Sri Lanka
Contacts et authenticité
du 15 Août au 03 Septembre 2019
Jour 01 Jeudi 15/08/2019 Départ de France avec Qatar Airways via Doha. 2 heures d'escale + 01h30 de retard sur le vol Doha-Colombo.
Jour 02 vendredi 16/08/2019 Arrivée Colombo avec 01h30 de retard et route pour Anuradhapura 199 km.
Le ciel est couvert, il fait chaud(32°) et humide. Forte pluie en fin d'après midi.
Change d'argent dans une boutique de Negombo, cour bien plus intéressant qu'à l'aéroport ou dans les banques.
Nous avons apporté un assortiment de fromages dans une glacière pour des amis. Rendez-vous avec un chauffeur qui leur apportera.
En route visite du temple Attanagalla (Aththanagalla) Raja maha vihara de Nittambuwa.
C'est un des temples royaux les plus célèbres, parmi neuf autres du Sri Lanka, à cause des légendes liées à son origine.
Trois amis (ou frères?) Sangabodhi, Gotabhaya et Sangathissa sont venus à Anuradhapura pour servir le roi Vijaya. Alors qu'ils passaient devant Thissaweva, un aveugle qui vivait là, entendant leurs pas, s'écria: "La terre porte ces trois rois". Gotabhaya, qui a entendu cela a insisté: "Dites-moi, le règne duquel durera le plus longtemps ?"
La réponse fut:"Le dernier". Ayant entendu cela, Gotabhaya rejoignit les autres sans rien révéler. Sangathissa a conspiré et a tué le roi et s'est couronné lui-même roi. Il a dirigé Anuradhapura pendant quatre ans. Sangathissa terrorisait les paysans, il serait mort en mangeant des fruits empoisonnés
Le prince Sangabo a été couronné roi. Il était connu comme un roi vertueux très gentil avec ses sujets. Un jour, un démon appelé Rakthakshi a commencé à tuer le peuple, le roi l'a dominé par ses vertus.
Puis le prince Gotabhaya conspira et entra dans la ville avec ses troupes afin de conquérir le royaume de Sangabo. Sangabo ne voulait pas verser le sang et a quitté la ville. Après cela, il vécut à Aththanagalla comme un ermite méditant la plupart du temps.
Le prince Gotabhaya a recherché l'ex-roi pour l'éliminer. Il a tué un certain nombre de personnes soupçonnant qu'il s'agissait du roi. Un jour, un paysan de passage a offert à Sangabo un repas, ignorant qu'il était le roi, il lui a révélé la façon dont les innocents étaient tués à tort à la place du roi. Sangabo était malheureux d'entendre que sa tête était mise à prix et qu'à cause de la prime, les gens s'entretuaient pour apporter une tête au palais et obtenir de l'argent. Sangabo révéla qu'il était le roi et demanda qu'on lui coupe la tête pour obtenir l'argent. Le paysan a refusé et le roi s'est coupé la tête lui-même et l'a offerte au paysan.
Cet endroit est le lieu où le roi aurait vécu (251-253 après JC) et l'étang où il prenait de l'eau est encore visible. L'endroit est devenu plus tard un temple bouddhiste que beaucoup de gens visitent.
Le roi Sangabo est connu dans les chroniques et autres ouvrages anciens du Sri Lanka comme le roi le plus pieux du bouddhisme dans l'histoire du Sri Lanka. Après le roi Sangabo, son frère Gothabhaya (249-262 av. J.-C.) devint roi du pays et construisit une stupa à l'endroit où son frère Sangabo, fit le grand sacrifice.
Selon la Chronique, pendant le règne du roi Upatissa (365-406 après JC), l'un des moines du monastère, aurait atteint l'éveil dans ce temple après avoir pratiqué la méditation. Ce serait le seul moine et le seul lieu du Sri Lanka à avoir connu l'éveil.
Arrêt à Kajugama pour voir les vendeuses de noix de cajou. Pas grand chose à voir avec ce qui est décrit dans de nombreux guides papiers. Encore de la légende à propos de femmes qui aguicheraient les chauffeurs de véhicules afin de vendre leurs précieux sachets de noix de cajou.
A Padeniya visite du temple et centre monastique Raja Maha Vihara. De nouveau un monastère et un temple auréolés de légendes. Le temple d'origine aurait été la résidence du géant Therapuththabhaya, qui devint plus tard un moine bouddhiste. Therepuththabaya, l'un des 10 géants de l'armée du roi Dutugemunu (161-137 av. J.-C.) dut participer à la bataille de Vijithapura entre le roi Dutugemunu et le cruel envahisseur sud-indien Elara.
Si le monastère en lui-même n'a pas grand intérêt, le temple, très ancien, comme posé sur un rocher est intéressant. Quelques marches avec une pierre de lune grossièrement taillée au bas des trois entrées munies de demi-portes en bois. Le bâtiment comprend une salle centrale entourée d'une galerie ouverte. La porte de la salle du sanctuaire est décorée. La galerie comprend également des piliers en bois sculptés.
La particularité de ce temple est sa frise de lions de couleurs brillantes qui s'étend autour des quatre côtés du mur extérieur. Avec des corps allongés recouverts d'écailles, ils ne sont pas sans rappeler certains dragons. Ce qui laisse supposer une influence chinoise qui daterait de la présence de la Chine au Sri Lanka au 15ème siècle.
A proximité, l'arbre de Bo se dresse sur un monticule artificiel de pierres formant une pyramide, entouré de barrières dorées.
Arrivée en fin d'après midi à Anuradhapura sous une pluie battante
Black & White Hotel - Mihintale
Jour 03 Samedi 17/08/2019 Anuradhapura - Thanthirimale - Silavathurai - Vankalai - Mannar 145 km
Pluie abondante de 09h à 12h30. Chaud et humide. Ciel plombé avec des éclaircies
Thanthirimale Raja Maha Vihara, Ce temple, construit au 3ème siècle avant notre ère, a une valeur historique ou légendaire. Lorsque le Bodhi tree a été importé d'Inde au Sri Lanka, lors du voyage en direction d'Anuradhapura, la procession avec le pot contenant le jeune arbre a passé une nuit à Thanthirimale. On raconte qu'une une branche séparée du pot a été plantée dans ce village pour se souvenir de ce passage. L'arbre Bo est placé sur un monticule de pierres.
Ce lieu a été ignoré et abandonné jusqu'au début du 19ème siècle. Dans les années 1960, le temple fut restauré par des moines bouddhistes. Kudakongaskada Wmalagnana Thero, pionnier de la rénovation de ce lieu de culte pour le grand public dans les années 1960, est considéré comme le leader des temps modernes de ce temple. Il a été assassiné par des terroristes en 1992. Par la suite, Than Thanhirimale Chandrarathana Thero est devenu le titulaire. Est ce lui que nous avons vu passer dans une grosse mercedes flambant neuve avec un chauffeur ?
C'est la première fois que nous visitons ce site de façon aussi complète grâce à Eranda.
Le temple et ses environs regorgent de ruines, dont deux statues en pierre et plusieurs étangs taillés dans la roche.
La plupart des sculptures semblent incomplètes ce qui s'explique par le fait que les habitants de la région auraient du fuir à cause d'invasions ennemies.
Nous découvrons que la plupart des statues font apparaitre des trous qui ont été rebouchés. Notamment au niveau du coeur ou de la tête. Il était fréquent que des dévôts offrent des bijoux ou de l'argent qui étaient placés à l'intérieur lors de l'édification de ces statues. Autrefois et encore de nos jours des voleurs perçaient les statues à la recherche de ces trésors.
Avant d'être utilisées, les feuilles de palmier étaient coupées à la taille désirée. Pour les rendre flexibles, elles sont bouillies, séchées puis polies et lissées.
Un peu plus loin encore, deux rochers protégés par des grillages sur lesquels on peut apercevoir des peintures rupestres(primary cave paintings), traces d'une vie pré-historique au Sri Lanka.(Elles datent d'environ 4000 ans).
Ces caves étaient devenues des lieux de méditation pour les moines qui avaient sculpté le rocher de façon ce que l'eau de pluie ne s'écoule pas vers l'intérieur.
Arrêt à Silavathurai pour voir le Doric Bungalow.
La maison du premier gouverneur anglais Frederick North, 5ème comte de Guilford, fils du premier ministre Frederick North.
Le bâtiment de deux étages a été construit avec des briques et du mortier. Les murs extérieurs aient été décorés avec du chunam, sorte de plâtre fabriqué à partir de chaux de coquilles d'huîtres brûlées, décrit comme ayant l'aspect du marbre.
Construit sur une falaise basse près de la plage, exposé à des conditions météorologiques extrêmes et à un manque d'entretien,
la maison doirique est maintenant en ruines. Aucun travail de restauration n'a été effectué malgré le fait qu'elle ait été déclaré monument archéologique protégé.
Sur la route vers Mannar nous traversons Vankalai - Une petite ville connue à cause du massacre barbare d'une famille chrétienne tamoule le 08 Juin 2006 (photos éprouvantes sur internet). Pour certains il s'agit de représailles de l'armée Sri Lankaise contre une famille tamoule. Pour d'autres, ce sont les rebelles LTTE qui auraient massacré cette famille parce que le père aurait été informateur auprès de l'armée. Il est difficile de connaitre la vérité dans ce genre d'histoire.
https://www.tamilnet.com/art.html?catid=13&artid=18447 https://en.wikipedia.org/wiki/Vankalai_massacre
https://www.youtube.com/watch?v=6eFZ9BzbgQo
Dîner à l'hôtel
Agape hotel 32/31 Seminary Road, Mannar Thalaimannar Road | Karisal, Mannar
Jour 04 Dimanche 18/08/2019 Mannar - Pesalai - Talaimannar - Mannar
Beau et chaud (32 à 35°)
Mannar a été célèbre dans le monde entier pour la qualité et la quantité de ces perles d'huitres sauvages. D'exploitation indigène, l'exploitation des perles est passée sous le contrôle des Portuguais, des Hollandais, des Anglais. Ils utilisaient des plongeurs Indiens et Arabes. Près de 400 bateaux allaient à la pêche aux perles chaque jours. Les principaux problèmes des plongeurs étaient les requins et les accidents vasculaires dû au grand nombre de plongées en apnée, et à la pression des profondeurs.
Une fois récoltées, les huitres étaient enfouies dans le sable jusqu'à ce qu'elles entrent en putréfaction. Cela permettait de les ouvrir sans effort. Ce qui rendait l'air irrespirable.
Une fois extraites les perles partaient pour Bombay, Paris et Londres.
En 1920, les Japonais, qui commençaient à envahir l'Asie du Sud Est, ont implanté la pratique de la perle de culture au Sri Lanka. Cela a duré jusqu'aux années 50. Cette nouvelle méthode semble être à l'origine du déclin de la perle de Mannar, pour cause d'abandon des pratiques et de la qualité traditionnelles.
Chaque fois que nous allons à Mannar, nous nous posons la même question: est ce qu'il y a encore des pêcheurs de perles à Mannar ? Pourquoi cela s'est il arrêté si brutalement? Les huitres perlières sauvages n'ont pas disparu précipitamment. Pourquoi n'y a-t-il pas de pêcheurs qui continuent cette pratique? La seule réponse que nous avons obtenue sur place : "c'était organisé par les colons, les plongeurs en apnée venaient d'Inde, nous ne sommes pas habitués ". Pas convainquant comme explication.
Visite du village de pêche de Pesalai vers 09h30. Il y a beaucoup d'activité ce matin sur cette plage. Des bateaux rapportent des filets pleins de fritures: mélanges de petits poissons de différentes espèces, de petits crabes, de crevettes de toutes tailles, quelques poissons de taille normale, des poulpes et des calamars.
Des femmes trient le contenu des filets et remplissent des bacs de petits poissons après avoir retiré les crevettes, les crabes et les algues. Ces bacs sont achetés par des intermédiaires qui les vendent à une usine qui fait le farine de poissons pour nourrir les animaux. Les poulpes, les crabes, les crevettes sont soit vendus sur le marché, soit vendus à l'industrie alimentaire.
Pour des raisons de sécurité, nous n'avons plus accès au phare ni au ponton de Talaimanar pier. Nous voulions remettre des photos à Thangawelu vendeur de poissons à côté du phare. A cause des évènements, il ne peut plus travailler à cet endroit. Très connu dans les environs, des gens nous ont indiqué son adresse. A sa grande surprise nous lui avons remis les photos.
C'est jour de marché à Pesalai: nous aimons arpenter ces petits marchés authentiques. Nous constatons à chaque fois la profusion et la variété de légumes locaux. Les fruits sont moins représentés: bananes, mangues, citrons ananas, pour le reste il s'agit de produits qui viennent d'ailleurs: pommes, raisins, oranges de Chine, d'Australie. Nouveauté : les poissons rouges. Des vendeurs exposent des sacs en plastic remplis d'eau dans lesquels attendent des poissons rouges.
Sur la route nous croisons un mariage tamoul avec un marié et une mariée de milieu modeste déguisés pour quelques heures en prince et en princesse.
Adam & Eve's graves un endroit dont personne ne parle dans les guides ou sur les sites touristiques: les tombes d'Adam et Eve. Site musulman. Selon la légende, un frère et une soeur auraient débarqué à Mannar sur un bateau. Personne ne savait d'où ils venaient ni quand ils sont morts. Ils ont été enterrés à cet endroit. Avec le temps, ils sont devenus des géants de plus de 10 mètres et les musulmans de la région ont développé leur propre version de la tradition pour les deux tombes. Nous ne sommes pas arrivés à obtenir plus d'informations sur pourquoi ces tombes et ce qu'elles représentent.
- Nous avons voulu aller sur la plage de Talaimannar pour remettre des photos à une famille de pêcheurs(Anthony) avec laquelle nous avions sympathisé, leur cabane est détruite et personne ne sait ce qu'ils sont devenus.
De retour à Mannar pour un déjeuner tardif au Colombo Pilawoos Hotel.
C'est dimanche, presque tout est fermé et un certain nombre d'hommes ivres déambulent dans la ville. Farniente le reste de l'après midi.
En une journée de visite sur la presqu'île de Mannar, 60 km aller retour, nous avons été arrêtés par 4 check points tenus par de jeunes militaires en armes: 1 s'est contenté de vérifier l'identité du guide, les 3 autres étaient des jeunes cons armés jusqu'aux dents qui voulaient montrer qu'ils avaient un pouvoir. L'un d'eux demande à voir nos passeports. Il ne savait même pas lire un passeport à l'endroit, un autre a demandé ce que nous venions faire au Sri Lanka, un troisième, jouant au Rambo avec ses Ray Ban, a demandé à vérifier le coffre et les bagages et ne s'est intéressé qu'au prénom de la passagère.
Dîner à l'hôtel
Jour 05 Lundi 19 Août 2019 Mannar - Habarana 213 km
Beau temps et chaud (32°).
Déçus de ne pas avoir pu visiter les marais salants à Hambantota parce que c'est interdit, nous avons demandé à visiter les salines (salters) de Mannar (Mantai Salt Limited). Le responsable nous a autorisé à faire la visite. Beau site, beaucoup plus photogénique que celui d'Hambantota. Il y a des grands réservoirs de décantation où l'eau de mer stagne 3 mois et demi, puis elles est dirigée vers de plus petits réservoirs où elle s'évapore pendant 45 jours, prenant une couleur rose, d'intensité différente en fonction de la concentration en sel, avec des cristaux assez impressionnants. Le blanc du sel, le rose intense des réservoirs, le bleu du ciel s'harmonisent agréablement. Les chefs d'exploitation répondent à toutes nos questions et les paludiers et paludières prennent plaisir à échanger.
Nous découvrons que ces marais salants bien que très productifs ne suffisent pas à la consommation locale. Chaque panier que portent les femmes et les hommes sur la tête pèse 40 kg. Ils sont payés au nombre de paniers ramassés et transportés et au temps de travail, environ 1200 roupies(6€) par jour. La récolte ne se fait que le matin de 06h30 à 11h. Ceux qui veulent gagner plus d'argent peuvent travailler l'après-midi au conditionnement du sel, à la maintenance du site.
Pratiquement tous tamouls, ils nous apprennent que pendant la guerre, beaucoup ont fui en traversant l'étroit passage (32km) qui les relient à l'Inde du Sud à bord de petites embarcations, ils sont revenus après la guerre.
En partant, arrêt au marché aux poissons pour remettre des photos à Jesuthasan, un préparateur de poissons rencontré la dernière fois et à des marchands de légumes. Cela leur a fait plaisir.
Sur la route pour Habarana, nous nous arrêtons à l'église de Lady of Madhu, un haut lieu de pèlerinage catholique. A la suite des attentas d'avril 2019, la sécurité est impressionnante: fouille au corps, sac interdit, contrôle et enregistrement des passeports, obligation de prendre une photo avec chaque appareil en présence d'un militaire afin de vérifier qu'ils ne sont pas des détonateurs.
A l'intérieur de l'église, on ne peut plus prendre de photos. Il y a toujours autant de monde qui vient dans l'attente d'un miracle.
L'église de Lady of Madhu est connue pour avoir été une terre de refuge pour des familles catholiques, en 1670, fuyant l'invasion des Hollandais en majorité protestants.
Nous avions prévu de revoir le Galkiriyagama Sri Wanasinghe Rajamaha Viharaya - parce que le site est particulièrement beau et accueillant, ensuite Aukana que nous avions déjà vu, mais que l'on apprécie de revoir.
Eranda nous suggère de visiter un autre site que nous ne connaissons pas, le Sasseruwa Reshwehera Raja Maha ou Ras Vehara de Sassuruwa, en empruntant une belle petite route bordée d'arbres qui la recouvrent formant un tunnel, qui traverse des villages oubliés. Après Anuradhapura: Tambuttegama, Meegalewa, Sasseruwa, Ranajayapura, Kekirawa, Ganewalpola, Palugaswewa, Habarana. Une région très authentique à l'écart des circuits classiques.
Proche de Aukana et de son impressionnant Bouddha debout, ce site est oublié de la majorité des touristes, bien qu'intéressant. Ce Bouddha debout affiche le mudra Abhaya (protection et absence de peur). Une oreille n'est pas terminée, le drapé du vêtement non plus, le socle n'est pas décoré. Le lieu aurait été déserté, pour des raisons inconnues. Le jour où l'arbre Bô a été planté, l'endroit aurait été éclairé d'une lumière particulière (ras) d'où le nom de ce site.
Sessuruwa ou Sasseruwa serait interprété par "statue similaire". Est ce en référence à celle d'Aukana ? Certains disent que l'artiste qui a fait Aukana aurait commencé par une ébauche à Sasseruwa...D'autres disent que cette statue aurait été commandée par le roi Mahasen, sa mort étant à l'origine de l'arrêt du chantier. D'autres encore parlent d'invasions qui auraient provoqué la fuite des gens de la région. Nous baignons à nouveau dans les légendes avec cette incapacité qui caractérise le Sri Lanka à démêler ce qui relève des légendes et des faits historiques.
Il y a deux grottes riches en décorations, dont une contient un Bouddha allongé. Sa robe a été tissée et les plis réalisés avec des mèches de coton avant d'être collés et recouverts de plâtre et de peinture.
Dans cette grotte il y a un lit qui, selon la légende, a été offert par un charpentier à l’époque du roi Rajasinghe (1797-1814).
A cette époque seuls les privilégiés étaient autorisés à dormir sur des lits. Mais la femme du charpentier le harcelait pour en avoir un. L'artisan céda et fit un lit pour sa femme. Mais quel intérêt de dormir sur un lit quand personne ne sait qu’il y en a un dans votre maison. La femme a parlé de son lit secret à ses voisins et la nouvelle se répandait de maison en maison jusqu'au roi. Finalement, l'artisan a décidé d'offrir le lit au temple pour éviter d'avoir des ennuis avec le roi.
Comme à Dowe (Ella) il y a un terrier dans lequel vit un cobra qui protégerait le site.
Pratiquement toutes les statues de Bouddha de ce site ont été percées par des voleurs de trésors. Raison pour laquelle les portes sont fermées à clef. Les moines les ouvrent bien volontiers aux visiteurs, moyennant l'achat d'un ticket.
Dans les environs il y aurait une centaine de grottes dans lesquelles vivaient les moines.
Arrivée tardive à Habarana.
Dîner à l'hôtel
Villa Habarana Kashyapagama Road, Habarana 50150,
Jour 06 Mardi 20 août 2019 Habarana - Batticaloa 139 km
Le matin, nous avons rendez-vous avec le mahout Ale Putha, et son éléphante Rani, qu'Eranda connait pour parler du métier et partager l'une des activités que nous préférons. Il y avait autrefois de nombreux éléphants qui travaillaient dans les fermes, dans les exploitations forestières, mais aussi dans les temples. Avec la modernisation des engins, l'éléphant est maintenant relégué à la ballade des touristes et aux défilés pour les fêtes religieuses. La majorité des éléphants appartiennent à des riches propriétaires qui les louent à des intermédiaires. Le prélèvement d'éléphants dans les troupeaux sauvages n'est plus autorisée, et la reproduction en captivité est devenue stérile, les éléphants n'appréciant pas de ne pas avoir le choix de leur partenaire.
Un mahout est affecté à un éléphant pour la durée de sa vie. Ils forment un couple inséparable. Il a pour mission d'en prendre soin, de le nourrir, de le soigner s'il est malade, de l'accompagner dans chaque occasion.
Parmi les soins, le bain des éléphants est un moment très important. Un moment rafraichissant, de détente, de complicité, d'échange. C'est aussi pour nous un moment privilégié de découvrir cet animal, qui aime qu'on le bichonne, qu'on le gratte avec des écorces de noix de coco.
Certains mahouts nous laissent faire, gardant un oeil vigilant sur les réactions de l'animal. Nous l'avions fait en 2015 avec une éléphante portant le nom de Mutu(perle), c'est avec plaisir que nous le faisons à nouveau cette année avec Rani.
Nous avions prévu de chercher un village réputé pour ses poteries traditionnelles : Bakamuna. Mais cette route nous oblige à faire un long détour pour aller à Batticaloa.
Eranda propose de nous rendre dans un autre village de potiers. Assez isolé du tourisme pour garantir des rencontres authentiques.
Nous découvrons une famille de potiers très accueillante. Elle produit des poteries qui vont au feu pour la cuisson des plats traditionnels. Après les avoir observés travailler, il nous est proposé de nous initier à la poterie au tour. Tushani est bonne pédagogue et nous finissons par créer un petit pot relativement satisfaisant.
Nous partageons une tasse de thé. Cela donne une idée à Eranda pour ses prochains clients: rencontre avec un artisan traditionnel, initiation à son art, et partage d'un repas préparé avec la famille, ce qui pourrait donner lieu à une modeste participation financière pour aider ces familles qui sont à la limite de la pauvreté, tout en permettant à des voyageurs de découvrir la vie quotidienne de familles cingalaises. Un vrai tourisme solidaire.
Un peu plus tard Eranda propose de visiter un temple et un monastère que nous ne connaissons pas: Dimbulagala Raja Maha Vihara. Un site de l'époque de Polonaruwa dont il n'est éloigné que d'une vingtaine de kilomètres, oublié et restauré en 1950 par le moine Kithalagama Sri Seelalankara Thera tué par les rebelles tamouls en 1995 alors qu'il se rendait dans une ferme proche du temple. Il soutenait les familles pauvres qui subissaient le terrorisme des rebelles. Cet assassinat a contribué à rendre ce site célèbre.
A l'arrière du site un piton rocheux surplombé d'une stupa, que l'on peut rejoindre par un sentier escarpé, avec vue sur toute la région. Un monastère moderne est en construction sur la droite. Devant le rocher, un bâtiment octogonal recèle de nombreuses sculptures en bois (ébène) représentant Bouddha réalisées par des moines.
A l'arrière une enfilade de plusieurs grottes décorées mettant en scène différents aspects de la vie et de l'enseignement de Bouddha, parfois avec des démons, des monstres ou des créatures qui n'ont pas grand chose à voir avec l'enseignement original.
En sortant du site, nous dégustons un jus d'oranges pressées par Siriyalatha au bord de la route. Nous découvrons que les Sri Lankais boivent le jus d'orange salé. !
En arrivant à Batticaloa, nous pensions pouvoir visiter l'intérieur du temple hindou Santhively Pillaiyar Kovil à l'entrée de la ville, n'ayant pu le voir que de l'extérieur la dernière fois, mais nous n'avons pas pris la même route.
Rencontre avec Mala de Mala's Home stay, notre hébergement pendant deux jours. La plus mauvaise expérience de tous nos voyages au Sri Lanka avec celle de Senadhi propriétaire du Rawana Heights à Ella (en 2008).
Dès la descente de voiture nous sommes surpris par la personnalité de cette femme, qui bien qu'en apparence avenante, se révèle envahissante, autoritaire, très directive. Elle mène tout le monde à la baguette, y compris ses clients.
A partir du moment où nous sommes arrivés et jusque la veille de notre départ, Mala n'arrête pas de parler d'elle, de ses soucis, de ses difficultés, de ses expériences, de ses clients, en plus d'essayer de placer ses produits dérivés : pic nique, excursions, déguisements en tenue locale, massages, cours de cuisine...
Heureusement qu'il y avait ses enfants qui sont sympathiques, on pouvait parler d'autre chose et se détendre dès qu'elle s'absentait un peu, bien qu'elle garde une oreille attentive à ce que nous disions pour intervenir le cas échéant. Nous sommes surpris qu'elle aie tant de bons commentaires sur les forums ! Comme pour le Rawana Heights, d'autres clients évoquent les mêmes problèmes que ceux que nous avons repérés.
Dîner à la guesthouse
Mala’s Home Stay, Technical College Road 1st Cross 27/5 Technical Collage road, manjanthoduwai, batticaloa., Kattankudy
Jour 07 Mercredi 21 août 2019 Batticaloa
Nous avions prévu avec Eranda de visiter le marché de Batticaloa, la lagune et des villages environnants à la recherche d'autres artisanats à découvrir : tissage de coton, tressage de feuilles de palmiers (palmyrah et indikola), une des exploitations de noix de cajou implantées dans la région avec l'aide du gouvernement pour aider la population après la guerre.
Mala s'est imposée avec ses trois adolescents, cherchant à jouer au guide. Les excursions dans les environs font partie de son gagne-pain, mais nous ne lui avions rien demandé. Eranda a du lui rappeler que nous avions déjà établi le programme avec lui.
Le marché est intéressant et authentique. Il permet de découvrir tout ce que les Sri Lankais achètent pour leur alimentation, mais aussi pour leurs différents besoins de la vie quotidienne. Nous sommes toujours impressionnés par la quantité et la variété d'herbes aromatiques, de légumes, de fruits sur les étalages, et la quantité d'objets et de produits que l'ont trouve.
Chaque fois que nous demandions à Eranda de nous expliquer ce que nous voyions, Mala s'imposait pour répondre à sa place.
Il contient: du sirop de racine de Sarsaparilla (nannari) généralement artificiel, parfois des graines de kasa kasa qui ressemblent aux graines de chia produisant un mucilage au contact d'un liquide, des glaçons, de l'eau, du jus de citron vert, Thomas ajoute des cubes d'ananas frais.
Le mélange des ingrédients se fait de façon spectaculaire en écartant les récipients l'un de l'autre le plus loin possible. C'est agréable à boire.
- Cherchant à découvrir des tisseurs, Mala suggère d'aller au centre artisanal de la région qui forme des tisseuses, mais il n'accepte plus les visites des touristes (rares dans la région) bien qu'une boutique leur soit paradoxalement dédiée. A l'étage un musée sans intérêt.
Voyant notre déception elle nous indique une personne qu'elle connait qui tresse les feuilles de palmier. Ce qu'elle fait n'est pas très beau, sans intérêt.
- Sur le chemin du retour, nous longeons la lagune. Mala n'a de cesse de proposer d'organiser un pic-nique avec des pêcheurs. Nous déclinons l'offre.
Nous visitons une ferme qui cultive des légumes bio pour les patients d'un hôpital spécialisé dans le cancer.
-Pour terminer la journée, Mala demande que l'on s'arrête dans un temple dédié à Hanuman qu'elle affectionne. A notre grande surprise elle nous enfoncé dans la bouche du riz sucré que lui a remis un prêtre. Ensuite elle a passé du temps à vouloir aider une femme qui était en souffrance psychologique. Nous étions heureux que ce soit la dernière journée avec elle.
Dîner à la guesthouse
Jour 08 Jeudi 22 août 2019 Batticaloa - Thettativu - Periyakallar - Maruthamunai - Pottuvil 114 km
Début de matinée calme, Mala est accaparée par un groupe d'agents de tourisme local qui vient visiter son homestay.
Au moment de payer l'addition nous découvrons qu'elle a facturé les thés qui nous ont été offerts chaque jour (que nous prenions pour des welcome drinks), que la chambre du chauffeur a été facturée au prix fort, que les repas sont aussi chers que dans un restaurant pour touriste. Heureusement nous avions décliné toutes ses offres de services. Chez elle, cela revient plus cher de loger chez l'habitant qu'à l'hôtel.
Nous prenons la route pour Pottuvil, avec de nombreux arrêts.
Le temple hindou Kompuchanthi Pillaiyar kovil of Thettativu, joliment coloré. Chaque fois que nous nous arrêtons des femmes et des hommes préparent des repas pour les divinités (et les prêtres), à base de riz.
Le pont de Periyakallar et ses pêcheurs au carrelet.
Maruthamunai avec la famille de Hafeel, 285 Jinnah Road, et ses handloom qui produisent de si beaux sarongs Sri Lankais. Sa famille semble contente qu'on lui apporte les photos que nous avions faites la dernière fois. Hafeel nous fait découvrir le magasins dans lequel il vend ses sarongs, dans la rue principale. City Handloom, 281 Main Street, Maruthamunai + 77 4680 225
Il est étonnant de découvrir que les Sri Lankais préfèrent porter des sarongs industriels qui viennent d'Inde.Sa boutique : Maduradamunai (kalmunai), Kattankudy (Batticaloa), Maruthamunai accueillaient des communautés de tisserands maures, qui ont été installés par le roi Senerath (1604-1635), pour tisser et teindre des tissus précieux pour lui. On dit aussi que des groupes de la caste de Salagama, les Saligrama Brahmins de l'Inde ont été amenés à Sri Lanka en tant que tisserands pour les rois singhalais pendant le temps du Roi Parakrama Bahu III.
À l'heure actuelle, il existe 2000 tisseurs dans les environs dont 600 à Maruthamunai. La plupart des métiers à tisser sont fournis par des ONG locales et internationales travaillant dans le district. Eranda a pris contact avec un ancien employé de Hafel dont il parle la langue et qui travaille à son compte, pour d'éventuels contacts avec des clients intéressés par le tissage.
Arrivée en début d'après midi à Pottuvil.
Nous avons prévu de faire la mangrove de Pottuvil dont on parle dans de nombreux guides. Comme pour les safaris et les boat tours, les propositions sont pléthore. De nombreux opportunistes se sont installés dans la région, devenant hôteliers, restaurateurs, bajaj, boatmen et coach de surf afin de pomper le maximum d'argent aux nombreux touristes qui séjournent ici.
Nous demandons à passer par la coopérative de pêcheurs préférant laisser de l'argent à des pêcheurs qu'à des opportunistes.
Nous allons repérer les lieux et réserver notre barque. Sur place nous apercevons au loin un éléphant au bord de l'eau.
A l'aller et au retour nous traversons Arugam Bay que nous ne reconnaissons pas.
Lorsque nous y sommes venus en 2009, c'était 5 ans après le tsunami, 4 mois après la fin de la guerre. Il n'y avait qu'une petite poignée d'hôtels, le meilleur à l'époque étant le Stardust dont le propriétaire Danois a été tué par le Tsunami. Nous n'avions trouvé que deux petits restaurants locaux pour prendre des repas moins onéreux qu'à l'hôtel.
Aujourd'hui c'est une enfilade d'hôtels, guesthouses, restaurants et boutiques de fringues, bars à bière, pâtisseries, fast food.
On retrouve le décor "branché" bambou, rotin, bois naturel, de toutes les destinations geeks/hipsters: Kuta, Goa, Ventiane, Ko Samui, Phuket, Hikkaduwa, Ella, Ibiza etc...tous ces endroits qui se ressemblent indépendamment des pays où ils se trouvent grâce à la génération des "poissons rouges" en shorts, débardeurs, tongs, et tattoo, bières, pizzas, burgers, red bull, wifi et musique binaire.
Nous avions prévu de faire le parc de Kumana et l'Hermitage le matin parce qu'ils sont proches et la mangrove l'après midi.
Eranda dit qu'il est préférable de faire la mangrove le matin et le parc l'après midi, parce qu'on aurait plus de chance de voir des animaux l'après midi. Nous nous renseignons, les avis divergent. Faire le parc l'après-midi implique de reporter à une autre fois l'Hermitage. Pas envie de nous prendre la tête avec ça, nous acceptons.
Excellent dîner préparé par Antoy au Saneepa.
Saneepa Holiday Bungalow Sawalai Road, Arugam Bay. Nickson et Antoy
Jour 09 Vendredi 23 août 2019 Pottuvil
Départ tôt pour faire la mangrove. Nous rejoignions la coopérative de pêcheurs de Kottukkal Urani. Deux pêcheurs nous attendent. Nous embarquons sur une frêle embarcation composée de deux pirogues sur lesquelles est fixé un plancher à quelques centimètres au-dessus de l'eau. Sans coussin ce n'est pas très confortable !
Il ne fait plus tout à fait nuit et pas tout à fait jour. Belles images entre noir et orange avec déclinaison de bleus. Nous apercevons quelques oiseaux de la famille des ibis et des aigrettes. Des pêcheurs s'affairent assis sur de frêles pirogues, les jambes dans l'eau, ce qui avec la hauteur de notre assise au raz de l'eau laisse penser qu'il ne doit pas y avoir de crocodiles dans ce lagon.
L'éléphant solitaire est toujours à la même place, il broute à quelques pas de la berge. Il fait trop sombre pour le photographier.
Impression que c'est le même éléphant à la même place que sur toutes les photos vues sur les forums. La lumière augmente légèrement d'intensité, révélant quelques hérons cendrés à la recherche de nourriture, des Milans sacrés (Haliastur Indus) que beaucoup confondent avec l'aigle pêcheur, quelques cormorans.
Nous nous attendions à voir davantage d'animaux et d'oiseaux. La mangrove est jolie avec les palétuviers qui entrelacent leurs racines avant de les plonger dans le lagon.
Petite halte sur un banc de sable qui sépare la lagune de l'océan: un des "paradis" des surfeurs: Pottuvil point d'un côté, Whisky point de l'autre. De nombreux planchistes matinaux s'initient à la glisse sur des vagues, qui n'ont rien d'impressionnant à côté de celles du sud-ouest de la France et encore moins avec celles d'Hawaï. Mais l'ambiance surf y est.
Nous revenons vers le point de départ. Il fait à peine plus clair. Il y a un peu plus d'oiseux dans la lagune : des hérons cendrés, de nombreux cormorans et des anhinga roux (anhinga melanogaster)que l'on confond souvent avec les cormorans, des pélicans, un tantale indien (Mycteria leucocephala), des spatules blanches (Platalea leucorodia), des grandes aigrettes (Ardea alba), des ibis à tête noire (Threskiornis melanocephalus) quelques échasses blanches (Himantopus himantopus) et probablement d'autres oiseaux que nous n'avons pas distingués faute de lumière.
Cette exploration de la mangrove de Pottuvil n'est pas intéressante et ne mérite pas le tapage que l'on en fait dans les guides et sur certains forums. Peut être qu'à force de faire des visites intéressantes, nous nous laissons moins facilement séduire par des visites ordinaires.
Retour à l'hôtel, temps libre, et délicieux déjeuner.
Nous prenons la route de Panama pour rejoindre la jeep et le chauffeur qui nous feront faire le safari de la réserve Kumana.
Cette réserve est la partie Est du parc de Yale. Elle a été fermée de 1985 à 2003 du fait de la guerre, et fut très affectée par le tsunami de 2004.
Elle est réputée pour la variété de sa faune caractéristique de la zone forestière sèche tropicale. On est censé y trouver de grands mammifères tels qu'éléphants et léopards. Elle est nettement moins fréquentée que celle de Yale. Le temps est couvert,nous commençons le safari tard, la lumière et les couleurs ne sont pas extraordinaires. A cela s'ajoute, comme à Wilpattu, des bas côtés mal entretenus avec de nombreuses broussailles qui empêchent de voir à l'intérieur des sous-bois. En dehors de certaines zones sans arbres, la visibilité est mauvaise.
Nous avons vu deux éléphants dont un a voulu jouer le rapport de force en bloquant le passage.
Le chauffeur lui a fait peur en faisant gronder le moteur, en s'avançant vers lui. Probablement un éléphant qui manque de confiance en soi. Nous avons vu quelques crocodiles, dont un énorme a traversé le chemin devant la jeep, quelques buffles qui à chaque fois sont immergés dans la boue des points d'eau pour faire baisser leur température, quelques sangliers, quelques singes langurs (Semnopithecus entellus), de nombreux groupes de cerfs axis ou Chital, des mangoustes, un aigle huppé (Spizaetus cirrhatus ceylanensis), un aigle pygargue à tête grise (Ichthyophaga ichthyaetus), et de nombreux guêpiers (bee eater- Merops orientalis).
Des marécages au centre du parc attirent de nombreuses variétés d'oiseaux. Ce serait un refuge très fréquenté par les oiseaux migrateurs. Des miradors sont disposés à distance pour les observer. Encore faut il avoir du temps, être équipé de téléobjectifs ou des jumelles puissantes, et être là à la bonne période !
En fin de journée alors qu'il commence à faire plus sombre, un léopard s'éloigne tranquillement sur le bord d'un réservoir asséché. Nous serions arrivés quelques instants plus tôt...! Toutes les photos sont floues à cause de l'éloignement, du mouvement et du manque de lumière, ce à quoi s'ajoute une des inciviltés les plus répandues au Sri Lanka, un chauffeur de jeep hilare s'interpose entre l'animal et nous pour privilégier ses clients en nous bouchant la vue. Au Kenya lorsqu'un chauffeur a un tel comportement, il est signalé à l'administration du parc et n'a plus le droit d'y venir avec des clients.
Safari peu attrayant : trop tard, trop sombre, et vraiment peu d'animaux.
Le soir pendant le repas à l'hôtel, nous entendons puis apercevons des éléphants sauvages qui viennent dans les rizières à quelques mètres de l'hôtel, et même à l'entrée de la ville pour chercher de la nourriture. Une bonne partie de la soirée et de la nuit les gens veillent et les font partir afin de protéger leurs cultures. Visite de Nikson le propriétaire de l'hôtel, très sympathique.
Jour 10 Samedi 24 août 2019 Pottuvil - Walapane - Kandy - 232 km
Très belle route de moyenne montagne qui traverse des villages et des petites villes oubliées des agences de voyages. Nous voulions photographier des rizières en espalier. Moins jolies que celle de Bali, certaines valent la peine que l'on s'arrête, surtout lorsqu'elles sont bien vertes.
Lors d'un arrêt nous sommes invités par une famille à leur rendre visite. Appuhami, septuagénaire, est charpentier. Il veut nous monter les meubles qu'il fabrique. Nous retrouvons l'artisanat de notre enfance où les artisans étaient aussi des artistes.
Ils créent des pièces uniques pour leurs clients, une table, des chaises, un canapé, une armoire, avec ou sans marqueterie, mais toujours sans clous. Tout est assemblé avec des chevilles de bois.
La famille semble heureuse de nous recevoir et nous offre du jus de noix de coco frais, très agréable.
Voyant que nous nous intéressons à son art, Appuhami propose de nous faire visiter un monastère (Pothubandana Raja Maha Vihara) où il a participé à la rénovation, en faisant tout le travail de charpente, des escaliers aux cadres des fenêtres en passant par les portes qui sont entièrement sculptées selon des thèmes se rapportant au Bouddhisme. Un travail de virtuose.
Le monastère est moderne, construit sur les ruines d'un très vieux temple dont il reste quelques piliers. Cela nous a permis d'observer un certain luxe dans lequel vivent les moines aujourd'hui, très loin de la vie austère que l'on imagine.
Un peu après la jonction pour pour Walapane, lorsqu'on passe de la route B492 à la B413 en direction de Padiyalella, il y a de très belles rizières en espalier à flanc de montagne sur la droite. Nous en verrons d'autres après mais moins jolies. Plus tard, on aperçoit le lac Victoria avec ses petites îles en forme de cônes. On longe le lac et le barrage hydroélectrique (Victoria Dam). La région est vraiment belle.
Sur cette route il y a Rikillagaskada où l'on bifurque pour Deltota si on veut voir la première plantation de thé du Sri Lanka: Loolecondera Estate, à Deltota (18 km par B364), créée par James Taylor en 1867. C'est d'ici qu'est partie toute l'histoire du thé de Ceylan. La première tea factory est entrée en fonction en 1872. On peut encore y voir quelques bâtiments d'époque, du moins ce qu'il en reste.
Jolie petite route bordée de plantations de thé avec des cueilleuses qui ne réclament rien, des forêts de sapins, des cultures en espaliers.
A Hanguranketa il y a le Potgul Vihara qui est une des plus anciennes librairies bouddhistes de l'île. Des centaines de livres relatant l'enseignement de Bouddha dont une copie du Tipitaka (livre des enseignements de Bouddha qui a été brûlé par les Anglais à l'Alu Vihara de Matale). Tous ces livres sont écrits sur des feuilles de ola,certains ont une couverture en argent travaillé ou en ivoire.
Nous souhaitons faire la visite du temple, fermé la fois où nous sommes venus. Eranda a obtenu l'accord du chef moine. Un moine nous accompagne avec les clefs. Dès le début de la visite, le moine commence à marchander: pour voir telle partie c'est 1000 roupies, pour voir une autre partie c'est tant de roupies en plus, ainsi de suite. Cela nous a mis dans une colère noire. Nous ne supportons plus ces moines qui rackettent les gens pour se mettre de l'argent dans la poche et vivre comme des pachas.
Nous quittons les lieux sans chercher à visiter le reste. Eranda a déposé une plainte auprès du chef moine. Je ne suis pas convaincu que cela servira à quelque chose, vu l'opulence dans laquelle vivent la plupart des moines au Sri Lanka. Peut être que le chef moine a lui aussi sa voiture avec chauffeur comme dans de nombreux monastères bouddhistes d'Asie.
Arrivée tardive à Kandy. Le lac est toujours aussi beau avec le temple de la Dent illuminé qui s'y reflète.
Petite balade parmi les pèlerins, pour l'ambiance. Tout se modernise, la billetterie est automatique, les sacs à main passent sur un scanner comme à l'aéroport, reste la fouille au corps qui n'a pas changé.
Il y a un monde fou qui vient sur ce site, touristes et locaux. Nous visitons quelques petits temples autour. Tout a changé en quelques années. Si les temples sont toujours là, les espaces ont été réaménagés - les murs d'enceinte ont été enlevés, d'autres temples ont été érigés, les éclairages ont été étudiés de façon à mettre le site en valeur. C'est très agréable à voir.
Dîner dans un restaurant cool un peu en dehors du centre, le Garden Café: un des meilleurs endroits pour manger des plats savoureux et raisonnables, qu'Eranda nous a fait découvrir. Les jus de fruits sont frais et variés. Le serveur Praba est d'une gentillesse exceptionnelle. Nous découvrons un plat de rue (street food) Sri Lankais dont personne ne nous a jamais parlé jusqu'à ce jour: le kottu. Mais quel dommage de ne pas avoir connu cela plus tôt. Cela aurait changé des rice & curry, des parathas et autres riz sauté aux légumes. Un régal. Il semble que ce soit un plat complet qu'on ne sert que le soir.
Différents ingrédients le composent: omelette, oignons, rotti(pain plat) légumes, fromage, herbes aromatiques, épices parfumées avec ou sans viande (poulet). Le tout est cuit ensemble sur une plaque pendant que le cuisinier les hachent avec une lame dans chaque main dans un rythme endiablé.
Kandy holiday home 51/30, Bangalawatta Lewella Road, Kandy
Jour 11 Dimanche 25 août 2019 Kandy and around 95 km
Nous souhaitons faire une boucle autour de Kandy pour visiter des temples que nous ne connaissons pas, avec certaines particularités, dont on parle peu. C'est à nouveau l'occasion de découvrir des petits routes peu fréquentées pleines de charme.
Eranda nous apprend que le Nalanda Gedige, petit temple à l'origine hindoue devenu bouddhiste sur la route de Matale, construit entre le 8ème et le 10ème siècle, est situé au centre géographique de l'île. Comment ont-ils fait à l'époque pour définir le centre avec autant de précision ?
Medawala Rajamaha Viharaja est un temple monastère qui comporte un Tampita, le plus ancien Tampita du Sri Lanka.
Il s'agissait d'un sanctuaire à deux étages au 14ème siècle. Il a été rénové en tant que Tempita Vihara en 1755 sous le règne de Kirti Sri Rajasinha (1747-1781). Le Tampita est une "maison des images" particulière (chambre où se trouve la statue de Bouddha et des peintures destinées à favoriser la méditation et le recueillement).
Bien qu'il existe des traces de structures plus anciennes, la plupart ont été construites entre le 17eme et 19eme siècles. Il y a plus de deux cents Tempita Viharaya identifiés au Sri Lanka à ce jour. La plupart des sanctuaires se trouvent dans le nord-ouest, dans les districts de Kurunegala, Kegalle, Kandy, Sabaragamuwa.
Ce monastère est très agréable à visiter, notamment le dimanche matin lorsque les enfants viennent à l'école du dimanche.
Mawanella Aluth Nuwara Dedimunda Devalaya : un temple tant hindou que Bouddhiste qui lui aussi fait l'objet de nombreuses légendes, qui influencent encore la vie religieuse des dévôts aujourd'hui. Ce lieu est dédié à Dedimunda Deviyo une divinité vénérée par les Bouddhistes au Sri Lanka. Il est considéré comme une divinité tutélaire du Bouddha Sarana dans le pays. Les gens croient qu'il a le pouvoir de guérir des maladies mortelles, des épidémies, d'éradiquer les possessions perverses et de donner un espoir de grossesse aux femmes mariées. On pense que le culte de la divinité Dedimunda s'est fait connaître au cours de l'ère Kandyan.
Les jours de Kembura, c'est-à-dire les mercredis et samedis, les gens viennent offrir leur pooja et font des voeux à la divinité. Ils viennent de nombreuses régions du pays pour chercher les bénédictions de cette divinité.
Nous découvrons que des pèlerins apportent des pousses de cocotiers. Ils offrent une vie (la jeune pousse de cocotier) en échange d'une autre vie (humaine) à la divinité, soit en cas de maladie, soit pour optimiser une grossesse.
Danthure Raja Maha Viharaja est un Tampita Vihara à deux étages. Le rez-de-chaussée est utilisé comme "Bana Maduwa " ou salle de prédication, avec le trône du chef moine et sa sonorisation. Les piliers d'origine sculptés, avec danseurs et musiciens ornent le centre de la salle. L'étage supérieur est une "maison d'images" avec une statue assise de Bouddha sous un Makara Torana. Le plafond en bois et les murs portent des peintures de la période Kandyan.
Il y eut une bataille célèbre entre Wimaladharmasuriya I (1592 - 1604) et les Portugais à Danthure. En 1591, les Portugais installèrent un roi fantoche, Yamasinghe Bandara, baptisé Don Phillip. Bien qu'il soit monté sur le trône, il mourut de vieillesse peu après, ouvrant la voie à son fils Don João, âgé de 12 ans. Konappu Bandara l'a immédiatement renversé et s'est proclamé roi de Kandy sous le nom de Wimaladharmasuriya. Il combattit les Portugais et libéra Kandy des griffes des envahisseurs.
Eranda propose de visiter un fonderie artisanale de laiton (brass) qui produit, entre autres, des lampes à huile de toutes tailles, pour les temples et les domiciles. Nous assistons à tous les stades de la fabrication. Le laiton arrive d'Inde à l'état brut sous forme de lingots. Il est fondu et coulé dans des moules de terre différents représentant la moitié de l'objet. Les deux moitiés sont assemblées par soudure au chalumeau. Ensuite chaque pièce est tournée, abrasée, polie, afin de lui donner sa forme et sa couleur définitive. Rien d'industriel, tout est artisanal. Nous repartirons en faisant une halte à la boutique Ishan Brasswar.
Chaque famille Sri Lankaise a au moins une lampe à huile qu'elle allume à la nouvelle année bouddhiste.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans un temple que nous aimons bien à cause de son architecture particulière.
Lankathilake L'entrée face à la porte principale donne sur un sanctuaire hindou. L'entrée à l'arrière donne sur la shrine room où siège une imposante statue de Bouddha. L'histoire du temple remonte au 14ème siècle. Selon les rapports historiques, ce temple a été construit par le roi Bhuvanekabahu IV, qui a régné de 1341 à 1351. L'architecture du temple a été conçue par un architecte du sud de l'Inde, nommé Sathapati Rayar. Il aurait conçu le temple en utilisant l'architecture cinghalaise de l'époque Polonnaruwa ainsi que d'autres modèles architecturaux dravidiens et indo-chinois.
Nous, nous lui trouvons plutôt un air tibétain.
Il a été construit sur un rocher naturel appelé Panhalgala Rock. Parmi les bâtiments, la "maison des limages" possède des caractéristiques architecturales exceptionnelles, ornées de sculptures cinghalaises. Selon les faits consignés dans la plaque de cuivre de Lankatilake, cette "maison à images" a été construite comme un manoir à quatre étages avec une hauteur de 25 mètres, dont aujourd'hui, on ne peut voir que trois étages. Les murs et le plafond de la maison de l'image sont ornés de peintures et de sculptures de l'ère Kandyan.
Des inscriptions gravées sur la roche à côté du temple avec des textes à la fois cinghalais et tamoul, donnent des indications sur les participations des rois à ce temple.
La "maison des image"s (shrine room) du Lankatilaka est enrichie de cinq devales : Upulvan, Ganapathi, Saman, Vibhishana et Kumara Bandara sont vénérés ici. On pense Kumara Bandara est la divinité qui protège le vihara de Lankatilaka.
Nous assistons à une scène révoltante : un moine est attablé près de la statue de Bouddha. Lorsqu'un groupe de pèlerins entre, il leur ordonne agressivement de s'asseoir et de se taire. Il fait un prêche de quelques minutes, et ordonne aux gens de donner de l'argent. Tous se précipitent pour lui donner des billets de différentes valeurs. Le moine compte les billets ostensiblement, les assemblent en liasses, sa table en est recouverte. Religious business ! Pas certain que cela soit du Bouddhisme !
Retour tardif à Kandy avec un passage très agréable par le Garden Café.
Jour 12 Lundi 26 août 2019 Kandy - Hatton - Dick Oya - Tiensin - Bogawantalawa - Belihuloya - Haputale 170 km
Destination Haputale. Nous souhaitons passer par une route que nous aimons beaucoup : Kandy, Hatton, Dick Oya, Tiensin, Bogawantalawa, Belihuloya, Haputale.
La route n'est pas en très bon état et elle est sinueuse. Ce qui explique le temps que l'on met pour assez peu de kilomètres.
Mais quel charme : des villages tamouls colorés, des plantations de thé entretenues comme des jardins anglais, le réservoir de Castlereigh et ses îlots, la petite église Christ Church Walreigh, aujourd'hui fermée à cause des attentats musulmans, des villages où le temps semble s'être arrêté.
Nous sommes surpris par les "nouvelles méthodes" de cueillette du thé. Avant les cueilleuses pinçaient les deux premières feuilles et le bourgeon qu'elles plaçaient dans le panier qu'elles portent sur le dos. Lorsque le panier était plein elles allaient à la pesée. Aujourd'hui elles arrachent des poignées de feuilles matures, lorsque le panier est plein elles le vident sur une bâche au bord de la route et trient les feuilles !
Nous découvrons que de moins en moins de familles envisagent de laisser leurs enfants travailler dans les plantations. Toutes souhaitent que les enfants fassent des études et aient un autre métier. Ce qui veut dire qu'à plus ou moins court terme les cueilleuses tamoules n'existeront plus et qu'il faudra soit inventer une autre méthode de récolte du thé soit faire venir une main d'oeuvre d'autres pays. Je parie que la Chine sera sur la liste !!!
La plupart des plantations sont parsemée d'arbres hauts présentant des panaches de feuilles en plateaux, un peu comme certains acacias. De loin, dans un paysage c'est joli à regarder. Il s'agit d'Albizia odoratissma, apprécié pour l'ombre qu'ils font et l'enrichissement des sols. Ils supportent les écarts de températures et d'humidité, ils résistent aux maladies et aux insectes ravageurs. Bois précieux pour les meubles, bois de chauffe, fourrage riche en protéines pour le bétail.
La petite ville de Tientsin doit son nom à un hommage à la ville chinoise d’où arrivèrent les premiers plants de thé, ramenés par son propriétaire, Irwin Stuart. 80% des quarante millions de plants de la vallée proviennent de Chine. Nous rencontrons le vieux commerçant musulman rencontré il y a deux ans et lui remettons ses photos.
Bogawantalawa petite ville située à 1514 m d'altitude au-dessus du niveau de la mer. A environ 150 km à l'est de Colombo, célèbre pour ses domaines de thé. La majorité des domaines du thé dans la région sont gérés par Bogawantalawa Tea Estates Ltd (BPL Teas).
Jadis recouvertes par la jungle, ces montagnes de moyenne altitude ont été défrichées à partir de la fin du 18ème siècle. Au début du siècle suivant, les plantations de café s’étalaient sur les reliefs de Bogawantalawa. En 1865, une épidémie du “charbon de café” les a décimées. Héroïques, les planteurs britanniques ripostèrent à cette épidémie en introduisant de Chine et d’Inde des plants de camellia sinensis, parfaitement adaptés à ce climat.
Dans cette vallée, le ciel change rapidement, un nuage peut embrumer un sommet, ce qui produit cette humidité particulière propice aux plants de thé. Il peut très bien pleuvoir sur un versant d’une plantation et faire grand soleil sur le versant opposé.
Avant d'arriver à Marathenna on traverse une belle forêt de sapins immenses, et une autre d'eucalyptus encore plus haut (80 mètres en moyenne). Nous apprenons que le gouvernement envisage d'abattre ces eucalyptus qui pompent toute la réserve d'eau de la région au détriment des plantations de thé.
Marathenna et son temple hindou Sri Muthumariamman. Nous y avions rencontré de beaux enfants en 2017, cette année encore.
Le village est en fête: musiciens, danseurs, femmes en saree, hommes en sarongs, beaucoup de couleurs. Nous souhaitions faire des photos, mais le nombre de personnes alcoolisées nous en a dissuadé. Certains hommes semblaient ne plus avoir de limite. Dans la voiture, par la fenêtre ouverte certains nous plaquaient sur le visage une espèce de poudre jaune, de façon très désagréable.
- Arrivés à Haputale nous retrouvons avec plaisir Chitra, Hashan, et plus tard Shehani qui attend un enfant. Retrouvailles émouvantes et chaleureuses.
Hashan nous apprend qu'il a voulu venir en France pour des vacances. Il avait les billets d'avion. L'ambassade lui a refusé le visa, bien qu'il aie prouvé qu'il avait un travail au Sri Lanka, qu'il avait des garanties bancaires, qu'il avait des billets aller/retour. Il lui a été dit qu'il n'y avait aucune preuve comme quoi il reviendrait au Sri Lanka. Si on traitait les migrants de cette façon...
L'artiste s'appelle Jeewantha Samarakoon, il nous a fait des parures à la taille souhaitée,et les apportera à l'hôtel le dernier jour, c'est à dire à 160 km de route(320 km aller/retour - pratiquement 08h00 de voiture) Incroyable !
+ 71 974 8340 / + 71 296 2212
Dîner à l'hôtel
Leisure Mount View Holiday Inn Temple Road, Haputale
Jour 13 mardi 27 août 2019 Haputale
Nous souhaitions faire l'expérience du train, sans les touristes, autre que Kandy-Nuwara Eliya que nous avions testé en 2001 avant que ce soit à la mode. Nous pensions faire soit la ligne Haputale - Demodara, soit la ligne Haputale - Idalgashina.
Eranda pense que c'est mieux de faire Haputale - Demodara parce qu'on passe sur le Nine Arch Bridge.
Le train est à 11h05. https://eservices.railway.gov.lk/schedule/searchTrain.action?lang=en
En allant à la gare je dépose des photos et un sarong chez Hashan le tailleur qui est dans la même rue.
A notre grande surprise, ce train que nous n'avons pas pu prendre il y a deux ans suite à une panne de locomotive, est bondé et les touristes commencent à être nombreux !
Il y a deux tendances: ceux qui bousculent pour avoir une place assise, à ce niveau les Sri Lankais sont les plus habiles, et ceux qui bousculent pour être à la porte du wagon pour voir le panorama, à ce niveau les "Poissons Rouges" sont les plus habiles.
Nous comprendrons pourquoi rapidement: ils adorent faire des selfies ou se faire photographier en équilibre sur le marche pieds en prenant des poses qui donnent l'impression qu'ils se mettent en danger pour les followers de leur compte facebook ou twitter. Résultat chaque fois que l'on veut faire une photo de l'extérieur, on a dans le viseur un(e) de ses narcisses de la toile.
Nous passons sur le pont que nous avions vu il y a deux ans. Il y a de plus en plus de monde. Les bons plans commencent à devenir des plans de masse.
Arrivée à Demodara vers 13h00.
Déjeuner dans un super petit restaurant local, en bord de route et donnant sur la nature: Delicious Café, Badulla Road, Hela Halpe, Ella
Nous allons prendre un thé sur la terrasse de l'hôtel Ambiante qui surplombe l'Ella Gap. Vue magnifique. Nous découvrons les ravages de l'incendie de forêt qui a eu lieu la semaine dernière et qui a dénudé une partie de Ella Rock.
Alors que nous l'avions entendue gronder après un orage, la Kilatella Waterfall est complètement sèche.
Nous terminons la journée dans les rues de Haputale, à découvrir les boutiques, les street food, la vie quotidienne, sans touristes (différent de Ella).
Nous découvrons un petit restaurant qui fait de délicieux vadai et samosas, croustillants et pas trop pimentés: New Russe Hotel, 19 Dambetanna road, et un autre qui fait de savoureux eggs hoppers : New Paradise, 9 Main street.
Nous revenons à l'hôtel pour terminer la journée en compagnie de Hashan qui nous montre les photos du mariage de sa soeur.
Jour 14 mercredi 28 août 2019 Haputale - Tissamaharama by Buttala and road B35 - 136 km
Alternance de nuages et d'éclaircies. Il fait chaud.
Route pour Tissamaharama, avec une halte au Dematamal Viharaya de Helagam sur la route Buttala-Okkampitiya. C'est un petit temple que nous aimons pour son ambiance et son charme. Chaque fois que nous y venons il y a de plus en plus de monde. Les travaux archéologiques ont mis à jour de nouvelles ruines. Un prêtre hindou a tenté de nous extorquer une entrée payante, alors que les locaux ne paient pas. Eranda est intervenu, cela l'a tout de suite calmé.
Nous reprenons la route avec une halte au grand marché de Buttala (tous les mercredis) c'est le marché le plus intéressant et le plus grand que nous ayons rencontré au Sri Lanka. C'est l'occasion de découvrir tout ce qui se vend et s'achète au niveau alimentaire et autres besoins. C'est aussi l'occasion de nous faire expliquer tout ce que nous voyons.
De nombreux commerçants proposent de nous faire goûter leur production lorsqu'ils voient que nous nous intéressons.
Ensuite route A 35 de Buttala à Tissamaharama. Les éléphants mendiants sont toujours là, pratiquement au même endroit.
En fin de journée nous allons à Kataragama pour la puja du soir au Maha Devale. Nous venons à Kataragama chaque fois que nous venons au Sri Lanka, parce que c'est un endroit unique qui dégage quelque chose de particulier.
C'est la première fois que nous voyons un éléphant venir s'agenouiller devant chaque temple hindou. Cette fois encore nous découvrons la richesse d'Eranda: jusqu'à ce jour personne n'avait attiré notre attention sur une cérémonie qui a pourtant lieu tous les jours : des dévôts offrent des repas aux divinités. Selon la fortune des dévôts et la qualité du repas qu'ils offrent cela donne lieu à des rituels particuliers.
La voie qui mène vers la grande dagoba est majestueuse avec ses stands de fleurs, ses éclairages et cette foule de pèlerins qui circule comme une vague qui ondule de et vers la dagoba.
Tous les fidèles viennent avec des offrandes, des fleurs,de l'argent, beaucoup d'argent, et des packages pour les moines. Chaque package contient un bol pour manger, une robe et un morceau de tissu qu’on enroule autour de la taille comme une jupe en guise de sous-vêtements, une ceinture pour tenir la jupe, un rasoir notamment pour se raser la tête, des aiguilles et du fil pour réparer la robe, parfois un linge pour filtrer l'eau. Certains ajoutent un sac dans lequel le moine garde ses papiers, un livre et maintenant son smartphone. Smartphone offert également par les dévôts.
En revenant vers l'entrée nous croisons plusieurs groupes de "kavadis".
Kavadi est un rituel issu d'une légende qui a pour origine les collines de Palani dans le sud de l'Inde et un disciple nommé Idumban. Il était censé transporter deux collines (Kavadi) à la demande d'un sage tandis que Murugan s'y opposait.
Le Kavadi Aattam = danse du fardeau, est pratiqué par des hindous à l'attention du dieu Murugan pour implorer son aide, généralement pour un être cher qui a besoin de guérison ou régler une dette à la divinité pour l'accomplissement d'un voeu, rarement pour trouver un équilibre spirituel. Les fidèles dansent en portant ces fardeaux sur leurs épaules. Les plus simples se composent de deux pièces semi-circulaires de bois ou d’acier qui sont attachées à une structure croisée placée en équilibre sur les épaules du dévot. Ils sont souvent décorés de fleurs et de plumes de paon (le véhicule de Dieu Murugan).
Certains kavadis peuvent peser lourds (30 à 40 kg) et disposent de petites lances dont les pointes acérées sont posées, voire enfoncées dans la chair de ceux qui le portent. Ce à quoi s'ajoute d'autres mortifications comme se percer la langue, les joues avec des aiguilles métalliques. Certains vont jusqu'à se percer le corps avec de gros hameçons soit pour se pendre à des troncs d'arbre, soit pour tirer des cordes maintenues par des participants. On prétend que les fidèles sont capables de ne pas ressentir de douleur, de ne pas saigner de leurs blessures et de ne pas avoir de cicatrices. Nous l'avons déjà constaté.
Ces groupes de fidèles sont accompagnés des musiciens qui jouent une musique assez inattendue en Asie du même type que la musique populaire du sud ouest de la France. Une musique endiablée qui au Sri Lanka provoque souvent des transes hystériques chez certaines femmes.
Si certains "kavadis" sont des cérémonies préparées longtemps à l'avance, avec de nombreuses règles : purifications dans l'eau froide, rasage de la tête, régime végétarien, abstinence d'alcool, abstinence sexuelle, obligation de prier constamment, de dormir sur le sol, la majorité sont des simulacres de kavadis loués par des familles avant d'entrer dans le temple pour faire une offrande et demander l'intervention de Murugan pour régler des problèmes très matérialistes.
Avant d'enter dans la mosquée, une famille nous rejoint pour nous demander de partager leurs offrandes. Grand plateau de fruits divers qui ont été offerts et bénis lors de la pooja et qu'elle nous offre à son tour. C'est fréquent au Sri Lanka que les gens partagent.
Nous ne manquons jamais de visiter la petite mosquée avec son accueil chaleureux. Nous sommes loin de l'islam que nous connaissons en France. Une affiche à l'entrée précise que les salafistes et autres fondamentalistes ne sont pas les bienvenus, qu'ils seront livrés aux autorités dès qu'ils se manifestent.
A l'hôtel nous sommes accueillis chaleureusement par Anoma et Jaya. Nous apprenons que nous sommes les seuls clients à venir chez eux depuis les attentats du mois d'avril. Comme pour beaucoup de familles, de petits hôtels, et de chauffeurs, ces attentats ont eu des conséquences catastrophiques. Cela a entrainé une baisse du tourisme individuel, une perte de revenus, une paupérisation de Sri Lankais qui vivent petitement et honnêtement du tourisme. C'est un des objectifs du terrorisme: terroriser, manipuler, impacter, créer des situations de désordre. Fuck Off.
Elephant Camp Guesthouse
Jour 15 jeudi 29 août 2019 Tissamaharama and around
Il fait beau et chaud.
- Nous avions prévu de faire la réserve de Bundala qui est une des seules réserves que nous ne connaissons pas.
Eranda nous en dissuade et propose que nous fassions Yale en fin d'après midi avec un chauffeur qu'il connait. Parce que selon lui c'est toujours l'après midi que l'on observe le plus d'animaux. Nous nous laissons tenter.
Nous avons rendez-vous avec ce chauffeur (Lahinu) ce matin pour visiter un élevage de bufflesses et assister à la traite. Nous constatons que les bufflesses ont toutes l'air malades. Elles sont maigres, sans énergie. Complètement différentes des buffles sauvages que nous rencontrons dans les réserves naturelles.
Nous ne pouvons pas rester ni photographier à cause d'une croyance liée au "mauvais oeil" qui aurait une influence néfaste sur le troupeau et le lait !
Nous rendons visite à une potière, Tusha Rani, qui fabrique des pots pour le curd à l'aide d'un moule mécanique à vilebrequin. La cuisson se fait de façon traditionnelle dans un four à paille. Elle vend les pots à ceux qui fabriquent le yaourt. Elle gagne 20 roupies par pot et peut produire 500 à 600 pots par jour. Mais elle ne vend pas de pots tous les jours. La concurrence est rude, les clients ne sont pas fidèles. Elle doit payer une taxe à l'état pour prélever et transporter de l'argile.
Elle fait aussi de la poterie au tour et peut donner des cours à ceux qui le souhaitent. Ce qui pourrait être une agréable activité d'une demi journée quand on vient visiter Tissamaharama ou Yale.
Nous rendons visite à Nuwan et Mekala, jeune couple qui tente sa chance dans la production de curd. Nuwan revient justement de la ferme où il vient d'acheter un bidon de lait de 40 litres de la traite du matin.
Ils le mettent aussitôt à chauffer dans une grande bassine sur un feu de bois.
Leur pratique est différente de ce que nous avions vu à Gampaha. Le lait était chauffé jusqu'à ébullition, ensuite refroidi. Lorsqu'il a atteint 40°, le ferment était ajouté et mélangé. Le lait était ensuite réparti dans les pots de terre.
Mekala porte le lait à ébullition et le laisse bouillir un certain temps afin que l'eau contenue dans le lait s'évapore un peu. Lorsque le lait atteint une certaine onctuosité qu'elle évalue par expérience, elle retire le lait du feu, mélange un pot de yaourt qu'elle a conservé, et verse le lait fumant dans les pots en argile.
Pendant la préparation, nous avons dégusté du curd de la dernière préparation, délicieux. Avec 40 litres de lait, elle fait environ 40 pots qu'elle vend 170 roupies. Généralement elle ne vend pas directement aux clients, ce sont des commerçants qui lui achètent et qui vendent sur le bord de la route ou dans des petits magasins. Ici encore elle est tributaire de l'imprévisibilité des acheteurs. Il y a des bons jours et des mauvais jours et parfois des mauvaises semaines.
Nous rendons ensuite visite à Anusha Daepani, une artiste qui tresse les feuilles de palmier avec beaucoup de créativité (palmyrah weaving et Indikola weaving) pour faire des paniers, des sacs, des bracelets, des nattes, des sets de table, et des panneaux muraux. Magnifiques. Elle est vraiment douée. Après nous avoir montré comment elle procède, elle propose de nous initier au tressage de feuilles, autour d'une tasse de thé. Ce qui peut à nouveau être une activité pour découvrir la vie authentique d'une famille Sri Lankaise, en apprenant son art.
Après un déjeuner tardif, nous allons à Yale pour faire un safari dans la réserve, avec Eranda et son chauffeur de jeep. A l'entrée un guide forestier nous est imposé ! Quelques éléphants à l'entrée de la réserve. Ce sont les seuls que nous verrons, avec celui qui a tenté de nous charger avant de quitter le parc.
Un singe langur, quelques cerfs axis, quelques sangliers, les éternels buffles engoncés dans leur bain de boue.
Le chauffeur se précipite chaque fois que son téléphone lui signale qu'une jeep a cru apercevoir un léopard. Cela nous a amené à zigzaguer dans la réserve à plusieurs reprises, même en marche arrière, pour aboutir au bout d'une file de 50 véhicules, dont les chauffeurs sont descendus pour annoncer qu'un léopard est couché là bas, au loin, sous des buissons. Même pas reconnaissable avec un long téléobjectif. Nous n'avions jamais fait Yale dans de telles conditions. Nous n'avons pratiquement rien vu, même pas les beaux paysages que nous aimons.
Safari complètement différent de ceux que nous avons faits avec Janaka, le chauffeur auquel nous sommes habitué.
Nous ne referons pas Yale dans ces conditions ! Nous pensons qu'en dehors de risquer de voir un léopard par hasard, sous réserve que l'on soit dans le peloton de tête, les safaris au Sri Lanka sont surestimés et leurs tarifs pour les étrangers ne cessent d'augmenter, atteignant des prix indécents pour ce qui est proposé.
Jour 16 Vendredi 30 août 2019 Tissamaharama - Unawatuwa
Il fait chaud (35°) ls ciel est couvert et ensoleillé par alternance
A Hambantota nous rendons visite à la famille que nous connaissons qui fabrique de délicieux Kalu Dodol. Nous avions tenté la veille de les contacter pour apprendre à les faire. Mais ils n'en fabriquent pas tous les jours. M.N.S. Nizamiya, n° 13 Jail Street.
La famille semble contente de nous recevoir et nous confie sa recette autour d'un café. Nous emporterons 2 kg de kalu Dodol qu'ils emballent de façon remarquable pour le voyage.
- Route côtière vers Galle. Quelques arrêts pour photographier l'océan qui semble avoir bien avancé par rapport à nos dernières visites. Avant il y avait toujours un espace de sable ou de rochers entre l'océan et la route. Aujourd'hui l'océan est au bord de la route. Est-ce déjà la montée des eaux annoncée ?
Par contre l'invasion d'hôtels, de guesthouses, d'écoles de surf et de plongée, d'agences de safaris baleines/dauphins est impressionnante.
Toute la côte sud est maintenant aux mains d'opportunistes décidés à exploiter au maximum la poule aux oeufs d'or.
Nous avons même remarqué des hôtels de luxe en construction appartenant à des Chinois. Comme en Afrique ils commencent par construire des routes, des stades, des ports et finissent par s'accaparer le patrimoine et les richesses du pays, en versant des pots de vin à une élite corrompue. Ce à quoi s'ajoute le fait que le Sri Lanka est devenu le terrain de jeu privilégié d'une génération de "poissons rouges" qui cherche davantage à se la jouer exotique qu'à découvrir une autre culture que la leur.
Bon à savoir, le tourisme traditionnel se pratique définitivement dans d'autres parties de l'île.
Peu avant Trapobane, nous visitons une piscine naturelle d'eau de mer, en surplomb de l'océan. Entrée payante pour ceux qui veulent se baigner : 100 roupies, pour les Sri Lankais, 500 roupies pour les étrangers. Sachant que la majorité des touristes Sri Lankais qui voyagent à bord de leur SUV ont des revenus 3 à 5 fois supérieurs aux nôtres. Bonjour la discrimination !
Nous ne pouvons plus marcher sur la plage qui s'étalait devant l'île de Trapobane. L'océan recouvre toute la plage.
A Ahungana, visite de la plantation et de l'usine de thé Handunugoda Tea Estate Virgin White tea plantation
La visite guidée de la plantation est très intéressante. Elle permet de découvrir les différents types de thé, les différents type de cueillettes, et les plantes associées au thé. Une information concernant les effets des différents thé sur la santé à vérifier. Une dégustation est proposée dans un cadre très agréable, avec des petits gâteaux. Bien entendu tout cela est fait pour préparer le passage à la boutique. Mais cela a le mérite d'être de qualité.
Avant de visiter l'usine qui produit le thé, on passe par un atelier où deux hommes préparent les écorces de cannelle. Dans l'usine de thé il y a encore des vielles machines irlandaises qui datent du début du siècle dernier, dont le four de séchage.
La boutique regorge d'une grande variété de produits de qualité, avec la possibilité de goûter tous les thé qui y sont vendus. Les produits sont assez chers par rapport aux tarifs pratiqués en France.
Arrivée en fin d'après midi à Unawatuwa. Comme pour Arugam Bay, nous ne reconnaissons pas Unawatuwa où nous avions logé en 2008. Cela n'a plus rien à voir avec la petite ville paisible que nous avons connue. Il y a des hôtels, des guesthouses, des restaurants, des boutiques, des écoles de plongée, des agences de voyages partout. Il n'y a plus un mètre carré qui ne soit pas voué au commerce du tourisme. Nous réalisons une fois de plus à quel point le tourisme a changé ce pays, et à quel point la côte sud est plombée par le mercantilisme.
Fin d'après midi sur la plage, où les femmes locales se baignent en jeans et tee shirt, en robe et où les touristes se baignent en bikini.
Asantha Guest house 38/B, Kanthi Villa, Peellagoda, Unawatuna,
Jour 17 Samedi 31 août 2019 Unawatuwa - Balapitya - Wadduwa
Il fait très chaud. Le ciel est couvert, averses en milieu d'après-midi.
Route pour Balapitiya.
Un peu avant Galle, tous les matins quand la mer n'est pas trop démontée, on peut voir des pêcheurs sur la plage qui tirent des grosses cordes qui les relient à un filet en forme de poche qui a été posée en mer un peu plus tôt, parfois à plus de 800 mètres du bord.
Ce travail est pénible à cause du resac qui tire la poche vers le large alors que les hommes cherchent à la rapprocher du rivage. Lorsqu'elle arrive sur la plage après quelques heures d'effort, elle est plus ou moins pleine de poissons différents.
Il y a deux ans encore nous pouvions les observer et les photographier sans problème. Cette fois, l'un d'entre eux s'est montré très agressif et nous a poursuivi jusqu'à la voiture pour exiger de l'argent. Comme par hasard, sur les photos, c'est le seul qui fait semblant de tirer sur la corde. On retrouve ici la mentalité des pêcheurs sur poteau de Kathaluwa et Ahangama.
Nous tenons à visiter le monastère-orphelinat - Sri Sugatha Community Developpement Foundation- de Balapitiya.
Nous avions au départ l'intention d'y passer deux jours et une nuit. Il est possible d'y loger, de prendre les repas tout en apprenant la méditation et en partageant un moment avec les enfants de l'orphelinat. Mais les tarifs nous avaient parus chers pour un monastère. Avant de tenter l'expérience, nous voulions voir de quoi il s'agit.
Le monastère est dans un village, au bord du lac Maduganga. Le cadre est beau et serein. Les bâtiments sont dans un jardin entretenu et agréable. Les bâtiments sont récents. L'orphelinat est moderne et bien équipé. Il n'accueille que des garçons qui logent et sont scolarisés sur place. Le monastère est récent et moderne. L'ensemble fonctionne avec des dons. Les gens du village et des environs cuisinent des repas et les apportent au centre. S'il n'y a pas de repas apportés, le centre a sa propre cuisine fonctionnelle. Il faut alors utiliser les dons pour acheter la nourriture.
En général ce sont des familles modestes qui font des dons. Les gens aisés et les politiques ne s'occupent pas de ce genre de fondation. Ils préfèrent faire des dons aux temples pour que Bouddha fasse fructifier leurs affaires.
Nous sommes reçu chaleureusement par le vénérable Mahaladuwe Nandaratana, directeur du monastère et de l'orphelinat et par Mr K.W. De Silva, un bénévole à la retraite qui vient aider. La Fondation a des activités diverses, comme une école maternelle, une école du Dimanche, une bibliothèque, un service médical gratuit, un programme de bourses pour les étudiants défavorisés.
Le centre accueille 20 enfants. Au départ il s'agissait surtout d'enfants dont les parents avaient disparu dans le tsunami. Il accueille aussi des enfants dont les parents n'ont pas les moyens de les entretenir.
Le centre accueille des touristes qui souhaitent faire un stage de méditation court ou long, avec la possibilité de participer aux activités de l'orphelinat. Les touristes sont hébergés sur place, soit en dortoir avec moustiquaires et ventilateurs, toilettes communes, soit dans une chambre privée avec salle de bain privée et air conditionné (il n'y en a qu'une pour l'instant). Un projet d'agrandissement de la capacité d'accueil est en cours.
Les repas sont pris dans une grande salle à manger bien aménagée, qui surplombe le lac, en même temps que les enfants. Les repas sont excellents et copieux. Rien à voir avec la frugalité de certains monastères.
Les prix sont légèrement élevés parce qu'ils permettent une rentrée d'argent qui finance le fonctionnement et les différents projets de la fondation. Contrairement aux hôtels, c'est de l'argent utile.
Nous apprenons que des Tours Operators européens ont inscrit une nuitée dans ce centre dans leur brochure. Nous espérons que ce n'est pas pour ajouter une note "humanisme exotique" à leur business du tourisme.
Avant le repas, le vénérable Mahaladuwe Nandaratana nous propose une séance de méditation et d'échange, sans prise de tête. Nous sommes rassurés, on ne se la joue pas mystique.
Suit un repas succulent, apporté par les gens du village.
Toutes les personnes que nous avons rencontrées sont accueillantes, chaleureuses. La prochaine fois, nous y passerons quelques jours.
Nous avions demandé à Eranda s'il était possible de visiter un atelier d'exploitation de cannelle. Il nous a proposé de faire un safari-boat sur la Madu River qui inclut la visite d'une famille qui fait une démonstration autour de la cannelle.
Nous ne souhaitons pas faire de safari où tout est organisé dans le cadre d'un business. Eranda s'est alors renseigné et nous a emmené dans une exploitation de cannelle.
Toute la région est plantée de canneliers. Nous visitons une petite usine, où tout est fait à la main : G.D. De Silva & Sons, Uragaha Road, Diggoda Waththa, Ahungala. + 94777369330 http://www.topcinnamon.com/ Un des patrons fait la visite .
Nous découvrirons plus tard qu'un autre producteur et exportateur de cannelle est G.P. De Silva & Sons, avec une usine à Ambalangoda et des bureaux à Mont Lavina. https://www.lankacinnamon.com/
La cannelle est un arbuste touffu à feuilles persistantes de la famille des lauriers cultivé en buisson bas (environ 2-3 m de haut) pour faciliter la récolte. Le sol ne doit pas être gorgé d'eau car cela produit une écorce au goût amer. Huit ou dix branches latérales sont récoltées au bout de trois ans environ pour obtenir l’écorce de cannelle.
Les branches de cannelle sont récoltées deux fois par an, généralement après chaque saison des pluies, lorsque l’humidité permet à l’écorce de se décoller plus facilement.
- On n'utilise que les tiges inférieures à 5 cm de diamètre. On commence par gratter l'écorce externe de la branche soit avec un grattoir ou un couteau fin.
-On place à l'intérieur d'un tuyau d'autres morceaux d'écorce, en veillant à laisser les meilleurs tuyaux entiers à l'extérieur, l'intérieur étant rempli avec des morceaux d'écorce brisés ou moins réguliers.
Les tuyaux composés varient de 10 cm à 1 mètre. A peine prélevés, leur couleur commence à s'assombrir, allant du beige au marron clair en fonction du temps de séchage.
-Les tuyaux sont placés sur des étagères en corde de coco et séchés à l'ombre pour éviter qu'ils ne se déforment. Après quatre ou cinq jours de séchage, les tuyaux sont roulés sur une planche pour resserrer la garniture, puis placés sous un soleil tamisé pour un nouveau séchage.
-Une fois séchés, les tuyaux sont découpés et empaquetés en fonction des commandes.
La qualité de la cannelle est jugée selon l'épaisseur de l'écorce, selon le diamètre des tuyaux et selon l'apparence (tuyaux brisés ou entiers), enfin selon l'arôme et la saveur.
Le système de classement du Sri Lanka divise les tuyaux à la cannelle en quatre grades principaux selon leur diamètre:
Alba,meilleure catégorie est mince et regorge d'arômes agréables d'une saveur puissante. Douce et sucrée. Diamètre inf à 7m/m
C 5 special (C00000 special) Recherchée pour son caractère, son goût, son odeur et sa saveur. C'est la 2e meilleure qualité de cannelle disponible. Le plus populaire sur le marché européen. Diamètre inf à 11m/m
C 5 (C0000) lisse, mince, d'aspect jaune doré, au goût sucré. C'est la 3ème meilleure qualité de cannelle disponible. Diamètre inf à 13m/m
C 4 (C0000) M 5 (M00000) M 4 (M0000) etc....
Les dernières catégories ont les tuyaux les plus larges.
Une autre catégorisation existe : Alba (inf à 6 m/m), Continental (inf à 16m/m), Mexicain(inf à 19m/m), Hambourg (inf à 32m)/m
https://www.lankacinnamon.com/cinnamon-grades/
Lorsqu'on achète de la cannelle en France, il est parfois indiqué Cinnamomum zeylanicum, mais jamais le grade. On ne sait donc jamais quelle qualité on achète.
Nous savions que la meilleure cannelle est celle de Ceylan (Cinnamomum zeylanicum). La Chinoise (Cinnamomum cassia) n'étant qu'une pâle copie avec en plus une certaine toxicité. C'est pourtant celle que l'on trouve le plus communément. 40% de la production mondiale vient de Chine, contre 10% pour Ceylan.
La poudre de cannelle est souvent obtenue à partir de chutes d'écorces, de résidus. La cannelle en poudre n'est pas intéressante : après les avoir moulues, les épices sont plus vulnérables à l'oxydation. Les composés aromatiques ne sont pas stables et disparaissent rapidement. La durée de conservation des épices moulues est bien inférieure à celle des épices entières.
Il est également très facile pour des commerçants peu scrupuleux d'ajouter à l’épice moulue un autre matériau comme de la sciure de bois. Par conséquent, la plupart des consommateurs et des grossistes avertis, préfèrent acheter des épices entières. Il est préférable de moudre la cannelle juste avant de l'utiliser. Mieux vaut acheter des tubes et les moudre soi-même.
L'huile essentielle est faite à partir de la distillation des feuilles, et parfois par distillation des chutes d'écorces, selon le principe de l'alambic.
Nous visitons les entrepôts où des milliers de tronçons de cannelle sont coupés, préparés, triés, mis en botte pour l'exportation dans le monde entier.
Une boite de 15gr de tubes de cannelle sans précision de grade en France coute entre 2 et 3 euros, soit 170 € le kilo
Une boite de cannelle de grade alba de 250 gr coûte au détail 3900 roupies (19,85 €) soit 80 € le kilo. Grâce à Eranda, nous avons obtenu une réduction de 1000 roupies soit 2900 rps(14,50€) ce qui met le kilo à 58 €.
Nous observons que de nombreux particuliers ont des plants de cannelle dans leur jardin et produisent la cannelle pour leur propre consommation.
La cannelle cultivée dans la région de Ahungala, et dans les jardins privés, n'est pas aspergée de pesticides, elle ne reçoit pas de traitement phytosanitaires chimiques. Elle n'a pas le label bio.
Arrivée à Wadduwa. Nous retrouvons Chitra et Kalu avec plaisir. Les fromages leur ont bien été livrés, ils en ont déjà apprécié quelques un.
Succulent Dîner à l'hôtel
Kalu nous propose d'aller voir la perahera de Wadduwa le soir.
Elle a lieu tous les 31 août, c'est la première fois que nous en entendons parler. Il a un ami qui a un magasin avec un toit d'où on peut voir le défilé sans être écrasé par la foule. Génial.
C'est la première fois que nous assistons à une perahera ailleurs qu'à Kandy. Et elle le vaut bien, en plus du fait qu'elle est gratuite. Le nombre de groupes participants est pratiquement le même qu'à celle de Kandy (80/90). La qualité des groupes est meilleure que celle de Kandy en 2017, qui était très brouillon. A l'exception des danseurs Kandyens qui sont les mêmes partout. Il y a autant d'éléphants déguisés en arbres de Noël.
Il y a de nombreux militaires le long du cortège, fusil d'assaut sur la poitrine, doigts sur la gâchette. L'un d'eux était au top de son adrénaline et ne perdait pas une occasion de manifester son pouvoir, en s'interposant entre la police(qui était cool) et les gens de façon très agressive. Pauvre type, sans fusil il n'est pas grand chose
Little Villa 234 Maha-Vihara Road | Molligoda, Wadduwa
Jour 18 Dimanche 01 septembre 2019
chaud 32° ciel plombé et pluie toute la journée
Matinée de farniente en attendant qu'Eranda vienne nous chercher. Il nous a invité à déjeuner dans sa famille.
Il avait une surprise. Nous voulions voir un boulanger traditionnel qui fait le pain Sri Lankais au feu de bois. Il en trouvé un.
Nous passons une heure à observer les gestes, à baigner dans les odeurs, dans l'ambiance qui caractérisait les boulangeries de quartiers de notre enfance, avant que le pain devienne un produit industriel.
Lalidh, Mishanha, les deux boulangers travaillent pour la famille Roopasinghe qui n'a pas voulu vendre leur boulangerie traditionnelle au décès de leur père.
Merci à eux de perpétrer la tradition.
En plus du pain, ils font des chaussons aux pommes, des croissants au sucre, et du pain tranché cuit au four. Un régal.
Excellent repas chez Eranda préparé par son épouse Shiranga. Elle nous a donné sa recette de watalapam qui était succulent.
Retour à l'hôtel. L'après-midi, Chitra propose de rendre visite à une famille proche de chez elle à qui elle achète sa cannelle et son poivre.
Ils vivent dans une maison bien aménagée entourée d'un grand jardin où poussent cannelier, poivrier, muscadier, et de nombreuses épices. Le maitre de maison est honoré de nous faire découvrir comment il prépare la cannelle. Nous retrouvons les mêmes gestes traditionnels que nous avions vus la veille : grattage de la première peau, massage de la seconde, découpe des tuyaux, assemblage des tuyaux, séchage au soleil.
Succulent Dîner à l'hôtel. Les repas chez Chitra ont toujours été exceptionnels et variés.
Jour 19 Lundi 02 septembre 2019
Jour de repos et de longues conversations avec Chitra. Erudite c'est un plaisir d'échanger avec elle. L'artiste, ami de Hashan vient nous apporter les parures de lit comme prévu. Pensant que nous pourrions apprécier il a également apporté des aquarelles qu'il a réalisée. Des scènes de rue typiques. Impossible de résister, elles sont tellement belles. Cet artiste est vraiment génial et mérite d'être connu.
Déjeuner et Dîner à l'hôtel
Départ en fin de journée pour l'aéroport pour un vol qui a lieu au milieu de la nuit.
Eranda nous accompagne. Nous sommes très heureux de l'avoir connu et d'avoir fait ce voyage avec lui. Grâce à lui, bien que nous soyons déjà allé au Sri Lanka une dizaine de fois, nous avons découvert l'île différemment.
Jour 20 mardi 03 septembre 2019 Arrivée en France après une courte escale à Doha.
" La civilisation du poisson rouge" Grasset - 2019, où il est question de l'image utilisée par les cadres de Google pour convaincre le monde d'adopter leur vision du monde, évoquant la stupidité du poisson rouge qui tourne dans son bocal avec une mémoire et une capacité d'attention si réduites qu'il découvre un nouveau monde à chaque tour de bocal, transformant la répétition en nouveauté et la petitesse en infini. Greta Thunberg et ses clônes n'avaient-elles pas l'impression de faire quelque chose de nouveau, alors que c'était déjà ce que nous disions et faisions dans les années 50 à 70 !
Enfermés dans leurs aquariums numériques, les "poissons rouges", geeks, hipsters, millenials, ont une vision du monde et une culture limitée à ce que les algorithmes leur imposent, une disponibilité limitée au temps que l'on leur laisse, une image du monde limitée à leur propre image(selfies). Leurs bocaux sont devenus leur seul cadre de référence. D'un bocal à l'autre il n'y a pas de différence. La sauce est la même. C’est probablement la raison pour laquelle ils vont tous au même endroit, avec les mêmes vêtements, les mêmes tatouages, les mêmes applis, et partout où qu'ils soient les mêmes décors, la même bouffe, les mêmes façons d’être et de faire, enfermés dans l’illusion que le monde est "l'entre nous" de Google, Instagram, Facebook, Twitter, Booking etc.…
C'est un constat, pas un jugement, qui déplore la façon dont les opportunistes manipulent des générations. C'est le souhait qu'un jour certains se réveillent et défendent la liberté, face à une caste High Tech numérique qui transforme tout en valeur marchande.