Inde - la non violence c'est dans les livres...


Dimanche 1 Mars 1970 : nous arrivions à Delhi à 06h30. C'est ici que nos chemins se séparent. Beaucoup de routards montent vers le Népal et Katmandou, d'autres vont à Bénares ou les contreforts de l'Himalaya- Rishikesh, de nombreux autres vers la côte Ouest: Poona, Goa, où se trouvent la majorité des communautés et des gurus.


J'étais tenté par une expérience en ashram, mais je ne me sentais pas encore prêt. Je ne suis pas disposé à adopter une spiritualité où tout est déjà défini, où un maître déteindrait un savoir ou un pouvoir qu'il ne partagerait qu'au bout d'une longue initiation faite de servitude et de dévotion. Peut être que la façon dont ma famille vivait sa religion catholique m'a échaudé à ce niveau. Tout est écrit, codifié, incontestable. Si je me pose des questions, je dois m'en remettre à dieu censé m'aider à trouver des réponses, mais ce sont toujours "ses" réponses ou celles qu'on lui prête. Tout dépend de la volonté de dieu et de ses interprètes. Pas de place pour les initiatives ! C'est une foi standard avec les mêmes repères et les mêmes réponses pour tout le monde.


Nous devons aller à Calcutta, ayant un correspondant qui promet de nous faire vivre des choses légèrement différentes de ce qu'on trouve généralement dans un ashram.

Delhi est une mégapole bruyante, agitée, sans grand intérêt. Nous prenons un petit déjeuner rapide sur un trottoir, avant de reprendre la route. Thé au lait épicé (tchai massala), un régal et croquettes de pommes de terre au curry un peu hot.


Nous prenons le train pour Agra. Pendant le trajet, de nombreux Indiens nous posent la même question, "where do ou come from ?" peu d'entre eux poursuivent la conversation, la plupart se contentant de notre réponse. Au bout de dix fois cela commence à devenir ennuyeux. Ne pas répondre serait irrespectueux. Je réponds avec amusement "from the moon"...


Certaines familles nous offrent de partager leur repas ou nous offrent des confiseries maison.


Nous arrivons à Agra vers 14h00. Nous nous rendons à pieds dans un collège dont notre contact Indien avait donné l'adresse. Tuyau percé, la personne susceptible de nous héberger et nous guider n'est plus là depuis longtemps.

Son remplaçant accepte de nous loger à l'infirmerie pour une nuit. Nous avons la possibilité de prendre une douche froide, dans un local à peu près propre. J'y serai bien resté toute l'après midi. Besoin de me laver des traces de transpiration, des traces de froid, des traces d'Afghanistan. Je revois souvent l'image de ces jeunes à la soirée, et de ces Anglaises à Kandahar. Comme un cauchemar qui me hante et me reproche de n'avoir rien fait.


Le soir nous allons en ville. Nous assistons au défilé d'un mariage, apparemment une famille aisée. Le futur marié est juché sur un cheval caparaçonné, précédé par un orchestre tonitruant, suivi par la foule des invités. Ils se rendent à la maison de la mariée, qui en principe ne l'a vu qu'une fois, le jour où les parents sont venus la demander en mariage.


Comme nous regardions la procession, la famille nous invite à assister à la fête du mariage et au repas. Etant en tee shirt, en jean's et en sandales, nous déclinons l'invitation, ils étaient tous en saris de cérémonie et en costumes brillants. De plus les grilles du collège ferment à 21h00. En quelques minutes nous étions devenus l'attraction dans la rue.

Le cortège s'était immobilisé à notre hauteur pour que les gens puissent venir nous regarder, et parler avec nous...

Nous regagnons notre infirmerie.


Lundi 20 Mars 1970: debout de bonne heure, nous voulions profiter de notre temps.


Visite du Taj Mahal : je l'avais déjà tellement vu en film et en photos que j'avais l'impression de le connaitre et pourtant il me captive, comme pourrait le faire la plus jolie femme du monde.

Je me suis assis en face, et je l'ai regardé (dans les yeux) jusqu'à ce que je m'en lasse.

Il est la perfection, dans ses lignes, dans ses courbes, dans sa grâce. Monument de marbre impressionnant qui semble posé délicatement sur le gazon. Il se mire dans les bassins qui le précèdent, comme pour se rendre encore plus volatile.

Il s'élance vers le ciel qu'il semble retenir entre ses minarets.

Bien que la foule grouille à ses pieds, il se dégage un silence majestueux, comme s'il absorbait les sons dans son grand porche béant.

Témoignage troublant d'un homme à son épouse décédée lors d'un accouchement. Impression d'être en présence d'un être vivant ou de la douceur personnifiée.


A la sortie, j'avais envie de me faire plaisir pour rester dans la volupté : un mango juice.

Une véritable expérience érotique : s'asseoir dans la rue en regardant la vie passer, une douce odeur de curry qui s'échappe de la boutique de beignets qui flatte l'échine, et ces gorgées de jus sirupeux de mangue que l'on avale le plus lentement possible. C'est alors qu'affleure un sentiment de paix proche de l'extase. Pas besoin de guru pour atteindre le nirvana.


Nous rencontrons un vieux rikshaw qui nous propose de nous emmener où nous voulons pour le prix que nous voulons.

Il s'exprime bien en Anglais, nous acceptons.

Il nous emmène au Fort Rouge, palace grandiose où le fils du Shah Jahan a enfermé son père, pour lui avoir préféré son frère ainé comme successeur. De son appartement le vieil homme pouvait contempler ce somptueux tombeau dédié à son épouse Mumtaz Mahal.

Nous allons ensuite au marché, puis dans des manufactures de soie, de marbre, de pierres semi-précieuses. Les gens qui travaillent dans ces ateliers sont pauvres et exploités par de riches propriétaires. Les lapidaires ont les doigts complètement rongés par les meules.


Les marchés sont particulièrement photogéniques avec toutes les couleurs chatoyantes de ces femmes en saree qui déambulent au milieu des étals de fruits et de légumes, des pots de terre et des volutes d'encens.

Je suis tombé en admiration devant la beauté des indiennes. Elles dégagent quelque chose que l'on ne trouve pas ailleurs, avec leur regard puissant, pénétrant, leur port de tête élégant, leur démarche fluide et légère.

Elle sont fines, souples, douces, intelligentes, courageuses. Leur peau mate semble veloutée, leurs tresses noires aux reflets bleutés animent leur dos et leurs hanches d'un mouvement pendulaire à chaque pas. Elles semblent onduler entre le ciel et la terre avec légèreté tout en dégageant un sentiment de force tranquille qui impressionne.


Nous passons le début de soirée à discuter avec le rickshaw autour de crêpes aux légumes et d'un thé aux épices.


Mardi 3 mars 1970: le rikshaw nous attend devant le collège. Il nous raconte sa vie. Très compliquées et pleine de rebondissements. Impression qu'il a dû nous raconter plusieurs vies en même temps tant il a connu d'aventures différentes. Vrai ou faux, nous ne le saurons jamais.

Vers 14h50 nous prenons le train pour Calcutta. 32 roupies en 3ème classe. Toujours pas de place assise, nous voyageons assis par terre sur la plate forme qui sépare les toilettes de la porte qui donne à l'extérieur.


C'est à mon avis la pire des conditions de voyage. Toutes les 3 minutes quelqu'un nous marche dessus pour aller aux WC. Lorsqu'il s'agit d'un homme, qu'il est en sarong, quand il n'a pas de sous vêtements, une fois sur deux nous récupérons la dernière goutte sur nos pieds, nos jean's, et une fois sur le visage alors que j'étais allongé pour me détendre.


Nous sommes 17 personnes dans cet espace réduit. Il est impossible aux gens de monter ou descendre du train aux arrêts en gare, à moins de nous marcher dessus, ce que font certains, ou de passer par les fenêtres qui n'ont pas de vitre.

Une vieille dame sans âge est assise entre mes jambes, je suis moi même bloqué contre le dos de quelqu'un d'autre. C'est physiquement éprouvant.

Les gens marchent sur les enfants, ce qui dégénère en bagarre avec les parents, sur les personnes âgées et les femmes, qui se laissent faire. J'en suis arrivé à donner des coups à des gens qui manquaient un peu trop de respect.

Impossible de dormir, à cause de l'inconfort et parce qu'une baisse de vigilance aurait entraîné la disparition de nos bagages. Les trains sont souvent le terrain d'action de nombreux pickpockets. Exténués, nous décidons de dormir à tour de rôle. Jean François et moi nous relayons pour dormir et surveiller nos affaires, en finissant par nous apercevoir que celui qui devait surveiller avait fini par s'assoupir, tellement la fatigue nous harcelait.


Mercredi 4 Mars 1970: Lors des arrêts en gare, nous essayons de sortir pour acheter une collation, une crêpe fourrée aux pommes de terre et un tchai massala que des vendeurs proposent dans des petits godets de terre cuite que l'on jette ensuite.  Au bout de plusieurs tentatives, à Bénares, je parviens à m'extirper de ma boite de conserve.


Je cours sur le quai à la recherche du vendeur de crêpes. J'en prends deux et un godet de thé que je tiens dans la main. De retour vers le wagon, je suis frappé violemment au visage. Je vois les crêpes disparaitre dans les airs.

Un rapace qui m'avait observé a foncé sur moi par derrière, enfonçant ses serres dans la feuille de bananier qui contenait les crêpes, les emportant après m'avoir donné un coup d'aile en plein visage. Le contenu dégoulinait sur les gens qui arpentaient le quai. Cela a fait rire tout le monde, sauf moi. J'étais dans une rage folle au point d'inscrire les rapaces indiens sur ma liste noire, à côté des Afghans.

Le train se mettant en branle, j'ai juste eu le temps de sauter sur le marche pieds, de donner quelques coups pour rejoindre ce que j'appelle ma place.

Heureusement des gosses passent dans les voitures pour vendre des concombres qu'ils épluchent avec une coquille de moule géante percée, des bananes et du tchai.


Après avoir longé le Gange un bon moment, nous traversons les paysages du Bengale. Campagne alternativement sèche et luxuriante, parsemée de points d'eau, étangs, marres, bordés de cocotiers qui se dressent fièrement. Villages de huttes rectangulaires de terre battue aux toits de chaumes de riz ou de feuilles de palmiers. Des gosses jouent autour des puits, des femmes en saris rouges, verts, bleus, s'affairent, une cruche en terre sur la tête où à la hanche, ou pliées en deux lavant le linge dans le réservoir du village, en le frappant à grand bruit sur une roche.


Partout ça sent un mélange d'odeur de feu de feuilles, de bois et de vapeur de riz qui cuit, parfois entrecoupé de l'odeur nauséabonde d'une rivière ou d'un égout pleins de détritus.

Le train est suffisamment lent pour que ces effluves nous envahissent au point de devenir le parfum de l'Inde: mélange d'épice, d'encens, de riz bouilli, de feu de bois, d'urine, de plastic fondu, de savon de Marseille et de bouse de vache.

Ni agréable ni désagréable. C'est ce que ma mémoire olfactive accroche aux images que j'ai de l'Inde.


Nous atteignons Calcutta vers 18h55.


Nous prenons un taxi pour traverser le pont de Howrah qui relie une des plus grande gare de l'Inde à la troisième mégapole du pays, pour nous rendre au collège St Xavier (Université) à Park Street où nous avons rendez vous avec notre correspondant.

Le bruit est infernal, la circulation inimaginable, l'agitation hystérique. Une foule dense se presse de part et d'autre du pont pour traverser la rivière Hooghly, qui n'est autre qu'un bras du Gange. Il fait nuit, le jour tombe vite en Inde. L'obscurité ne semble pas ralentir ce flux humain. Il fait chaud et moite, l'air sent le moisi. Calcutta ne ressemble pas à ce que nous avons découvert de l'Inde jusqu'ici.


Les rickshaws en vélo sont plus rares. Ils sont remplacés par les tireurs de pousse pousse. Des petits hommes secs courent pieds nus ou en tongs, en tirant de grosses charrettes dans lesquelles sont assis 2 ou 3 adultes, ou 5 à 6 enfants.

Les bras sont longs afin de faire levier et contrepoids. En fonction de la charge, les hommes se placent plus ou moins loin du corps du rickshaw. Pour signaler leur présence, ils enroulent une cordelette à laquelle sont accrochées des clochettes autour d'une main et l'agitent soit pour attirer un client, soit pour éviter une collision.

Je suis et je serai incapable de monter dans un de ces modes de transport, même si c'est le seul moyen qu'ont ces hommes de faire vivre leur famille. Cela a quelque chose de profondément colonial...



Nous atteignons St Xavier collège, dans Park street, rue animée du centre de la ville. Immense bâtisse coloniale, héritée des Anglais, au milieu d'un parc luxuriant. L'entrée semble digne d'un hôtel de luxe. Nous sommes impressionnés par le standing de cette université, et le mode de vie des Jésuites qui l'occupent. La majorité des étudiants semblent issus de milieu aisé.



Notre contact est occupé, il reçoit deux autres Français qui lui ont été envoyés par une relation.

Nous attendons dans l'entrée très british du collège, sous d'énormes ventilateurs qui datent probablement aussi de l'époque britannique.

Un repas complet nous est offert, avec salade de légumes frais, steak, riz et légumes cuits à l'eau, tarte aux fruits en dessert.

Une véritable débauche. Nous avons mangé très lentement, pour profiter au maximum de chaque bouchée.

Parce que cela nous a fait défaut depuis un certain temps et parce que nous savons que l'occasion ne se reproduira pas souvent.

C'est fabuleux de découvrir à quel point on peut apprécier les choses qui manquent. Ce doit être un peu comme cela pour plein d'autres domaines dans la vie : c'est quand les gens et les choses manquent que l'on s'aperçoit à quel point ils sont importants.


Une chambre du collège est mise à notre disposition provisoirement. Une vrai chambre, avec des lits simples mais des vrais lits, pas de matelas parce que trop chaud, juste un sommier de lattes avec une natte, des meubles, une table et une chaise, avec une douche personnelle qui ne sent pas les latrines. Même s'il n'y a que de l'eau froide, c'est un luxe.


Nous sommes ensuite reçus dans le bureau de notre contact pour préparer le programme de notre séjour en Inde.


A l'instar de beaucoup de nos congénères qui sont venus pour trouver du sens dans des ashrams, auprès de Gurus, de communautés à caractère spirituel ou simplement découvrir l'Inde en la sillonnant de long en large, nous avons choisi de faire notre initiation en nous rendant utiles, de faire des découvertes en plongeant au coeur de l'Inde et de ses problèmes, de voyager avec et auprès des Indiens. Notre programme pour un an allait être le suivant :


Nous commençons par un stage chez Mère Térèsa au mouroir de Kali Gath, le Nirmal Hriday.


Tôt le matin, nous parcourrons les rues de Calcutta avec un camion, qui récupère les personnes qui dorment sur les trottoirs, affaiblies au point de ne plus pouvoir se lever. Vieillards et enfants sont les plus touchés, à cause de maladies comme la tuberculose, le paludisme, la dénutrition, des infections et diarrhées graves, la lèpre. 


Ces personnes sont confiées au mouroir des soeurs de la Charité, où parfois un médecin ou une infirmière quand il y en a, les prennent en charge, posent un diagnostic, prescrivent un traitement quand il y en a, dispensent des soins tant que c'est possible.

Notre mission est d'accompagner ces êtres humains vers une fin digne et la plus douce
possible. Nous les aidons à faire leur toilette, à manger, à fumer lorsqu'ils ne peuvent plus être autonomes.

Nous assurons une présence rassurante et chaleureuse, et aidons les soeurs dans leurs tâches quotidiennes.


Soit les personnes évoluent vers une guérison et s'en vont, ce qui est rare, soit elles décèdent dans la journée ou les jours qui suivent. Les cadavres sont entreposés dans une pièce, jusqu'à ce qu'on vienne les chercher pour les brûler sur un bûcher de fortune et jeter les cendres dans la rivière Hooghly


Ce stage est entrecoupé de visites à des volontaires qui travaillent dans les bidonvilles (slums), dont un des plus importants se trouve derrière la gare d'Howrah : Pilkhana. (la cité de la joie)

Nous y rencontrons le père Laborde, un Jésuite Belge qui habite dans une armoire entre deux cabanes en tôle, et un couple de Français qui vit là avec leurs enfants pour s'occuper des gens du slum.


Une école d'art fabrique de très belles choses, à partir de dessins d'artistes qui ont fait don de leur copyright, afin de faire vivre des filles et des jeunes femmes du bidonville.

Rencontre aussi de Brother Anthony qui a monté un atelier de récupération pour créer des emplois avec des gamins du bidonville.

Le père Henry qui accueille des garçons de la rue pour leur apprendre un métier. Il réalise avec eux des projets et des chantiers d'aménagement urbain à Calcutta.

Nous logeons dans des communautés humanitaires comme Shanti Shadan, avec des personnes extraordinaires comme Fallon, Detienne, Winckelmans.


Nous rencontrons aussi des étudiants, des artistes, des musiciens de musique Indienne classique comme Djoï Krishna Channaye et Philippe Falise. Nous visitons Shanti Niketan l'université culturelle et artistique créée par Rabindranath Tagore. Nous assistons en auditeurs libres à des cours de musique et de chants.

Jean François continue à travailler au mouroir et loge provisoirement à la pension pour hommes de Brother Andrew. Pendant 3 semaines je vais visiter des réalisations humanitaires dans l'état du Bihar et participer à un dispensaire mobile qui traite la lèpre dans les villages afin de découvrir des ethnies peu connues comme les Santals, les Hous, les Houraons (des Adibassis). 

Peuples qui vivent en brousse et chassent encore à l'arc.

J'y ai notamment découvert des réalités qui nous échappent comme cette femme qui a été attaquée par un ours noir à collier dans son champs. Un des volontaires qui travaillait dans le village lui a recousu la nuque avec du fil et une aiguille après avoir désinfecté la plaie.

Dans ces villages, ce sont les familles qui doivent construire, meubler les écoles et payer les salaires des instituteurs(trices) envoyés par l'état.


Je parcours le Bengale et découvre des coopératives artisanales et agricoles qui ont été mises en place par notre correspondant, pour aider les villages à se libérer du système d'endettement, en développant une économie indépendante du système bancaire et des usuriers. Ce qui lui vaudra plusieurs tentatives d'assassinat et d'expulsion, parce qu'il faut éviter d'aider "les pauvres à s'émanciper".

Ces dettes qui sont souvent à l'origine d'expropriations abusives et d'exode vers les bidonvilles, sont la plupart du temps dues à l'incapacité de rembourser un emprunt contracté pour le mariage d'une fille. Pour peu que la saison soit mauvaise, que les récoltes soient désastreuses, que les usuriers soient gourmands ou que les familles aient plusieurs filles, cela tourne vite à la catastrophe.

A mon retour à Calcutta, j'ai retrouvé un Jean François inquiétant: il était euphorique et taciturne. Je pense qu'il réagissait à la terrible épreuve du mouroir. Pour des jeunes de notre âge, c'est une expérience traumatisante. Il n'avait personne à qui parler pour évacuer. La majorité des volontaires sont dans le même état, beaucoup se réfugiant dans la lecture de texte sacrés, hindous ou chrétiens. Il lui a fallu une bonne quinzaine de jours pour retrouver une attitude "normale".


Cette expérience nous ayant suffisamment marqués, nous avons choisi de travailler sur un chantier où il y aurait moins de drames et de morts.

Nous passons la seconde partie de notre séjour dans le sud de l'Inde, à Guntur Andhra Pradesh, au sein de Village Reconstruction (CRO) de Michael Windey, un Jésuite qui a entrepris de reconstruire des villages détruits par la mousson, un cyclone et autres catastrophes naturelles.

Il s'agit de reconstruire des villages en remplaçant les huttes de terre éphémères par des maisons en parpaings, au toit d'éternit (abestos)sellé dans une dalle de béton. Ce programme s'accompagne d'une mise en oeuvre de cultures vivrières pour assurer une autonomie alimentaire, ainsi q'un programme d'éducation sanitaire mené par des infirmières sur les règles d'hygiène de base afin de protéger la santé des jeunes enfants.

Ici pas besoin de diplôme d'ingénieur agronome, ni de compétences pointues, pas de rémunération non plus: on attend de nous d'être ultra-disponibles, créatifs et motivés. Nous étions sous la supervision de Windey "himself" et de son bras droit Naguinder.

Nous logions sur le balcon et le toit de l'association, avec d'autres volontaires. Beaucoup passaient, peu restaient, trouvant le travail trop éreintant: 10 à 12 heures par jour, avec une chaleur qui devenait de plus en plus étouffante.


Après une initiation rapide Jeans François est devenu responsable d'un chantier de village : il participe à la fabrication des parpaings, à la construction des maisons, il est responsable de l'organisation du travail. Il doit en outre s'assurer que chaque famille participe à la construction de sa maison (ce qui permet à chaque famille de percevoir de la nourriture "food for work" ) et de s'assurer que personne ne s'approprie la maison d'un autre.


J'ai été affecté à la construction des charpentes métalliques qui sont fabriqués et assemblés dans un collège technique mis à notre disposition. Je suis chargé d'acheter le métal et de gérer le budget de l'atelier, d'organiser le travail et de motiver les troupes (des ouvriers indiens salariés), en planifiant et mettant la main à la pâte, pour que les toits soient prêts chaque fois que les constructions étaient terminées.

Les jours de repos (le dimanche) sont consacrés à la visite de la région où nous nous trouvons. Nous en avons profité pour visiter l'Andhra Pradesh en moto.Tous nos transports se font en moto, en jeep, en camion, en bus, en train.


Pendant notre séjour en Inde, en dehors des centaines d'Indiens et d'occidentaux extraordinaires que nous avons rencontrés, nous avons eu trois détonateurs "fous" mais exceptionnellement "grands" qui ont bousculé notre vie  :


                       
                     
               


                       Gérard Babu Beckers                     Mère Térèsa                           Michael Windey


  1. Gérard "Babu" Beckers, notre correspondant Indien. Accessoirement professeur de chimie à l'université Saint François Xavier, Acteur incontournable du développement de nombreux villages bengalis et de l'accession aux études pour les étudiants issus des basses castes. My Uncle (le frère de ma mère).

  2.   Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, dite mère Térèsa, son amie. Redoutable guerrière de l'injustice et de la pauvreté.

  3. Michael Windey, son ami, fondateur du CRO (christian relief organisation) organisateur de la reconstruction et de la réhabilitation de centaines de villages en Andhra Pradesh. Officier un peu "fou de guerre" contre la misère.


Comme Gandhi, tous trois ont la particularité d'être "tyranniques", obstinés, exigeants, avec des egos surdimensionnés, contrairement aux images d'humilité (de sainteté) qu'ils laissent derrière eux. Mais sans ces particularités, mi-défauts, mi-qualités, ils n'auraient pas pu accomplir tout ce qu'ils ont réalisé, ni mener ces combats titanesques contre la misère, l'injustice, l'indifférence, la mort, et la corruption.

Les côtoyer nous a demandé d'être particulièrement patients, compréhensifs, humbles, mais nous a aussi souvent révolté.

Trop de justice peut parfois rendre injuste. Trop d'abnégation peut parfois se transformer en omnipotence. Trop d'obstination peut finir par rendre obtus.

La phrase magique de mère Térèsa: "le plus beau pauvre parmi les pauvres" devenait parfois un critère de discrimination. Fallait il être pauvre pour avoir un peu d'attention ? Où commence et où s'arrête la pauvreté ? De quelle pauvreté parle-t-on ? J'ai eu l'occasion à maintes reprises lors de ce voyage d'observer que de nombreux "pauvres" étaient bien plus riches (humainement, psychologiquement, spirituellement) que nombre de personnes dites aisées ou "bien éduquées".


Nous avons eu l'occasion d'observer et de constater à plusieurs reprises que l'aide humanitaire pouvait parfois dissimuler des zones d'ombres que nous ne soupçonnions pas et qui nous révoltaient:

  1. - Si la comptabilité de mère Térèsa était irréprochable, celle du gouvernement du Bengal l'était moins: il fallait rembourser (sur les dons) le manque à gagner pour les laboratoires indiens pour les médicaments fournis, gratuitement ou pour presque rien, par les pays européens. Les antibiotiques venaient d'Allemagne parce que les molécules indiennes qui étaient souvent des copies n'étaient pas fiables. L'état se faisaient de l'argent sur la misère !

  2. - Combien d'avocats indiens se sont fait des fortunes sur le compte de familles occidentales dans les procédures d'adoptions d'enfants d'orphelinats de Calcutta ! Sans aucune retombée pour les orphelinats de mère Térèsa.

  3. - Lorsque des colis de médicaments étaient envoyés, les douaniers indiens en prélevaient une part afin de les revendre et d'améliorer leur salaire. Si nous réagissions, les colis suivants mettaient beaucoup plus de temps à nous être délivrés, quand ils étaient délivrés !

  4. - Lorsque nous distribuions de la nourriture dans la rue, il y avait parfois des gens aisés qui venaient avec des bassines pour capter une partie de cette nourriture. Si nous refusions de leur donner, nous rencontrions des problèmes pour poursuivre notre mission. Ces familles plus aisées que les autres avaient un véritable ascendant sur les plus pauvres et pouvaient les manipuler à souhait. On s'en rend très bien compte dans le film "La cité de la Joie".

  5. - Dans un village du Bengal, lors d'une visite, j'ai observé le manège d'enfants (12/15 ans) qui montaient la nuit retrouver le prêtre en charge du village. Ma chambre étant proche, j'ai eu la confirmation que ce prêtre était pédophile. Lorsque j'ai voulu en parler, j'ai été agressé et suis passé pour fou, un menteur qui voyait le mal partout, de la part des autres prêtres de la communauté, même des européens.

  6. -Lorsque j'étais à Calcutta, j'ai entendu parler d'une équipe médicale d'ONG connue qui avaient affrété un petit avion au moment des fêtes de fin d'années pour aller chercher de l'alcool, à l'époque prohibé dans la région, aux frais de l'ONG.

  7. - Dans les chantiers du sud, lorsque l'aide alimentaire arrivait, le chef de la police en demandait une part, le chef de village en demandait une part, si nous refusions, nous étions soumis à des tracasseries administratives dont l'Inde est particulièrement friande.

  8. -un soir le directeur de l'ONG a eu vent que des villageois avaient installé un temple dans une des maisons construite en dur avec et pour eux. Il nous a tous fait lever et prendre place dans une jeep pour se rendre dans ce village. Sur place il a vidé la maison des signes et accessoires religieux dans une colère folle, exigeant que les gens s'y installent pour vivre, parce que c'était pour eux que ce chantier avait été mis en place. Une autre fois c'était parce que les gens avaient mis leurs animaux (vaches et chères) dans la maison.

Parce que si le programme de reconstruction de village tenait bien compte des besoins vitaux des familles, il ne tenait pas compte de leurs valeurs : leurs dieux étaient plus importants qu'eux mêmes, les animaux étaient leur seule richesse. Peut être aurait-il fallu prévoir de construire aussi un temple et une étable pour chaque famille dans chaque village. Mais cela ne faisait pas partie de l'aide humanitaire. Nous étions là pour aider des gens, pas leurs dieux ni leurs vaches.

  1. -Le directeur du collège professionnel où j'avais mes ateliers m'a un jour convoqué pour dire que son fils avait besoin d'une moto pour faire ses études. Pour lui, si je lui donnais la mienne, je ne devrais pas avoir de mal à m'en procurer une autre. J'ai refusé, les jours suivant mes ateliers ont été cadenassés. Impossible de travailler et d'approvisionner les villages. Nous nous en sommes sortis avec une compensation financière.

  2. -Les séminaristes "jésuites" qui venaient faire leur B.A.(bonne action) en s'intégrant à l'équipe, jamais plus de quelques jours, fouillaient nos sacs, volaient nos provisions personnelle (biscuits, café, chocolat, bonbons...) nos stylos, nos cahiers, ils lisaient nos carnets de route, notre courrier... sans gêne même lorsque nous les prenions en flagrant délit. 

  3. - Notre chef d'équipe indien, Naginder, un laïc issu d'une famille respectable, détournait un peu d'argent pour ses faux frais, mais surtout imposait un droit de cuissage aux jeunes infirmières indiennes qui venaient travailler avec nous. Elles finissaient par avoir peur lorsqu'il leur imposait de monter avec lui dans la jeep pour se rendre dans un village. Je me souviendrai toujours de Lucy et de sa consoeur, de leur incapacité "culturelle" à se défendre(à dire non). Lorsque nous voulions le dénoncer nous devions nous taire au risque de perdre l'appui de la famille très respectable de Naginder.

  4. - Lorsque nous inaugurions un village qui était terminé, des sommes importantes étaient dépensées pour organiser une réception toute à la gloire du gouverneur de la province et à ses sbires qui se pavanaient et s'empiffraient devant des villageois qui n'avaient eu que du maïs concassé et du lait en poudre à se mettre sous la dent depuis au moins un an.

Tout cela nous a laissé imaginer ce qui pouvait se passer à d'autres niveaux, dans des organisations plus importantes où l'on brasse davantage d'argent.

    

Notre trail s'est déroulé sans que rien ne soit prévu en dehors de nos contacts. Nous découvrions tout avec surprise et naïveté. Loin des conférences et des films à l'eau de rose de Vitold de Golish, loin des clichés véhiculé par les médias et les hippies, l'Inde n'était pas aussi pacifique que l'on pouvait imaginer.


Si la non violence était le mode de vie de Gandhi, l'Ahimsa reste de l'ordre du concept intellectuel et non d'une pratique populaire.


Bien que conquis par l'extrême gentillesse des personnes que nous avons rencontrées, nous avons souvent eu l'occasion d'observer des scènes de violences extrêmes, parfois de crimes souvent injustifiés.

Une altercation peut à tout moment dégénérer en assassinat. On abat un chauffeur de bus ou de train parce qu'il est en retard, on mutile un enfant pour mieux le vendre à des patrons ou des proxénètes, on tue une fille parce que elle n'a pas de valeur et qu'elle coûte une dote, on fait disparaître un rival ou un concurrent en toute impunité, un policier, un militaire abat quelqu'un parce qu'il avait surement une bonne raison de le faire (de toute façon, à l'époque on ne leur aurait jamais donné tort), on refuse un traitement à un mourant parce que c'est toujours ça de gagné ou d'économisé. On tente d'assassiner à plusieurs reprises Babu parce qu'il prône l'accès à l'université des étudiants de basses castes, on vitriole une femme parce qu'elle refuse les avances d'un homme.

Dans un pays où l'on est censé avoir plusieurs vies, la vie ne semble pas valoir grand chose.


La non-violence indienne est un mythe, en dehors des rares adeptes de Gandhi. L'Inde fait partie des pays où il y a le plus de meurtres au monde. http://www.planetoscope.com/mortalite/1200-nombre-de-meurtres-homicides-commis-dans-le-monde.html


Notre séjour a pris fin parce que j'ai contracté une dysenterie amibienne. Il faisait tellement chaud dans le sud de l'Inde que je ne prenais plus le temps de faire bouillir l'eau de boisson. J'ai perdu 20kg. Jeans François n'était pas mieux loti, il a aussi perdu une dizaine de kilos, et a développé une mycose sur tout le corps. Nous avons été hospitalisés à Guntur dans un hôpital public tenu par des religieuses européennes qui ont pris soin de nous d'une façon remarquable. Cela nous a permis d'observer que tous les volontaires européens qui étaient arrivés bien après nous, passaient par la case hôpital avant de repartir rapidement vers leurs pays d'origine.

Etant très affaiblis, nous sommes allés passer notre convalescence à Darjeeling, dans une petite pension Tibétaine, face à la splendeur du Kanchenjunga.

Nous avons pris le petit train à vapeur (dont les locomotives dataient de la fin du 19ème siècle) reliant Jalpaiguri à Darjeeling grâce aux fameuses loops qui lui permettaient de s'élancer d'un flanc de montagne pour parvenir au sommet de l'autre.

N'ayant rien d'autre à faire que nous reposer et récupérer un peu de santé, nous avons visité Darjeeling et sa région de fond en comble.

Nous rendions régulièrement visite aux réfugiés tibétains du Tibetan Refugee Self Help Center. C'est un endroit où on se sentait réellement bien, très différent de tout ce que nous avions connu en Inde.

Créé en 1959 lors des premiers exodes, le centre accueillent des familles qui traversent l'Himalaya à pieds pour fuir le génocides perpétré par les communistes Chinois.

Nous avons passé des heures à écouter ce que certaines personnes avaient envie de partager, comme pour exorciser l'horreur. Nous avons passé beaucoup de temps à les observer. Je regrette de ne pas avoir la force de tout enregistrer, ou d'écrire, il y avait matière à compiler un livre d'histoires vécues impressionnantes, à la limite de l'héroïsme.

Nous étions stupéfaits de voir comme cette communauté s'organisait pour se prendre en charge. L'Inde s'est contentée de leur octroyer un bout de terrain pour les accueillir. Charge à eux de se débrouiller, ce qu'ils font avec beaucoup d'intelligence. Pour sortir de cette enclave, ils étaient obligés de faire une demande de visa ou une lettre d'autorisation, ne fut ce que pour aller en ville, parce qu'ils sont considérés comme étrangers.

Ils bénéficient d'une aide humanitaire internationale très fluctuante. Ils produisent des articles d'artisanat qui sont exportés et vendus à l'étranger par des associations qui au passage prélèvent des indemnités pour leurs frais de fonctionnement.

Le peu qu'ils ont est partagé avec tous les membres de la communauté, en contre partie tous les membres de la communauté sont tenus de participer aux tâches et aux activités. Une garderie pour les enfants est organisée afin de permettre à tous les adultes d'être disponibles pour ces tâches.

Parmi les réfugiés il y a des instituteurs et des institutrices qui enseignaient déjà au Tibet, ils assurent eux mêmes l'éducation et l'enseignement de base à tous le enfants.  Pour les études secondaires ils sont obligés de demander l'autorisation à l'Inde pour rejoindre un collège , un lycée, une université. Ici pas de rêves de grandeur, pas de fantasme de richesse, même pas d'idée de vengeance. Tout ce qu'ils souhaitent est de pouvoir un jour rentrer chez eux.

Nous avons aussi rencontré le Sherpa Tenzing Norgay, le premier à avoir gravi l'Everest avec Lord Hillary et Hunt. Il était directeur de l'Himalayan Mountaineering Institute d'où il supervisait la formation et la préparation d'expéditions. Un homme impressionnant,aussi glacial que les sommets qu'il a parcourus. En découvrant le parc de l'institut qui abritait aussi un zoo destiné à exposer une partie de la faune de la région, nous avons fait la connaissance de la fille ainée du Sherpa. Une magnifique Tibétaine.


Je suis allé plusieurs jours de suite au monastère Yiga Choeling de Ghoom où j'ai rencontré des moines qui ont oeuvré à mon orientation vers une pratique bouddhiste, qui restera ancrée dans ma façon de voir le monde. Un petit monastère qui ne paie pas de mine, qui ne ressemble pas à ceux que les touristes affectionnent. Une majorité de vieux moines, dont plusieurs parlent anglais. Pas d'opulence, pas d'arrogance, l'humilité à l'état brut. J'y ai reçu un enseignement de base très concret.

Notre convalescence se terminant, nous devions envisager de revenir en France, notre santé ne nous permettant pas de repartir sur un chantier humanitaire.

Nous n'avions ni l'envie ni la force de faire le chemin inverse par la terre. Nous ne voulions surtout pas retraverser l'Afghanistan.  

Nous avons emprunté de l'argent, et après avoir traversé l'Inde en direction de Bombay, nous avons pris un charter de la compagnie Bosco, pour revenir en Europe dans un DC6 de fortune, via Aden (Yemen), Le Caire (Egypte), Brindisi (Italie), Bruxelles.

Un vrai charter, une épave volante rafistolée de partout pour voyageurs désargentés. Le cockpit des pilotes restait ouvert et tout le monde pouvait y aller. Un sikh agressif très alcoolisé y a fait irruption obligeant les stewarts à le ceinturer et à le ramener à sa place.

L'aéroport d'Aden était une piste au pieds des montagnes, avec un baraquement et des hommes en armes, immobiles dans la  fournaise.

L'aéroport de Brindisi ne valait guère mieux, si ce n'est qu'il n'y avait pas d'hommes en armes, et qu'une légère brise marine rafraîchissait l'atmosphère.

L'aéroport de Bruxelles était glacial, de quoi donner envie de faire le chemin inverse

Je suis revenu de ce voyage convaincu que la sagesse est au fond de chacun de nous, que celle dont il était question dans la culture hippy pouvait être un mirage quand elle n'est qu'extérieure à nous même. De nombreux gurus sont depuis descendus de leur piédestal, ayant troqué leur philosophie en kit contre du marketing très terre à terre.

J'ai par contre été séduit par la majorité des jeunes que nous avons côtoyés, en dehors des "junkies professionnels": leur quête d'authenticité, de solidarité, de spiritualité, d'amour m'a  profondément marqué. Je suis fier d'appartenir à cette génération.

Le voyage n'est donc pas terminé puisqu'il me reste la plus importante partie à parcourir: le reste de ma vie.


M'étant fait voler le sac avec l'appareil photo et toutes les pellicules noir et blanc à Calcutta, je n'ai aucune trace photographique de ce trail. Quelques bribes de films super 8m/m, parce qu'elles se trouvaient dans un autre sac. Sur le moment j'en ai été fou de rage, car les images témoignant de la route des hippies sont rares. Seul mon journal de bord m'a permis d'en restituer les détails. J'ai emprunté ou réalisé les illustrations de ce document.

Ce voyage fut déterminant pour le reste de ma vie, il a fortement influencé mes positions de vie et mon choix de carrière en me sensibilisant particulièrement à tout ce qui relève de l'injustice sociale et du droit d'avoir ses besoins fondamentaux satisfaits.



                                                                                                                                               40 ans plus tard.....

Pour se faire une idée de Calcutta et de Pilkhana