Turquie - Midnight Express - La grande évasion


vendredi 13 février 1970 : le jour se lève avec peine sur des montagnes enneigées. Nous sommes en Suisse. Il fait gris et froid

La nuit a été pénible. Le compartiment ne fait pas couchette. Nous devons dormir assis. Nos voisins Yougoslaves très imbibés ont déliré toute la nuit avec la lumière allumée.

Nous entrons en Italie. Des ouvriers Turcs envahissent le train, tentent d'occuper les trois places vacantes. Leurs homologues Yougoslaves les en empêchent.

Vient le tour des vendeurs ambulants qui proposent des montres, des lunettes, des portefeuilles, bien souvent volés.

En fin d'après midi, je rencontre dans le couloir un jeune Américain Leonald, chevelu, moustachu, sosie de Frank Zappa, et une Française, Catherine, qui l'accompagne. Lui fuit les Etats Unis où il est recherché pour désertion : il a refusé de partir au Vietnam.

Ils n'en sont pas à leur premier trip vers l'Inde et semblent être une mine de conseils à l'usage des routards. Nous leur proposons les places restées libres du compartiment.

Le convoi pénètre en Yougoslavie, de nombreux hommes prennent le train d'assaut avec d'énormes postes transistors qu'ils font hurler. Nous avons beaucoup de mal à nous entendre parler.


Samedi 14 février 1970 : La nuit a été encore plus effroyable que la première, beaucoup de bruit, d'agitation, et toujours l'impossibilité de s'allonger. Nous finissons par avoir mal aux fesses.

A Belgrade, nos voisins Yougoslaves descendent. Trois jeunes Canadiens qui n'avaient pas trouvé de places assises depuis Paris nous rejoignent. Un jeune homme et deux jeunes femmes. Ils vont à Istanbul.

Le train entre en Bulgarie. Les arrêts en gare sont fréquents et longs.

Nous mangeons les sandwichs que nous avions préparés et conservés dans un sac de sport plein de ravitaillement censé nous restaurer le plus longtemps possible.

Leonal et Catherine pratique la macrobiotique. Ils se sont mitonné des petits plats selon la méthode Oshawa, qu'ils rangent dans des barquettes en plastique. Je les observe manger, lentement, mastiquant longuement des bouchées de céréales qu'ils portent aux lèvres avec recueillement. Lui mange avec des baguettes qu'il manie habillement.

Leonal m'explique en détails les arcanes de cette pratique : tout est basé sur le Ying et le Yang, codifié par "le maître" en multitude de règles et de théorèmes plus complexes les uns que les autres. L'alimentation étant un moyen d'aider l'homme à développer un état de conscience et à être à sa place dans l'univers.


Dimanche 15 février 1970: La nuit a été plus clame, bien que perturbée par plusieurs tentatives de vols. Des hommes armés de pinces ouvrent les compartiments et tentent de dérober les sacs, les portefeuilles, les valises des voyageurs endormis.

Nous avions beau fermer la sécurité, ils parvenaient à ouvrir la porte. Certains ont tenté des attouchements sexuels sur une des Canadiennes.Elle s'est réveillée en hurlant parce qu'une main explorait sa poitrine et une autre son sexe, à travers ses jean's. Nous sommes restés éveillés dans le noir par précaution.


En fin de matinée, nous arrivons à Istanbul. Leonal propose de nous emmener dans une pension qui accueil les routards, sur les hauteurs de la ville. Une vielle maison bourgeoise délabrée. Elle dispose de plusieurs chambres occupées par 5 ou 6 personnes qui partagent l'unique toilette et cabine de douche de la résidence.

En chemin nous achetons des Acmas (bagels turcs), ultime déjeuner. A ce stade, tout semble bon.


Nous visitons la mosquée bleue, très belle à l'extérieur, vide et triste à l'intérieur, proche de l'endroit où nous logions. Nous changeons de l'argent au marché noir en faisant attention à l'habileté des changeurs à substituer les billets de 50 dollars que nous leur donnions en billets de 5 dollars.


Nous découvrons le fameux "Lale Pudding shop" d'Idris Coplan, lieu mythique où se retrouvent tous les routards depuis le début des années 60. Ici se croisent ceux qui partent et ceux qui reviennent, ici s'échangent tous les bons plans et les tuyaux crevés, les bonnes adresses et les adresses sulfureuses.

On y vient pour les pâtisseries et les riz sucrés, mais aussi et surtout pour s'informer, se rencontrer.

La drogue est un sujet couvert mais constant : elle est dans l'air avec ses volutes discrètes. Elle est aussi dans les nombreux avertissements que l'on s'échange. Des dealers dénoncent les Hippies après leur avoir vendu de la résine, afin de toucher une prime par la police après de leur arrestation. Certains vont jusqu'à glisser des barrettes dans les poches des routards à leur insu pour toucher la prime.


Certains trailers obtiennent des droits de visites dans les prisons Turques pour rencontrer des compatriotes, parler un peu, donner un peu d'argent ou des fruits afin d'améliorer l'ordinaire.


L'après midi, visite des souks d'Istanbul: Catherine est mal à l'aise. Bien qu'étant en jeans larges et en gros pull, pas sexy du tout, les hommes la dévisagent, la frôlent, la touchent, profitant de bousculades et de l'étroitesse des ruelles.

Enchevêtrement de passages couverts et de passages découverts, alignements d'étalages où l'on vend de tout, du sac en faux-cuir au tapis de prière, aux objets en laiton, aux savons, aux casseroles, aux sous vêtements féminins, aux chaussures de sport. Le bazar porte bien son nom.

De retour à la pension, nous découvrons John D., Anglais aux cheveux courts, qui va seul en Inde et partage notre chambre.

Il est parti comme tous les autres sur une impulsion incontrôlable.

En sortant de la douche, Catherine nous montre ses fesses, sa taille et ses seins, elle a des bleus provoqués par les pincements que lui prodiguaient les hommes du souk. Je n'aimerais pas être une femme dans ce pays.


Lundi 16 février 1970: Levé tardif. Nous avons récupéré un peu. Cela fait du bien. Une douche chaude après ces 3 jours de confinement devient un véritable raffinement même si l'hygiène n'y est pas.


Nous retournons au "Pudding Shop" bondé à craquer. Riz au lait à la pistache et baklavas au miel.

A entendre les témoignages, nous découvrons que nous sommes réellement des milliers sur le Hippy Trail, cela dure depuis une dizaine d'année et cela irait en s'amplifiant.

Même si nous en avions entendu parler, même si Paris Match s'en était fait l'écho à force d'images, même si les Beatles en faisaient la promotion avec leur Maharishi Mahesh Yogi, nous ne nous rendions pas compte à quel point ce phénomène était important et nous étions heureux d'en faire partie.

A l'extérieur, un camion du rebut militaire US bariolé, rescapé de la flotte des Magic bus, des vans Volkswagen colorés et quelques 4x4 Land Rover témoignent de cette étonnante migration.


Nous descendons vers le port, traversons le pont de Galata, en face de l'énorme tour médiévale du même nom qui domine le quartier. Reliquat de l'architecture génoise. C'est à Galata qu'un défilé de mode de couturiers Français, a récemment dû faire appel à l'armée pour protéger les mannequins. Il faut être "fou" pour défiler en mini-jupe dans ce pays ! Nous prenons le bateau vers 16h pour traverser le Bosphore et rejoindre la gare afin de prendre le train qui traversera la partie asiatique de la Turquie

Le train pour Erzurum part à 23h00. Le trajet étant long, nous réservons des couchettes. En attendant, nous somnolons dans cette gare qui ressemble plus à un marché couvert qu'à un hall de gare. On y vend de tout, c'est bruyant et confus.


Je fais la connaissance d'Andrew, un jeune journaliste Anglais qui a réalisé un reportage sur les Kurdes, leur révolte et leur massacre par les armées Turque, Iranienne, Irakienne.

Il me parle de ce peuple qui vit entre la Turquie, l'Iran, l'Irak, dont aucun pays ne veut et qui réclame le droit à un territoire.

Il nous montre des photos de cette guerre ethnique: son sac regorge de tirages 18x24 en noir et blanc tous aussi impressionnants les uns que les autres. Magnifiques portraits de vivants, horrible instantanés de mourants et de cadavres.

Andrew attend un train qui l'emmènera dans les montagnes pour rejoindre la guérilla et continuer à témoigner des atrocités perpétrées sur la population Kurde. Sa route semble moins facile et moins sécure que la nôtre.

Heureusement qu'il y a des gens comme lui pour informer, dénoncer, et peut être faire réagir.


Nous prenons possession de notre compartiment : Leonal, Catherine, John D., Janas, un jeune Yougoslave qui nous rejoint et va en Inde également, Jean François et moi.


Mardi 17 février 1970: cette nuit en couchette a été bien agréable, d'autant plus que les trains turques roulent lentement, s'arrêtent souvent. Le jour se lève sur des étendues désertiques. Succession de collines et de plaines sans arbre, sans herbe.

Les habitations, faites de parpaings bruts et de tôles ondulées sont pauvres, isolées.

Dès que le train s'arrête, des enfants se précipitent pour mendier. Chacun donne ce qu'il peut, un sandwich, des bonbons, un peu d'argent.

N'ayant rien d'autre à faire, je prends un nouveau cours sur la macrobiotique. Philosophie ou religion portée par une pratique quotidienne de valeurs et de règles. Je me laisse séduire d'autant plus facilement que Leonal illustre dans sa façon d'être les effets de cette discipline.

Ce qui me dérange dans cette approche est la vision codifiée du monde et des hommes. J'ai du mal à accepter que tout s'explique par des théories parfois un peu rigides, voire sectaires. Je ne suis pas persuadé que l'univers est une horloge suisse où tout s'enchaîne de façon logique.

Vouloir attribuer un sens à tout ce qui existe m'échappe, parce que je ne pense pas que l'on soit capable de tout expliquer, ni que tout soit déterminé une fois pour toute.

Au cours de notre rencontre je découvrirai aussi les principes de base du yoga Shivananda, les bienfaits du Tai Chi Chuan et du Qui Quong. L'Amérique semble bien plus en avance que nous dans l'échange des pratiques orientales.


Lors d'arrêts dans les petites gares de campagne, des jeunes occidentales descendent pour se rafraîchir ou se dégourdir. Cela crée aussitôt un attroupement de mâles sortis de nulle part. Je n'aimerais pas être une femme dans ce pays, bien que je puisse comprendre que l'attitude libérée de ces jeunes femmes contraste fortement avec l'attitude effacée, voire soumise des femmes turques.


Mercredi 18 février 1970: le jour se lève sur un paysage enneigé éblouissant. Le désert gris-beige a fait place à un manteau blanc immaculé. Il fait très froid. Je ne m'étais pas inquiété de la météo, pensant qu'en Asie il faisait toujours chaud. Je n'avais pris qu'un pull en laine et un blouson léger en tergal.


Le convoi grimpe lentement dans les montagnes. Les maisons semblent accrochées aux parois. Les mûrs sont en pains de terre. Les habitants de la région s'habillent de couleurs vives : mauve, vert, orange. Les femmes portent des foulards colorés, les hommes des calots ou des petits turbans. Ils ont souvent de grosses moustaches qui leur donne l'air bougons.


Nous arrivons à Erzurum, dernière ville Turque avant la frontière d'Iran. Le long des rues et des routes il y a des congères d'environ deux mètres.Tout est calme, assourdi par l'enveloppe neigeuse.

Nous devons passer la nuit ici, car il n'y a pas de bus pour la frontière avant demain 06h00.


Nous sommes plusieurs dizaines, de nationalités diverses, bloqués dans cet endroit où les hôtels se font rares. Apparemment la majorité d'entre nous sommes regroupés dans ce qui sert d'épicerie, d'agence de voyage, de restaurant, et d'hôtel. Chambres dortoirs, salle d'eau et toilette commune.


Les autres vont se balader en ville, pendant que je fais la connaissance de Jagjit, Sikh de son état, qui étudiait en Allemagne et revient en Inde après deux années d'absence, déçu de n'avoir pu trouver de travail.

Il transporte avec lui un énorme carton dans lequel se trouve un téléviseur neuf qu'il veut offrir à ses parents, témoignage de la modernité dans laquelle il a évolué.


Profitant de mon incompétence à comprendre la monnaie turque, le serveur m'a subtilisé plus d'une lire. Ce à quoi s'ajoute une tendance à pratiquer des tarifs aléatoires. Un thé fait 50 kuruch, un quart d'heure après il fait une lire, plus tard dans la soirée cela pourra aller jusqu'à deux lires. Lorsqu'on conteste, il se montre menaçant. Comme il n'y a pas d'autre endroit où rester, tout le monde s'écrase.


Vers 19h15, nous nous rassemblons tous dans la grande salle du bas pour dîner. Nos sommes 25 à 30 personnes qui prendront le bus pour Téhéran demain.

Il y a des Japonais, des Canadiens, des Américains, des Anglais, des Malais, un Indien, des Iraniens, des Français, un Yougoslave, des Allemands, tous parlant plus ou moins l'anglais. Parmi les Anglais, un homme d'une quarantaine d'années, en costume et manteau de fourrure, et deux jolies femmes qui l'accompagnent en talons aiguilles et manteaux de fourrure. Complètement anachroniques au milieu des hippies en jeans et panchos. Que font-ils ici ? Sont-ils sur le Trail ? Je trouve cela amusant, ça ajoute une touche irréaliste à la scène. Ils sont restés un peu à l'écart.


L'ambiance est détendue, chaleureuse. Ce qui me séduit dans cette expérience est cette espèce de fraternité qui nous lie les uns aux autres. Bien que ne nous connaissant pas, et venant souvent d'horizons très différents, nous nous lions avec une facilité surprenante. Nous partageons nos repas, nos boissons avec ceux qui ont moins de moyens. Nous devenons attentifs aux autres. Chacun veillant au bien être, au confort, à la sécurité de l'autre, sans en avoir l'air.

Impression que le fait d'être sur la Route induit une conduite sociale différente.

Nous parlons de tout et de rien, nous refaisons le monde qui est en pleine mutation, chacun apportant ses petites connaissance ou son brin de philosophie personnelle.

Nous mangeons du riz et un oeuf sur le plat. C'est tout ce qu'il y a, en dehors des biscuits rancis de l'épicerie.

Jagjit me donne son adresse à Dehli et m'invite à passer chez lui lorsque je serai en Inde.


Jeudi 19 février 1970: Réveil à 5h. Nous étions une dizaine dans la chambre, sur des lits de camp, avec juste une couverture.

Il fait très froid. Il n'y a pas de poêle dans la pièce.Les vitres sont givrées, de la buée sort de la bouche lorsque nous parlons ou baillons. L'Anglais et les deux femmes partageaient le dortoir. Leur parfum raffiné embaume l'atmosphère. Ces femmes maquillées, en bas et manteaux ajoutent une touche de féminité surprenante à cette ambiance dortoir de puceaux.

Nous avons tous dormi habillés. Pas de toilette ce matin, pas le temps d'attendre que l'unique cabinet de toilette soit disponible. D'autant plus qu'il est insalubre et qu'il n'y a pas d'eau chaude.

Un thé chaud et du pain rassis avant de rejoindre le bus qui stationnait sur la place. Il fait entre -15 et -20 degrés.


Nous chargeons nos bagages dans les soutes du bus et attendons à l'extérieur que le chauffeur réchauffe le réservoir et le liquide des freins. Il place une grande bassine sous le bus dans laquelle brûle du carburant.

Nous devrons ensuite pousser le bus pour qu'il démarre, avant de nous engouffrer dedans et de nous blottir les uns contre les autres pour nous réchauffer.

Nous roulons très lentement. La neige est épaisse et glissante. De nombreux camions sont immobilisés dans les bas côtés, surtout  dans les virages.


Vers 13h00 nous sommes bloqués. La route est recouverte d'un épais mûr de neige. Impossible d'avancer. Nous sommes en pleine montagne, dans un décor sauvage.

Des enfants viennent à notre rencontre, un garçon et une fille, ils n'ont pratiquement rien sur le dos, ils grelottent. Ils ont les mains et le visage bleuis par le froid.


Le chauffeur leur parle, ils nous emmènent vers une maison au toit plat enfouie sous la neige près de la route. Nous devons attendre un chasse neige. Seuls Leonal, Catherine, Janas , Jean François et moi y allons. Les autres restent dans le bus.

Un homme nous fait entrer, chassant les femmes qui se trouvaient là, à l'exception d'une dame âgée.

Les autres femmes nous épient par la fente d'une porte et ricanent. Nous sommes invités à nous asseoir sur des coussins et des tapis autour de la pièce. Il fait à peine plus chaud qu'à l'extérieur, il y a une odeur de feu de bois, mais je n'ai pas vu de foyer.

D'autres hommes âgés sont là et nous dévisagent. Personne ne parle, personne ne comprend la langue de l'autre. Les mûrs et le sol sont couverts de tapis et de peaux de bêtes (ours noirs parait il). Les enfants apportent des plateaux avec du thé et des gâteaux. L'ambiance se détend, tout le monde commence à parler...toujours sans rien comprendre.

J'éprouve à nouveau cette sensation de fraternité qui réchauffe et rassure. Impression que tout cela est irréel.


Environ deux heures s'écoulent. Un chasse neige passe, la route est dégagée, nous repartons. Tempête de neige et blizzard nous accompagnent jusqu'à ce que nous atteignons une nouvelle zone désertique.


Au loin, juste avant la tombée du jour, nous apercevons sur la gauche une très haute montagne isolée couverte de neige: le mont Ararat. Le chauffeur marque un arrêt bref pour que nous prenions le temps de mémoriser. Tout le monde se rappelle l'histoire de Noe et de son arche qui, selon la Bible et le Coran, est venue s'échouer au sommet de ce mont, lors du déluge organisé par un dieu, déçu du comportement des hommes, qui aurait décidé de détruire la vie par noyade, pour revoir sa copie. Les vielles histoires entendues dans mon enfance refont surface en essayant de s'adapter au paysage. J'ai commencé très tôt à prendre du recul par rapport à toutes ces légendes distillées afin de mieux nous convaincre de croire dans un dieu qui n'est pas le nôtre.


Vers 21h30 nous atteignons Bazargan, la frontière Iranienne que nous passons sans problème.


Pas fâché de quitter la Turquie. Si Constantinople m'a fait rêver lorsque j'étais au Lycée, quand un professeur passionné d'histoire nous faisait découvrir l'Asie Mineure, la Turquie de 1970 m'agace avec ses "machos" omniprésents, mercantiles, arrogants.

J'ai l'impression de n'avoir côtoyé que des hommes, même si nous croisions une femme de temps en temps. Certaines sont belles. Quelques unes sortent tête nue, elles sont habillées à l'occidentale, d'autre sont habillées à l'occidentale mais portent un hijab, d'autres portent un chador, mais gardent le visage découvert. 


Dans la campagne, les femmes portent toutes un hijab à fleurs sur la tête et des vêtements amples colorés.

Nos rapports avec les hommes n'ont été que matérialistes. Nous n'avons pas eu le temps d'aller dans les endroits où circulent les intellectuels ou les étudiants. Nous n'avons été en contact qu'avec tout ce qui peut tirer de l'argent de ce passage obligé vers l'Asie.

Et tout est bon pour faire de l'argent.  

C'est vrai que cette migration qui s'étale dans le temps et l'espace est une véritable manne pour les pays qu'elle traverse.

Bien que les Hippies ne soient pas fortunés, ils dépensent pour manger, boire, réparer leurs moteurs, acheter des billets de bus, de train, des articles de première nécessité, et parfois des stupéfiants.


Je m'endors jusque Tabriz, capitale d'Azerbaïdjan, premier pays musulman à avoir donné le droit de vote aux femmes nous a dit fièrement le chauffeur.