qu'une bouteille d'eau minérale que nous n'avons pas utilisée et le repas du chauffeur nous sont facturés. Nous refusons de payer.
Le chauffeur qui était à l'extérieur arrive en disant qu'il va payer sa part. Je lui fais remarquer que ses frais sont inclus dans le contrat avec l'agence. Il répond qu'ils ne sont pas inclus. Je l'informe que dans ce cas je dirai à Lovepreet qu'elle ment, quand je la rencontrerai. Il rectifie aussitôt et dit que les frais sont inclus. Il a essayé !
Un peu plus tard sur l'autoroute, Rajeev propose une pause thé.
Au moment de payer il intervient à nouveau pour dire le montant à payer et nous impose à nouveau de payer son thé.
Ayant l'habitude de ce genre d'inciviltés avec les chauffeurs Indiens, nous commençons à perdre confiance en Rajeev dès le deuxième jour, tout en nous sentant mal à l'aise, parce que 15, 40 ou 60 roupies ce n'est pas grand chose.
C'est leur façon de faire qui nous dérange, comme si c'était normal de payer pour eux, sans nous laisser le choix d'accepter ou de refuser, sans nous laisser libre de les inviter ou pas. Nous sommes des clients, pas des amis d'enfance ni des donateurs !
Pendant le trajet, il pose des questions sur ce que nous faisons dans la vie, sur les choses qui nous intéressent. A notre surprise, il ne nous laisse pas finir nos phrases, il change de sujet ou se met à chanter des mantras... Soit il pose des questions pour avoir l'air de s'intéresser, soit il ne comprend pas l'anglais et décroche dès que la conversation devient plus profonde.
A la fin de l'autoroute, il s'arrête à plusieurs reprises pour se renseigner et s'assurer qu'il est bien dans la direction d'Amritsar.
Nous arrivons en fin de journée et souhaitons voir la tour Baba Atal.
La tour se trouve à 200 m à l'extérieur du complexe du Golden Temple.
Avec son propre réservoir de cérémonie, la tour octogonale Baba Atal a été construite en 1784 pour commémorer Atal Rai, le fils du sixième gourou sikh Har Gobind, qui, selon la légende, a ressuscité un compagnon de jeu d'entre les morts, puis donna sa propre vie en pénitence pour s'être ingéré dans les desseins de Dieu. Les neuf étages représentent chacun une année de la courte vie d'Atal, décédé à 9 ans.
Rajeev a mis presque une heure pour trouver cette tour. Le soleil se couchait, nous avons juste eu le temps de faire quelques photos, sans flash !!!
En sortant du lieu saint, nous visitons un petit marché de nuit. Une femme en scooter, qui nous entend parler, s'arrête et nous parle en Français. Elle travaille à l'Alliance Française. Cool.
Nous observons cette foule affairée qui déambule au milieu des boutiques illuminées. Nous retrouvons l'Inde que nous avions connue quelques années plus tôt.
Rajeev propose de boire un thé. Le chai walla est très fier qu'on le prenne en photo. Rajeev en profite pour se faire payer son thé, une fois de plus !
Ensuite il met 45 minutes pour trouver l'hôtel qui est en centre ville, à 800 mètres de la Tour. C'est moi qui ait reconnu la rue grâce à des photos que j'ai vues sur Internet.
Nous terminons la journée avec une colère contenue. Impression de nous faire avoir au niveau chauffeur ! Il ne parle pratiquement pas l'anglais, ne semble pas connaitre les routes ni la région que nous visitons, et en plus il n'est pas honnête ! Cela fait beaucoup...
Le lendemain nous avons prévu de faire la visite du vieil Amritsar, de ses quartiers anciens, de ses ruelles, à pieds. Nous demandons au chauffeur s'il connait un peu la ville pour nous aider à la découvrir. Il répond qu'il nous aidera à découvrir la ville. Rendez-vous à 09h00.
Nous dînons dans un des temples de la gastronomie locale : Bharawan Da Dhaba, un délicieux kulcha.
Surestay Heritage Walk Best Western, en plein centre ville, dans une rue piétonne Jalian wala Bagh, Amritsar +91-911 541 2333 | +91 183 503 1111 à 550 m du temple d'or,
10 mars 2023 Amritsar
Amritsar est une ville fortifiée du nord Pendjab, près de la frontière indo-pakistanaise. Fondée en 1577 par Guru Ram Das, qui y découvrit un bassin réputé pour ses vertus thérapeutiques.
Capitale des Sikhs, Amritsar possède l’un des plus beaux bâtiments religieux d’Inde, le Sahib Harmandir, le Temple d’Or. Seul concurrent du Taj Mahal, fait de marbre blanc et d'or. Il est le centre spirituel et culturel de la religion Sikh.
Amritsar a été marquée par plusieurs massacres : celui du 13 avril 1919, les Indiens manifestent en masse contre les colons britanniques pour dénoncer les difficultés économiques et la politique anglaise. Ils agressent des européens. Lors du festival de Baisakhi, le général Dyer ordonne à ses troupes de faire feu sur la foule rassemblée à Jalianwalla Bagh. La journée se termine dans un bain de sang, il y aura 379 morts et 1200 blessés environ.
Celui du 22 septembre 1947, un train, contenant des indiens musulmans en fuite suite à la partition, a été attaqué par des sikhs qui ont ouvert le feu des deux côtés de la voie. Des hommes, des femmes, des enfants ont été massacrés par les sikhs qui ont envahi le train. Le massacre a fait 3000 morts et 1000 blessés.
Les Sikhs et les Hindous qui fuyaient le Pakistan ont subi le même genre d'attaque de la part des musulmans. On est loin de la non violence de Gandhi !
Celui du 3 au 6 juin 1984, opération Blue Star lancée par Indira Gandhi, Premier ministre, pour éliminer les Sikhs séparatistes (indépendantistes) réfugiés au Temple d’Or. Les insurgés, étaient accusés d’avoir entreposé des armes dans ce temple. 490 morts selon les autorités, des milliers selon les sikhs. Les gardes du corps sikhs d'Indira Gandhi l'assassineront plus tard en représailles.
Mais Amritsar est plus qu'une histoire de massacres et de temple d'Or : sa face cachée mérite d'être découverte.
Ancienne ville fortifiée, les ruelles étroites de la vieille ville forment un labyrinthe, où on a l'impression de se perdre, avec des maisons (havelis) à balcons d'une autre époque, des cours intérieures qui rappellent certains havelis du Rajasthan, des commerces qui semblent avoir traversé les siècles.
Le coeur de la vieille ville fourmille de street food avec la spécialité locale : le Kulcha: galette rotie, faite de farine, d'eau et d'un mélange épicé de pommes de terre, de chou-fleur ou de panneer cuite dans un tandoor et servie avec une portion de beurre ou de ghee. Elle est accompagnée de choley, curry de pois chiches, de cornichons, d'oignons émincés, de raïta.
Les boutiques se regroupent par spécialités: il y a les rues des bijouteries, celles des articles de mariages, celles des ferblantiers et articles de cuisine avec leurs récipients de toutes tailles, celles des boutiques de bracelets, celles des magasins de tissus avec le tailleur qui n'est jamais très loin, et les boutiques que l'on trouve un peu partout, où l'on vend de tout de la lessive aux bonbons, en passant par les snacks, les légumes, et les ampoules électriques...
Pour faire la visite nous utilisons un plan détaillé avec différents points d'intérêts et leurs explications (Heritage Walk).
Rajeev prétendant connaitre la ville, nous entamons le parcours par le Gurwara Saragarhi qui se trouve sur la droite à 200 m de l'hôtel. Rajeev se renseigne, il semble ne pas comprendre ce que les gens disent ou il demande quelque chose que les gens ne connaissent pas !
Le Gurwara Saragarhi est une petit gurdwara sans intérêt.
Nous étions censés nous diriger vers le Qila Ahluwalia, une porte fortifiée qui donne accès au coeur de la vieille ville, à quelques centaines de mètres.
Rajeev se renseigne auprès de touristes locaux, de rickshaws, il n'arrive pas à obtenir des informations efficaces. Difficile de lui en vouloir, il est chauffeur, pas guide. Craignant de passer la journée à chercher, nous décidons d'arrêter et de rentrer à l'hôtel. Cela lui fera une journée de repos !
Nous montrons notre plan à la réception de l'hôtel qui nous donne des explications pour faire la découverte par nous-mêmes. Tout se trouve dans le secteur autour du Golden Temple.
Nous parcourons un tas de ruelles plus étroites les unes que les autres où se faufilent scooters, rickshaws et parfois voitures à grands coups de klaxon.
Une petite place attire du monde: c'est la boutique du Jalebiwala. Les gens font la queue pour déguster cette friandise faite de sucre, de beurre et de farine. C'est vrai que c'est bon.
Nous ratons l'Udasin Ashram Arhara Sangalwala. Dans ce dédale de ruelles, il n'est pas évident d'identifier les sites à découvrir, parce que souvent dissimulés au milieu des boutiques, comme le Chitta Akhara. Nous sommes passé plusieurs fois devant sans le voir.
Une porte ordinaire barricadée par une grille. Nous ouvrons la grille, un vieil homme vient nous ouvrir la porte qui donne sur une habitation avec cour intérieure qui date de 1781, impressionnante. Encore l'impression d'être au Rajasthan.
Nous cherchons le Darshani Deori. Personne ne semble connaitre jusqu'à ce que nous rencontrions un vieux libraire qui lève les yeux au ciel. C'est un balcon d'où les gurus de passage pouvaient apercevoir le sanctuaire du Temple d'Or, avant que des bâtiments récents occultent la vue.
En levant les yeux pour suivre le regard du vieil homme, nous constatons que presque toutes les façades sont dotées de balcons en plus ou moins bon état, en bois sculptés ou en fer forgé, surplombant les ruelles. L'inde d'autrefois !
Nous découvrons les toiles d'araignée de fils électriques et de téléphone. Mais comment font ils pour s'y retrouver ?
Nous ratons le Thakurdwara Dariana Mal, parce que les gens ne connaissent pas. Ils ont un commerce dans ces ruelles très fréquentées, mais n'habitent pas le quartier et ne s'intéressent pas au patrimoine.
Nous dépassons la rue crawling où le général Dyer, en représailles contre les indiens qui se soulevaient face à la colonisation britannique, obligeaient les gens qui empruntaient la rue à le faire en rampant sous peine d'être fouettés en public.
Comme je l'ai observé lors de nos séjours au Rajasthan, et plus généralement au niveau de l'histoire du monde, la barbarie des colonies ne doit pas occulter celle de ceux qui les ont précédés. Avant les Anglais, ce n'était pas le paradis en Inde !
De nombreux maharadjas avaient l'habitude de maltraiter les populations asservies. Nombreux sont les Indiens qui sont morts en construisant leurs palaces, ceux qui se sont battus pour défendre un "maître" ou étendre son pouvoir, bien avant les Anglais. Quel que soit le pays, le monde a la mémoire courte !
Nous traversons l'ancien passage et ses boutiques, véritable caverne d'Ali Baba, pour terminer à la jolie mosquée Khairuddin, construite en 1876 par Muhammad Khairuddin. C'est de cette mosquée que des imams ont appelé les musulmans à se soulever contre les dirigeants britanniques.
Construite en marbre blanc, décorée de calligraphies et de miniatures de couleur verte, cette mosquée est photogénique et reposante. On y trouve le même accueil que dans les mosquées de Singapour. Respectueux et chaleureux. On est loin de l'islam de France !
Même si nous avons manqué certaines visites faute d'informations, nous ne regrettons pas cette longue balade dans le temps, pleine de bruits, d'odeurs, avec cette ambiance que l'on ne trouve qu'en Inde.
Nous terminons notre tour par une après midi au Golden temple. Il y a 10 fois plus de monde qu'en 2016. Très peu d'étrangers, beaucoup d'indiens.
Il dispose de 4 entrées symbolisant l'ouverture à toute personne, de toute religion, de toute caste, symbole de fraternité et d’unité. C'est peut être vrai dedans, mais une fois dehors chacun reprend sa place !
De nombreux sikhs font le pèlerinage au sanctuaire au moins une fois dans leur vie. L’édifice du 18ème siècle accueille tous les pèlerins, quels qu’ils soient.
Le sanctuaire a deux étages plaqués or véritable, entouré d'un lac artificiel de 5,1m de profondeur. Il est étroitement surveillé par un service de sécurité très actif.
Le temple vit de dons qui permettent d’entretenir les lieux et de servir des repas gratuits chaque jour à des milliers de personnes. On peut aussi y être hébergé gracieusement.
Les hommes et les femmes doivent se couvrir la tête, avoir les épaules et les jambes couvertes, il faut se déchausser, près de l'entrée, des dizaines de comptoirs font office de consignes à chaussures, il faut ensuite se laver les mains et tremper les pieds dans un pédiluve.
Nous ne retrouvons pas l'accueil fraternel de 2016, peut être à cause de cette surpopulation. Un agent de sécurité demande à contrôler nos sacs photos, alors que des milliers d'Indiens entrent, parfois même avec des valises sans être fouillés !
Des travaux importants ont été faits pour agrandir le langar (immense cantine gratuite sur 3 étages où sont délivrés plus de 100 000 repas végétariens par jour). Nous avons visité les cuisines où s'affairent des centaines de bénévoles. Chaque assiette est contrôlée une à une après la vaisselle.
Nous avons visité le sanctuaire couvert d'or qui se trouve au milieu de la pièce d'eau. Une file d'attente ne désemplit pas de tôt le matin à tard dans la nuit.
Au lieu d'avancer au fur et à mesure, tranquillement, de nombreux adeptes forcent le passage en bousculant, meurtrissant les côtes avec leurs coudes, écrasant les pieds, piétinant les enfants, jusqu'à ce qu'on leur cède. C'est d'une violence ! Les pires étant les vieux et les vieilles.
Nous sommes loin des valeurs: respect des autres, solidarité, bien être, bla bla bla...Nous imaginons ce qui peut se passer en cas de panique...
Un homme voyant à quel point nous étions maltraités a imposé aux gens de s'écarter pour nous laisser respirer, et ça a marché. Nous avons pu faire la dernière partie du parcours sans violence.
Le supplice a duré 01h30. Une fois dans le sanctuaire nous avons vu certains fanatiques s'effondrer en larmes...
Nous avons attendu le crépuscule pour assister aux illuminations. L'endroit devient magique, hypnotique, envoutant. Nous nous sommes assis pour nous laisser envahir par la beauté du lieu. Alors que nous étions assis sur les marches, au bord de la pièce d'eau, comme beaucoup d'Indiens, un homme ordinaire est venu nous ordonner de bouger ! Encore de la discrimination ! C'est fou le pouvoir que donne la religion et la testostérone !
Dîner dans un autre temple de la gastronomie locale, juste à côte de Bharawan Da Dhaba, Brother's Da Dhaba. Bruyant mais peu cher et bon.
En revenant vers l'hôtel nous sommes impressionnés par la foule qui déambule dans les rues, et par le nombre de vendeurs ambulants. Une débauche de gadgets, made in China, de souvenirs pour touristes locaux. Tous ces gens qui n'ont pas grand-chose dépensent de l'argent pour des choses futiles. Impression d'être dans une fête foraine plutôt que dans une ville sainte ! Cela dure toute la nuit, sous les hauts-parleurs qui diffusent les chants des prêtres du Temple d'Or.
Surestay Heritage Walk Best Western Jalian wala Bagh, Amritsar +91-911 541 2333 | +91 183 503 1111 à 550 m du temple d'or, à 500 m de Town hall un des meilleurs hôtels que nous ayons eus en Inde.
11 mars 2023 - Amritsar
- Nous pensions pouvoir faire la visite du Shri Durgana Mandir, immense temple hindou, à l'architecture similaire à celle du Harmandir Sahib. Ce temple tire son nom de la déesse Durga, la déesse principale vénérée ici. Il est connu sous le nom de temple d'argent à cause de ses portes.
Vu la maigre connaissance qu'a le chauffeur de la région, ajouter une visite risque de compromettre le reste de la journée, d'autant que nous sommes attendu chez Loverpreet pour le repas de midi.
Nous prenons la route du Gurdwara Bir Baba Budha Sahib (20km d'Amritsar)
Beaux champs de riz et de céréales à perte de vue. Situé sur la route Chaabal, près du village de Jhabal Kalan, Baba Budda est connu comme l'un des grands Sikhs de la période Guru. Baba Budda a eu le privilège d'être béni par les six premiers Gurus. Il a passé une grande partie de sa vie ici. Sri Guru Arjan Sahib Ji a également visité cet endroit. Le Gurdwara honore et commémore Baba Budha (1506 - 1631), le vénérable sikh de l'époque de Guru Nanak.
C'est un beau Gurdwara de marbre blanc, avec son réservoir et un magnifique jardin.
Est-ce le fait qu'il soit à la campagne: son ambiance est beaucoup plus détendue et plus chaleureuse qu'à Amritsar. Nous retrouvons l'accueil sikh que nous avions connu en 2016 dans d'autres temples du Penjab. Les visiteurs sont souriants, cherchant à communiquer, allant jusqu'à échanger une adresse Whatsapp pour "keep in touch. Certains le font réellement. Stupeur: nous avons vu une femme boire l'eau du pédiluve ! Jusqu'où va le fanatisme ?
Nous regrettons de ne pas être accompagnés d'un chauffeur qui parle punjabi et qui connaisse la religion et les habitudes sikhs. Nous observons que de moins en moins de gens parlent anglais, ce qui nous donne parfois l'impression de passer à côté d'un tas de choses sans pouvoir les comprendre ou nous les faire expliquer. Dommage.
Par exemple le jardin est ceint de bâtiments disposés comme un cloitre avec des galeries à colonnes. Comme dans les monastères, des cellules sont occupées par des méditants qui viennent se consacrer à la lecture du livre sacré. Retraite d'un ou plusieurs jours. Merci à Loverpreet pour ses explications..
C'est d'ailleurs chez elle que nous nous rendons après cette visite. Elle habite un petit village en pleine campagne. Jolie maison dans un village hors du temps. Super moment partagé. Impressionnés par le professionnalisme et la maturité de Loverpreet dans nos échanges sur internet, nous l'imaginions plus âgée, style femme d'affaire qui a de l'expérience.
Nous profitons de notre rencontre pour parler de nos déboires avec Rajeev, en évitant d'aborder les problèmes d'honnêteté. Etant donné sa personnalité boderline, nous ne tenons pas à subir ses réactions pendant le reste du voyage. Elle va lui parler.
Après une intéressante visite du village de Margindpura et des rencontres amicales avec les habitants, nous dégustons un délicieux repas préparé par la mère et la tante de Loverpreet. Nous prenons la route pour visiter le Gurdwara de Tarn Taran. Heureusement que la tante de Loverpreet nous a guidé en moto, sinon nous y serions arrivés en pleine nuit. Même pour trouver le parking, c'est elle qui a du intervenir.
Le gurdwara de Tarn Taran est une réplique miniature du Golden Temple avec un sanctuaire doré, un bassin et des illuminations de nuit. L'ambiance y était moins agréable qu'au Bir Baba Budha Sahib.
Dîner au Brothers Da Dhaba
Retour à l'hôtel. Il y a toujours autant de monde dans les rues, pèlerins et vendeurs.
12 mars 2023 Amritsar - Mcleodganj
A partir d'aujourd'hui, Loverpreet met à notre disposition un boitier wifi nomade pré-payé. Génial. Cela nous permettra au moins d'utiliser nos propres GPS. Encore faut-il qu'il soit rechargé et que le hub soit disponible, Rajeev utilisant beaucoup la prise USB pour écouter ses chants religieux.
En quittant Amritsar, nous croisons plusieurs éléphants conduits par des cornacs agressifs. Si nous avons le malheur de prendre une photo, ils se montrent très vindicatifs pour exiger de l'argent.
Nous croisons également de nombreux cavaliers en costumes bleu-nuit équipés de lances et de sabres. Il y aurait un festival religieux en ville. Difficile d'en savoir plus.
Nous en avions rencontré quelques uns au fort de Bathinda, Rajeev était incapable de traduire et d'expliquer, en dehors de dire que c'était des saddhus !
A Amritsar, nous a en avons rencontrés 4 au restaurant Brother's Da Dabha, qui parlaient un peu l'anglais. Nous en avons profité pour demander qui ils étaient et quelle était la différence avec les autres sikhs. L'un était businessman, les autres agriculteurs. Apparemment riches vu le nombre de liasses de billets de 500 roupies qu'ils sortaient de leurs poches.
Après nos recherches, il s'agit de Nihangs ou Akalis. Habillés de vêtements particuliers bleu-nuit et de turbans à étages ornés de symboles métalliques. Ils portent des couteaux, des sabres et des lances. Armes qui ne seraient que symboliques pour rappeler leur appartenance aux guerriers et à la milice du Guru Ginbind Singh.
Chaque année ils se déplacent, notamment en Mars, pour se rendre dans les rassemblements religieux. C'est l'occasion de recruter de nouveaux adeptes, de distribuer des vêtements et de la nourriture aux plus pauvres. Ils ont aussi pour mission d'arbitrer les conflits et d'assurer la protection des autres sikhs. Ils font d'ailleurs partie du service de sécurité dans les différents gurdwaras.
Route pour Dharamsala/Mcleodganj. L'état est en train de construire une autoroute entre ces deux destinations. Un imposant chantier éventre et défigure les villages et villes qui se trouvent sur son passage.
Le chauffeur s'arrête dans un dhaba (SK Dhaba) de bord de route pour prendre son petit déjeuner. Il a commencé à travailler à 09h15 il aurait pu le prendre avant. C'est une perte de temps qui s'ajoute à ses égarements.
Sur cette route comme sur l'autoroute de Bathinda à Amitsar, nous apercevons de nombreux établissements destinés à accueillir les réceptions de mariages. Nous sommes en pleine saison de mariages, décors et faux palais, grosses voitures, débauche de luxe. Les mariages étant souvent l'occasion d'étaler des richesses que l'on a ou que l'on n'a pas afin d'épater la galerie.
Dans la campagne de Gurdaspur nous nous arrêtons sur le bord de la route pour visiter une ferme traditionnelle. Maison de terre battue et de paille. Bien qu'on découvre le grand dénuement dans lequel vit cette famille, tout est propre, rangé, décoré. Les murs intérieurs sont ornés de frises moulées à la main. La famille vit de son élevage de vaches: vente de lait et des bouses comme combustibles.
Bilugujar nous fait visiter son royaume. Lorsque nous partageons un moment avec une famille, nous avons pour habitude de faire un cadeau comme lorsque nous allons chez des amis, sous forme d'argent aux parents (parfois cela aide), sous forme de bonbons, de petits jeux, d'articles scolaires aux enfants (ça fait toujours plaisir). Par contre dans la rue ou les lieux publics nous ne donnons jamais rien. Merci à Bilugujar, à Rishma, à Radia pour leur accueil.
Arrêt déjeuner dans un restaurant multi cuisine de bord de route : Daawat Restaurant.
Je souhaitais arriver tôt pour suivre un cour de cuisine tibétaine et réussir enfin à faire les momos. La seule adresse intéressante étant fermée (Lhakpa Tsering) pour cause de déplacement théâtral dans le sud de l'Inde, il reste une adresse pour laquelle je n'avais pas beaucoup d'informations. Sur le web elle est indiquée à McLeodganj. En réalité elle est à 6 km du centre de Mcleodganj , à Bhagsu Nag, au dessus du restaurant Old German Bakery. Les cours sont donné par une indienne, Mme Rita Kapor, les tarifs sont élevés pour des momos ! Ce sera pour une autre fois.
Mcleodganj est le lieu de résidence du Dalai Lama, à dix kilomètres de Dharamsala qui est la capitale du gouvernement tibétain en exil avec son parlement, sa cour de justice, et son musée qui veut être la mémoire du peuple tibétain.
Mcleodganj qui a été un haut lieu du tourisme "new age", avec centres de méditation, de yoga, de massages ayurvédiques, chambres d'hôtes et gargotes bon marché, est devenue un joyeux mélange de moines bouddhistes, de tibétains en exil, de touristes indiens prenant la ville pour une station climatique, de voyageurs occidentaux, toujours "new age" mais plus rares qu'avant.
Il y a encore un marché, des restaurants, des magasins tibétains à Mcleodganj, mais il y a aussi de plus en plus d'hôtels de luxe, de fast food, de boutiques de souvenirs et de gadgets, de galeries d'art, un tas de cours de yoga, de méditation pour touristes "branchés", des pâtisseries et des glaciers, des boutiques d'alcools forts: whisky, vodka, tequila, vins de pays etc..dont les propriétaires sont davantage des opportunistes Indiens que des Tibétains.
En fin de journée il n'est pas rare de rencontrer des groupes de jeunes Indiens venus passer le week end et faire la fête !
Nous avons été surpris de constater la différence entre 2016 et aujourd'hui: on est passé d'une ambiance spirituelle à une ambiance station de ski. Bientôt les karaoke et autres boites de nuits !
Même au niveau des moines, il y en a plus dans les rues, dans les bars, dans les restaurants que dans le monastère, cherchez l'erreur !
Nous n'avons pas pu visiter le temple Kalachakra qui est toujours fermé.
Dîner au Tibet Kitchen, un des meilleurs restaurants tibétains de la ville, en plein centre. Carte variée de plats typiquement tibetains, petits prix pour une qualité satisfaisante. On est loin de la junk food servie un peu partout. En plus ce restaurant offre le repas gratuit aux personnes en difficultés (free food for needy people).
Hotel D'S Casa ClubHouse Road, near Liason Office, McLeod Ganj, Himachal Pradesh 176219, +91 98571 18380, à 300 m de Temple road, et à 500 m d'un des meilleurs restaurants tibétain
13mars 2023 Mcleodganj
Avant de quitter la ville, une ultime visite au Tsuglagkhang Complex: la résidence et le monastère du Dalai Lama. Apparemment il est là, de nombreuses personnes en costumes traditionnels attendent pour une audience. Beaucoup d'autres attendent pour obtenir un ticket qui leur donne droit à un filet de provisions "béni" par le Dalai Lama.
Nous nous faisons "engueuler" par une touriste anglaise qui ne supporte pas que l'on fasse des photos à l'intérieur d'une salle de prière ! Nous avons l'habitude d'aller dans des temples et des monastères et savons comment nous comporter correctement. Mind your own business, Madam !
Les panneaux qui recouvraient les mûrs d'entrée en 2016 avec des photos de Tibétains et des tortures pratiquées par les Chinois ont disparus.
Bien que son service de communication tente de minimiser l'affaire, nous avons été choqués par la vidéo du 28 février 2023 où l'on voit le Dalai Lama demander à un enfant qui voulait un câlin, de lui sucer la langue.
Cela nous rappelle un reportage de télévision sur une audience du Dalai Lama accordée à des familles et des victimes de sévices (notamment à caractère sexuel) dans la secte bouddhiste européenne, OKC, visitée et agréée par Dalai Lama. Son déni et son attitude à l'égard des victimes étaient tout aussi dérangeant. Pour nous sa "sainteté"est tombée du piedestal.
Nous avons prévu de faire le tour des monastères que nous n'avions pas visités dans la région.
Chaque monastère demande un temps de recherche, d'aller-retour, pour trouver le site. Nous devons utiliser nos GPS. C'est d'autant plus compliqué que les routes sont étroites au point de devoir laisser le passage aux autres véhicules. Ne respectant aucune priorité, ce sont toujours les grosses voitures qui s'imposent aux autres, les obligeant à faire marche arrière jusqu'à un endroit plus large.
A Dharamsala : juste à côté du parlement en exil et du musée, le monastère Nechung Monastery considéré comme le siège de l'Oracle d'État et la divinité protectrice du Dalaï Lama et du Tibet. Lorsque le médium entre dans un état de transe, la divinité protectrice prend possession de son corps et donne des conseils et des prédictions au Dalaï Lama et aux dirigeants tibétains en exil. Six moines ont réussi à s'échapper en Inde pour continuer les traditions complexes de l'Institution Nechung. Un petit monastère qui surplombe la vallée. Heureusement, il y a un parking juste côté.
Nous prenons la direction du Norbulingka Institute à 11 km. Un institut d'enseignement et de formation fondé en 1988 pour préserver la culture, la littérature et l'art tibétain, il porte le nom de Norbulingka, résidence d'été des Dalaï Lamas à Lhassa.
Juste avant la porte d'entrée un mur peint au bord d'une rivière : le portrait de Frida Kahlo, artiste surréaliste mexicaine complètement inattendue à cet endroit. Bel hommage.
Construit dans un style tibétain traditionnel au milieu de jardins et d'étangs, le site est très photogénique. Les principales sections de l'institut sont l'Académie de la culture tibétaine, le Centre de recherche littéraire et culturelle ainsi que le Centre des arts.
L'institut possède également le temple du"siège du bonheur" situé au milieu de jardins de style japonais. Il est connu pour plus de 1000 peintures murales de Bouddha, des fresques de tous les Dalaï Lamas et des dessins de la vie du 14ème Dalaï Lama.
Nous sommes arrivés à midi, les ateliers sont fermés. Tickets d'entrée discriminants : le tarif pour les étrangers est 10 fois plus cher que le tarif pour les indiens, sachant que la majorité des indiens qui sont en villégiature dans le coin ont des revenus largement supérieurs aux nôtres !
Nous devons attendre la fin de la pause repas pour visiter. Nous en profitons pour visiter le temple qui est magnifique et déjeuner dans un le fast food de l'institut. Des pâtes au fromage. Il y a un buffet végétarien, hors de prix.
A 14 h les ateliers ouvrent: c'est intéressant d'observer ces hommes à l'oeuvre. Atelier de sculpture sur métal où ils réalisent des statuettes de Bouddha avec une dextérité impressionnante. Ils font à la main ce que d'autres font avec des moules à cire perdue. Leur travail est beaucoup plus fin et détaillé que les statues moulées.
De véritables oeuvres d'art qui demandent plusieurs mois de travail. Il ne s'agit pas ici de reproductions mécaniques à la chinoise. Tout est fait en exemplaire unique, à la main.
Nous avons passé un moment avec Lobsang Tenzin le professeur d'art qui a appris la technique au Tibet. Il nous a raconté son exil en 1992 avec deux mois de marche pour traverser l'Himalaya. Son travail dans différents temples pour faire ou refaire les peintures, ses démonstrations en Europe où il a présenté cet art. Il enseigne depuis 1993. Merci d'avoir croisé notre route et de nous avoir fait découvrir cet art noble.
Atelier de peinture sur bois. Si certains meubles ont des couleurs très asiatiques (rouge et or) d'autres sont beaucoup plus raffinés avec des dessins d'une grande finesse. Ici encore on découvre la précision d'un art méconnu. Lorsqu'on voit un de ces meubles dans une vitrine, on est loin d'imaginer le travail que cela représente. Pièces uniques, parfois sur commande.
Atelier de sculpture sur bois. Boite à bijoux, boites à encens, statues avec une richesse dans les détails.
En sortant de l'institut, Rajeev qui nous attendait à l'extérieur demande si nous voulons boire un thé. Comme il a passé l'après-midi à la terrasse du café, nous pensions qu'il avait eu largement le temps de boire le sien. Au moment de payer, il parle à la place du serveur et nous fait à nouveau payer le sien.
Cinquième fois où il nous fait payer sa boisson. Ce qui nous énerve le plus est que lorsqu'on s'adresse au serveur pour demander combien on doit, il s'interpose pour nous imposer le prix.
A partir de ce moment, nous décidons de ne plus jamais accepter de prendre un thé ni de manger en sa compagnie.
Sur le site web de Tour India with Driver il est écrit que lors de circuits individuels, une bouteille d'eau et des snacks sont offerts aux clients chaque jour. N'ayant eu une bouteille d'eau que le premier jour, vu son manque d'honnêteté, nous le signalons à l'agence qui va faire le nécessaire.
Nous nous dirigeons vers le Gyuto Monastery à 13 km de Mcleodganj, à Sidbhari sur la route principale de Palampur.
Ce monastère est célèbre parce que spécialisé dans l'étude de la méditation tantrique et des arts rituels tantriques. Il a été fondé au Tibet en 1474 par le disciple du premier Dalaï Lama, Jetsun Kunga Dhondup. Après l'invasion communiste chinoise en 1959, le monastère a été établi en Inde. C'est la demeure de Karmapa, le chef du bouddhisme tibétain Kagyu.
La pièce principale du monastère possède une statue majestueuse du Bouddha avec en toile de fond les montagnes enneigées du Dhauladhar. Il abrite près de 400 moines qui pratiquent les principaux textes tantriques dont Guhyasamaja, Chakrasamvara et Yamantaka. Les visiteurs peuvent participer aux prières du mercredi et du samedi.
En occident, quand on parle de tantrisme, on se réfère souvent à une pratique visant à développer une énergie à caractère sensuel, avec des exercices et des rituels propres à développer l'énergie vitale. La plupart des centres de formations demandent à ce que l'on vienne en couple. D'où parfois une confusion avec une gymnastique sexuelle.
Je voulais savoir exactement ce qu'il y a dans le tantrisme pour me dépolluer des idées reçues et véhiculées en occident. Quel rapport entre tantrisme et bouddhisme ? Les différents ouvrages que j'ai lus sur le bouddhisme, même anciens, ne mentionnent pas le tantrisme.
Ensuite s'il est question d'énergie vitale à caractère sensuel, qu'est ce que cela vient faire dans un monastère, où il n'y a que des hommes avec voeu de chasteté ?
Sur 400 moines aucun ne parlent anglais, aucun pour répondre à mes questions, en dehors du moine cuisinier qui parlait quelques mots pour me faire comprendre qu'il s'agit bien d'énergie sexuelle et que s'ils sont soumis à la chasteté, rien ne les empêche de rêver...Mais ne font ils que rêver ?
Je n'aurai pas de réponse satisfaisante à mon questionnement. Le monastère est immense, un vrai campus. La salle de prière est grandiose, de nombreux moines étudient les textes sacrés un stabylo à la main. Un moine plus âgé passe de l'un à l'autre pour expliquer des mots, des passages.
Il y a beaucoup d'enfants moines très jeunes dans ce monastère.
De retour vers Mcleodganj, nous souhaitions visiter le Tibetan Medical & Astrological Institute MenTsee Khang. Pas de chance il venait de fermer et les visites n'ont pas lieu tous les jours.
Dîner au Tibet Kitchen. D'autres plats, d'autres saveurs. Ce qui est bien dans ce restaurant c'est le calme. A l'époque hippie, il aurait été plein. Aujourd'hui, la nouvelle génération Indienne ne raffole pas de cette cuisine, préférant la cuisine de "maman" ou la junk food.
14 mars 2023 Mcleodganj - Rewalsar - Kullu
Rajeev est en retard : il n'y avait pas de restaurant ouverts pour prendre son petit déjeuner. De nombreux Indiens travaillant très tôt, il y a généralement beaucoup de gargotes de rue qui ouvrent très tôt. Il ment. Bien que ses journées se terminent généralement vers 18:00 pm et ne commencent pas avant 09:00 am, il est rarement à l'heure le matin.
Route pour le lac de Rewalsar : il y a trois routes pour y aller, avec à peu près la même distance (160km). Deux routes directes: une qui passe par Nadaun, une autre qui passe par Sujanpur Tirra.
La troisième route passe par Mandi. Le problème est que si nous passons par Mandi, nous devrons revenir ensuite en arrière à Mandi pour aller à Kullu. Perte de temps.
Comme nous perdons déjà beaucoup de temps du fait de l'incompétence du chauffeur, nous suggérons de prendre la route la plus directe. Il refuse et veut prendre celle qui passe par Palampur et Mandi.
Nous nous sommes arrêtés deux fois pour faire des photos de montagnes enneigées en quittant Mcleodganj.
Nous traversons Palampur et ses plantations de thé. Lorsqu'on a vu celles de Darjeeling et du Kerala, celles de Palampur n'ont vraiment aucun intérêt. Sèches, mal taillées. Pas d'arrêt.
En partant à 09h00 nous pensions arriver à Rewalsar pour le déjeuner (160km).
Sans pause déjeuner, nous sommes arrivés à Rewalsar à 15h30 : presque 7 heures pour faire 160 km sur une route en bon état, partiellement occupée par un chantier de construction d'autoroute !
Visite de Rewalsar au pas de course, avant que le soleil disparaisse derrière les montagnes qui entourent le site. C'est un des plus beaux endroits que nous ayons visités lors de ce voyage.
Il se dégage quelque chose de serein, de relaxant, de paisible de cette ville.
Rewalsar est photogénique et attachante. Les temples hindous, bouddhistes, sikhs sont intéressants, les ruelles et l'ambiance sont particulières. Nous n'avons pas pu tout visiter faute de temps. Si nous avions pu prévoir, nous en aurions fait une étape de nuit tant la ville est agréable.
Pour les Bouddhistes, Rewalsar est lié au Guru magicien Padamasambava. Sa statue domine la ville. La légende raconte qu’après avoir initié la princesse indienne Mandarava le père de celle-ci, fou de rage, fit brulé vif le Gurû. Le lac se serrait alors formé à la place du bucher et Padamasambava serait sortis sur lotus (Tsao Pema).
Pour les sikhs, le dixième Gurû, Gobind Singh, serait venu à Rewalsar pour des négociations, cherchant de l’aide auprès du Raja de Mandi contre le terrible conquérant Moghol Aurangzeb.
Nous avons juste le temps de visiter le monastère Tsao Pema de style pagode avec ses 4 façades de couleurs. La salle de prière est très intime. Bel endroit d'où on a une jolie vue sur le lac.
Nous visitons le monastère Zigar Orgyen Choekorling surplombé par l'immense statue de 42 m du Guru Rimpoche (Padamasambava). La salle de prière est belle. De la terrasse du monastère on a une vue impressionnante sur la ville et le lac.
Le soleil disparait à l'horizon, il est temps de prendre la route pour Kullu (17h00). Nous repassons par Mandi (50 km pour rien). Surprise, un chantier de construction d'autoroute est en cours entre Mandi et Manali. Certaines portions sont terminées, d'autres pas. Alternance de voies rapides et de voies ordinaires. Rajeev se trompe plusieurs fois de routes.
Nous arrivons à l'hôtel à 21h15. L'hôtel étant complètement isolé et loin de la ville et n'ayant pas déjeuné, nous demandons au gardien s'il y a un restaurant végétarien dans les environs. Le réceptionniste qui a entendu répond "ils n'ont qu'à manger au restaurant de l'hôtel". C'est justement ce que nous souhaitions éviter. Cool comme accueil !
Repas lyophilisé de secours dans la chambre.
Hotel Apple Valley Resort Bhuntar - Kullu Road, Village, Mohal, Himachal Pradesh 175126, + 91 92186 60001 Le pire des hôtels que nous avons eus en Inde. Isolé, sale, mal entretenu, peu accueillant.
15 mars 2023 Kullu la vallée
La belle vallée de Kullu avec ses vergers légendaires, ses vielles fermes en bois aux toits d'ardoises, ses petits temples hindous en bois sculpté, est en voie d'extinction: l'autoroute et les projets spéculatifs de constructions hôtelières sont en train de la ravager. Le tourisme de masse de la middle class indienne est en train de tuer ce patrimoine naturel.
En dehors des activités sportives habituelles prisées par la "geek génération": Ski, luge, parapente, rafting, randonnée, VTT, équitation, il y a très peu d'informations sur internet pouvant aider à visiter cette vallée.
Certains influenceurs, qui ne doivent pas voyager souvent, comparent la vallée de Kullu à Goa version montagne, laissant supposer la présence de junkies avec ses effets secondaires. Je n'ai rien vu de cela et encore moins de touristes étrangers. Par contre il y a une foule de touristes locaux en quête de défoulement. J'observe que les indiens boivent beaucoup d'alcool fort !
Par manque d'informations, il a été difficile de prévoir des visites. N'ayant pas la chance d'avoir un chauffeur qui connaisse la région nous nous sommes débrouillés avec ce que nous savions.
Nous voulions voir le temple de Ragunathji de Sultanpur. Rajeev dit que nous le verrons au retour, ce temple serait sur la route de l'hôtel.
A 3 km de Kullu, nous allons voir le Bekhli Mata Temple (Bhakhali Jagannnathl temple) jolie petite route de montagne avec vue spectaculaire sur la vallée. Le temple a été construit il y a plus de 1500 ans, il est considéré comme l'un des plus anciens temples de la vallée de Kullu. La divinité principale du temple est Mata Bhubaneshwari Devi, sœur de Vishnu. L'architecture du temple est influencée par le style local-Pahari. Toutes les boiseries sont sculptées. Quelques familles viennent y faire des offrandes qu'elles partagent avec nous. Un tigre de plâtre surveille l'entrée.
Sur la route il y avait plein d'arbres en fleurs. De teinte rose à violet. C'était très beau. Nous demandons au chauffeur ce que c'est, il répond "des fleurs". Oui mais quelles fleurs ? Pourquoi ? vous voulez en acheter ? Non c'est pour savoir de quels arbres il s'agit, il y en a plein la vallée. Il demande à un passant, "ce sont des khoobaanee". Grace au traducteur de notre téléphone, nous découvrons que ce sont des abricotiers, une des spécialités de Kullu.
Nous avions prévu de voir le monastère bouddhiste Dhapko Shedrupling Monastery, mais vu le nombre de choses que nous souhaitons faire et le temps que nous perdons à chercher les endroits, nous annulons la visite.
Nous allons à Naggar pour voir son château et un vieux temple. Nous quittons enfin l'autoroute et traversons de jolis villages. S'il y a beaucoup de constructions récentes, il y a encore beaucoup de vielles fermes en bois aux toitures d'ardoises.
Les gens qui habitent ces fermes sont assez différents des autres, ils ressemblent aux Tibétains, mais ne sont pas habillés comme les Tibétains. Rajeev ne connait pas !
Les montagnes environnantes sont couvertes de neige. Avec le soleil et les tapis de fleurs qui couvrent la vallée, c'est vraiment magique.
Pour aller au Naggar Castel, Rajeev se perd à nouveau. Nous descendons de la voiture pour demander nous-mêmes aux habitants en leur montrant notre carnet de route et les photos des lieux que nous voulons voir. Sans parler un mot d'anglais, un jeune homme nous indique où se trouvent ces endroits et comment y aller.
Le Naggar Castel construit par les rajas sikhs de Kullu en 1460, est un exemple de l'architecture himachalie, avec ses couches alternées de pierres et de bois. Transformé en hôtel en 1978 par le dernier raja qui avait des difficultés financières. Si l'hôtel ne se visite pas, il y a un petit musée au rez de chaussée avec une entrée payante discriminatoire pour les touristes étrangers. Nous sommes pourtant les seuls touristes à ne pas avoir d'énormes SUV.
Nous voulions voir le vieux temple qui se trouve à gauche à 200 m du Naggar castle. Nous donnons l'information à Rajeev. Il n'en tient pas compte et demande à des touristes locaux la route pour aller au temple. Les touristes répondent qu'il n'y a pas de temple. Rajeev se dirige vers la droite pour quitter les lieux.
Nous lui ordonnons de tourner à gauche. Voyant notre énervement, il tourne à gauche et 200 m plus loin apparait le temple Tripura sundari Devi. Un temple probablement encore plus ancien que le premier, en bois, en forme de pagode. Il ressemble étrangement à des vieux temples hindous que nous avions visités en Indonésie.
Nous souhaitons visiter rapidement Manali et son marché tibétain avant de revenir à Kullu pour visiter le vielle ville.
Pour rejoindre l'autoroute de Manali, nous prenons une petite route de campagne. Envie de nous arrêter partout pour faire des photos tellement c'est beau. Une vieille maison en bois à étage. Familles de paysans, éleveurs et agriculteurs. L'accueil est chaleureux, dommage que nous n'ayons pas d'interprète pour échanger et découvrir leur vie.
A la sortie du village, un vieux monsieur très digne en costume "so british" prend la pose pour la photo.
Un champ de moutarde jaune avec en toile de fond des pics enneigés, ce n'est pas grand chose mais c'est tellement beau !
Une fois revenus sur l'autoroute, nous nous apercevons que nous dépassons Manali. Nous demandons à Rajeev où il va. Il répond qu'il veut nous faire voir quelque chose ! Quoi ? "Vous verrez".
Il roule à 20km/h sur l'autoroute. Tous les véhicules nous dépassent. Nous lui faisons remarquer. Il répond "qu'il ne peut pas rouler plus vite avec une voiture taxi sur ce tronçon".
Nous mettons 45 minutes pour parcourir 15 km. A un moment donné il nous arrête devant une boutique pour acheter des combinaisons de ski. Nous ne comprenons pas. Nous ne sommes pas ici pour faire du ski et en plus ce n'est pas notre tasse de thé !
Nous arrivons sur un immense parking, où il y a des centaines de grosses voitures et des centaines d'indiens en combinaison de ski. Il viennent là pour faire du parapente, du ski, de l'équitation. Solang Valley.
Nous refusons de descendre de voiture. Rajeev insiste pour que nous allions voir plus près. Il dit qu'il reste à cette place sur le parking. Nous descendons en chemisette pour constater qu'il n'y a rien d'intéressant à voir.
A peine 2 minutes plus tard nous revenons vers la voiture, frigorifiés. La voiture a disparu. Nous avons attendu 15 minutes que Rajeev réapparaisse, hilare. Il voulait boire un thé !
Nous sommes dans une colère noire et ne pouvons plus le supporter. Nous commençons à être persuadés qu'il est dérangé psychologiquement.
Nous revenons à Manali à 20km/h. Il nous aura fait perdre deux heures. Il est tard, nous devons encore visiter le temple hindou de Kullu et les vieilles rues avant la nuit.
Nous arpentons rapidement la rue centrale de Manali et prenons un repas tout aussi rapidement dans un restaurant local.
Sur la route du retour, nous souhaitions voir le travail des femmes qui tissent les fameux châles de la vallée de Kullu.
Nous allons dans une boutique dont le panneau indique qu'il y a un atelier de tissage, ce qui s'avère une arnaque pour attirer les clients. Le propriétaire qui ne parle pas un mot d'anglais explique à Rajeev que les femmes travaillent dans un village proche. Un chauffeur "normal" aurait demandé dans quel village ou une adresse pour que nous puissions les rencontrer, pour nous y conduire. Rien !
Arrivée à Kullu en fin de journée. Nous nous arrêtons à des stands qui vendent des produits de la vallée sur le bord de la route. Des pommes, des fruits secs, des confitures, des vins de fruits et même du chocolat artisanal fabriqué dans la vallée avec du cacao qui vient d'inde du sud.
Le jeune vendeur parle bien anglais. Il nous explique comment sont conservées les pommes pour pouvoir en proposer à la vente toute l'année.
J'en profite pour demander quelles sont les ethnies qui habitent la vallée. Il y a des Mongols, des Tibétains et des Indiens Ariens. 50 % sont agriculteurs, 40% vivent du tourisme et 10% sont des fonctionnaires. Il devrait travailler comme guide ou chauffeur !
Nous souhaitons voir le Temple de Ragunathji de Sultanpur. Rajeev va sur un parking, il nous emmène dans un vieux temple hindou en bois sans intérêt et dit que c'est le Temple Ragunathji. Il ne ressemble pas du tout aux photos que nous avons vues sur internet. Une fois de plus il nous prend pour des idiots. (gaslighting)
Il s'en va en disant qu'il va boire un thé ! Comme il y a plein de vieilles maisons avec des vérandas en bois, des portes richement travaillées, des vieux balcons, nous faisons quelques photos. Il fait nuit.
Sur le parking où nous attendons Rajeev, il y a un grand portail. Nous entrons dans la cour et découvrons un vieux palais, le Rupi Palace. Il appartenait à un Raja (sultan) qui régnait sur la vallée. Ses descendants y habitent toujours, une jeune femme vient nous dire que nous sommes dans une propriété privée. Apologize.
Nous souhaitions dîner dans un restaurant végétarien à la sortie de Kullu, le Tasty Bite.
Comme il n'y a pas de restaurant à proximité de l'hôtel, nous demandons à Rajeev de nous y emmener. Nous lui donnons l'adresse. Il se renseigne et commence à tourner. Nous lui donnons le numéro de téléphone du restaurant. Il les appelle. Le restaurant explique où il se trouve et par où il faut passer. Il s'arrête environ une dizaine de fois pour se renseigner, sort de la ville, reprend l'autoroute, revient en arrière, téléphone à nouveau, cela dure presqu'une heure.
Nous décidons d'arrêter de tourner en rond et rentrer à l'hôtel. Cela devient pénible. Finalement il trouve. Nous allons diner. Il reste dans la voiture, puis entre dans le restaurant, tourne autour de notre table pour bien montrer qu'il nous accompagne. Le propriétaire finit par lui offrir un repas !
Retour à l'hôtel.
16 mars 2023 Kullu - Anandpur Sahib 210 km
Route pour Anandpur Sahib que nous avions déjà visité et que nous voulions revoir tellement le Gurdwara et les gens nous avaient plu.
Sur la route, nous souhaitions voir le wooden bridge (pont suspendu) de Aut. Sur internet il est indiqué à Aut, alors qu'en réalité il se trouve à Hanogi. Ne le sachant pas, nous avons cherché en perdant encore beaucoup de temps.
Finalement nous trouvons le pont qui devait être photogénique: la rivière est impressionnante, les paysages sont magnifiques, avec des cultures en espaliers. Il relie les deux berges et ne peut être emprunté que par des piétons et des motos.
Malheureusement comme pour toute la vallée de Kullu, depuis les photos publiées sur internet il y a beaucoup de changements. Un pont en ciment a été construit juste à côté pour faire passer des voitures et des camions avec en toile de fond un immense chantier d'autoroute qui perce la montagne pour y creuser des tunnels.
La route qui suit la vallée de la Beas est belle. Jolis paysages, jolis temples : Markendeya temple, old Markendeya temple, Sri Hanogi Saraswati Mata temple, Baglamuki temple. Beaucoup de cultures en espalier. Joli point de vue sur le barrage Pandho.
Plein de beaux endroits que les touristes étrangers ne verront plus, enfermés dans les tunnels de l'autoroute.
Nous arrivons à Anandpur Sahib en milieu d'après midi, sans prendre de repas pour ne pas perdre de temps.
Nous souhaitons revoir le Takht Sri Keshgarh Sahib, temple sikh qui a été construit à l'endroit où a eu lieu le premier baptême sikh, l'Amrit Sanskar. Il est à l'emplacement du fort Kesgarh où la fraternité du Khalsa a été fondée en 1699. La montagne sur laquelle il est bâti lui a donné son nom: Kesgarh. Ce gurdwara est le temple principal de la ville et un des cinq plus importants du sikhisme d'où son attribution de la dénomination: Takht. Le bâtiment actuel date des années 1936 à 1944, il est très imposant avec un langar (restaurant communautaire) une piscine sacrée, un sarovar. Il est fait en grande partie de marbre blanc.
Rajeev se renseigne, se perd, il nous dépose devant un immense portail blanc en disant que "c'est le gurdwara que nous cherchons".
Il dit qu'il nous attend sur le parking. Ne reconnaissant pas le gurdwara que nous avions visité, nous demandons aux gens, personne ne comprend. Nous allons voir, peut être est-ce une entrée différente.
Pas de chance ce n'est pas la bonne adresse : il nous a déposés au Quila Anandgarh Sahib. Une fois encore il nous prend pour des idiots. (gaslighting)
Furieux, nous sortons et allons au parking. La voiture a disparu. N'ayant pas de wifi, nous ne pouvons pas appeler. Nous attendons 20 minutes. Ça devient fou ! Nous avons parlé de nos difficultés avec Loverpreet, elle semble comprendre et va changer de chauffeur.
Nous arrêtons les visites, nous ne souhaitons plus chercher le gurdwara et demandons à aller à l'hôtel parce que nous ne le supportons plus.
En chemin, nous nous arrêtons devant un village de huttes en paille, avec d'étroites ruelles de terre battue. Ce sont des familles originaires du Bihar (environ 100 personnes) qui ont fui des inondations. Elles repartent quelques semaines chaque année voir leurs proches. Ce sont majoritairement des ouvriers agricoles qui travaillent pour des salaires excessivement bas (40 Rps par jour = 0,44 euros).
Comme dans le premier village de terre, les cours en terre battue et l'intérieur des huttes sont propres, bien rangés. L'accueil est chaleureux, presque amical comme si on se connaissait déjà. Ces personnes sont toujours surprises que des gens s'intéressent à elles et prennent du plaisir à parler de ce qu'elles font, de leurs soucis, de leur mode de vie. Elles disposent d'un petit panneau solaire pour alimenter une ampoule. Merci à N.Ramcapra, à Zuginder, à Kunti Devi, à Chapthlala à Chotelal Kevat pour leur fabuleux accueil.
Dommage que le chauffeur ne comprenne pas la moitié de ce que nous lui disons. Il aurait pu servir d'interprète pour rendre nos échanges plus riches. Nous sommes invités à boire un thé massala. Nous acceptons, sans savoir que cela les a obligés à acheter du lait. Ensuite, ils nous ont proposé de dîner avec eux. Cela aurait été avec plaisir, mais nous étions trop stressés et souhaitions arriver à l'hôtel et quitter ce chauffeur le plus tôt possible.
Loverpreet a envoyé un message pour dire qu'un nouveau chauffeur allait nous rejoindre à l'hôtel. Merci, merci, merci...
Nous quittons Rajeev en lui donnant à contre-coeur un pourboire correct. D'habitude avec ce genre de chauffeur nous ne donnons rien. C'est la force des manipulateurs qui pratiquent l'enfumage (gaslighting): on finit pas se sentir coupable alors que ce sont eux qui sont tordus.
Dîner au fort préparé par le jeune Bholu, absolument délicieux: salade de concombre, tomates et oignons, riz, dhal, curry de racine de taro, kadai paneer et chapati chauds, le tout sans piment et sans poivre, délicieux riz au lait en dessert.
Bharat Gar Fort bharatgarh.fort@gmail. +91-94170-25638 Un palais royal comme au Rajasthan, avec des vieux meubles, des photos de familles et des chambres spacieuse.Les salle de bain sont modernes. Les repas délicieux.
Nous aurions du programmer un jour supplémentaire à Bharat Gar plutôt qu'à Kasauli.
17 mars 2023 Anandpur Sahib - Kasauli
Petit déjeuner très agréable: assiette de fruits frais, curd, roti, poha, omelette massala, thé, café et délicieux gâteaux de la maîtresse de maison.
Nous faisons connaissance du nouveau chauffeur Panjab Singh. Habitant la région, il est arrivé tôt ce matin. Il nous attendait dans sa voiture. Rajeev était avec lui. Il aurait passé la nuit ici. Nous expliquions que nous allons d'abord visiter le village à pieds avec l'intendant du fort, Manjeet.
Une visite lénifiante, comme nous les aimons: pleine de contacts, pleine de bonjour, pleine de sourires. Le village de Bharat Gar est un petit petit trésor: l'Inde sans la mondialisation, l'Inde du siècle dernier, comme dans tant d'autres villes ou villages lorsqu'on quitte les grands axes touristiques. Les ruelles sont étroites, impossible de passer inaperçus.
Nous nous arrêtons à chaque commerce pour saluer les gens, pour découvrir ce qu'ils vendent ou ce qu'ils font. Une odeur embaume la rue, elle vient de la boutique du Barfi Wala. Il fait réduire du lait et du sucre dans une grande bassine en remuant sans cesse. Il fait des Barfi que l'on trouve partout en Inde, ces petits losanges sucrés très agréables quand ils ne sont pas industriels. Pour nous remercier de nous être intéressé à lui, il nous en offre.
Nous saluons la pharmacienne qui vend des comprimés au détail, les barbiers très occupés en ce début de journée, l'un rase avec un coupe-chou, l'autre épile la barbe avec un fil tendu, impressionnant. Et tant d'autres personnes... Une famille est venue présenter sa fille, une autre est venue nous montrer son adorable chien de race, comme si nous étions voisins. Nous visitons le gurdwara du village où nous sommes accueillis comme si nous étions de la région. Merci aux habitants de Bharat Gar.
Je rêve depuis longtemps d'être accompagné par quelqu'un qui puisse servir d'interprète, intelligent et fiable, pour parler avec toutes ces personnes que nous rencontrons.
Dans tous les villages et toutes les villes indiennes, nous croisons ces petits commerces. Ils n'ont pas beaucoup de produits à vendre, ils n'ont pas non plus beaucoup de clients, comment font-ils pour vivre ?
Beaucoup semblent fiers de tenir ces commerces, même si cela ne rapporte pas grand chose. Est-ce que pour eux la reconnaissance sociale vaut plus que la richesse matérielle ? Un tas de questions que j'aimerais leur poser.
De retour au fort, nous payons notre repas de la veille. Surprise, le repas du chauffeur nous est à nouveau facturé. Rajeev est parti sans payer son dîner: 250 Rps. Nous refusons. Nous contactons l'agence pour l'informer.
Bien qu'ayant décidé de ne pas parler de Rajeev sur le web pour ne pas
porter préjudice à Tour India With Driver, c'est la goutte qui fait déborder le vase. Nous ferons savoir à quel point ce chauffeur est malsain. Nous avons rencontré trop de chauffeurs comme lui en Inde. C'est à cause d'eux que nous finissons par ne plus avoir envie de visiter ce pays. Si cela peut être utile à d'autres voyageurs, nous ne manquerons pas de le faire savoir.
Si cela relève de la responsabilité des agences, à leur décharge il faut noter que les gens éduqués, intelligents, cultivés, sérieux préfèrent faire d'autres professions que chauffeurs. Au Punjab une grande partie de la jeunesse rêve d'immigrer au Canada. Il y a de la publicité partout pour des agences d'aide à l'immigration. Ce ne doit pas être facile de recruter des bons chauffeurs. Mais ce n'est pas une raison pour laisser faire. Les tarifs ne sont pas plus bas du fait que les chauffeurs sont incompétents
Nous prenons l'autoroute pour Kasauli, sans avoir grand-chose à visiter. Le nouveau chauffeur ne semble pas mieux connaitre la région. Nous devons nous en remettre à nos recherches sur internet.
Kasauli est une ville de montagnes de l'Himachal Pradesh, situé à 1927 m d'altitude, entouré de forêts denses.
Le peu d'informations que nous avons font état d'une brasserie considérée comme "la plus ancienne distillerie servant le whisky en Asie" qui aurait fait la réputation de la ville. Contrairement à ce qui est dit sur internet, la brasserie ne se visite pas.
Il est aussi question d'un fort: le Gurkha Fort: construit par Amar Singh Thapa, un chef de l'armée Gurkha. Le motif principal de sa construction était de lutter contre l'armée britannique pendant la guerre anglo-népalaise, ce fort sert d'emblème de bravoure. Cependant, les Gurkhas ont été vaincus pendant la guerre et la région est ensuite passée sous la domination britannique.
Le Manki Point ou Monkey Point avec vue spectaculaire de toute la vallée, et la rivière Sutlej qui coule en contrebas. Sans intérêt, la vallée est nettement moins belle que celle de Kullu.
Le Krishna Bhavan Mandir, un lieu de pèlerinage populaire pour les hindous construit en 1926. Ce temple ressemble à une église et est considéré comme une merveille architecturale. Un autre temple célèbre est le temple Shri Baba Balak Nath, dédié à la divinité locale de la région. Pour les visiter il faut laisser la voiture dans un parking payant et emprunter un taxi de la ville (payant). Les autres véhicules n'ayant pas le droit de circuler dans le centre ville.
Le "soit disant" marché tibétain de Kasauli : la rue inférieure du centre est parsemée de quelques boutiques dites "tibétaines" vendant de petits objets artisanaux, des lainages, des châles et des écharpes, une grande variété de confitures et de marmelades, pour les touristes locaux. Sans intérêt. Le seul Tibétain est un cuisinier qui fait les momos pour un petit restaurant indien. Le centre est envahi de singes agressifs qui attaquent tous ceux qui portent un sac ou de la nourriture. Paradoxalement, des affiches informent que nourrir les singes ou les énerver est passible de poursuite et d'une amande de 2500 roupies.
En réalité Kasauli est une station climatique pour week end et vacances de la middle class de Delhi et sa région (vu les plaques d'immatriculation).
D'où pléthore d'hôtels de luxe avec des gens qui prennent leurs repas dans les chambres, qui parlent fort jusque tard dans la nuit, qui téléphonent dans les couloirs, préférant déranger les voisins que leurs proches, qui bloquent la route pendant une heure pour récupérer leurs adolescents en veste à écusson à la sortie de private school internationales.
Hôtels de luxe, collèges de luxe, rien d'intéressant pour les touristes étrangers.
Les hôtels disposent de parcours d'aventures, de salles de fitness modernes, de piscine et terrain de tennis, de salles de conférence bien équipées.
Winnies Resort Tehsil, Village Sanawar on Main Dharampur Kasauli Road 1 Km after Pinegrove School Sanawar Resorts, Sanawar, Kasauli, Himachal Pradesh 173202 +91 98056 33007 Il n'y a rien à proximité.
18 mars 2023 Anandpur Sahib - Patiala 114 km
Autoroute pour Patiala sans grand intérêt. L'avantage du nouveau chauffeur est qu'il sait utiliser un GPS, et qu'il conduit de façon régulière. Quel gain de temps. Chaque jour nous mettons une demi-journée pour atteindre l'étape alors que nous mettions une journée avec Rajeev.
Nous avons prévu de faire la ballade du vieux Patiala (Patiala Heritage Walk). Le chauffeur ne connaissant pas la ville, nous demandons à la réception de nous aider.
La visite de la vielle ville peut se faire avec un guide officiel, gratuitement. Mais à cause des conditions climatiques (pluie) c'est annulé ce jour.
Mohit, le réceptionniste, propose d'organiser la visite avec le rickshaw Pawan Kumar Sharmer, + 91 6283 576 120, 700 939 4488. Nous négocions le prix et partons pour une visite de 3 heures.
Le nouveau chauffeur étant complètement différent de Rajeev, nous lui proposons de nous accompagner. Apparemment cela semble lui plaire, il a fait plein de photos.
Comme à Amritsar nous parcourons les vieilles rues, avec une alternance de havelis, de vieux palais bien conservés comme le Shahi Samadhan, palais de repos de la famille royale, devenue le mausolée de Baba Ala Singh, sa tombe étant dans le bâtiment principal derrière lequel se trouvent les cénotaphes de différents membres de la famille royale.
Je note que toutes les inscriptions sur les murs et sur les tombes sont en arabe. Il est surprenant de constater qu'on parle davantage de la colonisation Britanique, alors que l'Inde a été colonisée pendant des siècles par d'autres envahisseurs au point de ne plus faire la différence entre les Indiens d'origine et les autres ! Cela semble se reproduire un peu partout !
Le rickshaw nous entraine ensuite dans des rues où s'agglutinent des commerces intemporels, avec un arrêt déjeuner dans le restaurant Pammi Puria Wala, où nous ne serions pas arrêtés si nous avions été seuls, pour goûter les spécialités: Pooris et Chole Bhature, un pain de farine maida gonflé servi avec un curry de pois chiches.
L'apothéose est le Qila Mubarak, fort gigantesque datant du 18ème siècle, construit sous Baba Ala Singh, fusion délirante de style Rajput et Moghol.
Comme dans de nombreux palais du Rajasthan, il plane dans ces architectures des traces de culture arabique. Ce qui interroge sur les origines de ces familles royales qui régnaient sur l'Inde, au point de se demander qui vivaient en Inde avant ces grandes invasions.
Qila Mubarak est un des plus grands forts du continent. Tout y est gigantesque. Dommage que l'on doive se limiter à visiter les cours. Par les portes vitrées on aperçoit des voitures en argent, des lustres en cristal qui viennent d'Europe, traces d'un luxe démesuré.
Un gardien parle du harem, où les mâles de la famille royale entretenaient des centaines de concubines (doux euphémisme pour nommer des captives).
On y retrouve le même paradoxe qu'un peu partout en Inde: on peut faire des photos avec un téléphone, mais pas avec un appareil photo (camera). Sachant que de nombreux téléphones font des photos d'une qualité identique aux appareils photos ! Les gardent qui veillent au respect des lieux sont incapables d'expliquer la différence en dehors de dire que c'est le règlement.
Nous avons manqué le Lachman Jhoola un magnifique pont suspendu construit sur un petit lac artificiel. Réplique du célèbre Lakshman Jhula de Rishikesh. Le Lachman Jhoola relie le Sheesh Mahal au Banasar Ghar.
Retour à l'hôtel qui s'illumine avec la tombée de la nuit se transformant en palais des mille et une nuits .
Nous aurions du programmer un jour supplémentaire à Patiala à la place de Dehradun.
Neemrana's Bardari Palace Baradari Rd, Baradari, Patiala, +91 175 230 4433
19 mars 2023 Patiala - Dehradun 114 km
Route pour l’Uttarakhand, bordé par le Tibet et le Népal, connu pour la beauté de ses paysages. Couvert en grande partie par les montagnes de l’Himalaya, c’est aussi l’état le plus boisé d’Inde. C’est dans cet état que le Gange, fleuve sacré d’Inde, prend sa source. Il est aussi réputé pour être la capitale mondiale du yoga à Rishikesh. Des voyageurs viennent du monde entier pour effectuer une retraite spirituelle et des gurus pour recruter de nouveaux adeptes.
Sur la route nous souhaitons visiter à nouveau le temple sikh de Paonta Sahib sur les rives de la rivière Yamuna, qui nous avait marqué par sa beauté et son accueil.
En travaux, on n'y entre plus par la longue montée de ciment sur le côté. On entre par l'arrière. Comme à Amritsar, il y a 10 fois plus de monde qu'en 2016.
A cause des travaux et de la foule, nous ne reconnaissons pas l'endroit. L'accueil n'est plus le même. Nous nous sommes même fait "engueuler" par un pèlerin parce que nous prenions des photos. Alors qu'avant, les gens nous incitaient à faire des photos !!!
Comme à Amritsar les rues qui mènent au temple sont bondées de boutiques qui vendent des gadgets, des souvenirs, des jouets pour les touristes locaux.
Nous voulions revoir la ferme de Vandana Shiva en espérant que cette fois elle serait là. Navdanya Biodiversity Farm/Bija Vidyapeeth au Village Ramgarh/Shishambara Old Shimla Road, P.O Sherpur Dehradun - Phone : 91-135-2693025 / 2111015
La dernière fois, nous y avons été accueillis chaleureusement par Mr Pawan Singhal, intendant et Bija Didi, gardienne des semences. Il nous a même été proposé de déjeuner sur place avec eux.
Cette année, au bout du verger de manguiers, un gardien barre la route, nous n'apparaissons pas sur son cahier de bord. Nous insistons, il téléphone au bureau. Une employée nous informe que nous ne pouvons pas entrer dans la propriété parce que nous n'avons pas rendrez vous ! Elle n'a rien voulu entendre. Que s'est il passé pour que cela change à ce point ?
Dehradun est la capitale de l'Uttarakhand. C'est une grande ville à la circulation infernale. En fin de journée il est pratiquement impossible de traverser la Rajpur road tellement la circulation est dense.
Rajpur road est une des grandes avenues commerçantes de la ville avec des malls modernes, de nombreuses boutiques et restaurants de luxe. On a l'impression d'être à Dubai ou à New York.
Nous avons visité le Pacific Mall : le temple de la middle class locale. Mêmes boutiques et mêmes enseignes qu'aux Champs Elysées ou Châtelet parisiens. Même faune, mêmes fringues, mêmes chapelles de la malbouffe: Taco Bell, Mc Donald, Pizza Hut, Belgian Waffles, Domino's etc...L'Inde à l'heure américaine !
A l'entrée d'un des magasins de vêtements, il y a un vigile armé d'un fusil mitrailleur...Cool !
Le contraste entre cette Inde des boulevards et celle que nous avons rencontrée dans la campagne, dans les vieilles villes, est tellement fort qu'il nous donné envie de fuir.
Nous pouvons comprendre que l'Inde évolue, se développe, ce qui est la moindre des choses, mais qu'elle perde son identité au point de ressembler à n'importe quelle capitale du monde, nous dérange. Le rouleau compresseur de la mondialisation est à l'oeuvre au détriment de tout ce qui faisait la particularité de chaque peuple.
Nous sommes heureux et chanceux d'avoir connu l'Inde du 20ème siècle...le Rajasthan avec ses petits villages, ses puits à godets de terre, ses femmes aux saree flamboyants et leurs pots de laiton sur la tête ou sur la hanche, les écoles de kalarippayatt d'Inde du sud, le toy train de Darjeeling...
Le lendemain nous avions prévu de visiter le parc national de Rajaji. Une réserve où on est plus ou moins assuré de voir des tigres en liberté (nous étions déçus de n'avoir rien vu lors de 3 safaris à Ranthambore).
Nous appelons pour réserver. La personne qui répond ne connait pas le tarif pour les étrangers. Elle se renseigne et nous donne un prix : entrée + guide + jeep = 5100 roupies pour deux. Le chauffeur se renseigne de son côté quelqu'un lui donne un autre tarif 6500 pour deux étrangers. Pour les indiens il faut diviser par 10 = 650 roupies.
Quand on voit le luxe des voitures qui circulent dans la région, cette discrimination a du mal à passer. Que le "petit peuple" qui vit de façon austère, voire misérable paie peu, c'est normal. Que les riches paient le même prix que les pauvres mais 10 fois moins que les étrangers est insupportable. Nous annulons la visite.
Qui oserait imaginer que les Français paient la visite de la tour Effel 30 euros et que l'on fasse payer les Indiens 300 euros,parce que s'ils font du tourisme en France c'est qu'ils ont les moyens. Qui trouverait cela normal ?
Difficile de trouver un restaurant abordable servant des repas locaux. Nous dinons au restaurant de l'hôtel, un repas simple peu onéreux.
Skyking hotel 152, 2B, Rajpur Rd, Jakhan, Dehradun, Uttarakhand 248001, +91 98732 42322
20 mars 2023 Dehradun - Rishikesh - Dehradun
Dehradun n'ayant pas grand chose d'intéressant à voir ou à faire, nous décidons de passer la journée à Rishikesh que nous avions visité trop rapidement en 2016 du fait de l'incompétence du chauffeur de l'époque.
Nous apprécions à nouveau la capacité de Panjab à utiliser son GPS, il atteint les destinations et les sites que nous souhaitons voir sans perdre de temps.
Bien que le festival international de yoga soit passé, il y a un monde fou à Rishikesh. Toujours beaucoup de "baba new age" en quête de guru ou de retraite spirituelle, mais surtout des centaines, voire milliers, de touristes indiens.
Il y a toujours autant de publicité pour des cours de yoga, de méditation, de massages ayurvédiques.
Il y a toujours autant de guru en quête d'adeptes, mais il y a aussi beaucoup de boutiques qui vendent du rafting, du parapente, du trekking, du bike on rent, du camping, les activités préférées de la middle class indienne.
Contrairement aux stations climatiques, il n'y a pas que des gens qui ont des grosses voitures. On rencontre beaucoup de villageois qui affrètent des bus, des camions ou des tracteurs avec remorques voyageant en groupes.
Nous voulions voir l'ashram Chaurasi Kutya du Guru Maharishi Maesh Yogi où avaient séjourné les Beatles, et un tas d'autres célébrités de l'époque.
Cela fait partie de notre patrimoine culturel. Grâce ou à cause d'eux mais pas que, j'ai vécu ce mouvement de près avec la transhumance vers cette Inde "spirituelle" censée nous aider à construire un monde meilleur !(je suis venu en Inde en 1970, par la terre avec les autres jeunes et moins jeunes de l'époque).
Si certains ont terminé leur périple à Poona avec Rajneesh(Osho), d'autres à Bénarès avec des escrocs qui sévissaient à l'époque, d'autres se sont retrouvés à Katmandou, d'autres à Rishikesh, beaucoup avec le gourou un peu fêlé Maharishi Maesh Yogi (méditation transcendentale), d'autres avec un professeur de yoga classique plus sérieux, Swami Shivanda (Divine Life Society).
Pour moi le "Trip" s'est terminé en volontariat avec Mother Teresa à Calcutta et Windey à Guntur (Andra Pradesh).
Bien qu'ayant fait des recherches dans le cadre de mes études sur le mouvement sectaire "Médiation Transcendantale", ses dérives et ses arnaques, voir cet endroit était comme un retour en arrière, à la recherche d'une pièce manquante...
Il faut traverser le pont suspendu Janki Bridge, prendre à gauche. Le site est géré par la même société que le parc Rajaji, avec les mêmes tarifs discriminatoires : 150 roupies pour les Indiens, 75 roupies pour les séniors indiens, 40 roupies pour les écoliers, 600 roupies pour les étrangers.
L'accueil est plutôt surprenant dans ce genre d'endroit: le personnel est en tenue militaire, avec fouille de sac à l'entrée pour les étrangers ! Les vêtements militaires mis à part, on se serait cru au temple "Médiation Transcendantale" de Paris, même rigidité, toujours sur la défensive.
Dans un immense parc boisé au bord du Gange, les ruines en très mauvais état de centaines de dômes de méditation individuels, avec wc et douche au rez de chaussée et salle de méditation à l'étage.
Encore plus dégradés, les locaux d'habitation pour les disciples du Guru. Chambres de standing différent en fonction de la place des adeptes dans la hiérarchie. Il y a la résidence du guru, qui devait être luxueuse. Des salles d'enseignement, des cuisines, une cantine, une imprimerie qui éditait les oeuvres du guru, un jardin qui produisait les légumes et peut être d'autres herbes !
Les ruines permettent d'imaginer jusqu'où est allé le délire de Maharishi Maesh Yogi et l'aveugle soumission de ceux qui ont cru dans ses théories fumeuses. Le guru est allé jusqu'à utiliser des pseudo recherches scientifiques pour confirmer l'efficacité de sa méthode qui n'est rien d'autre que de l'enfumage imposé à des adeptes crédules er parfois fragiles.
C'est ici que les Beatles ont écrit l'album Blanc. C'est aussi ici que John Lenon a écrit Sexy Sadie, dans lequel il reproche au guru son affinité pour les jeunes adeptes féminines, dont il était friand.
Si quelques artistes post-ashram ont tenté d'égayer ces ruines d'oeuvres parfois réussies, j'ai été choqué de voir à quel point les visiteurs ont spolié cet endroit: des tags, des graffitis, des détériorations volontaires sur la majorité des murs et des bâtiments. Ce n'est pas mon sac qu'il faut fouiller mais les poches des jeunes visiteurs pour leur confisquer leur crayon et stylo feutre. Dommage.
Un groupe d'adolescentes de bonnes familles font des selfies devant un tag évocateur "salopes", sur le mur. Inconscience ou provocation ? Nous sommes loin de Peace & Love !
A la différence de Rajeev qui disparaissait chaque fois que nous nous arrêtions pour une visite, Panjab est toujours a l'endroit où il nous a déposé, que ce soit une ou trois heures après.
Nous devons faire un grand détour pour rejoindre l'autre berge, le pont Lakshman Jhula est en travaux. Les berges du Gange sont intéressantes à parcourir, alternance de boutiques, de centres de méditation, de cours de yoga, d'ashram, de temples, de restaurants. Les gurus foisonnent, les adeptes également.
De nombreux touristes locaux font ce qu'ils appellent du rafting: ils sont assis dans des bateaux pneumatiques avec des casques et des gilets de sauvetage pour faire 800 mètres sur un Gange qui n'a rien d'un fleuve tumultueux à cet endroit. mais ils ont ou faire leurs selfies !
Sur l'autre berge il y a les Impressionnants temples oranges à 13 étages Swarg Niwas et son annexe Shri Trayanbakshwar, oeuvres de la congrégation d'un autre guru délirant Kailash Anand.
Déjeuner au Bandhari Restaurant, massala Uttpam ou pizza indienne. Délicieux.
Nous traversons le pont Ram Jhula pour rejoindre les gradins où les pèlerins se trempent les pieds dans le Gange.
Nous rencontrons un groupe de villageois qui venaient de la région de Bamer au Rajasthan, un village entre Jaisalmer et Mont Abu. Avec leur saree rouge vermillon, leurs bijoux de nez et sur le front, leurs voix fortes, les femmes ne passent pas inaperçues. Nous avons eu un échange amical avec elles. Tout le groupe a embarqué sur un bateau pour faire un tour sur le Gange.
Retour à Dehradun en fin d'après midi.
Dîner dans une pizzeria à côté de l'hôtel, parce que ce sont les prix les plus abordables du boulevard.
21 mars 2023 Dehradun - Delhi - 266 km
Autoroute de Dehradun à l'aéroport de Delhi.
Au moment où nous arrivons au comptoir d'enregistrement, le système informatique tombe en panne. Nous attendons une heure que ce soit réparé pour pouvoir enregistrer. Du début à la fin, la mauvaise étoile semble nous avoir accompagnés.
22 mars 2023 Dubai- Nice Huit heures de transit à Dubai, heureusement cette fois il y a des sièges allongés libres. Nous tentons de nous reposer un peu.
Ce voyage a été riche de belles rencontres. Il nous a rassuré sur la possibilité de voir l'Inde comme elle l'était avant le lissage de la mondialisation, tout en étant convaincus que cela va pas durer dans de nombreuses régions.
Mais les autoroutes avec leurs destinations touristiques ciblées, vont creuser l'écart entre l'Inde des riches et l'Inde des pauvres, entre l'Inde business et l'Inde des campagnes.
Oubliant que pour bouffer leur junk food il faut encore qu'il y aie des paysans qui cultivent le blé. Si leurs ordinateurs leur permettent de faire du blé, ils ne sont pas encore capables de le cultiver.
Ce sera aux touristes étrangers d'aller chercher l'Inde authentique, mais peut être ne pourront-ils le faire qu'avec des petites agences spécialisées qui acceptent d'aller dans les villages. Les grandes agences ayant vendu leur âme au diable.
Malgré tout le professionnalisme et la gentillesse de Tour Inda With Driver, nous nous interrogeons sur le sens de With driver.
Difficile de leur en vouloir, toutes les agences auxquelles nous avons fait appel fonctionnent de la même façon, depuis au moins 15 ans.
Tous les chauffeurs que nous avons eus ces dernières années sont du même genre: chauffeurs de taxi, bons conducteurs (sauf un dont cela devait être la première expérience au volant), la plupart sont complètement incompétents en matière de tourisme (8 sur 12), avec en plus des problèmes d'honnêteté (pour les deux derniers: Rajesh Tiwari and Rajeev Joshi).
Il y a eu une époque où certains chauffeurs étaient fiers de leur travail qui était une passion consistant à faire découvrir l'Inde à des touristes étrangers.
Aujourd'hui ce n'est plus le cas en dehors de ceux qui ont créé leur petite agence et qui travaillent toujours comme chauffeurs.