Depuis l'enfance où j'entendais les adultes parler de la guerre d'Indochine, l'adolescence où je manifestais avec d'autres lycéens contre la guerre au Vietnam, depuis les photos-chocs de Paris Match exhibant des bonzes immolés pour dénoncer une oppression(11/06/1963), des enfants brûlés au Napalm (Kim Phuc photographiée par Nick Ut 08/06/1972), des boat people (1975-1985)se faisant massacrer par des pirates en fuyant un régime qui se radicalisait, j'ai souvent été interpelé par le Vietnam.
Le cinéma a pris le relai avec des films de guerre réalisés comme pour exorciser les atrocités qui s'y sont déroulées : Apocalypse Now de Coppola (1979) Full Metal Jacket de Stanley Kubrick (1987) Diên Biên Phu de Pierre Schœndœrffer (1992).
D'autres films plus intimistes utilisant le charisme et la magie du pays comme décor pour exacerber l'émotion ou la sensualité d'une romance : Indochine de Regis Warnier(1992), l'Amant de JJ Annaud(1992), Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh (2009).
Quelques films plus "intérieurs" mettant en scène la réalité quotidienne, réalisés par des Vietnamiens exilés à la recherche de leurs racines comme L'odeur de la papaye verte (1993) Cyclo (1995) A la verticale de l'été (2000) de Trần Anh Hùng, Trois Saisons(2000) de Tony Bui.
Autant d'occasions de découvrir des paysages, des ambiances, des personnages, une culture, fascinants au point de donner envie de s'y rendre et d'en savoir plus.
En révisant sa position à l'égard du monde occidental en 1986 (Đổi mới), le Vietnam s'est progressivement ouvert au tourisme, nous offrant la chance de pouvoir le découvrir de façon plus démocratique. Nous y sommes allés en 2012,en 2014, et en 2015.
Au Vietnam plus qu'ailleurs nous nous trouvons confronté à la réalité du Ying et du Yang.
Loin d'extrapolations intello-spirituelles, s'ouvrir au Vietnam, suppose que l'on accepte cette dualité. Rien n'est complètement positif et rien n'est complètement négatif. Tout semble s'imbriquer dans un mouvement de rotation perpétuelle créant malgré tout une harmonie qui envoute et qui déroute, qui passionne et qui révolte. Chaque situation a son revers, chaque expérience a son envers.
Le Vietnam est un pays extraordinaire : extraordinairement beau, extraordinairement riche culturellement, philosophiquement, culinairement, musicalement, architecturalement, humainement, même si la Chine y est parfois pour quelque chose. Découvrir le Vietnam est d'abord une expérience des 5 sens.
Les Vietnamiennes et les Vietnamiens sont des personnes d'une gentillesse exceptionnelle. Ils aiment le contact, l'échange, le partage. Ils sont souvent très tactiles et sans équivoque.
Avec un humour fin et une grande simplicité, les rencontres initient à la découverte d'un quotidien riche en valeurs qui ont traversé toutes les idéologies.
L'idéal étant de rencontrer des personnes qui ne sont inhibées ni par l'idéologie d'une pensée unique, ni par les dérives d'un capitalisme galopant.
Elles se trouvent majoritairement à la campagne, ou dans les petites villes. Elles ne parlent généralement pas l'anglais, les plus âgées parlent Français.
Beaucoup de femmes vietnamiennes sont belles, les enfants sont beaux, les minorités ethniques sont belles, les personnes âgées ont des visages et des regards lumineux. En dehors de l'Afrique des années 80 et l'Inde du siècle dernier (XXème siècle) nous n'avons jamais rencontré autant de personnes dont l'âme est aussi ouverte.
Le pays est un paradis pour les photographes : les couleurs, les ambiances, la luminosité, les décors, les temples et les pagodes, les personnes, les paysages, les scènes de vie authentiques sont autant de moments d'émerveillement. Encore faut il prendre le temps d'être présent à ce qui est !
Ses origines remonteraient au 18ème siècle, suite à une rivalité entre deux dynasties. La dynastie du sud aurait voulu marquer sa différence en adoptant un costume national, pour les hommes et pour les femmes. Influencés par la Chine, les vêtements de l'époque étaient assez larges. C'est en 1930, que le créateur de mode Cát Tường à Hanoi lui donna sa forme actuelle très près du corps, qui lui confère cette sensualité considérée comme indécente et décadente par les traditionalistes et plus tard par les communistes.
Après la réunification (1975) il était pratiquement banni. Ce n'est que dans les années 90 qu'il réapparut comme signe identitaire. Il est le costume obligatoire des lycéennes et des étudiantes qui le portaient avec un chapeau conique avant de lui retirer toute sa féminité quand elles le portent avec un masque qui cache le visage et un casque de scooter.
Le đàn bầu, est un instrument monocorde envoutant. Par ces longs étirements de corde il rejoint les bends blusy de guitares qui "pleurent". Complaintes d'amour compliquées qui résonnent comme un vieux blues.
Les pagodes et les temples du nord, du centre et du sud sont des merveilles architecturales. Au delà des artifices et des autels surchargés de canettes de coca cola, de paquets de cigarettes et de biscuits au chocolat, de statues de bons et mauvais génies et autres divinités célèbres ou mythiques, dans beaucoup d'entre elles règne une ambiance propice à la méditation. Prendre le temps de s'arrêter, attendre que le dernier car de touristes soit parti, s'assoir dans un coin et savourer ce mélange de paix et de dévotion, observer les fidèles dans leur quête d'une vie meilleure, ou entrer en relation avec leurs défunts est une expérience particulière.
Le Vietnam est riche pas seulement culturellement, historiquement, artistiquement mais dans la générosité de sa nature: forêts luxuriantes, jardins, vergers, champs, rivières et marchés regorgeants de fruits et de légumes, d'animaux et de poissons. Visiter le Vietnam donne l'impression de découvrir la corne d'abondance.
Expérimenter le Vietnam, c'est :
• Partir à la découverte des vieilles maisons de bois, avec cours intérieures, celles qui n'ont pas encore vendu leur âme au commerce.
Ces vieilles maisons comme celle du film "L'odeur de la papaye verte" sont un retour dans le temps, enchanteur. S'asseoir et ne rien faire d'autre que de se laisser envahir par la berceuse de la maison, les bruits qui l'habitent, les gens qui y vivent. Il y fait frais et doux. Il est bon parfois d'arrêter de "visiter", pour se poser et se laisser envahir par l'histoire que racontent les mûrs, les objets et parfois les personnes qui habitent les lieux.
• Découvrir un art culinaire qui n'a rien à envier à la cuisine française, tant par sa richesse que par sa diversité. Goûter à toutes ces herbes, ces légumes, ces fruits sur le marché, ou dans les petits restaurants est une autre façon de découvrir le Vietnam. Déguster un repas végétarien dans un de ces petits restaurants "Chay", ou un phô Gà, un Bánh xèo avec des herbes aromatiques dans une gargote de rue sans avoir à craindre des complications digestives, découvrir toutes ces façons de cuisiner le tofu, les légumes, les nouilles.
Savourer un Bánh mì avec ou sans viande, juste parce que c'est bon : un pain frais du jour "façon" baguette, avec des crudités aigres-douces fraîchement râpées, et une sauce goûteuse....
Manger une mangue juste mûre sur un bateau du marché de Cai Rang, déguster des pousses de roseaux en saumure, une omelette à l'armoise, des röstis de taro ou de patate douce faits maison dans une famille ou un petit restaurant familial relèvent d'une expérience extatique.
Boire un café Viet avec ce parfum si caractéristique de beurre fondu, de caramel, d'épices dont ils ont le secret.
• Partir à la découverte de la vie rurale: être attentif à ce que le circuit quitte régulièrement les autoroutes et les grands axes routiers (quitte à l'imposer à l'agence): la campagne Vietnamienne est sublime et l'accueil des gens de la campagne extraordinaire. Louer un vélo et parcourir ces petites routes qui sillonnent les rizières, s'arrêter et aller à la rencontre imprévue des paysans. Les regarder travailler, leur poser toutes les questions que l'on veut et répondre à toutes leurs questions. Echanger pour le plaisir de partager, et se taire pour écouter. Depuis qu'ils ont le droit de parler avec les touristes, les Vietnamiens ne manquent pas une occasion d'échanger, de partager.
• Marcher au milieu des scooters et des étalages du vieux quartier de Hanoi, ou de Hoi An plutôt que de se faire balader en cyclo-pousse, en se laissant envahir par les sons, les odeurs, les images, au point de se fondre dans le décor.
Observer tous ces petits métiers (comme les marchandes de soupes, les vendeuses de nems ou de banh bao, de fleurs, de fruits, de billets de loterie, les laveuses de linge, les magasins d'articles votifs, les réparateurs de montres, et les cordonniers etc...) qui permettent à plein de gens de gagner un peu d'argent pour vivre au jour le jour, parce qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait.
Ce qui explique parfois la nécessité de faire des offrandes et de demander à Bouddha et à ses génies de faire en sorte que demain soit meilleur et que les enfants n'aient pas à subir le même sort. Beaucoup de Vietnamiens semblent espérer secrètement qu'un jour cela changera.
• Arpenter le vieil Hanoi le soir, lorsque les rues se teintent des couleurs des vieux films des années 50, avec les néons et les lanternes, avec cette foule qui achète, qui vend de tout, qui mange des soupes et des crustacés, boit de la bière (bia) à longueur de temps.
• Se fondre dans les marchés de nuit de Hanoi, de Hoi An, de Saïgon pour observer cette frénésie d'acheter qu'à la jeune génération, tout et n'importe quoi, en général made in China, quand ce ne sont pas des bijoux en métaux précieux dont regorgent toutes les boutiques scintillantes "vàng bạc".
• Découvrir la médecine traditionnelle et ses remèdes millénaires encore très présents dans la vie quotidienne.
• Déchiffrer la présence française qui a coulé dans les veines de Saigon, se mêlant au sang chinois qui a inondé la péninsule pendant plus d'un siècle, à la recherche d'une âme typiquement vietnamienne.
• Partager discrètement l'intimité des familles dont la salle de séjour sert de boutique dans la journée, de salle à manger au moment des repas et de chambre à coucher avec vue sur trottoir le soir.
• Marcher dans des paysages extraordinaires, au milieu de forêts de bambous ou de milliers de miroirs à flans de collines où se reflètent des ciels fluctuants, à la rencontre de minorités qui ont gardé un profond attachement à leurs particularités et à leurs diversités.
• Glisser sur l'eau au milieu des rizières en suspension, transpercées par des pitons rocheux en prenant le temps de trouver sa place entre le ciel et la terre. Approche inédite du yin et du yang.
• Se perdre en vélo dans les chemins qui serpentent entre les vergers du Mékong, les vieilles maisons de bois, les plantations de cocotiers, suivre le fil des arroryos et les multiples canaux du delta en se laissant surprendre par un marché flottant, une scène de pêche ou une scène de vie.
• Se laisser séduire par la légende de Quan Âm Thi Kinh. Cette femme devenue divinité qui semble détrôner Bouddha dans le coeur des Vietnamiens. C'est vrai qu'elle est belle et rayonnante. Avec Bouddha, elle dégage une douceur d'âme rare dans le panthéon "machiste" asiatique.
L'agence Amica Travel écrit dans soin guide du "savoir faire" : " Appelez un chat, un chat : les vietnamiens ne prennent pas de pincettes. Ils sont souvent très directs. Un gros est un gros et non une personne enrobée, un moche est un moche et non une personne peu gâtée par la nature. Ne soyez pas choqué par ce que l'on dira de vous ou de votre pays. A vous de savoir où sont les limites du correct quand vous vous sentirez visé par des propos un peu rudes".
Alors parlons "chat" :
Le Vietnam est parfois un pays déconcertant : en pointant certains faits, je ne cherche pas à dévaloriser une destination ni à ôter l'envie de s'y rendre. En partageant certaines informations, (vérifiées ou vécues) j'espère contribuer à ce qu'un certain nombre de souffrances ou d'injustices ne tombent pas dans l'oubli ou la banalisation.
Découvrir de belles choses et de bonnes personnes ne doit pas occulter la part d'ombre de la réalité.
Au début des années 2000, il était courant que les chauffeurs soient des auxiliaires de police, chargés de surveiller les guides et les touristes. Dans certaines régions, il arrive encore que la police intervienne lorsque des touristes s'arrêtent dans des villages ou lorsqu'ils sont invités à participer à des fêtes locales. Certains guides risquant de perdre leur licence. Alors que sauf en zones militaires et en zones sensibles, il n'y a pas d'interdiction de circuler. Mais être policier donne un petit pouvoir....
✴ au niveau historique et génétique: le Vietnam est un pays qui a été colonisé par la Chine pendant plus d'un millénaire, au point que chaque Vietnamien a du sang Chinois qui coule dans les veines (à l'exception de certaines minorités ethniques). Essayer de savoir ce qu'est un Vietnamien d'origine relève de l'utopie.
La culture Vietnamienne est teintée de culture Chinoise, à tous les niveaux. Il semble difficile de découvrir quelque chose d'originellement Vietnamien. La calligraphie chinoise est présente partout. Dans de nombreux temples et pagodes l'initiation se fait encore en mandarin. Une grande partie des produits de consommation courante est importée de Chine.
Et pourtant le Vietnam a une âme qui lui est propre. Malgré cette colonisation importante les Vietnamiens sont profondément différents des Chinois, ils tiennent à juste titre que l'on ne fasse pas d'amalgame.
Il est intéressant de remarquer que l'on dénonce davantage la colonisation Française et l'intervention Américaine, qui se sont déroulées sur de courtes périodes, que l'invasion Chinoise qui a duré très longtemps. On oublie aussi de parler de la tentative de colonisation japonaise.
✴ au niveau politique: après l'occupation Chinoise, Française, Américaine, le Vietnam est soumis à un régime unique sans concession pour aucune opposition. Ne pas être d'accord avec le régime peut être passible de répression. Vision assez particulière de la démocratie !
Bien que le régime semble s'assouplir en s'ouvrant au monde extérieur, la pression exercée sur le peule est palpable.
Fataliste le peuple prend son mal en patience, avec une certaine sérénité, cherchant dans son quotidien des compensations à une révolte impossible. Art et plaisir de la fête, solidarité familiale, capacité à se contenter de plaisirs simples, mais aussi superstitions diverses, alcoolisme, addiction aux jeux et loteries, karaoke et massages semblent aider à supporter.
✴ au niveau social : Comme pour la Russie, la Chine, et d'autres nations qui se disent à gauche (la France alternativement), nous imaginions qu'un état socialiste est au service du peuple, au service de l'égalité, de la justice, du bien-être du plus grand nombre. Comme dans tous les régimes socialistes et communistes du monde nous découvrons une forme de capitalisme d'état, un "socialisme de marché" comme dit "Le Routard," où l'individu est au service de l'état, et d'une élite politique, où la richesse semble circuler à sens unique. Les cadres du parti et les nombreux fonctionnaires étant les personnes les plus aisées du pays.
Il y a des gens très fortunés au Vietnam, la classe moyenne est en pleine expansion, mais il y a aussi beaucoup de gens pauvres qui travaillent pour trois fois rien, souvent pour les gens fortunés. Ils doivent se débrouiller sans aucune aide. Paradoxalement ce sont ces personnes "pauvres " qui font la richesse humaine de ce pays.
Si l'Etat semble faire beaucoup pour le peuple au niveau matériel (infrastructures, routes, énergies, écoles, gratuité de certains services etc...) il est parfois difficile de comprendre le paradoxe qu'il y a entre l'abondance des plantations, des marchés et des boutiques et la pauvreté d'une partie de la population. Difficile de comprendre qu'il y ait autant de choses à consommer, à partager alors que beaucoup mangent à peine à leur faim, disposant rarement d'un minimum vital, et de conditions de vie décentes. Il est difficile de comprendre pourquoi il y a des classes sociales et tant de différences entre les classes dans un pays socialo-communiste.
✴ Certains salons de coiffure, karaoke et salons de massages sont surprenants lorsque la nuit tombe. Le jeune âge des femmes, leur tenue vestimentaire, leurs postions sur les canapés laissent supposer qu'il ne s'agit pas réellement de shampoing, de concours de chants, ou de kinésithérapie. La prostitution ne date pas de la présence américaine ni du développement du tourisme contrairement à ce que beaucoup pensent. La Chine avait et a toujours une grande attirance pour les "courtisanes". Certains bars de Hanoi et de Saigon exhibent ouvertement des échantillons d'escort-girls, bien que la prostitution soit interdite !
Paradoxalement la majorité des femmes vietnamiennes débordent de qualités : elles sont attentionnées, douces, aimantes, courageuses, travailleuses, et font souvent preuve de fortes personnalités.
✴ Le peuple est soumis à un système d'enveloppes (pots-de-vins) : il faut donner une enveloppe au policier pour éviter une amende (souvent injustifiée) et les tracasseries administratives qui en découlent.
Il faut donner une enveloppe au médecin pour avoir un bon traitement ou obtenir une chambre à l'hôpital, à l'infirmière pour qu'elle soit attentive, au juge pour qu'un dossier soit traité équitablement, à l'institutrice pour qu'elle s'occupe bien d'un enfant, au professeur ou à l'examinateur pour avoir un diplôme etc...
Nombreux sont ceux qui tentent d'arrondir les fins de mois. Certains journalistes qui tentent de le dénoncer subissent des pressions ou sont en détention.
La plupart des gens finissent par se résigner et trouver cela normal comme si cela faisait partie des règles d'un jeu.
✴ Au niveau de la sagesse asiatique: La plupart des agences et des guides mettent en avant la zen attitude des Vietnamiens qui vivent mal le fait que l'on hausse la voix, que l'on perde son sang froid ou que l'on se mette en colère. Nous avons observé que la plupart des gens "démarrent au quart de tour" et peuvent devenir très violents subitement. Notamment les hommes, souvent sous l'effet de l'alcool.
Ils sont humains comme les autres. Nous n'avons pas observé de sagesse "asiatique" particulière. Peut être est ce l'envers d'une pression contenue.
✴ au niveau religieux, une grande partie des Vietnamiens sont bouddhistes bien qu'ils semblent parfois éloignés des concepts fondamentaux du bouddhisme. L'histoire de Bouddha est souvent amalgamée à des croyances, des superstitions importées de Chine, à l'exception de certaines pagodes pratiquant un bouddhisme d'origine: le bouddhisme zen vietnamien est un des plus intéressants à découvrir en Asie. Leurs pagodes sont d'ailleurs très différentes des autres: beaucoup plus épurées.
Les Vietnamiens mangent de la viande, de la fourmi au chien en passant par les rats, les serpents, les oiseaux, en plus des animaux traditionnellement comestibles.
Beaucoup sont prêts à tout pour gagner de l'argent. Si le petit peuple travaille dur pour survivre, nombreux sont ceux qui ignorent les prescriptions de Bouddha en matière d'actions, d'efforts et de moyens d'existence justes.
L'absence de débat contradictoire, la corruption sont des formes de violence incompatibles avec le Bouddhisme. La pensée juste, la parole juste, l'action juste, la pleine conscience semblent difficiles à pratiquer dans ce contexte.
La plupart des hommes boivent de l'alcool fort, certains prennent des stupéfiants, et comme de nombreux asiatiques en général, leurs angoisses sexuelles s'expriment dans de nombreux artifices "virilisants": liqueurs de serpents, viande de chien, bile d'ours, plantes diverses, considérant la femme comme un objet à leur service. Il ne semble pas que le Noble Sentier Octuple fasse partie de leurs préoccupations.
Cela n'empêche pas les Vietnamiens et surtout les Vietnamiennes d'être profondément attachés à des pratiques religieuses et d'utiliser ce support pour gérer leurs difficultés existentielles. La majorités des prières sont des voeux, des souhaits qui aspirent à une vie meilleure, même s'il ne s'agit souvent que de bien-être matériel.
La richesse de certains temples provient souvent de gratitudes suite à la réalisation de voeux de fortune, de familles déjà très fortunées.
Le culte des ancêtres indépendamment du Bouddhisme, est une tradition très intéressante à découvrir et à approfondir, dans sa tendance à créer du lien entre les générations, et à donner sens au rapports avec le temps.
La majorité des Vietnamiens disposent d'appareils photos numériques ou de téléphones (Galaxy, iPhone, iPad, Smartphone etc..) faisant office de caméra. Ils se prennent en photos tout le temps, partout. Ils(elles) se mettent en scène dans tous les décors possibles et imaginables. Auraient-ils tendance à développer le culte des vivants ?
✴ au niveau touristique, la majorité des agences locales ont les mêmes modèles de circuits, avec des étapes identiques, même en tourisme à la carte. Ce qui diffère est la façon de le présenter. Croire que l'on va être seul est une illusion, davantage au Vietnam qu'ailleurs. Nous n'avons jamais rencontré une telle concentration de touristes, de tous âges, aux mêmes endroits.
Les agences emploient des artifices de vente comme "hors des sentiers battus", "loin du tourisme de masse", "rencontre authentique avec des habitants", "participation à des activités", pour attirer les clients, alors qu'elle se copient en permanence au point de retirer toute authenticité aux programmes proposés. Les bons plans ne durent jamais longtemps.
Pour ceux qui voyagent pour la première fois, ça marche, parce qu'ils sont sous l'effet du dépaysement. Ce n'est pas parce qu'on coiffe un chapeau conique, qu'on assiste à un ballet folklorique "organisé", que l'on fait une balade à dos d'éléphant ou en pirogue, qu'on mange une soupe sur le marché, le temps d'une photo que l'on partage la réalité d'un habitant.
Lorsqu'un voyageur demande à faire ou voir des choses qui sortent des "kits prêts à vendre", beaucoup d'agences refusent sous un tas de prétextes : "il n'y a pas de gilet de sauvetage pour visiter le marché flottant"- "il n'y a pas de route pour aller dans le village ou le marché" - "c'est trop loin" alors qu'il n'y a que 30 km - "il n'y a pas de minorités ethniques dans cette région" alors que tous les guides en parlent - quand ce n'est pas le banal " il n'y a rien à voir" ou " d'intéressant à faire", ou "la plupart de nos clients n'ont pas aimé". C'est une façon de traiter le tourisme individuel ou à la carte en tourisme de masse.
Les cours de cuisine dans un village "typique" baptisé éco-village pour l'occasion, sont des entreprises commerciales comme la Perfume River Emotion LTD de Thuy Bieu qui gère un restaurant, des excursions, des ballades en vélo, un hôtel flottant, ou comme le jardinage "écologique" et le restaurant de Tra Qué où l'on joue au "paysan" le temps d'une pose numérique.
Les balades dans les villages (en dehors des véritables treks) relèvent davantage de l'expression "se faire balader" que d'une véritable découverte. On marche de 15 minutes à une heure, parfois deux, sur des sentiers déserts, au milieu de la campagne ou de villages "vides" sans pratiquement aucun contact, parce que les gens se reposent ou travaillent. C'est dans les champs, dans les marchés, dans les ateliers, dans les lieux où se trouvent les gens qu'il faut aller !
Il n'y a que les rencontres fortuites qui relèvent encore de l'authenticité. Heureusement si on le souhaite, elles peuvent être majoritaires. Certains guides sont doués pour favoriser des rencontres authentiques. Ils sont malheureusement rares.
La priorité nationale semble privilégier le tourisme de masse et de luxe. Sachant que ce n'est pas le tourisme qui est de masse, mais la façon dont les agences traite le tourisme.
Faire l'expérience du Vietnam est une invitation à y retourner parce qu'on s'y attache et que l'on en revient avec l'envie d'en savoir plus, d'en voir plus, d'en ressentir plus, parce que malgré certains points négatifs, le Vietnam est un pays passionnant.
Le Vietnam Passionnément Việt Nam nhiệt tình